Chapitre 43
On dit souvent que l'amour est la plus belle chose que puisse ressentir une personne. Jusqu'à présent, il n'y avait que quatre types d'amour que j'avais ressentis. L'amour fraternel, le maternel, paternel, l'amicale. Le grand amour dit-on est le plus puissant, le plus beau et l'éternel.
On n'aime vraiment qu'une personne dans la vie. Cette personne pour qui on serait près à bafouer nos principes pour être à ses côtés. On pourrait retourner le monde pour obtenir un petit sourire de sa part. C'est ce que j'ai lu dans un de mes livres. J'y connais rien à cet amour. Je ne l'avais jamais ne serait-ce qu'effleuré. Alors que les jeunes filles au collège et au lycée découvraient cette enveloppe de réconfort au près de leur compagnon, je préférais les lire. Je sais que je suis bizarre. Je suis beaucoup trop abîmée par mon passé pour ressentir cette chose comme les autres. Moi, je le vois autrement.
L'amour, je le vois comme une cage. Ce serait enfermer et torturer notre cœur à cause d'une seule personne et pour l'éternité. Pourquoi s'infliger une telle douleur ? Ne sommes-nous déjà pas assez tourmentés dans cette vie ? Où est-ce la nature humaine qui nous conduit à ce sentiment. J'aimerais savoir si dans ce monde et à travers toutes les époques, une personne a pu vivre pendant des années sans le trouver, ce grand amour. Je lui demanderais bien des conseils. J'en aurais bien besoin.
J'espère juste qu'il y a une chance de revenir en arrière. Je voudrais juste effacer son regard qui s'anime d'une lueur encore plus verte quand je le croise ainsi que son sourire moqueur quand je dis quelque chose de bizarre, il y a son odeur aussi qui me donne envie de rester près de lui juste pour la prolonger, le contact de sa peau avec la mienne, le fait qu'il trouve toujours le moyen de m'attraper par le bras ou le poignet pour me traîner où il veut. Je pourrais continuer cette liste pendant des heures et des heures pour recommencer le lendemain car j'ai la terrible impression que chaque seconde passé près de lui, je découvrirais quelque chose de nouveau. Cette chose, j'en ai aucun doute hantera mon esprit sans que je ne puisse y faire quelque chose pour l'arrêter.
Je suis presque arrivée chez moi lorsque je sens mon portable émettre une vibration dans ma poche de jean.
De John à 16 : 17
Il est au club.
Mon cœur rate un battement à la lecture de son message. Je ne prends pas vraiment la peine de réfléchir et compose sur le coup, le numéro de John.
- Tu me lâcheras pas tant que tu l'auras pas vue c'est ça ?
Il a répondu super rapidement et quand je comprends ce qu'il me dit, je n'ose pas vraiment le contredire. Même si je n'oserais jamais l'avouer, il a complètement résumé la situation.
- Tu peux m'y emmener ? Je demande pleine d'espoir.
Je l'entends souffler à l'autre bout du fil. Je sais très bien que je l'embête mais c'est plus fort que moi, il est le seul à pouvoir m'y conduire sans me juger. Je sais que si j'en parle à Paloma, elle refusera.
- Ok t'es où ?
Il a dit oui ! Je suis à la limite de me mettre à sautiller sur place.
- Pas loin de chez moi, je suis dans la grande allée près de chez Jessy.
- J'arrive.
Je m'apprête à le remercier mais il raccroche. Je ne prends pas vraiment la peine de lui en vouloir, c'est du John tout craché.
Je décide alors de m'asseoir sur le trottoir au bord de la route. Ma tête décide de s'évader de plus belle.
Donc il est repartie là bas. Pourquoi ? Pour se battre encore une fois ? Il a sortit une arme hier pour entrer dans ce lieu, c'est qu'il s'y passe des choses dangereuses quand même ...
