Chapitre 38 : Échec et mat

Allez Natsu, c'est l'heure, tout le monde nous attend ! ordonna Acnologia, avec un grand sourire.

Ce fut ainsi que Natsu, sans demander son reste, suivit sagement le Roi. Ils traversèrent le hall muet et vide de gens, enfin si on omettait l'armée de dizaines de gardes du corps qui suivait son souverain, tels des statues de guerriers en terre cuite. Identiques, silencieux, les traits figés. Ils s'approchèrent du gymnase en file indienne : d'abord le Roi, puis Natsu, suivi par Mald Gheel, et enfin des clones, des dizaines de clones.

Les portes du terrain étaient closes. Un immense brouhaha se dégageait de derrière les battants. Des centaines de voix, des milliers de murmures, quelques éclats et les rebonds d'un ballon. C'était fort, ça paraissait lointain, mais, c'était si proche en même temps. 

Natsu s'immobilisa, l'estomac coincé dans la trachée. 

Miséricorde ! Il s'apprêtait à entrer à la suite du Roi de Fioré dans le gymnase. Gymnase, qu'il venait à peine de réussir à quitter !

Le jeune homme baissa les yeux. Il regrettait déjà. Un frisson lui fit serrer les dents. 

En plus, il était de retour avec le prototype du maillot du pays sur le dos !

Et bordel !!!

Tout son être se pétrifia. Ses boucles roses obliquèrent à la verticale sur sa tête. 

Derrière cette porte, se trouvait le boss...! Le boss de la ligue clandestine était dans l'arène !

Le Roi Acnologia se retourna d'un coup, un vaste sourire figé aux lèvres.

Natsu Dragnir, demanda-t-il avec un étrange accent qui fit rouler le R. Aurais-tu peur d'affronter tes juges ?

Natsu se redressa à moitié. Éberlué, il fixa le Roi. Il se gratta le haut du crâne pendant que la pompe de son cœur accélérait. 

Peur, lui ?

Je... non... c'est pas ça, articula-t-il avec difficulté, alors que sa gorge s'asséchait et que son ventre se nouait. 

Le Roi lâcha un gloussement. Natsu essuya lentement ses mains devenues moites sur son short.

J'ai... je crois que... continua-t-il en essayant de reprendre le contrôle de ses pensées.

Il serra les lèvres, se mordit la langue, secoua la tête. Il n'avait aucune envie de retourner là-dedans ! Mais...

Le Roi Acnologia impatient claqua des doigts. Natsu grinça des dents. Il blanchit. Il suffoqua, se redressa, le regard froid et lointain. En vérité... apparaitre derrière le Roi, c'était une chance. Il ne risquait rien. Il prit une dernière inspiration puis releva la tête, les yeux vissés sur son Roi.

Je crois que... j'ai le trac ? souffla-t-il, en se forçant à rire.

Acnologia ne put dissimuler un rictus empli de vanité. Personne ne pouvait lui résister ! Il n'était pas Roi pour rien ! La gloire, le pouvoir, l'argent... C'était si facile de manipuler les gens !

Deux serviteurs habillés en costume d'apparat sortirent de nulle part et se dressèrent immédiatement devant la porte. Acnologia hocha légèrement la tête. Les portes s'ouvrirent en grand. Des centaines de paires d'yeux se tournèrent aussitôt vers eux.

« Le Roi ! » annonça bien fort Mald Gheel à la mêlée.

Aussitôt, une légère clameur résonna, une pointe d'étonnement, quelques sarcasmes, du respect, beaucoup de respect. Puis, ce fut au tour du silence de s'étendre, un silence si pesant que chaque cœur dans la salle se mit peu à peu en sourdine. D'un unique allant, tous les spectateurs, hommes, femmes, juges, joueurs, tous posèrent un genou au sol et baissèrent les yeux.

« Suis-moi ! » ordonna le Roi, le cœur plein d'orgueil.

