ℭ𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟗















































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cw — tentative de viol










































































































             AUJOURD’HUI, LE FOULARD DE Mirta laisse paraitre le sommet de son crâne. Ses cheveux bouclés noir dépassent du tissu bleu, avec lequel ils forment un contraste. Deux mèches adoucissent d’ailleurs son visage fin, tout comme les anneaux pendant à ses oreilles. Ses yeux soulignés d’un trait de khôl lui donne un regard félin qu’elle darde sur moi, attentive.

             Lorsque je viens la voir, nous passons généralement des heures à critiquer Erwin Ier où parler de sa nation, Moorathyl. Aujourd’hui, j’ai opté pour la deuxième option. Or elle n’est pas enchantée par ce choix.

             Car je ne suis ni venue parler des palais d’ivoires, ni des dunes de sables.

— Ce que vous me demandez est insensé, Forgeron, cingle-t-elle.

— Pas le moins du monde, j’objecte. Vous êtes la représentante des Moorath à Camelot et votre roi est ici en l’honneur du bal. Vous êtes la mieux placée pour organiser une rencontre entre lui et un chevalier.

— A la demande d’une taularde et sans que le roi de Camelot ne soit au courant ? Etant donné le racisme inhérent à votre amant, nous pouvons déjà nous estimer heureux qu’aucun incident diplomatique n’est éclaté ! N’allez pas en provoquer.

             Ses appréhensions sont logiques. Mais je dois les balayer.

— Inutile de vous mentir. Un incident diplomatique éclatera tôt ou tard. Vous pouvez choisir d’y gagner quelque chose ou non.

             Bien que nous soyons dans son bureau, elle promène un regard méfiant autour d’elle, comme pour s’assurer que nul espion ne rôde derrière les rideaux couvrant les murs de pierres. Je l’imite, observant la cacophonie de tissu envahissant la pièce.

             Qu’il s’agisse des coussins brodés et posés sur le sol que nous occupons, de la table drapée d’une nape, du sofa trainant non loin de nous ou du meuble où elle s’assoit pour travailler, pas un centimètre de cet espace n’est traversé d’autres choses que de rideaux, draps, tissus aux nuances rouges. Parfois, je me demande même comment elle parvient à retrouver ses cartes.

             Enfin, elle reporte son attention sur moi.

— Je vous écoute, déclare-t-elle avec un coup d’œil méfiant en ma direction.

— Le chevalier en question a ôté l’épée du rocher Epsylon. Nous voulons le placer sur le trône mais avons besoin de soutien de rois et reines étrangers pour le faire. Voilà pourquoi je vous demande un entretien.

— Et je suppose que ce chevalier traite mieux les émissaires étrangers que ne le fait Erwin ?

— Ce n’est pas bien compliqué mais oui.

             Elle semble hésiter un peu alors j’insiste.

— Imaginez un peu, vivre dans un château où vous n’avez pas à subir les brimades du roi, arpenter ces couloirs en portant fièrement les accessoires de votre nation sans que les nobles ne murmurent sur votre passage pour faire plaisir au monarque…, je susurre tandis que ses yeux se perdent dans le vide.

             Mirta songe à cette vie idyllique. Je le sais.

— Dites-moi, ma chère, que souhaitez-vous ?

             Si je ne pose cette question que pour la convaincre de se laisser glisser jusqu’à un royaume gouverné par Eren, sa réponse est étonnamment précise :

— La lampe.

— La lampe ? je répète.

             Elle semble revenir à elle et se tourne vers moi. Son regard se fait sérieux.

— La lampe volée par votre peuple au mien. Celle de la souveraine Sephyr. Vous avez toujours nié l’avoir mais je suis sûr que votre amant la cache dans sa chambre. Ramenez-la-moi en guise de bonne foi et je parlerai de votre geste généreux à Amir.

             J’acquiesce.

— Considérez que c’est fait.

— Je ne considère rien avant de l’avoir vue de mes yeux, cingle-t-il.














             Un rictus satisfait étire mes lèvres. Une visite à Erwin s’impose.



























. . . ♕ . . .


















 


             La nuit est dense et obscure, ce soir. Les étoiles percent son voile sans illuminer les couloirs du palais. Pour la première fois, je foule celui-ci. Mes pieds ne font pas un bruit sur le sol en damier, les arcades à ma droite donnant directement sur l’extérieur donnent le vertige.

             Derrière l’une de ces portes se trouvent les appartements privés du roi. Et, malgré ma lassitude, je n’ai jamais tenté de les découvrir. J’ai eu beau être agacée de voir toujours les mêmes parterres de fleurs et pièces, je ne me suis jamais mise en danger en venant trainer ici.

