CHAPITRE 11
NOA
Dans une chambre inconnue, Miami.
J'entends des bruits lointains. Suis-je en train de rêver ?
Je conserve mes yeux fermés depuis un bon moment déjà. Je n'ose pas bouger, ni même ouvrir l'oeil par peur de me retrouver à nouveau dans la chambre où James me retient prisonnière. Les événements récents sont flous dans mon esprit. Je ne peux même pas dire la durée de mon absence.
Finalement, je percute. Comme un train qui me frappe de plein fouet.
Putain de merde, je suis dans une salle de torture.
Mon torse se redresse d'un trait, m'occasionnant un énorme mal de tête. Je pose mes mains sur mon front, mais me rétracte aussitôt. La sensibilité de cette zone est au point où je peux à peine frôler ma peau. Les battements de mon coeur se ressentent jusque dans mes tempes. J'ai l'impression qu'on m'a passé sur le corps plusieurs fois avec un bus. C'est brutal comme réveil. Je me maudis de ne pas y être allée un peu plus doucement. Mes membres sont ankylosés et douloureux, comme si on avait restreint mon corps de bouger pendant plusieurs jours. J'essaie de me mouvoir un petit mouvement à la fois et tente d'éviter tout autre geste brusque.
À force de d'ouvrir et de fermer mes paupières, ma vue embrouillée se clarifie. Après un rapide coup d'oeil sur ce qui m'entoure, je constate que le décor ne m'évoque rien qui pourrait se retrouver chez le vieux pervers, ni une de ses salles de torture. Toutefois, je reste sur mes gardes. Rien ne m'indique qu'un nouvel agresseur n'est pas, quelque part, terré dans un recoin de la pièce. Après tout, je suis dans un lieu où l'on m'a emmené sans m'en rendre compte.
Mes prunelles parcourent la chambre inconnue plus attentivement, à la recherche de la moindre trace humaine. À ma gauche, un mur entièrement vitré qui donne sur une cour extérieur où j'aperçois la lumière descendante du jour. À ma droite, la même paroi vitrée, sauf que celle-ci semble donnée sur un couloir aux couleurs grèges.
Bonjour l'intimité. Qui aime, à ce point, être vu lorsqu'il dort ?
Mon regard fini son observation de l'endroit en passant par les cloisons blanches ornées de tableaux dépeignant des paysages verdoyants. Le mobilier sombre vient trancher la luminosité de la pièce.
J'ai l'impression d'être dans une boite de verre avec toute cette transparence.
Je suis seule, un soulagement immense me submerge. Je pourrai peut-être enfin profiter d'un accalmie. Puis, la panique m'envahie. Je réalise que je ne suis plus habillée de ma robe de soirée. Je porte un t-shirt ample de couleur gris et un short dans les mêmes teintes. Que s'est-il passé ?
Je ne dois pas céder à mon affolement. Tout m'est peut-être inconnue, mais je suis aussi un élément qui cache plusieurs secrets pour mes nouveaux ravisseurs.
Inspire. Expire. Il y a certainement une explication logique à tout cela.
Tout est si confus dans ma tête. Je me rappelle d'avoir assisté à cette foutue Soirée des Anges, dont l'Intégration surprise a mal tournée. D'avoir subi un kidnapping orchestré par des étrangers et m'être cognée durement la tête dans la voiture. Ensuite, c'est le noir total.
Bon sang ! Réfléchis Noa.
Je tente de me lever pour aller à la recherche d'indices qui pourraient m'aider à retrouver la mémoire au plus vite. La première tentative est un échec. Je manque de m'étaler sur le parquet, mais je réussis à me rattraper de justesse à la table de chevet. Au bout de quelques secondes, je retente ma chance de faire un pas. Mon équilibre est chancelant, mais j'arrive tout de même à me diriger vers la commode, dont j'ouvre tous les tiroirs. Rien. Je me précipite vers la penderie. Toujours rien. Il n'y a aucun vêtement.
Je ne suis pas ici depuis très longtemps.
Comme un diaporama en avance rapide, les souvenirs me frappent de plein fouet.
Foutu Requiem...
Je passe mes phalanges sur mon biceps, là où la balle de l'autre psychopathe m'a blessée. Un pansement est disposé.