Mal à l'aise, Natsu prit son courage à deux mains et lui emboita le pas. Il observa les corps agenouillés, il inspecta la masse. Personne n'osait lever le moindre sourcil. Tous étaient aplatis, obéissants. Tous ces gens à genoux devant leur Roi, et par voie de conséquence devant lui, baissant la tête, les yeux clos, soumis... devant lui, l'usurpateur ! Natsu devenu narquois, sourit. Il haïssait la foule. Il se souvenait. Ce jour-là, c'était sa propre mort qu'il avait vue briller. Ce jour-là, il s'était juré de se venger.

On y était. Sa revanche, il l'aurait, il l'avait déjà...!

*****

Dès que le Roi et sa suite pénétrèrent sur le terrain, les spectateurs s'agitèrent, mais nul n'interrompit le protocole. Sans un mot du souverain, personne n'était autorisé à le regarder. Zeleph s'avança la tête rivée au sol. Il vint lentement vers le Roi et se prosterna dans une révérence pleine de respect.

Mon cher Zeleph, merci de m'accueillir, dit le Roi en tendant avec dédain sa main.

Zeleph hésita un millième de seconde et lui fit un baisemain du bout des lèvres.

C'est un honneur, répondit-il sans lever les yeux.

Le Roi émit un léger ricanement. C'était le signal. Le Directeur Zeleph se redressa et fit face à son souverain. Quelle ne fut pas sa surprise d'apercevoir à un pas derrière lui les cheveux roses de La Salamandre ! Il ne tiqua pas, ne haussa même pas un sourcil. Zeleph était maitre dans l'art de dissimuler ses émotions. Pourtant, Dieu qu'il était contrarié ! Cette nouvelle était une catastrophe pour ses projets.

Mon Roi, poursuivit-il d'une voix blanche. Heureux de voir que vous avez déjà fait la connaissance d'un joueur de nos Sélections. Les couleurs de Fioré lui vont à merveille.

Les spectateurs ne purent rester inclinés plus longtemps. Au diable les convenances ! Les regards se braquèrent sur le Roi, sur ce joueur qui l'accompagnait. Le gars aux cheveux roses ! Il était revenu ! Il accompagnait Acnologia !

J'en étais sûr ! marmonna Jiemma, l'entraineur d'Orga, le juge de Sabor Tooth. Un espion ! Je le savais!

Un espion du Roi... ce n'est pas rien, nota Mest le représentant de la ligue officielle.

Il porte le futur maillot de l'équipe nationale ! Quel scoop ! Où sont les photographes ? renchérit Jenny, la juge féminine, en s'emparant de son téléphone afin de s'assurer que son journal ne raterait pas une miette de cette exclusivité.

Le juge Brain, quant à lui, ne disait rien. Il réfléchissait. Avec Zeleph, ils en avaient discuté à la fin du déjeuner.

Après avoir assisté aux différents coups d'éclats de ce Natsu Dragnir, les deux directeurs avaient décidé de jouer cartes sur table. Chacun d'eux avait des suspicions sur ce jeune, des suspicions, des doutes, la même impression, elle portait un nom : La Salamandre ! Racer, l'employé de la ligue clandestine l'avait d'ailleurs confirmé. La légende, c'était ce garçon ! 

Un accord avait fini par être trouvé. Ni Brain ni Zeleph ne voulait le voir tomber entre les mains d'Hadès ou même d'Acnologia. Chacun le voulait dans son équipe.

Le problème était ardu, les directeurs furieux. L'accord ne convenait à personne mais ils n'avaient pas le choix : ils devaient s'associer. Qu'un joueur ait récolté les Signatures des Joueurs Sacrés ne pouvait qu'attiser la curiosité des médias. Pas de doute, dès le lendemain, cette annonce allait faire le tour du pays.

Zeleph l'avait compris dès le départ. Il s'était empressé de prévenir la souveraineté. Il avait minimisé l'annonce, prétextant que ce n'était qu'un coup de publicité du vieux Makarov, qu'une annonce surfaite, sans l'ombre d'intérêt. Malheureusement, son plan n'avait pas fonctionné.

