Chapitre 7 : 1971 : Chemin de Traverse en solde
Jour 1
« Où est-ce que j'ai mis cette liste ? » se demanda Magda Moon à haute voix.
Elle farfouilla dans ses affaires lorsqu'un papier sur lequel s'étalait la fameuse liste tenue par une petite main apparue devant ses yeux. Sous la main, le bras de Mona Moon était tendu avec fébrilité.
— La voilà, déclara Magda en prenant le papier.
Ça devait arriver tôt ou tard, Mona s'est transformée en poche-fourre-tout ambulant.
— Allons à la librairie, décréta Magda.
— On va acheter des articles neufs cette fois ? demanda Mona.
— Ne parle pas si fort, répondit Magda en regardant autour d'elles, nerveuse.
Un an sans se voir, et vous êtes toujours aussi fauchés... et apparemment vous essayez toujours de le cacher.
Magda et sa fille arrivèrent devant Fleury et Bott. Elles entrèrent dans la boutique et trouvèrent rapidement le rayon scolaire. Magda examina de nouveau la liste pendant que Mona observait les livres devant elle. Plus précisément, elle scrutait les prix, car Mona s'intéresse aux bouquins autant qu'à la disparition de l'âne du Poitou.
— Ils sont chers, remarqua Mona.
Magda jeta un coup d'œil aux prix des livres.
— Nous avons déjà trois livres de cette liste, murmura-t-elle. Grâce à Ludovic et aux autres, on aurait pu en avoir plus, mais la famille a divisé le stock des bouquins par deux, puisque vous êtes deux à entrer à Poudlard cette année.
— Il en reste quatre, dit Mona, inquiète.
— On va trouver une solution, dit Magda en se mordant la lèvre.
Les quelques pièces misérables dans la bourse de Magda s'entrechoquèrent.
J'ai une solution ! Vous mettez des collants sur vos têtes, vous sortez des flingues, vous piquez les bouquins, et vous partez en faisant tout péter là-dedans !
— Il y a des livres d'occasion, murmura Mona en désignant un bac. On pourrait prendre les miens là...
Ça, c'est une autre solution... la mienne était plus trash !
— Magda !
Les deux femmes se retournèrent. Une femme corpulente, vêtue entièrement de fourrure marron (alors qu'on était en août), souriait largement à la mère de Mona.
Purée, on a retrouvé le Yéti !
— Kaleïdes Wilkes ! s'exclama Magda, apparemment ravie.
Kaleïdes ? Mon dieu, d'où ça sort ce nom ? Wilkes ? Y'a pas un Mangemort censé s'appeler comme ça dans vingt ans ?
— C'est Mona ? demanda Kaleïdes en la désignant.
Noooonn, Magda a eu deux filles jumelles, Mona et Mano. Magda et le vieux Ed ont caché l'existence de Mano. Mais voilà, le mois dernier, toute la famille est partie en bateau près des îles Caraïbes. Mano a mordu Mona, elles sont tombées à l'eau. Seule Mano a été sauvée par le dauphin Flipper qui passait par là. Mona, elle, s'est fait bouffer par un requin. Depuis, Mano a pris la place de Mona.
— Oui, c'est elle ! répondit Magda. On fait nos derniers achats pour Poudlard. D'ailleurs, Gaïden... ?
— Il est ici ! l'interrompit Kaleïdes.
Gaïden ? C'est quoi, un jeu vidéo ?
Un jeune garçon apparut derrière le yéti.
— Bonjour, dit-il aussitôt à Magda.
Voici donc Gaïden Wilkes. Ok, mon garçon, j'ai lu la saga de Rowling, alors je sais ce que tu vas devenir. Recule d'un pas, ou... ou... ou bien... Mona dégainera sa baguette toute neuve et fera exploser l'étagère à côté d'elle comme chez Ollivander. Quoique, ce n'est peut-être pas Gaïden, mais un autre Wilkes, ce fameux Mangemort.
— Voici mon fils, déclara Mme Wilkes. Il entre à Poudlard cette année. Vous serez dans la même classe !
Elle adressa un sourire rayonnant à Mona, qui n'osait pas regarder Gaïden dans les yeux. L'an dernier, tu as découvert ce qu'était une Moldue. Cette année, tu pourrais découvrir ce qu'est un garçon.
— J'avais oublié l'un des livres de la liste, annonça Kaleïdes en s'adressant à Magda. C'est pour ça que nous sommes ici.
— Nous, nous n'avons pas eu le temps de venir avant, répondit Magda. Je repoussais toujours la date... et puis, ce n'est pas toujours facile. Je voulais faire cette sortie entre filles, alors Terence et Hugh sont gardés par leurs grands-parents pour la journée.
