4. Les Appartements aaronesques

Pour les animaux, les Kili'an ont une grande affection, sans doute parce que leur cerveau, en de nombreux points similaire à celui des bêtes, leur permet de les aimer et comprendre à foison. – Journal intime du premier Aar'on –

*****

Pris par la fatigue, le quelconque Kili'an – note du narrateur : je dis quelconque parce que môssieur n'aime pas qu'on fasse remarquer trop fort à quel point il est beau, alors voilà, tant pis pour sa gueule – s'était endormi sur son lit. Sa précédente mission et son procès express l'avaient éreinté. Émergeant à peine, il sursauta en voyant l'heure s'afficher sur un écran. Il était plus qu'en retard pour faire son rapport ! En toute hâte, il courut à travers la station orbitale, bousculant au passage femmes et enfants qui avaient eu la bêtise de se mettre sur son chemin. En nage, il arriva devant les portes fermées des appartements aaronesques. Avec une infinie délicatesse, il les poussa et glissa sa petite tête blonde à travers le montant, puis soupira de soulagement en voyant que les lieux n'étaient peuplés que des félins et de l'esclave personnel de son maître. Celui qui régnait sur la Fédération avait certainement dû s'absenter, ce qui était plutôt une bonne nouvelle : cela permettrait à l'adolescent de masquer son trop grand retard et lui éviterait sans doute une trop sévère correction. Mieux, ce répit lui offrait quelques minutes pour préparer son corps banal pour mieux l'offrir en offrande à l'homme qui possédait son âme. – note du narrateur : en fait, son corps est magnifique, mais bon... comme je n'ai plus le droit de le dire...

Sans la moindre gêne et ne gardant sur lui que le précieux collier qui indiquait son statut, le jeune héros dégrafa sa ©Végéscratch, afficha sa commune nudité à la vue des animaux qui le regardaient sans grande attention, s'étira, raffermit son insignifiant postérieur en tapotant dessus et plongea la tête la première dans l'immense baignoire – réglée sur frigorifique – du maître de la galaxie. La morsure du froid le fit trembler. Ce moment de repos lui donnait l'impression d'être seul au monde. Une toute petite chose lui indiqua que le temps ne s'était pas vraiment arrêté : le regard mauvais de Jona, parfaitement jaloux de cet Humain qui avait le droit de se laver dans les appartements aaronesque alors que lui, simple serviteur, était obligé de faire sa toilette dans les sous-sols avec tous les autres déchets de son espèce.

Flottant sur le dos, Kili'an observa avec attention la voûte céleste. Tant d'étoiles dans le ciel, et si peu qu'il avait visitées. Tant de lunes qu'il rêvait de fouler, tant d'aventures qu'il voulait vivre... Quelques années auparavant, esclave de la société, jamais il n'aurait pu imaginer que son destin prendrait un jour un tournant si particulier. À l'époque, il ne savait pas ce qui le rendait si spécial, il ignorait complètement ce qu'il était... Simple petit garçon aux yeux verts et aux cheveux jaunes, jamais il n'aurait pu imaginer qu'il était en réalité un Kili'an, un de ces êtres de légendes dont le but était de s'offrir à l'Aar'on. Il ne connaissait pas le sens de son existence, le découvrir fut un énorme choc. Au début, il mit de la mauvaise volonté à se donner à son partenaire, comme telle était pourtant sa raison d'être. Il ne se sentait pas prêt, il n'arrivait pas à l'accepter, il préférait qu'on le force. Puis au terme de son dressage il finit par accepter son essence, et jamais il ne le regretta. Après enfin avoir compris quel était son rôle dans l'univers, sa vie en avait été complètement transformée. Il se battait pour la Fédération, au nom de son maître. Sa crinière dorée était devenue un symbole d'espoir. Et de temps en temps, entre deux missions, il pouvait venir se reposer dans cette pièce ronde, sombre et froide dominée en son centre par un trône et juste derrière par un immense lit. Là, Kili'an se sentait bien et protégé, comme si rien de mal ne pouvait lui arriver.

