Moi c'est Cassie, j'ai seize ans. Il y a sept ans, j'ai perdu ma mère dans un accident de voiture. Le conducteur de l'autre voiture a grillé un feu rouge et il est rentré dans le flanc de la voiture de ma mère.

Elle est restée deux mois dans le coma. Pendant ces deux mois, j'ai espéré qu'elle se réveille, que notre vie reprenne comme avant. Au bout de deux mois, moi et mon père avons décidé de la débrancher, il n'y avait plus d'espoir, les médecins disaient qu'elle ne se réveillerait pas.

Depuis la mort de ma mère, je ne sors plus, je ne mange plus, je passe mes journées enfermée dans ma chambre, le casque sur les oreilles.

Mon père et ma meilleure amie m'ont conseillé d'aller voir un psychologue. Ils me disent que d'en parler à quelqu'un que je ne connais pas pourrait m'aider. Quelques jours plus tard, je me décide à les écouter et je vais voir un psychologue.

La première fois, je n'ai presque rien dit, j'ai passé ma séance à pleurer. Je me suis senti un peu coupable vis-à-vis de mon père qui a payé la séance alors qu'elle n'a pas vraiment servi.

La seconde séance j'ai un peu plus parlé. La psychologue, très à l'écoute, buvait mes paroles entrecoupées de reniflements très disgracieux, je l'admets.

Lors de la troisième séance, j'ai réussi à avoir un peu plus confiance en ma psychologue et je me suis ouverte à elle, je lui ai parlé de ce que je ressentais au plus profond de moi, des choses que je n'avais jamais dites à personne.

C'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que parler, se dévoiler à quelqu'un que l'on ne connaît pas et qui ne nous jugera pas fais beaucoup de bien, ça libère d'un poids énorme.

Durant cette troisième séance, ma psychologue m'a conseillé d'écrire une lettre à ma mère. Une lettre dans laquelle je pourrais déverser toute ma tristesse, mais aussi ma colère, je pourrais y écrire tout ce que je ressens. Ensuite, elle m'a dit d'accrocher cette lettre à un ballon et quand je serai prête, je laisserai le ballon s'envoler, et toute ma tristesse et ma colère s'envolera avec lui.

Une fois rentrée chez moi, je commence sans plus attendre à rédiger ma lettre.

"Chère maman,

Je ne sais trop par où commencer, je n'ai jamais fait ça avant, j'ai toujours tout gardé pour moi. Mais je sais que t'écrire cette lettre peut m'aider à avancer.

Depuis que tu es parti, je ressens comme un vide en mode, c'est comme si j'avais perdu une partie de moi, un petit bout de ma personnalité, de ma joie de vivre, de ma bonne humeur.

Tu es...Enfin tu étais un rayon de soleil, ton sourire pouvait rendre heureux n'importe quelle personne qui ne l'était pas.

On était une famille tellement soudée, tellement heureuse...Bon, il y avait des disputes parfois, mais comme dans toutes les familles, mais je n'aurai pas pu rêver mieux comme famille pour grandir et m'épanouir.

Tu étais une maman parfaite, toujours aux petits soins ou à me donner des conseils pour devenir une vraie femme. Rares sont les fois où tu me fâchais, tu étais tellement gentille, une femme avec un cœur grand comme le monde. Tu me laissais même essayer tes chaussures à talons quand je voulais faire ma grande...

Tu sais souvent, je me demande comment aurait été notre vie si tu n'étais pas partie, comment ça se passerait à la maison, si vous serez toujours ensemble avec papa...

Parfois, je regrette qu'on t'ait débranchée, je me dis que peut-être que si on avait été plus patient, si on avait encore plus cru en toi, tu te serais réveillée... J'ai l'impression que c'est nous qui t'avons tué avec papa...

J'éprouve tellement de colère envers cet homme qui a grillé le feu rouge. A cause d'un seul homme irresponsable, et inattentif au volant, une innocente l'a payé de sa vie. Il est en prison au moment où je t'écris cette lettre, mais je sais que ça ne va pas durer longtemps, il a de bons avocats et son délit n'est pas « grave » aux yeux de la juste...

Tu me manques tellement maman... J'espère que tu es bien là où tu es et que tu seras fière de la femme que je vais devenir.

Tu es mon modèle, sache que je t'admirai et que je continuerai de le faire jusqu'à la fin de ma vie ma petite maman...

Je t'aime
Ta Cassie"

Une fois ma lettre rédigée, je me sens prête à laisser s'envoler mon ballon. Je sors dans mon jardin avec la lettre accrochée à mon ballon puis je ferme les yeux.

Je lâche le ballon et le regarde s'envoler vers le ciel étoilé.

Je suis contente de l'avoir fait, écrire cette lettre et laisser ce ballon s'envoler me libère d'un poids que je garde depuis trop longtemps. Ça m'a permis de me rendre compte que même après la mort d'un proche, d'une personne qu'on aime plus que notre propre vie, il faut continuer d'aller de l'avant. Aller de l'avant ne veut pas dire oublier, on aura toujours une part d'eux au fond de nous. L'amour que l'on éprouve pour quelqu'un ne disparaît jamais, il est éternel et il nous appartient.