Je n'avais pas encore regarder mon reflet projeté par le miroir en face de moi. J'avais raison, je suis dans un état déplorable. La moitié de mon front est couvert d'un bandage et j'ai d'énormes valises sous les yeux. Je me retourne pour constater les entailles qui parsemaient déjà mon dos bien avant cette deuxième séance de torture. L'arrangement ridicule de ruban collant et de gaze n'y est plus, on dirait qu'un professionnel médical est passé par là. J'en décolle un coin et constate que des points de sutures referment mes plaies. Je ne m'attarde pas plus et remet en place la protection.
Je prend à nouveau place sur mon lit en soupirant cette fois-ci d'exaspération. Les dernières images repassent dans ma mémoire. Moi qui s'évanouit et qui se retrouve face à mon démon. Cette discussion houleuse qui n'a pas eu son point final. Il m'a clairement mise en garde contre ce Cole Lockwood. Même si mon corps a réagit d'une toute autre façon, il faut que je me méfie de lui. Il semble être aussi fourbe et machiavélique que l'être démoniaque et son acolyte n'est guère plus commode. Les deux avaient l'air d'apprécier le malheur qu'ils me faisaient subir.
En espérant que je ne les recroise pas de sitôt.
Ce qui me tourmente le plus, c'est ce dont je ne dois pas m'approcher, que j'ignore. De qui le prince de l'enfer veut-il m'éviter la rencontre ? De toute évidence, tout cela a un lien avec le message camoufler derrière mon acouphène terrible de la Soirée des Anges, mais je n'ai rien compris à ce charabia. Il va falloir que je me procure cette drogue et au plus vite, si je veux tirer tout ça au clair.
Conserver l'anonymat d'Asmodée. Ça, c'est une évidence et sera chose aisée. Mais, trouver de la Dementia pour que nous terminions cette conversation. Ça, c'est une toute autre affaire.
Des rires interrompent le fil de mes réflexions. Les murs ne sont pas aussi insonorisés que dans mes précédents repères. Curieuse de découvrir à qui ils appartiennent, je m'approche de la porte vitré et teste la poignée. Je suis étonnée de voir qu'elle s'ouvre à mon mouvement.
Suis-je libre ?
Mes pieds foulent le marbre blanc sillonné de gris. La fraîcheur parcourt mon être et me fait frissonner l'échine. Je me laisse guider par les voix d'origine féminine qui font échos dans le couloir.
Sur mon chemin, j'y retrouve des chambres identiques à celle où je me suis réveillé. Dans les mêmes coloris, disposées à peu près de la même façon. Aucune ne semble occupée, les lits sont bien faits et aucun vêtement ne traîne sur le plancher. Des lecteurs numériques sont disposés de part et d'autre près des entrées. On se croirait dans une espèce de prison.
Je passe devant quatre chambres avant que le corridor ne s'ouvre sur une immense pièce. Une aire ouverte qui donne sur le hall principale et un salon. Quelques femmes sont affalés sur les canapés, elles ne semblent pas avoir remarqué ma présence. Et, aucune trace de l'autre fou ou de son sbire.
Merveilleux !
Mon ventre exprime soudainement son mécontentement face au manque de nourriture et me somme d'en trouver au plus vite. Je continue mon chemin vers ce que je crois être la cuisine. J'avance prudemment en passant près d'un large escalier qui mène au deuxième étage. Toujours aucun signalement quant à mon exploration du lieu mystérieux. J'ai l'impression d'être dans une maison dont n'importe qui pourrait être propriétaire. Mis à part les chambres qui me donne l'impression de cellules d'incarcération de luxe.
Après quelques foulées supplémentaires, je trouve enfin l'endroit convoité. C'est très lumineux comme pièce, grâce à la fenestration omniprésente. Manifestement, on dirait qu'on aime être vu dans cette maison. Toutefois, la végétation qui obstrue majoritairement le cadrage m'empêche de voir la propriété voisine ou même la rue. Le style épuré et moderne de la cuisine s'accorde parfaitement aux pièces que j'ai croisés sur mon chemin. Tout est fait de blanc et de noir. À croire que le propriétaire n'aime pas les zones grises. Je repère enfin le réfrigérateur et me dirige sans plus attendre vers celui-ci.
Mes pieds n'ont pas entamé leur deuxième pas que je suis stoppé dans mon élan. Une fille d'à peu près mon âge me manifeste, en se raclant la gorge, que mon passage n'est finalement pas passé incognito. Elle me dévisage en suçotant l'une de ces friandises au bout d'un bâton. Les cheveux à moitiés noirs, à moitié platine, coupés au carré et arborant une frange arrangé de la même manière, accentue son style plutôt gothique qui met en valeur son teint pâle et parfait. Elle me fixe de ses orbes bleues claires en inspectant les moindres détails de ma silhouette. Elle semble prête à s'amuser d'une situation dans laquelle je ne croyais pas m'être embourbée. Ces lèvres argentés esquissent un sourire machiavélique.