Sortant enfin de la baignoire, l'adolescent entendit un bruit. À peine eut-il le temps de se retourner qu'il se retrouva violemment projeté contre un mur, puis plaqué au sol. Un immense monstre blanc de plus de trois mètres au garrot l'écrasait et lui déchiquetait le torse de l'une de ses quatre pattes recouvertes d'une épaisse fourrure. Sa gueule géante semblait suffisante pour engloutir un Ashtar à elle seule. De ses babines coulaient d'immenses traits de bave acide. De sa langue sirupeuse, il recouvrit le visage du pauvre petit blond, qui hurla.

– MIST'RAL ! COUCHÉ ! Tu m'en fous partout, t'es encore pire que ton maître ! Ah, putain, j'venais de me laver en plus ! T'es pas possible toi ! Arrête les bisous maintenant ! ARRÊTE !

À l'autre bout de la pièce, vêtu de sa ©Végéscratch noire et grise et d'une longue cape, l'Aar'on fit son entrée. Son diadème, simplement posé sur son front, indiquait sa toute puissance. Devant le spectacle affligeant de son petit blond personnel en train de jouer avec son animal préféré, le brun soupira. Il ne savait pas sur lequel crier ni lequel gronder et punir.

– Nan mais sérieux, Kili... Tu fous quoi encore ? – questionna-t-il. Déjà que, comme t'étais en retard pour ton rapport, j'me suis mis à me faire du souci et je t'ai cherché dans tout Thot sans succès, si en plus j'te retrouve en train de jouer avec Mist'ral, on va pas y arriver... j'ai un empire à diriger moi, tu comprends ? J'ai pas le temps de te regarder faire mumuse avec mes animaux ! Mist, arrête s'il te plaît, ouvre la gueule... Recrache mon Kili'an, recrache-le que je puisse lui parler !

Piteux de se faire enguirlander alors qu'il cherchait simplement à faire état de la joie qui l'animait en revoyant le blondinet de compagnie de son maître, l'animal abandonna le corps qu'il était en train de mâchonner puis alla s'allonger à côté des chatons qui lui grimpèrent immédiatement dessus pour profiter de sa chaleur corporelle.

De son côté, son ventre tout dégoulinant de bave, le jeune soldat au regard vert pleurnicha à quatre pattes devant son propriétaire. Il avait honte.

– Par... pardon... il m'a sauté dessus, – se justifia-t-il. J'ai pas eu le temps de réagir... et... euh... tu vas me punir ?

D'un souffle, l'Aar'on rejeta cette hypothèse. Il n'avait pas le temps pour de pareils enfantillages. Trop de troubles agitaient Vojolakta.

Un peu déçu, l'adolescent replongea dans la baignoire pour se rincer. Puis, les cheveux encore humides et vêtu uniquement de sa chère nudité, il s'allongea sur le lit de son possédant pour lui faire son rapport :

– Comme tu le pensais, les Frécheurs sont trop stupides pour être derrière tout ça. Et quand elles ont compris qui j'étais, elles sont devenues d'un seul coup beaucoup plus fréquentables. Elles étaient clairement manipulées...

– Par qui ? – demanda immédiatement le Légitime. Des membres de l'anti-humanité ? Tu as pu voir quelque chose ?

– Non... – répondit le soldat, songeur, la tête baissée. Enfin, j'sais pas, c'est pas comme si on pouvait les reconnaître, ils ont des membres dans chaque espèce... Mais je ne pense pas que c'étaient eux. L'anti-humanité a toujours lutté contre la Fédération à l'intérieur même de la Fédération, avec fourberie... Là, c'était un Ashtar qui était aux commandes.

– Un Ashtar ? – lâcha, incrédule, le jeune brun. Tu es sûr de toi ?

– Oui... – affirma le blond. C'était la première fois que j'en voyais un, mais j'en suis certain... La manière dont il m'a perforé le bide, c'en était forcément un... Enfin, il est mort maintenant, je l'ai tué...

Sous le choc, l'Aar'on suffoqua. Non, il devait se ressaisir.

– C'est bien ce que je craignais... Si certains de ces monstres ont survécu, ils ne reculeront devant rien pour faire revenir le Bottel'ron... Bon, tu as bien travaillé, merci, je m'occupe du reste. En attendant, j'ai une autre mission pour toi et ton équipe. Vous repartez demain à l'aube. Tu pourras disposer dès que j'aurais fini de t'expliquer ce que j'attends de vous.

