Chapitre deux - Athéna


Salut à tous :) Nous voici de retour pour la suite de cette histoire sans titre ! Installez-vous confortablement (un plaid ne sera pas de refus, vu le temps en ce moment par chez moi) Résumé de la semaine dernière : Souvenez vous, Soan nous racontait leur départ, à Athéna et lui, cinq après le premier voyage. à la fin de ce chapitre le couple se remémorait leur premier trajet en avion avec cette phrase d'Athéna : "— Comment ne pas s'en souvenir, chuchote-t-elle. C'était il y a cinq ans, pourtant j'ai l'impression que c'était hier."   Aujourd'hui, nous plongeons dans ses souvenir à elle, avec son PDV du premier voyage, il y a cinq ans. Ce sera d'ailleurs le rythme de ce roman, 1 point de vue de Soan pour le second voyage et environ 5 PDV d'Athéna au moment du premier voyage. (dites moi si ça vous plait !)

PS : Si vous avez besoin d'éclaircissements sur la chronologie de l'histoire, n'hésitez pas à demander :)

Bonne lecture !


Cinq ans avant - 6 juin 2017

Je fixe le billet rectangulaire posé sur la commode. Travel Matters, Trouvez le grand amour en road trip ! Est inscrit dans le coin supérieur gauche. Slogan pas ouf, si je peux me permettre de donner mon avis. J'entends un coup de klaxon en bas de mon immeuble. Je lance un regard vers la fenêtre de mon petit appartement et je souffle avec colère. C'est le jour J et je ne suis pas ravie ! Je range mon ticket d'entrée pour l'enfer dans son enveloppe, pour la fourrer à l'intérieur de ma banane où elle retrouve mon passeport tout neuf et mes papiers importants. Cet accessoire est hideux, mais tellement pratique.

Je me tourne vers mon sac de randonnée posé sur la table de la salle à manger.

— A nous deux, mon pote.

Je passe mes épaules dans les bretelles, ferme l'attache sous mes seins et je me redresse. Oh merde, je... repars dans l'autre sens ? Le poids du sac à dos m'emporte en arrière, je bouscule la table, deux chaises et dérape sur le tapis avant de parvenir à me tenir droite. J'avance jusqu'au miroir de l'entrée. Est-ce normal que ce truc dépasse de ma tête ? Je hausse les sourcils, à défaut de pouvoir le faire avec mes épaules, et je quitte mon appartement. Je lance un dernier coup d'œil en arrière.

— Sache que tu vas grandement me manquer, zone de confort.

Je regarde une dernière fois mon canapé, épicentre de mon existence, je soupire en voyant le plaid plié sur l'accoudoir et je tourne les talons. Porte fermée à clef, ok. Direction l'ascenseur.

Un instant plus tard, je quitte mon immeuble. Mon sac trop gros se prend dans le chambranle de la lourde porte, m'obligeant à fléchir les genoux pour passer. Après trois pas qui me mettent déjà à bout de souffle, je débarque sur le trottoir baigné de fraîcheur matinale. Les deux amies, Nour et Hilo, poireautent sur le trottoir. Elles sont déjà mortes de rire. Je m'arrête là, lève les bras et les laisse retomber de manière à ce que mes paumes claquent sur les cuisses.

— Foutez-vous de ma gueule, allez-y ! C'est de votre faute si je me traîne cette dégaine !

— Une banane ? C'est fini les années 90, meuf, balance Nour alors que je traverse pour les rejoindre.

— T'as pris ton frigo dans ce sac ou quoi ? interroge Hilo.

— T'occupe.

Je laisse le sac tomber de mon dos au coffre, je lutte pour ne pas le rejoindre et je vais m'installer à l'arrière du petit coupé sport de Nour. J'ai à peine attaché ma ceinture qu'on prend la direction de l'aéroport.

— On est très fières de toi, me dit Hilo en chemin.