— Hey ! Regarde ça Erika. La Belle au bois dormant s'est enfin réveillée, lance-t-elle à sa voisine d'assise. Tu n'as pas eu besoin de ton prince charmant à ce que je vois.
La dite Erika relève la tête pour me détailler à son tour. Elle me fixe de ses prunelles noisettes comme si j'étais son nouveau joujou qu'elle prendra plaisir à torturer. Je fais mine de pas être perturbée et avance vers celle qui m'a interpellé.
— Et je peux savoir qui est le prince charmant dans ton histoire, demandé-je en croisant les bras sur ma poitrine, blasée par l'attitude prétentieuse de mon interlocutrice.
— Ça dépend, tu as le choix, me répond-t-elle avec un sourire malicieux.
— Développe, insisté-je pour en finir au plus vite avec ces âneries.
Alors qu'elle ouvrait la bouche pour me répondre, celle aux cheveux châtains la coupe. Cette ambiance qui vient de naître ne me dit rien qui vaille. J'ai l'impression que je suis tombée dans le piège de deux vipères.
— Ne mentionne surtout pas Cole, dit Erika en étouffant un rire.
— Il serait le pire pour ça, s'esclaffe la fille au style gothique en se tenant le ventre d'une main.
— Et à ce que je vois, il semble plutôt l'avoir envoyé dans le monde des rêves, reprend son amie. Regardez-la, tu crains ma pauvre.
Erika affiche une mine faussement désolé de mon état tandis que l'autre rie toujours aux éclats. Je ne sais pas qui elles sont, ni ce qu'elles font ici, mais je commence déjà à en avoir assez de ces deux pimbêches et de leur tentative d'intimidation.
Elles ne savent pas à qui elles ont affaire.
J'ignore celle qui ne peut plus s'arrêter de glousser et me décale légèrement pour faire face à celle coiffée d'une queue de cheval à la Ariana Grande.
— Je ne sais pas qui de nous deux craint le plus. Toi avec tes faux cils et habillée, prête à aller faire le trottoir ou moi qui vient de se réveiller dans cette maison, rétorqué-je sur un ton remplis d'hypocrisie et de provocation.
Le rire s'arrête. On dirait bien que j'ai touché une corde sensible.
Celle que je viens de piquer au vif se lève pour venir se poster devant moi. Son faciès déformé exprime la haine que mes paroles viennent d'allumer. Elle me fusille d'un regard meurtrier que je soutiens la tête un peu inclinée puisqu'elle me dépasse de quelques centimètre avec ses talons hauts. Elle est habillée telle une vraie Barbie.
— Regardez cela. En voilà une qui veut se la jouer dur à cuire. Lorsque tu rencontreras vraiment les Dead Wolves, tu feras moins la maligne, réplique-t-elle avec un air supérieur.
Je ne sais pas ce qu'elle veut dire par « Dead Wolves ». À force de me cloîtrer à l'intérieur de quatre murs, James m'a rendu complètement ignorante dans l'actualité. Peut-être, est-ce un gang qui a vu le jour dans les dernières années ? Même si je ne connais pas leur réputation, je ne dois certainement pas les sous-estimés, surtout, si le psychopathe de la soirée en fait partie.
— Peu importe qui ils sont. Ils ne me font pas peur, affirmé-je aussi calmement que je pouvais me le permettre.
— Oh, mais tu tomberas sur eux bien assez tôt. Pour l'instant, tout ce que tu dois savoir c'est que leur chef est sans pitié, chantonne victorieusement Erika.
Le sang bouille dans mes veines. Le fait de ne pas savoir où je me trouve et qu'elle me lance des informations sans en expliquer le sens, me met sur les nerfs. Je dois me contrôler pour ne pas la frapper en plein visage.
— Je n'ai que faire de sa pitié, insinué-je complètement dans le néant quant à l'identité de ce fameux chef.
— C'est ce qu'on verra, s'amuse la fille aux cheveux bicolores.
Cette vipère a les yeux aussi pétillants qu'un enfant devant une vitrine remplie de bonbons. Elle est assise là à observer avec attention tous les moments de cette scène complètement ridicule et enfantine qui se joue devant ses yeux. Elle se délecte carrément de la situation et en redemande plus.