Cette annonce sécha Kili'an sur place. S'il était toujours ravi de servir les intérêts de la Fédération, il s'était imaginé qu'on lui accorderait au moins un peu de repos dans la couche de son maître, surtout après ses folles dernières aventures. Après tout, s'il avait fauté, il méritait d'être puni. S'il avait bien agi, il méritait d'être récompensé. Dans les deux cas, il s'attendait à quelque chose un peu Rock'n'roll, même s'il ne savait pas vraiment ce que ce vieux terme voulait dire. Alors, l'air triste, il indiqua très clairement sur son visage son intention de bouder si les choses restaient en l'état. Mais bien trop plongé dans ses pensées pour prêter attention à ce genre de détails, l'Aar'on ne réagit même pas. La Fédération passait avant toutes considérations personnelles. Il fallait agir, et vite. Une attitude certes noble, mais qui eut vite fait d'agacer l'adolescent aux yeux verts. Vexé, il s'empara de la parole :

– Et mon frère ? Tu m'as promis que tu m'aiderais à le retrouver...

Sans prêter attention à la prière qui lui était formulée, le brun croisa les mains et annonça son plan. Vojolakta était prioritaire.

– Tu vas aller sur Pozidono. Cette planète est la troisième du système Soldane, elle est complètement recouverte d'eau. La principale espèce y résidant est celle des Atlans, des Âminaux pacifiques qui ont accepté la domination des Âminêtres. D'ailleurs, c'est une branche particulière de notre espèce qui y règne, l'Humanité aquatique. Sur place, tu auras l'amabilité de présenter mes hommages à leur présidente, une vielle connaissance. Mais ta véritable mission sera d'enquêter sur le représentant de Soldane au conseil des douze, le Rongé'du. Je me méfie de lui. Cet idiot prétentieux passe de moins en moins de temps sur Thot et de plus en plus dans son système, délaissant sa mission principale. Du coup, je le soupçonne d'être un membre de l'anti-humanité. Je compte sur toi pour clarifier tout ça.

– Et pour mon frère ? – rétorqua Kili'an, toujours vexé.

– Ah, ça... tu trouveras sans doute des indices en voyageant. Me servir ne pourra que t'aider dans ton objectif, j'en suis certain. En mission, tu as l'autorisation de poser toutes les questions que tu veux en mon nom à ce sujet, ça te va ?

– Moui...

Même s'il n'était pas totalement convaincu, l'adolescent ne pouvait qu'acquiescer. Enfin, il ne se gêna pas pour afficher sur son visage son mécontentement. Son rang de Kili'an l'empêchait de manifester autrement son désaccord. Il connaissait l'histoire de ses prédécesseurs. Tous ou presque s'étaient toujours pliés aux ordres de leur maître, souvent avec un zèle qui forçait l'admiration. Seules quelques exceptions venaient confirmer la règle. C'était le cas par exemple du premier Kili'an. Réputé pour être le plus beau de tous, il était aussi une adorable petite crapule qui n'en faisait qu'à sa tête et dont le dressage avait été long et éreintant, pour un résultat heureusement des plus merveilleux. Quelques générations plus tard, celui du neuvième, infidèle, fut le premier d'une longue série à être jugé et condamné par la cour sexuelle. Le pauvre avait même failli se retrouver châtré en punition de son comportement un peu trop volage. Son destin restait cependant plus enviable que celui du onzième. Ce dernier était tellement désagréable que son propriétaire, par dépit, avait fini par sauter la phase d'apprivoisement pour passer directement à la copulation, récupérant ainsi le titre de « Violeur ». Par la suite, constatant l'échec de cette méthode, le brun de l'époque se ravisa et se mit à la rédaction d'un manuel à l'usage de ses successeurs – « comment forcer un Kili'an à aimer son Aar'on » – histoire de leur faciliter la tâche. L'ouvrage servait depuis lors de référence. Mais le blond le plus foireux avait sans doute été celui du quatorzième. N'arrivant pas à aimer son Aar'on, ce Kili'an avait été le seul à rejoindre l'anti-humanité, ce qui causa à la Fédération la perte du système Solzabul. Heureusement, dans l'ensemble, ils s'illustraient tous par leur obéissance, allant jusqu'à remplir leur rôle charnel dans les situations les plus extrêmes et saugrenues, comme sur un champ de bataille, en pleine réunion du conseil ou lors d'un déjeuner diplomatique, l'Aar'on à table et le Kili'an en dessous.