Je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est de ma faute. Si je n'avais pas autant insisté pour avoir cette histoire, il n'y aurait probablement jamais remis les pieds. Je ne comprends pas pourquoi il voudrait y retourner compte tenu du fait qu'hier, j'ai vue que cet endroit lui rappelait de mauvais souvenirs. Ça le blesse de repenser à cet époque, pourquoi vouloir s'infliger encore cette douleur ?
C'est comme si je choisissais volontairement d'aller rendre visite à Rama. C'est se lancer directement dans la gueule du loup. Il va souffrir encore et malgré ce qu'il m'a avoué, je ne lui souhaite pas cela.
J'ai beau lui en vouloir pour sa vengeance débile, je ne peux pas lui en vouloir de mal exprimer sa douleur. C'est ce qu'il fait, il ne sait pas comment s'y prendre mais il souffre à l'intérieur.
Je reviens brusquement à la réalité lorsque le klaxon d'une voiture retentit dans mes oreilles.
C'est John.
Je me précipite pour aller le rejoindre à l'intérieur de sa voiture.
- Avant que tu dises quoi que ce soit, ça reste entre-nous. Dit-il à peine ai-je posé mes pieds à l'intérieur.
- Qu'est-ce qui reste entre nous ?
- Si Paloma apprend que je t'ai ramené dans ce trou elle va taper une crise, donc tu la fermes.
- Oui pas de soucis, je dirais rien.
Il finit par reporter son attention sur la route et redémarrer.
Il est clair que je n'allais pas raconter ça à Paloma. Elle plus que tout le monde souhaiterait me voir le plus loin possible de Denis.
- Pourquoi tu fais tout ça ? Demande-t-il tout a trac.
- Je sais pas, je m'inquiète.
John me jette un coup d'œil sérieux avant de reporter son attention sur la route. Je remarque qu'il conduit quand même bien plus prudemment que son ami.
- T'es bien la seule qui s'inquiète pour Hernandez.
- Ne dis pas ça, j'en suis sûr que tu t'inquiètes tout autant.
C'est vrai. Tout le monde ne veut que le meilleur pour son ami et même si John ne l'admet pas, je sais qu'il tient à lui.
- Non pas tout autant que toi.
- C'est ça, pourquoi tu m'y emmène alors ?
- Parce que tu me l'as demandé.
C'était vraiment l'excuse la plus nulle que j'ai jamais entendue.
- Depuis quand tu fais ce que je te demande ?
Nous arrivons devant un feu tricolore qui passe au rouge et cet arrêt provisoire m'octroie l'attention complète de John.
Il me regarde étrangement et s'apprête à me répondre mais nous sommes interrompus par son téléphone qui se met à sonner.
Il sort son téléphone de la poche avant de me le jeter sur les genoux lorsque le feu passe au vert.
- Répond.
Je mets quelques secondes avant d'attraper le portable et décrocher. Il est écrit « Zac ».
- John ?
- Ouais !
- Qu'est-ce tu fous ça fait une heure que je t'attend !
- J'ai dû faire un petit détour.
- T'arrive quand ?
- Dans dix minutes j'suis là, rend toi utile et dis-moi ce que l'autre fout plutôt.
Par l'autre j'imagine qu'il parle de Denis. J'attends alors patiemment la réponse de ce fameux Zac.
- Il est avec Val, elle le lâche pas depuis qu'il est ici.
- Ok si c'est que ça.
- Vas-y je t'attends, viens le chercher je veux pas le voir ici.
John me fait le signe de raccrocher et je m'exécute. Mon cerveaux bloque encore sur ce surnom : Val. C'était la fille d'hier. Alors c'est pour elle qu'il est retourné là-bas, si ça se trouve c'est ce qu'elle lui a demandé hier à l'oreille.
Qu'est-ce que je peux être idiote ! Je m'inquiète pour lui alors qu'il est juste venue voir cette fille.
Sans vraiment comprendre pourquoi, je demande d'une voix sévère :
- Fais demi-tour.
John me jette un coup d'œil étrange avant de me répondre.
- Quoi ? Tu délires l'ind..Diviya !