Au début de "La tournée des trois", les services de Sa Majesté les avaient contactés : le Roi viendrait à dix-sept heures assister aux Sélections. Le hasard ? Bien sûr que non ! Une curiosité ? Peut-être. Laisser Acnologia face à La Salamandre ? Jamais ! C'était le pire des scénarios ! 

Le soulagement de voir Eligoal revenir avec cet impétueux garçon s'était immédiatement évaporé. Pourtant, quel exploit !

Zeleph était resté une éternité au téléphone. Les deux juges s'étaient regardés déconfits. Comment se sortir de ce pétrin sans le faire repérer ?

Il avait fallu réfléchir vite et bien. Comptant sur la colère de Bluenote Stinger, le deuxième entraîneur, les directeurs avaient misé sur une défaite. Placer le garçon dans la pire des équipes était un plan excellent, machiavélique à souhait. Brain avait diminué le nombre de passages à trois et avait proposé d'activer des brouilleurs. C'était de notoriété publique que La Salamandre avait un sixième sens hors du commun ! Quatorze ans le petit ! Mon Dieu ! Ça promettait... !

Zeleph avait accepté les brouilleurs sans hésiter. Lui qui se vantait de jouer fair play... Mais, ils étaient d'accord sur ce point : mieux valait éviter que La Salamandre laisse percevoir son talent. Les juges s'étaient aussitôt préparé à organiser une séance de rattrapage pour le lendemain.

Programme simple. Efficace.

Grossière erreur ! La Salamandre n'avait pas usurpé son titre. Son équipe pourrie, il l'avait fait briller ! Son potentiel d'Etherious dansait dans les airs dès qu'il touchait à un ballon. Les brouilleurs avaient été inutilisables, mais ni Zeleph ni Brain n'avaient cherché à savoir qui les avait sabotés. Ils étaient trop avides, tellement subjugués. Cette puissance sous-marine qui se dégageait de cet enfant ! Phénoménale ! Quand il aurait l'âge... Mamamia ! Brain en bavait d'avance. Avec un gamin pareil, dieu seul savait jusqu'où il pourrait se hisser !

L'annonce de sa blessure était tombée à pic. Les juges avaient sauté sur l'occasion. Forcer La Salamandre à passer une radio leur permettait de se débarrasser de lui pour le reste de la journée. La perfection !

Sauf que... La Salamandre ne faisait jamais ce qu'on attendait d'elle. Elle était partie furieuse, l'aura renversante et...

Et... on y était ! Acnologia était là... avec Natsu Dragnir à ses côtés, portant le maillot de Fioré !

Quelle ironie ! Quelle catastrophe !

*****

Dis-moi, mon cher Zeleph, reprit Acnologia tout en faisant le tour du terrain pour saluer ses sujets. Je suis curieux. Quelle est l'épreuve qui a vu tomber mon petit protégé ?

Vous parlez du jeune Dragnir, je suppose ? s'enquit Zeleph faussement surpris. Les épreuves, il les a toutes réussies, Majesté. Il ne vous a rien dit ?

Natsu marchait derrière eux, il n'écoutait pas, il observait la foule, il se délectait de tous ces regards tournés vers eux, vers lui.

Toutes réussies...? répéta le roi perplexe en jetant un bref regard derrière son épaule afin de voir ce que faisait le garçon aux cheveux roses. Comment expliquer qu'il me soit littéralement tombé dans les bras ?

Tomber dans vos bras ? rétorqua Zeleph. Je n'ai pas d'explication. Je pensais qu'il était parti. Il s'est blessé tout à l'heure, il est tombé... Il s'arrêta. Surtout ne pas faire l'erreur d'en dire plus ! Nous avons exigé une radio ! se reprit-il très vite. Il a refusé, il est parti.