Comprenant à l'air déçu de son amant qu'il ne pourrait pas s'en tirer à si bon compte, le Légitime lui tapota légèrement le dessus de la tête, geste qui provoqua immédiatement un adorable ronronnement. Il fallait bien l'avouer, les conseils que le onzième avait distillés dans son guide étaient souvent terriblement efficaces.

– Allez, arrête de faire la tête ! – fit-il, un sourire aux lèvres. J'ai un cadeau pour toi. Je tiens trop à ta petite personne pour te laisser prendre le moindre risque en mission, alors j'ai décidé de te nommer un garde du corps qui sera directement sous ta responsabilité. Attends deux secondes, je vais le chercher !

Surpris par un geste qu'il n'attendait pas, Kili'an rougit des oreilles jusqu'au bout des fesses. Un nouveau copain dans sa team ? C'était une bien chouette idée, ça ! Cela le changerait de sa mécanicienne-traître et de son robot ! Que pouvait être ce nouvel acolyte ? Un jeune Humain qui le prendrait immédiatement pour modèle ? Un véritable rouquin pour sa collection ? Un Voduo aussi intelligent que l'étaient les représentants de cette espèce qui pourrait penser à des stratégies trop super balaises ? Ou alors, mieux encore, ce magnifique Ztékoj trop beau à la peau bleu foncé qui l'avait appréhendé un peu plus tôt ? Seul sur le lit, Kili'an trépignait d'impatience ! S'il avait eu une queue pour prolonger son coccyx, il l'aurait naturellement secouée énergiquement pour indiquer sa joie.

Enfin, au bout de quelques minutes et une adorable petite boule de poils entre les bras, l'Aar'on pénétra à nouveau dans ses appartements. Et devant l'air surpris et dubitatif du soldat qui n'avait jamais vu de sa vie pareil animal, il lui annonça fièrement de quoi il en relevait :

– C'est un chien ! Une très vieille espèce anciennement rattachée à l'humanité ! On en trouve quelques un sur Aheqet et nul par ailleurs. C'est très rare ! Mais très fidèle et obéissant, bien plus qu'un Kili'an ! Son nom, c'est Link'o. Link'o le chien.

– Un quoi ? – demanda l'adolescent, avec toute la fougue de sa naïveté. Mais... ça sert à quoi ? C'est tout p'tit et mignon, ça peut pas combattre des méchants ! Si ?

– Un CHIEN – insista l'Aar'on. C'est super malin ! Même si ça ne parle pas, ça comprend tout ! Et ça sert à plein de choses ! Ça attrape la poussière, ça garde le nid, ça fait des câlins, ça sert de bouilloire... et même pour le combat, faut pas croire, c'est très pratique ! Ça aboie, ça fait peur, ça mord les fesses...

– Mord les fesses ?

– Oui – répondit le brun avec assurance. Mord les fesses.

– Aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie ! – hurla le blond.

– Mhhh ? – fit l'Aar'on en feintant la surprise.

– Il... il m'a mordu les fesses... – couina le pauvre malheureux en se caressant son arrière-train endolori.

– Tu vois, j'te l'avais dit ! D'ailleurs, il a bien raison, ça me donne envie de faire la même chose ! Et puis, tes fesses, tes fesses.... C'est vite dit, hein ! T'es un peu ma propriété, quand même !

– Wif ! – aboya l'animal avec approbation.

Même s'il ne comprenait pas tout, il était parfaitement d'accord ! Parce qu'il était bien dressé – bien mieux qu'un Kili'an – et qu'il avait entendu l'ordre, Link'o s'était en effet jeté sur le derrière de son nouveau chef d'escouade, histoire de lui prouver qu'il avait des crocs et qu'il savait s'en servir. Même s'il était encore un très jeune chien, il avait sa part de fierté. Pour lui, c'était un véritable honneur de servir dans l'équipe la plus réputée de la Fédération. Mordiller le derrière de son capitaine était l'acte le plus naturel qu'il avait trouvé pour faire bonne figure. Du côté de Kili'an, par contre, même s'il craquait devant cette adorable boule de poils qu'il serra immédiatement dans ses bras, la vexation était terrible. Plus qu'à son derrière, c'était à son honneur qu'il avait mal. Et c'était à l'Aar'on qu'il en voulait pour cette humiliante démonstration, quand bien même il présenta avec obéissance son postérieur au Légitime afin que ce dernier puisse à son tour y planter ses dents.