             Jamais le roi ne m’a invité à partager son lit, voulant passer pour un homme galant. Mais, s’il me voit ici, il va sans doute s’imaginer que je lui fais des avances et tenter quelque chose. Et je doute qu’il soit le genre d’homme à qui il est aisé de dire non.

             Poussant une porte, je découvre immédiatement une vaste salle qui me fait froid dans le dos. Devant moi, une peau d’ours tient lieu de tapis et, derrière cette dernière, un lit rustique et large, taillé grossièrement dans le bois, est traversé de quelques fourrures.

             Les murs de pierres sont régulièrement ponctués de têtes d’animaux morts ou d’armes. Sabres lylians, épées gibraskiennes, fouet arnais, faux moorathyls… Tout se confond en un pêle-mêle de violence.

             Je déglutis péniblement. La lampe doit bien se trouver quelques part. Lui qui hait les légions étrangères n’affiche des artefacts de celles-ci dans sa chambre pour une seule et unique raison : se prouver combien il vaut mieux qu’eux.

             Ainsi, l’objet doit être posé en évidence. Les seules personnes foulant cette chambre sont ses conquêtes donc on doit pouvoir les voir depuis le lit ou même la peau de bête — je suis convaincu qu’il utilise davantage celle-ci pour ses ébats que son matelas.

             Me déplaçant jusqu’au centre de la salle, je me place sur l’animal décédé afin d’avoir une vue d’ensemble de la pièce. Les yeux plissés, je tourne sur moi-même en inspectant les différents points de vue. Jusqu’à ce que je me retrouve en face de la porte.

             Là, un sursaut me prend.

             Elle est de nouveau ouverte et, surtout, Erwin se tient dans son encadrement. Ses bras sont croisés sur son torse et il m’observe d’un air malicieux.

— O… Oh ! Votre Majesté ! je m’exclame.

— Dis-donc, je ne vous imaginais pas de ce genre-là, fait-il remarquer. Mais ça me plait. J’aime les femmes qui savent prendre les devants.

             Médusée, je l’observe avancer dans la pièce tout en refermant derrière lui. Puis, il ôte son imposante cape avant de faire de même avec sa chemise en lin, dévoilant un torse travaillé par de longs entrainements — mais dont l’absence de cicatrices trahit le fait qu’il reste à l’arrière en période de guerre.

             Vite. Il me faut trouver une excuse.

— A vrai dire, Votre Majesté, je n’étais pas venue pour cela. Je vous cherchais simplement pour…

— Mais maintenant que tu es là, ce serait bête de gâcher une telle opportunité, n’est-ce pas ? s’enquit-il en continuant d’approcher.

             Reculant d’un pas dans un rire embarrassé, je percute une table qui tangue. Me retournant juste à temps, je parviens à rattraper de justesse l’objet posé dessus et que je viens de faire tomber. Là, mes yeux s’écarquillent.

             Dans ma main, la surface bombée se finissant en pointe de la lampe dorée brille. Elle est là, je la tiens. Mais ce n’est pas mon unique problème.

— Elle vous plaît ? résonne la voix grave du roi, juste à côté.

             Un sursaut me prend quand je réalise notre proximité. Nos visages se frôlent presque et son torse se presse quasiment au mien. Sa main se referme aussi sur la lampe, par-dessus la mienne et l’autre attrape mon menton pour me forcer à le regarder.

— Je l’ai volé lors du pillage d’une ville Moorath. Ils ont beau être inciviles, vous n’avez aucune idée de la beauté de leurs artefacts… Et de leurs femmes.

             Un frisson me prend en entendant les derniers mots. J’ai été moi-même soldate et ai entendu les histoires de guerre. Les viols sont monnaies courantes, lors des pillages. Et quelque chose me dit que l’homme devant moi n’y est pas étranger.

— Ne soyez pas jalouse, ma chère, vous m’avez pour vous toute seule cette nuit, rit-t-il doucement.

— Je voulais juste diner avec vous !

— Après, croyez-moi je vous laisserai manger autant que vous voudrez pour reprendre des forces.

             Son doigt caresse mes lèvres, m’arrachant un frisson. Brutalement, je me recule à nouveau, laissant la lampe dans sa main. Cette fois-ci, la table tombe pour de bon dans un fracas mais aucun de nous deux n’y prêtons attention.

— J’attends le mariage ! je tonne aussitôt, cherchant par tous les moyens un prétexte pour sortir d’ici.

— Je convoque le prêtre et on le fait devant lui ! lâche-t-il dans un rire.

             Mais sa blague ne me fait pas rire.