Le Roi, resplendissant de charisme, sourit. Soit Zeleph était un incapable et n'avait rien ressenti, soit il était trop bon acteur. Acnologia n'ajouta rien, il ignora le directeur et alla s'asseoir dans la tribune royale, installée en son honneur. Zeleph bifurqua et rejoignit les sièges accordés aux juges. 

Natsu suivit le Roi un grand sourire aux lèvres. Il venait de croiser les regards de Grey, Lyon, Orga et des autres. Voir leurs regards envieux, abasourdis et perplexes ; ça l'avait bien fait marrer ! Pour une fois dans sa vie, il avait une chance incroyable et il n'allait carrément pas cracher dessus pour apaiser la jalousie des autres. Il était sur son petit nuage, il sautillait avec légèreté, trop content d'être là, habillé comme ça, à la vue de tous, sans avoir à se cacher !

Quel pied !

D'un coup, sur la gauche, tout en haut, il aperçut Rakheid. Son frère était en train de le fixer avec inquiétude. Natsu, un sourire benêt accroché au visage, leva discrètement son pouce pour le rassurer, enfin discrètement... Discret, Natsu ne l'était jamais. Il fit du mieux qu'il put. Rakheid arqua un sourcil, demandant silencieusement comment son petit frère en était arrivé là. Le jeune Dragnir haussa les épaules : à vrai dire, il ne savait pas trop comment tout s'était enchainé, mais il était là et il allait en profiter !

Il fit un petit pas de danse sur le côté, puis s'aperçut que le Roi venait de s'installer, comme un grand seigneur sur une sorte de trône, un large fauteuil à accoudoirs en velours vert. 

Ce genre de fauteuil, ça existait en vrai ?

Natsu pouffa.

Putain ! Quelle journée ! 

Il gambada auprès du roi. 

Arrivé à sa hauteur, il ralentit et le souffle un peu court décida de s'installer sur un siège légèrement en arrière d'Acnologia.

À côté de moi ! ordonna le Roi.

Euh... je ne préfèrerai pas... osa le rosé.

Et pourquoi donc ? s'enquit Acnologia en fronçant les sourcils. Tu es mon invité Natsu, tu n'as pas à te sentir gêné.

C'est que... réfléchit Natsu en penchant la tête sur le côté. Monsieur... euh... Comment je vous appelle au fait ?

Mald Gheel, offusqué leva les yeux au ciel, pendant que le Roi, lui, s'esclaffait bien fort tout en louant la spontanéité du jeune homme à ses côtés.

Appelle-moi Acnologia, après tout c'est mon nom ! ricana le Roi.

Non ! s'écria Natsu en gonflant les joues de manière offusquée. J'oserai jamais !

Votre Majesté ! indiqua Mald les yeux révulsés.

Ma...majesté, bredouilla Natsu tout rouge d'avoir à prononcer ces mots.

Viens à côté de moi, reprit le Roi avec sévérité.

Votre Majesté, bafouilla le rosé. En toute franchise... je sais pas me tenir assis ! Je... J'ai aucune envie de vous foutre...euh... mettre...euh... la honte quoi !

Il parla vite, confus, les yeux rivés au sol. Le Roi fut attendri, il le parut du moins.

Qu'il en soit ainsi ! s'esclaffa-t-il. Mais, dis-moi. Zeleph a dit que tu avais chuté. À quel endroit t'es-tu blessé ?

À l'épaule... Votre Magnificence ! intervint un intrus d'une voix moqueuse et perfide en s'approchant sournoisement. Mais, j'imagine que vous êtes déjà au courant !

Immédiatement, Natsu se raidit. Tous les poils de son corps se redressèrent alarmés. Une ombre s'était glissée entre eux. Elle était là, face au Roi, à quelques décimètres du rosé. Son aura s'épandait dans les airs, son aura et son odeur aussi ! Une émanation de peste, de choléra et de mort ! D'emblée, le sourire de Natsu s'évanouit, un voile de terreur l'irradia. Le boss... Le boss était là, tout proche et c'était Natsu qu'il voulait !

