Chapitre 34 : 1973 : Crème de beauté pour Rogue
Le jeune garçon était penché au-dessus d'un chaudron, reniflant l'odeur qui en émanait.
– Tu es en retard, dit-il, dos à Mona.
– Désolée.
– J'ai commencé sans toi. Tu vas pouvoir continuer la potion, je viens d'y verser la salamandre séchée.
Mona déposa son sac contre une chaise et prit un livre ouvert sur une table.
– Il faut des glaires de troll ? demanda-t-elle, dégoûtée après une rapide lecture du manuel.
– C'est justement maintenant qu'il faut les ajouter.
Comme par hasard, il avait commencé la potion et s'était arrêté pile au moment où il fallait ajouter les glaires.
Mona retroussa ses manches et s'approcha du chaudron.
Une heure plus tard, Mona et Rogue s'étaient réfugiés derrière une table qu'ils avaient renversée sur le côté. Les émulsions de la potion commençaient à perdre de leur violence.
– Comment fais-tu ? demanda Rogue, ahuri. J'étais à côté de toi, j'ai guetté le moindre de tes faits et gestes. Pourquoi ça explose à chaque fois ?
– Bonne question, répondit Mona. Je ne comprends toujours pas.
Ahah, t'es trop forte Mona... t'es tellement pas douée que t'es trop forte.
Après quelques instants, ils se relevèrent et Rogue observa le trou qui était apparu dans le fond de son chaudron.
– Bon eh bien, on ne peut plus faire de potion, conclut-il en observant Mona à travers le chaudron.
– Ce n'est pas grave, confia Mona, j'ai eu une idée.
– Pas grave ? C'était mon chaudron, rappela Rogue d'une voix neutre.
– J'ai eu cette idée pendant le cours de botanique, dit Mona en ignorant la réflexion de son ami.
– Un chaudron tout neuf, continua Rogue, penaud.
– Tu m'écoutes ? demanda Mona.
– C'est le quatrième chaudron que tu me détruis, rappela Rogue.
– Ah déjà ? Bon, alors demande-moi c'est quoi mon idée lumineuse.
– Des chaudrons indestructibles ? suggéra-t-il.
– Je serais bien incapable de faire ça, dit-elle.
– Alors quelle est ton idée lumineuse ? demanda Rogue.
– Faire exploser un pot de glaise pour en recouvrir tout le monde.
– Une explosion ? Quelle imagination.
Je dirais même plus, une explosion ? Quelle imagination ! Non, non, je ne suis pas le Dupond de Rogue.
– La prochaine fois que Mulciber veut se venger des Gryffondor, tu lui parles de ce sortilège qui « n'existe pas ». Les Gryffondor auront beau expliquer les effets, les professeurs ne pourront punir personne.
Mona songea qu'avec ce sortilège, les séquelles subies par les lions seraient minimes et suffisamment humiliantes pour plaire à Mulciber.
– Pas con, dit Rogue. Tu oublies un détail majeur.
– Lequel ?
– Ce sortilège n'existe pas.
Voilà qui plombe le joli plan de Mona.
– Ce n'est pas un problème, dit-elle, désinvolte.
Si, c'est un problème, on ne peut pas jeter un sort qui n'existe pas.
– Mona, il n'est pas question qu'on recommence, c'est dangereux !
Oui, c'est dangereux... qu'est-ce qui est dangereux ?
– Arrête, tu adores ça, dit Mona avec un large sourire.
Wowooh ! On se calme, ça veut dire quoi ce « tu adores ça » et ce... ce... sourire ?
– On pourrait se faire prendre, dit Rogue.
– Depuis le temps, on a appris à se cacher convenablement.
Hein ? De qui quoi ? Qu'est-ce qui se passe ici ? Mona, tu fricotes avec le non-shampouiné ?
– Il pourrait vraiment nous arriver quelque chose de grave, ajouta Rogue.
Comme tomber enceinte. Oh non Mona, pitié, tu es trop jeune pour faire ces choses !
– Tu as quelque chose à perdre ? demanda Mona.
Votre enfance pour commencer.
– Non, c'est vrai, allons-y, déclara Rogue.
Noooonnn ! Vous n'allez pas faire ça ! Vous n'allez pas me laisser assister à ça !
– Cool, dit Mona en sortant sa baguette.
Rogue haussa un sourcil en sortant à son tour sa baguette. Vous allez utiliser vos baguettes pour copuler ? Espèce de pervers.