Je fixe le paysage qui défile par la fenêtre.

— Vous n'êtes plus mes amies.

— Ecoute, tu vas profiter d'un super voyage, c'est une expérience de vie qui t'attends.

— Et l'étape du speed dating de 15 jours, ça aussi c'est une expérience de vie ? contré-je.

— Ah non ça c'est juste pour nous venger des années de mauvaise foi dont tu fais preuve chaque fois qu'on te parle de relations amoureuses.

Je me renfrogne davantage.

— En plus c'est certain que ton binôme, est l'homme de ta vie. Sans ce voyage tu ne l'aurais jamais rencontré.

— Et ? Les gens passent leur temps à dire que le monde est petit. J'ai peut-être juste à attendre chez moi qu'il tombe du ciel.

— Parfois faut élargir les horizons, intervient Hilo. Et être le déclencheur de ton propre destin. Ce qui ne risque pas d'arriver, puisque tu ne descends même pas chercher ton courrier !

— J'aime pas croiser des gens et vous passez devant la boîte quand vous venez, répliqué-je. C'est juste être pratique.

— La mauvaise foi, qu'est-ce que je disais ! ajoute-t-elle.

— Personne ne t'a appris à vivre, Athéna. Ce voyage va changer ta vision des choses, surenchérit Nour.

— Je vis sagement et ma vision va très bien, j'ai 10 à chaque œil.

— Passer ton temps à tout prévoir, c'est n'est pas vivre sagement.

— Maintenant, faut arrêter avec les listes de listes, de listes, de listes de...

— Les recherches internet du genre : bouton rouge cerclé de blanc, cancer de la peau précoce ?

— Bon ça va, j'ai compris ! m'exclamé-je pour mettre fin à leur analyse blessante. Je vais le prendre cet avion avec un inconnu !

Elles sont mortes de rires, s'en tape cinq tandis que je les fusille du regard depuis la minuscule banquette arrière.

— Sorcières maléfiques, marmonné-je.

Nour monte le son de la radio. Du reggae, super, tout ce que j'aime ! Ma grimace de dégoût, elles s'en moquent. Je n'ai plus aucune chance d'échapper à ce voyage. Pourvu que l'avion ne décolle jamais à cause d'une panne technique et qu'il paralyse tout le trafic aérien durant des semaines.

L'aéroport est bondé de monde. Nour et Hilo me larguent au dépose minute avec le sac. Je les regarde s'éloigner avec les paupières battantes un rythme muet. Si j'avais les boules à Noël quand j'ai découvert ce cadeau, j'ai carrément les nerfs à présent. Mais je vais le faire ce voyage, elles vont comprendre qu'elles racontent n'importe quoi. Je ne suis pas de mauvaise foi !

Vingt minutes que je marche avec la sueur au front en cherchant la bonne porte d'embarquement. Et à quoi ressemble une porte d'embarquement ? Plus j'avance, plus la foule devient dense, très vite je ne peux plus faire un pas sans être bousculée. Enfin sans que mon sac ne percute des épaules, des fronts et bizarrement, un sein à l'instant. Pourquoi faut-il que je sois si petite ? Je ne vois rien devant moi. Les discussions diverses et variées m'empêchent de comprendre un mot de ce qu'une voix féminine balance dans les haut-parleurs. Ok, après tout si c'est mal indiqué et que je ne trouve jamais la porte d'embarquement, je n'y suis pour rien et c'est motif de retour immédiat à la maison, non ?

Quelqu'un s'excuse auprès de mon sac et je relève le nez devant moi. C'est comme l'histoire de la mer qui s'ouvre en deux, mais avec des gens et ce couloir qui se forme obligent mes yeux à se poser sur un type qui tient au niveau de son ventre une pancarte où est inscrit : Travel Matters, l'amour fou c'est par ici !

Je cligne des yeux et m'arrête net.

— Non.

Je tourne les talons.

— Non, vraiment, c'est non.