Erika se penche alors vers moi. Son parfum floral de piètre qualité imbibe mes narines, lorsqu'elle me murmure à l'oreille :
— Tu crois peut-être que parce que tu es nouvelle, Cole t'épargneras. Détrompe-toi, il peut faire de ta vie un réel enfer et je ferai en sorte qu'il le fasse. Sans oublier, qu'il n'hésitera pas à te tuer. [Elle se redresse et regarde vers l'arrière.] Je vous laisse, je dois préparer mon déménagement. À bientôt, nullarde, ajoute-t-elle suffisamment fort, en s'éloignant, pour que toute la pièce entende son insulte. Et essaie de rester en vie, les quatre dernières avant toi ont toutes finies avec une balle entre les orbites.
J'en oublie tout ce qu'elle déblatère et reste figer sur le moment où elle insinue que je crois Cole Lockwood capable de m'épargner. Donnez-moi un instant pour en rire.
Si elle croit sincèrement que je ne connais pas ce que Cole est capable de faire, c'est que son parfum lui est monté à la tête.
Dès que j'ai croisé son regard dans cette pièce de torture, je savais qu'il n'irait pas avec le dos de la cuillère. La brûlure et la balle n'était qu'un préambule à ce qu'il me réservait pour la suite. J'ai eu la chance de m'évanouir juste avant. Avec le recul, je crois qu'il est du genre à se faire servir sur un plateau d'argent plutôt que se faire dire non. Je redoute le moment où je le croiserai à nouveau. Il est certain qu'il retentera un de ces coups pour me faire flancher afin que je lui livre mon démon.
J'observe à présent la fille gothique toujours assise à la table. Que va-t-elle faire ? Sa jumelle diabolique disparue, continuera-t-elle encore ce petit manège ? Évidemment, son silence était pour mieux frapper ensuite.
— Nullarde, j'aime bien ! s'exclame-t-elle.
Elle se lève à son tour et fait exactement les mêmes gestes que l'autre chipie.
— Ne crois pas que tu vas t'en tirer comme ça. Erika partie, c'est moi qui devient la reine de la maison, me murmure-t-elle près de mon oreille.
Je ne réponds rien et la laisse s'éloigner. J'attends que le claquement de ses chaussures soient suffisamment loin. En me pinçant l'arrêt du nez, j'expire un long soupire d'exaspération.
Dans quelle maison de fou, viens-je d'atterrir ?
Je secoue la tête pour oublier cette histoire et me dirige finalement vers la destination que je désirais atteindre avant ce coup de théâtre. J'ouvre la porte du réfrigérateur et oriente mon choix vers la bouteille de jus d'orange. Au moment de refermer le panneau, je sursaute en voyant une autre fille adossée aux armoires.
Une maison de fou, c'est ce que je disais.
Je toise celle qui me fixe de ses yeux émeraudes qui affiche une expression toute aussi surprise de ma réaction. Contrairement aux deux autres pestes, elle semble beaucoup plus amicale. Ses traits définis par sa peau rousselée sont doux et n'affichent aucune malice. Ses cheveux de feu sont frisés et coiffé d'une queue de cheval. Elle est habillé simplement, mais semble prête pour aller quelque part.
— Ne t'en fais pas pour Erika et Silver, commence-t-elle en ouvrant un placard rempli de verre.
Son ton est calme et n'insinue en rien une provocation quelconque. Je ne peux, toutefois, m'empêcher de rester sur mes gardes, prête à intervenir à la moindre sournoiserie.
— Elles ne veulent qu'imposer leur petites lois ridicules et te faire peur, étant donné que tu es nouvelle. Ça leur passera, ajoute-t-elle en déposant un cristal sur le plan de travail.
— Et ce petit manège a fonctionné pour toi ? questionné-je en versant du liquide dans le récipient.
— Je préfère me tenir loin d'elles. Elles attirent les problèmes comme de vrais aimants et si tu te retrouve dans leur sillage, c'est toi qui en paiera le prix. Elles s'en sortent toujours indemnes.
Je prends une lampé de mon breuvage avant de poursuivre.
— Génial ! Alors, je n'ai plus qu'à creuser ma tombe.
La rousse glousse comme si j'avais dit quelque chose de drôle.
— Ne t'inquiète pas, elles t'oublieront d'ici quelques jours. Au fait, je m'appelle Samantha, mais tout le monde, ici, m'appelle Sam ou Rubis, dit-elle en reprenant son sérieux et me présentant sa main pour que je la serre.