– J'vais l'appeler Patapouf... – murmura le jeune soldat avec une mine boudeuse, entre deux piaillements de douleur causés par les mordillages de son maître.

– Tu te fous de ma gueule ? – répondit ce dernier après avoir relevé son nez du divin fessier. Son nom c'est Link'o, j'ai dis ! Patapouf ? Mais ça va pas la tête ? Tu m'as pris pour le premier Aar'on qui aimait tellement son Kili'an qu'il lui passait ce genre de conneries ou quoi ? Tu t'es cru dans la réalité ?

– Meh ! – conclut le petit blond en pleurnichant.

Caressant avec affection son nouveau compagnon, il avait de toute manière bien trop mal à son derrière pour se rebeller, et il n'en avait même pas envie. S'écroulant de fatigue après le dernier coup de mâchoire de son propriétaire – que ce dernier accompagna d'une petite claque sur la marque de ses dents –, Kili'an soupira. Il serait bien resté encore une petite éternité dans cette chambre, mais le devoir l'appelait... À sa mission, il ne voulait pas faillir... Il s'était déjà fait une raison...

– J'dois partir quand ? – demanda-t-il naïvement en espérant que la réponse ne soit pas trop directe.

– Juste après ça...

Sans que le soldat ne s'en rende compte, l'Aar'on avait profité d'une obscurité naissante pour se dévêtir et s'allonger sur son dos. Lui recouvrant le cou et le visage de baisers, le brun se mit à honorer de toute sa personne les fesses qu'il venait tout juste de finir de martyriser. Prisonnier de son despote, l'adolescent tremblota d'extase. La fougue de son maître lui procurait la plus douce des chaleurs. Agrippé à ses hanches, l'Aar'on lui rappelait à chaque coup de reins le sens de son existence. Le commun Kili'an – Note du narrateur : oh et puis merde, j'vais pas écrire une scène de cul en disant qu'il est moche. Il est beau et puis c'est tout, voilà, j'y peux rien, c'est comme ça, il est trop beau et puis c'est marre. – Le magnifique Kili'an, donc, ne pouvait que se laisser faire en tournant délicatement la tête afin d'espérer pouvoir, de ses lèvres, frôler celles de l'homme qui le pénétrait. Et quand enfin le contact se fit, plus rien n'avait plus d'importance dans l'univers que ce subtil instant de bonheur.

Non loin d'eux, Link'o cacha son museau sous un oreiller, les chatons détournèrent le regard et Mist'ral hurla à la nuit, comme pour accompagner cette divine saillie d'un peu de musique. Un jeune Humain, esclave de son état, admira la scène la bave aux lèvres comme s'il en était. Mais dès que sa présence se fit sentir, l'Aar'on le fit sortir en lui mettant son pied au cul avant de se remettre de manière encore plus passionnée à son ouvrage. Une fois dehors, brûlant de jalousie et de colère, Jona marmonna son mécontentement sur le chemin de sa paillasse :

– Quand ce maudit Kili'an n'est pas là, ce ne sont pas forcément des orteils que je me prends dans le derrière !

Heureusement pour lui, un cri orgasmique qui se fait entendre dans toute la station couvrit ses paroles infâmes qui, si elles avaient été ouïes, auraient pu causer sa mort.

Quelques minutes plus tard, avec son nouveau camarade canin dans les bras, Kili'an sautilla en sifflotant jusqu'à son vaisseau pour régler les derniers préparatifs de son futur voyage. Seul dans ses appartements, l'Aar'on reçut quant à lui la visite surprise d'un homme vêtu d'une longue et épaisse cape noire bordée de rouge qu'il ne s'attendait certainement pas à voir. L'insigne verte et dorée cousue sur sa ©Végéscratch indiquait qu'il servait les intérêts de la Fédération. Sa chevalière montrait que coulait dans ses veines le sang du premier Aar'on, sans pourtant en être un lui-même.

– Entrez, père.

De politique, ils ne parlèrent guère. Ce fut d'un mal ancien aussi vieux que l'humanité dont il fut question. Un mal qui venait de les toucher. Un mal qu'on ne savait soigner. Laissant l'Aar'on seul sous le choc, Gér'ar tourna les talons et repartit immédiatement avec sa suite dans son croiseur, en direction de son cher système Solsiméo.

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