Je traverse la foule dans l'autre sens, la tête penchée en avant pour que mon sac dissuade seul les gens de me barrer la route.

— Hen, hen. Mauvaise direction, entend-je soudain.

Je relève le nez pour découvrir Nour et Hilo plantées là. Cette dernière, roule un magazine sur lui-même en le faisant grincer et l'autre se penche pour attraper sa claquette. Je grimace, lance quelques insultes en sourdine et je fais volte-face sans interrompre le flot qui sort d'entre mes lèvres ; telle une incantation visant à maudire jusqu'à leur future génération.

Je finis par me retrouver à trois mètres du type à la pancarte. Son regard rougit, comme s'il venait de pleurer, se pose sur moi et un sourire s'affiche en grand.

— Athéna ! Oh, oh ! C'est pas ici ! Le grand amour, c'est par ici !

Oh bordel, c'est pas possible. Je pivote pour jeter un œil derrière moi et une claquette lancée à pleine vitesse frôle mon visage. Nour a toujours bien visé. Résignée, j'avance jusqu'à ce monsieur un peu trop enjoué pour moi. Au passage je ramasse la claquette et je lève mon majeur sur le côté pour que sa propriétaire puisse le voir. Tu ne la reverras jamais ton arme blanche, Nour !

— Bonjour, fais-je sommairement au représentant de l'agence de voyage.

Il est grand, bien portant, ses yeux et ses cheveux sont clairs, il porte une chemise et visiblement ce que je comprends être la cravate d'Hagrid en personne, vu sa taille. Ce truc pourrait servir de centre de table.

— BonjoaaaaAAH...

Comment ? Je fronce les sourcils alors qu'il met la tête en arrière avec la bouche ouverte. Ses paupières clignent et il reste ainsi durant plusieurs secondes.

— Ah non, fait-il alors que son visage réapparaît à ma hauteur. Excusez-moi, les courants d'air des aéroports me rendent malade, enchaîne-t-il. Et le pollen aussi, un calvaire. Les particules fines sont un... bref. Alors on en était où ? Ah oui, bonjour Athéna et bienvenue chez Travel Matters ! L'amour fou c'est par ici ! récite-t-il.

Il accompagne son slogan d'un sourire sans émotion et d'un bras tendu vers une file d'attente faite de cordon délimitateur blanc estampillé de cœur rouge.

Non.

Mon regard revient dans sa direction. Il écrase un mouchoir sur son nez, se mouche allégrement et croise mon attention. Il sursaute en fixant le sac au-dessus de ma tête.

— Vous n'avez pas caché un ex trop collant là-dedans, hein ? questionne-t-il avec un sourire de connivence.

— Je n'ai aucun ex pot de colle.

— Ah bien entendu, moi non plus... fait-il en lançant un regard par-dessus son épaule. C'est par ici, je vous en prie. Remontez l'allée jusqu'au guichet avec les cœurs, vous ne pouvez pas le louper !

Je vise le guichet en question à plusieurs dizaines de mètres au bout de la file qui serpente. En effet, même une taupe ne pourrait pas le rater. Des cœurs, énormes, jusqu'au plafond. Des trucs qui clignotent et des flèches rouges avec écrit : L'amour fou c'est par ici !

Non.

Seconde claquette qui manque de décapiter un enfant en me loupant et je m'enfonce dans le parcours de cordon-cœur. Je suis la seule dans la file car le reste de la foule fait, en fait, la queue pour des destinations normales de chaque côté. Alors mon gros sac et moi attirons tous les regards. Et je la sens, la honte qui s'agrippe à mon âme. S'il vous plaît, regardez comme je suis désespérée en amour ! Voilà ce qui doit être écrit sur mon front. Alors qu'en réalité, l'amour je n'en ai rien à faire.




Bonne semaine à vous tous :)

Une idée de titre à ce stade ? --------->

Bisous chez vous!

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