Mona sortit également un livre de son sac. C'est quoi ça ? Une édition du Kamasutra ?
– Tu as déjà fait quelques recherches ? demanda-t-il.
– Oui, j'ai pensé à serotellus.
Heu... de quoi vous parlez ?
Rogue lui prit le livre des mains, qui se trouvait être un dictionnaire latin.
– Je dirais plutôt exegihumus, dit-il après quelques instants.
– C'était ma deuxième option, déclara Mona.
Elle sortit également un pot rempli de glaise de son sac. Vous voulez faire un remake de Ghost ?
– Bon, pose-le et va te cacher derrière la table, dit-il en désignant la table renversée.
– Hé, c'est mon idée, je fais la première tentative.
– Comme tu veux.
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai de plus en plus l'impression de m'être complètement planté sur les intentions de ces jeunes gens.
– Allez, va t'allonger, ordonna Mona.
J'ai peut-être parlé trop tôt... enfin, j'ai peut-être narré trop tôt.
Rogue prit son sac et celui de Mona, puis se dirigea vers la table renversée. Il s'accroupit pour disparaître. Pendant ce temps, Mona enleva sa cape et l'entoura autour de sa tête.
– Je ne suis pas sûr que ce soit une protection suffisante, fit remarquer Rogue.
– Je n'ai pas d'armure sous la main, déclara Mona.
– Bonne idée, la prochaine fois on invente un sortilège pour nous protéger durant nos expériences.
Ou alors vous ne faites plus jamais d'expériences, et d'ailleurs, vous devriez même arrêter maintenant et ranger vos baguettes.
– Tu es prêt ? demanda Mona.
Rogue se cacha à nouveau derrière la table.
– Vas-y, dit-il.
Mona inspira profondément, ferma les yeux et les rouvrit en fixant le pot de glaise sur la table. Brusquement, elle leva sa baguette, fit des gestes élégants ou ridicules selon votre humeur, et la pointa vivement vers le pot de glaise en s'exclamant :
– SEROTELLUS !
Derrière la table, Rogue ferma violemment les yeux en se protégeant les oreilles. Mona fixait toujours le pot de glaise qui n'avait pas bougé. Après quelques instants, Rogue se releva et échangea un regard avec une Mona déçue.
– Pour une fois que tu voulais vraiment faire exploser quelque chose, dit-il.
Ahahah... purée, Rogue me fait rire. Je ne dois pas aller bien.
– À ton tour, annonça Mona.
Il s'éloigna de la table alors que Mona s'en approchait pour s'y cacher à son tour.
– Prête ? demanda-t-il après quelques secondes.
Mona répondit par l'affirmative avant de se cacher la tête entre les mains. Rogue brandit sa baguette vers le pot de glaise, fit tourner son poignet et lança :
– EXEGIHUMUS !
Le pot de glaise éclata, répandant de l'argile à travers toute la pièce. Mona se releva vivement.
– Ça a marché ! s'écria-t-elle, radieuse.
Elle se tourna vers Rogue, éclaboussé généreusement par la glaise.
– Oui, dit-il froidement, ça a marché.
Mona se leva et pointa sa baguette vers son ami pour nettoyer la glaise qui le recouvrait.
– La prochaine fois que tu as une idée salissante, dit-il, c'est toi qui fera tous les tests.
De quoi se plaint-il ? Tout le monde sait que l'argile est bon pour la peau.
– Promis, dit Mona.
Elle prit les deux sacs posés derrière la table et tendit celui de Rogue à son propriétaire.
– On doit noter notre découverte, décréta Mona.
Comment faire exploser de la boue, sacrée découverte.
Mona sortit un livre où seules les premières pages étaient noircies. Elle l'ouvrit à la page suivante et inscrivit le nouveau sortilège ainsi que ses effets, la date et le nom de Rogue. Rogue, quant à lui, prit un livre au hasard dans son sac et inscrivit le nom du sortilège là où il y avait de la place.
– Bon, j'ai sommeil, dit Rogue. On se voit demain.
– Non, avec la sortie à Pré-au-Lard, ça risque d'être difficile. Disons plutôt dimanche.
– D'accord.
Ils nettoyèrent la salle et rentrèrent sagement dans leur salle commune... bien après le couvre-feu, ce qui n'est pas du tout sage.
Jour 4
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