Je ne prête même pas attention au fait qu'il ai fait l'effort de m'appeler par mon prénom que j'attrape le volant d'une main pour le braquer vers la gauche. Nous sommes en ville, dans une grande rue déserte alors il n'y a pas vraiment de risque de faire d'accident. Je veux juste le forcer à rebrousser chemin.
- Non, je ne veux plus y aller fait demi-tour !
- T'as pété un plomb lâche ce putain de volant !
Je continue alors de tenter de braquer le volant jusqu'à forcer John à s'arrêter brusquement sur le bas côté. Il s'empresse d'éteindre le moteur et de décrocher sa ceinture avant de se retrouver vers moi.
- Qu'est-ce qui te prend ?
- Je veux plus le voir c'est tout.
Il a l'air contrarié puis il finit par jeter un coup d'œil sur son téléphone qui est resté sur mes genoux avant de reposer ses deux billes bleus qui lui servent de yeux sur moi. Il finit par se détendre drôlement et je baisse les yeux.
Il sait.
- C'est à cause de c'te meuf ?
Je m'empresse de secouer la tête de gauche à droite pour nier l'évidence. Je ne suis pas sûr qu'il me croit.
- Vas-y balance moi ce qui s'est passé hier.
Je finis par relever les yeux et je découvre qu'il arbore un air mi-satisfait et mi-amusé sur son visage.
Mon cœur accélère d'un seul coup et mes joues chauffent instantanément lorsque les images d'hier soir se mettent à défiler sous mes yeux. Je me mets à secouer la tête pour rassembler mes pensées.
- Il s'est rien passé.
- Tu mens.
- Non, pourquoi je mentirais ?
Cette fois-ci, il se met à rire sincèrement. Je ne vois pas ce qui a drôle.
- Je vais te faire un petit « scoop » quand une meuf est jalouse, c'est jamais pour rien. Va savoir ce qui s'est passé entre vous pour que tu te mettes à flipper pour ton chevalier.
Je me tais ne sachant pas quoi dire d'autre. Je ne le vois pas lui raconter la scène dans les détails, c'est déjà assez gênant de me dire que j'étais vraiment cette fille qu'il a embrassé alors l'annonce à John, c'est un autre niveau de gène !
- En plus, cette Val c'est un putain de missile si tu savais à quel point elle est canon ! Ça fait des années qu'elle lui tourne autour. Ça m'étonne même pas qu'il soit avec elle, c'est tellement son style...
C'est trop tard, elles sont lâchées. D'habitude j'arrive à les retenir un minimum mais depuis quelque jours j'ai l'impression d'avoir perdue ce pouvoir. Mes larmes coulent sans même plus demander l'autorisation.
John arrête son petit monologue au moment où il les aperçoit lui aussi. Son sourire narquois a laissé place à un visage stoïque et drôlement mal à l'aise.
- Merde, tu pleures ?
Je ne réponds pas à sa question et me tourne brusquement contre la vitre pour tenter d'essuyer mes larmes. Je sais que ce n'est pas discret mais je ne veux pas qu'il me juge. Je ne veux pas qu'il comprenne à quel point ce qui touche à Denis me fait mal. Comme je l'ai dit, je suis finis. Denis m'a bien eu.
Un silence étrange s'installe dans l'habitacle avant que la grosse voix de John ne finisse par résonner de nouveau.
- Je suis désolé.
Je m'attendais tellement pas à des excuses. Je dois avouer que je suis surprise et c'est peut être pour ça que je décide de reporter mon attention sur le conducteur.
- Tu me connais, j'aime bien faire chier tout le monde. Je voulais pas te faire pleurer, vraiment.
Le truc, c'est que je ne lui en veux même pas. Je sais que ce qu'il a dit est vrai. C'est juste et bien, ça fait mal à entendre.
- Je sais. Répondis-je alors, la voix tremblante.
- Tu veux toujours qu'on fasse demi-tour ?
J'hésite et je vois que John essaie vraiment de me rassurer et c'est peut être pour cette raison et pour la sincérité qui transparaît de ses derniers moi que je décide de tout lâcher.
- Il m'a embrassé hier.
Hffmbx.
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