Oh la vilaine menteuse, Magda attendait d'avoir accumulé assez d'argent pour venir faire un tour sur le Chemin de Traverse.
Les deux femmes papotèrent pendant un moment. Mona et Gaïden évitaient soigneusement de se regarder. Finalement, elles décidèrent de retourner à leurs emplettes, chacune de leur côté. Mona et Magda firent semblant de chercher des livres, évitant soigneusement les articles d'occasion.
— La dame parle avec l'un des vendeurs près de la caisse, murmura Mona quelques instants plus tard. On va faire comment pour acheter des produits bas de gamme sans qu'elle s'en rende compte ?
— Attends, je réfléchis, répondit Magda.
— Il y a une étagère qui cache le bac des occasions, je pourrais aller chercher les livres. Comme je suis petite, elle ne me verra pas.
— D'accord, mais ne prends que des modèles qui ont l'air en bon état et laisse-en deux que nous prendrons neufs.
Mona acquiesça et partit discrètement vers le bac. Ça c'est de l'aventure !
Mona farfouilla parmi les livres sans cesser de jeter des regards inquiets vers Kaleïdes Wilkes. Elle trouva son bonheur à trois reprises et revint vers sa mère avec ses livres sous le bras. Magda jeta un coup d'œil aux exemplaires et prit deux livres neufs sur les étagères. Elle mit le premier au-dessus de la pile de Mona et le deuxième en dessous. Elle prit la pile des livres à deux mains, puis son courage, et enfin, avança vers la caisse, Mona la suivait de près.
Magda déposa la pile sur le comptoir. Kaleïdes jeta un coup d'œil aux livres.
— Vous avez trouvé votre bonheur sans aide ? demanda le vendeur.
— Oui, oui, ne vous inquiétez pas, je préfère toujours me débrouiller seule quand je fais mes achats. Sauf pour mes robes.
Magda et Kaleïdes éclatèrent de rire.
Mon dieu, que c'est drôle, je suis mort de rire. Non.
Soudain, le vendeur prit le premier livre de la pile. Il allait découvrir le livre suivant, un livre d'occasion avec une couverture élimée.
— Alors Gaïden, dans quelle maison penses-tu aller à Poudlard ? demanda brutalement Mona d'une voix forte.
Elle veut les distraire ? Mais c'est qu'elle est futée, la gamine. On dirait pas comme ça... non, on dirait vraiment pas.
Kaleïdes se pencha sur son fils avec un immense sourire affectueux.
— Je ne sais pas trop, dit-il, gêné qu'une fille lui adresse la parole.
Habitue-toi, mon garçon. Un jour, tu seras prêt à faire n'importe quoi pour qu'une fille daigne te parler.
Le vendeur prit le troisième livre de la pile. Kaleïdes releva la tête, son regard pouvait tomber sur les livres d'occasion.
— Moi, j'espère aller à Serpentard ou à Gryffondor, dit Mona rapidement. Une partie de ma famille est allée à Gryffondor et l'autre à Serpentard.
— Vraiment ? répondit Gaïden, surpris. Je croyais que ces deux maisons ne s'entendaient pas.
— Je sais, mais ce sont les maisons les plus brillantes, dit-elle. On verra bien dans quel camp je serai.
Kaleïdes échangea un regard amusé avec Magda. Son regard retomba sur le comptoir. Mona y jeta un coup d'œil terrifié : la pile de livres était à nouveau pleine, le dernier livre de la pile étant devenu le premier, un livre neuf. Mona se retint de pousser un soupir de soulagement. Magda chercha de la monnaie à toute vitesse. Le vendeur ouvrit la bouche pour annoncer le prix, lorsque Magda posa brusquement sa monnaie du côté gauche de la caisse, de façon à ce que Kaleïdes ne puisse rien voir. Magda adressa un regard suppliant au vendeur.
Impossible de savoir s'il a compris ou s'il est un benêt de la race des chèvres. Ou alors il a compris et il va faire son méchant... qu'il essaie, et Mona sort sa baguette toute neuve et... non, je l'ai déjà faite celle-là.
Il recompta la monnaie sans la mettre à portée de vision de Kaleïdes.
- Parfait Madame Moon, dit le vendeur.
Magda prit la pile des livres qu'elle fourra dans un grand sac.
- Bien on n'a presque fini, déclara Magda en direction de Mona. Il nous reste juste ton cadeau de rentrée.
Magda ou comment dégager rapidement sans paraître impolie. Elle adressa un signe de la main à Kaleïdes et entraîna Mona vers la sortie. Dès que la porte de la librairie eut claquée, les deux Moon soufflèrent bruyamment.
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