— Noa, répliqué-je simplement en complétant la poignée de main.
— Enchanté Noa. Tu verras, tu t'y ferras, c'est pas si mal ici.
Elle a dit cette phrase comme si la situation était tout à fait normale. Comme si cette maison et les personnes qui y habitaient, n'étaient pas du tout bizarres.
— Parlant de m'y faire, tu peux me dire où je suis ? reprends-je avide de savoir ce que le destin me réserve.
— Ils ne t'ont pas dit ce que tu allais faire ici lorsque ton démon a prêté allégeance ?
Je la regarde perplexe. J'ose croire qu'elle a dû passer dans la même salle que moi pour y subir les mêmes supplices, mais son visage semble me dire le contraire. Elle parle comme si cette torture avait été, plutôt, un rite de passage doux et délicat. Soit cette fille est complètement barge, soit elle est complètement naïve.
Quoi qu'il en soit, je dois éviter de lui dire que le tortionnaire n'a pas réussi à déjouer l'être maléfique sur le coup de l'allégeance. Je ne sais pas ce qu'elle veut dire par « prêter allégeance », mais vaut mieux éviter cette question. Il ne faut surtout pas que j'attire, encore plus, l'attention de ces deux petites pimbêches. Je suis certaine que Thelma et Louise se feraient une joie de me martyriser pour me tirer les vers du nez. Sans oublier, qu'elles iraient probablement tout bavasser au psychopathe.
— Non. Malheureusement, je crois que je me suis évanouie avant, réponds-je en toute innocence déguisée.
— Très bien. Alors, commençons par le début, s'exclame-t-elle en se dirigeant vers la table en bois.
— Si tu le veux bien, oui.
Elle me fait signe de prendre place à ses côtés. Je ne me fais pas prié. Je sens qu'effectivement j'aurai besoin de m'asseoir pour enregistrer toutes les révélations qu'elle s'apprête à me faire.
— D'abord, cette maison est en quelque sorte une propriété abritant des démons. On appelle ça une maison de démons et elle appartient aux Dead Wolves. Ils en assurent la sécurité.
— Attends. Que veux-tu dire par « maison de démons » ? la coupé-je avant qu'elle ne poursuive.
— Celles qui habitent ici sont toutes possédées par un démon. Je le suis aussi.
Je ne sais quoi répondre à cela. Les questions se bousculent les unes après les autres dans ma tête sans qu'une n'ose sortir de ma bouche. Comment peuvent-elles cohabiter ensemble ? Sont-elles toujours en présence de leur démon ? Sont-elle prisonnières, ici ? Que font-elle pour les Dead Wolves ?
Mon cerveau s'arrête de cogiter lorsqu'elle détourne le sujet de la conversation.
— J'imagine que tu as rencontré le Boss ? me questionne-t-elle avec cette évidence dans la voix.
— Si tu parles de Cole Lockwood, oui, malheureusement.
Elle rie innocemment à ma remarque. Malgré sa naïveté flagrante, je commence à apprécier cette fille.
Alors c'est réellement lui le chef des Dead Wolves.
— Je sais qu'il peut être impitoyable, reprend-t-elle. Mais ne t'en fait pas, il ne vient que rarement dans cette maison et nous avons très peu de contact direct avec lui.
— C'est parfait ! ironisé-je.
Elle rigole de nouveau. Son rire me fait l'effet d'un rayon de soleil dans ma noirceur.
— Nous avons plutôt affaire à celle qui a été nommé pour gérer cette partie des activités du Boss, affirme celle aux cheveux roux. Elle s'appelle Raquel.
— Et qu'est-ce qu'on fait pour cette Raquel ?
Sam se met soudainement à triturer un morceau de papier qu'elle avait trouvé sur la table. Elle me regarde nerveusement, appréhendant probablement ma réaction. Sa joie a disparu et laisse place à un malaise. Même si elle semble plutôt naïve quant à l'appréciation de la place où elle vit, je vois très bien que le « travail » qu'on lui fait faire l'affecte. Je continue de la toiser afin qu'elle me révèle ce que mon démon et moi feront pour cette femme que je ne connais pas.
— Nous sommes des escortes, lâche-t-elle finalement.
J'en crois pas mes oreilles. Je passe d'escorte tueuse pour James à escorte pour un psychopathe.
Quel évolution ! Bonjour la liberté ...
_________________________
Hey ! Voilà le chapitre 11 !
N'hésitez pas à commenter !
À bientôt !
Raven 💛
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