Hadès ! Vous êtes là... déclara le Roi en le dévisageant non sans colère.

Que vous ayez daigné m'inviter est un honneur que je ne saurai refuser, répondit le prénommé Hadès d'une voix caverneuse qui fit frissonner d'effroi l'adolescent. Vous trouver en si charmante compagnie... Natsu Dragnir ! Je suis un grand fan ! Il rit fort, il rit gras.

Le visage de Natsu se décomposa.

J'aurais été mécontent que vous ne répondiez pas à mon appel, renchérit le Roi suspicieux. 

Hadès ne s'agenouillait pas. 

Hadès était en train de le toiser.

Il était en train de se moquer de lui !

Sur-le-champ, Acnologia se tendit. Ses yeux se plissèrent, sa bouche se tordit.

Natsu, pendant ce temps, se retrouva dans l'incapacité de bouger, la bouche ouverte, paralysé, complètement soumis face à la puissance que le maitre de la ligue clandestine dégageait.

Le boss... cet homme avait toujours eu le pouvoir de le pétrifier. Et ça remontait à loin, à leur première rencontre : ce jour, où Hadès lui avait fait apposer ce tatouage dont l'encre venait à peine d'être dégorgée de l'œil d'un malheureux être humain. 

Le cri que le pauvre homme avait poussé ! Sa douleur ! Ce liquide graisseux, rouge, pâteux se fondant sous la peau de l'adolescent. La foule en liesse. Les cris hystériques. Natsu au milieu, séduit, fier, enjôlé sous les acclamations du public, et en même temps coupable, atterré, terrifié... face à ce malheureux à qui on ôtait la vue, un esclave qui peu à peu perdait la vie.

Le souffle du rosé se fit hacher, au bord de l'asphyxie. Il ferma les yeux, ses maudits yeux emplis de larmes, ses maudits yeux qui n'oubliaient rien, aucun détail... Si dur de faire semblant !

Comme un automate, le sang ayant quitté son visage, à pas lourds, il s'affala sur un siège. Il regarda droit devant lui. 

Si j'ai bien compris, Majesté, ce... continua Hadès d'une voix perfide. Il souriait de toutes ses dents. Cela faisait des années qu'il attendait ce moment où il pourrait ridiculiser ce minable d'Acnologia. Le Roi avait cru le faire plier en le forçant à venir ici, en lui interdisant l'accès à la finale qui aurait dû voir le sacre ultime de son joueur fétiche. La Salamandre... Acnologia ne savait pas ! Il ne l'avait pas reconnu ! Il gloussa... ce garçon a rouvert une vieille blessure à l'épaule. Incurable d'après ce qui se dit...! poursuivit-il avec hargne.

Les deux hommes s'affrontèrent du regard. Acnologia, tendu comme un arc, toujours assis dans son fauteuil, crispé. Hadès debout, le regardait de haut.

À l'épaule ? demanda suspicieusement le Roi les mâchoires serrées.

Il se tourna brusquement vers Natsu. Le borgne en profita pour s'éloigner, sa bombe était lâchée, il n'avait plus qu'à patienter. Acnologia toisa l'adolescent.

Natsu ? demanda-t-il, la mine contrariée. Qu'as-tu à l'épaule ?

Oh ! c'est rien. J'ai même plus mal, répondit Natsu qui reprenait peu à peu des couleurs depuis le départ du type aux allures de mort vivant.

Le Roi le savait : Hadès ne disait ni ne faisait jamais rien au hasard.

Montre-moi ! ordonna-t-il en se levant.

Natsu s'exécuta en clignant bêtement des yeux. Il était soulagé que cet homme qui se faisait appeler Hadès le roi des Enfers soit parti. Son épaule ne concernait nullement le Roi de Fioré. Il se redressa avec souplesse et vint se placer au-devant d'Acnologia, qui amena aussitôt ses mains sur l'articulation mise en cause, pas celle avec le bandage, non. L'autre... directement !