— Voulez-vous prendre Sa Majesté pour époux ? Oui, je le veux ! lance-t-il avant de courir jusqu’à moi.

             Je n’ai même pas le temps de réaliser qu’il fond sur moi, ses bras se referment autour de mon corps et me plaquent contre son torse. Il enfonce son visage sous mes clavicules, profitant que ma robe dénude celle-ci et de la bile remonte le long de ma gorge.

— Et voulez-vous prendre cette ravissante femme pour épouse ? reprend-t-il avant d’éclater de rire en finissant sa phrase : Je préfère la prendre tout court !

             Malgré moi, un cri de détresse franchit mes lèvres quand les siennes se posent sur ma gorge. Il aspire ma peau avant de la mordre, m’arrachant un hoquet. Je tente de me débattre mais sa prise est ferme. Déjà soulevée dans les airs, mes coups de pieds trouvent le vide ou alors ne semblent lui faire aucun effet.

             Marchant sur quelques centimètres, il me lâche sur son lit. Au moment où il se redresse pour mieux me regarder, je roule sur le côté et parvient à lui échapper. Courant loin du lit, je le sens attraper l’une de mes cuisses et la tirer en arrière.

             Déséquilibrée, je m’écroule sur le sol. Brutalement, il me retourne sur le dos et je n’ai même pas le temps de le discerner, au-dessus de moi, qu’un coup violent bascule ma tête sur le côté.

             Il vient de me donner un coup de poing au visage.

— BORDEL DE MERDE, TU CROIS ETRE QUI POUR ME DIRE NON !? SANS MOI TU SERAIS ENCORE EN TAULE, SALOPE !

             Même s’il hurle, je ne l’entends que vaguement. Une dense torpeur s’empare de mon esprit, le brouillant. Je ne parviens plus à penser clairement. Je suis dans les vapes. Mes paupières se font lourdes et un liquide coule sur mes lèvres. Sans doute du sang.

             Seulement, quand le son de sa boucle de ceinture se défaisant résonne parmi ses cris, je frissonne. Non. Pas ça. Je ne peux pas laisser ça se faire.

             Ma jupe est remontée soudainement et sa main presse si violemment mes cuisses pour tenter de les écarter qu’un cri de douleur franchit mes lèvres et je tends violemment la jambe. Mon genou percute son ventre et il bascule en arrière.

             Aussitôt et malgré le décor tanguant autour de moi, je me relève. Là, sans réfléchir un instant, je ramasse la table effondrée au sol et enfonce l’un des pieds dans son bras, ignorant le bruit de succion qui résonne alors et les gouttelettes chaudes de son sang éclatant sur le bas de ma robe. Son hurlement déchire la salle quand son épaule est perforée mais je n’y prête pas attention.

             J’ai vu pire, à la guerre.

             J’ai fait pire, à la guerre.

             Ramassant la lampe dorée abandonnée juste à côté, je pousse la porte et court à toute vitesse. Bien que je l’aie cloué au sol afin de m’assurer qu’il ne me suive pas — je ne peux pas le tuer maintenant et placer Eren sur le trône après, tous penseront qu’il est l’assassin — je ne peux m’empêcher d’aller rapidement.

             Je dois m’éloigner au plus vite de cette salle. Je dois tout oublier. Son toucher, son odeur, la douleur… Les couloirs se succèdent sans que je n’interrompe ma course.

             Des larmes coulent sur mes joues. Je m’en rends compte quand je les essuie d’un geste rageur.

             Soudain, je percute un obstacle de plein fouet. Basculant en arrière, je presse avec force la lampe contre moi, craignant qu’elle ne tombe. Mais moi-même, je ne m’effondre pas sur le sol car deux mains fermes attrapent mes bras, me stabilisant.

— Forgeron ?

             La voix d’Eren résonne juste devant moi et je réalise alors que je viens de le percuter. Ses yeux émeraudes brillent à la lueur des torches du couloir et il observe mon visage, visiblement surpris. Malgré moi, je me détends quand je le vois. Car je sais qu’il n’est pas comme le roi. Que je ne crains plus rien.

             Puis, son regard s’arrête sur ma lèvre fendue et le sens coulant de mon nez avant de trouver mes clavicules et la marque de morsure les recouvrant. Il me semble que ses yeux s’assombrissent davantage quand il voit les lacets arrachés de mon corset et ma jupe parsemée de sang et à moitié déchirée.

             Enfin, il relève ses iris pour les planter dans les miennes. Et sa voix ressemble à un grondement sourd lorsqu’il demande :



















— Qui a fait ça ?














































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bon... le chapitre
était rude
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