Tu sais ce qui se raconte, murmura le Roi à voix basse, tout en apposant ses deux mains. Les membres de la famille royale bénéficient d'un pouvoir de guérison.

Un souvenir d'un autre âge, répondit Natsu quelque peu blasé qu'on lui fasse la leçon.

Crois-tu... ? rétorqua le Roi d'une voix froide.

À peine ses mains placées, le Roi écarquilla les yeux pendant qu'un rictus de dégoût se figea sur ses lèvres. 

Une chaleur incandescente percuta de plein fouet les os, les peaux, les muscles des deux hommes. Natsu grimaça de douleur. Le Roi horrifié relâcha aussitôt le rosé et recula de plusieurs pas. L'adolescent ravala un hurlement. La douleur était vive. Il bondit en arrière. Son visage trahissait sa douleur et toute l'incompréhension du monde. 

Wahou ! souffla-t-il. Vous m'avez fait mal ! C'est pas un pouvoir de guérison votre truc !

Le Roi, le visage déformé d'une colère entremêlée dans un voile de rancœur, s'assombrit jusqu'à ce que tout son visage se crispe en une grimace haineuse. 

C'est TOI ??? s'écria-t-il ulcéré.

D'un coup de pied rageur claqué au sol, il se détourna. Il fit face à la foule, refusa de poser à nouveau ses yeux sur ce garçon. La colère l'enrobait. Maudit Hadès ! Saleté de clandestine ! Fichue Salamandre ! Son jouet était usé ! Il avait commis une erreur. La Salamandre portait le maillot de Fioré, la même Salamandre qui était devenue le symbole de la résistance contre son pouvoir !

Énervé, il frappa vivement dans ses mains et se rassit sans un mot. Il croisa les jambes. Il posa ses bras sur les accoudoirs et les serra fort... Ses ongles s'enfoncèrent dans le velours jusqu'à ce que ses mains blanchissent et que des veines le long de son cou n'apparaissent en relief.

Natsu déglutit difficilement. Il resta un moment stoïque à observer le Roi. La douleur était toujours intense dans son bras. Le contact avec les mains du Roi... Violent ! Douloureux ! Et ce changement d'attitude ?

Majesté... tenta-t-il de se justifier.

Le Roi l'ignora.

«Que le spectacle commence !» grogna-t-il d'un ton autoritaire et malveillant.

*****

Les joueurs reprirent leurs tirs aux paniers dans une chorégraphie à peine préparée. Natsu baissa la tête et retourna à sa place. Un sentiment de honte le tenaillait. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer, mais son instinct s'était réveillé. Il était en danger !

Des mains d'un froid polaire en profitèrent alors pour se poser contre lui, dans son dos, le long de ses épaules. Natsu frémit.

Une ombre approcha. Une odeur nauséabonde inonda l'air. Un souffle entonna une marche funèbre au creux de ses tympans. Le boss était là... assis juste derrière lui ! 

Hadès posa ses deux mains autour de son cou. Il le maintint droit, lui interdit toute retraite. Le boss s'approcha lentement, de plus en plus... jusqu'à être tout contre son oreille, jusqu'à ce que sa respiration fétide irrigue son atmosphère, s'empare de ses sens. 

Le boss avala avec un malin plaisir sa salive très lentement, si lentement que le laps de temps que dura sa déglutition parut des heures à Natsu. Il serra ses doigts, les laissa s'enfoncer le long des os du rosé. Puis, attendant qu'une lancinante douleur s'empare des épaules de l'adolescent, il murmura... :

Il sait maintenant qui tu es... ma petite Salamandre. Il ne te sauvera pas. Tu es à MOI !

Natsu était pris au piège. Le boss derrière lui le retenant sous son emprise... Le roi furieux juste devant... !

Échec et mat... Merde !

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