Le groupe attendait dehors, inquiet de l'état de Sada qu'il ne reconnaissaient plus. Midoriya doutait surtout de la patience légendaire de Bakugou dans ce genre de situation, mais ce qui était le plus étonnant était de ne pas l'entendre hurler dans toute l'auberge.
- ... Vous croyez que Bakugou l'a tué ? demande Uraraka.
- Hm, bonne question, répond Sero.
- Ou ils sont en train de copuler, suppose Mineta en boudant. Y'en a qui baisent au moins...
Tsuyu gifle l'arrière de sa tête.
- Aie !
- Arrête de dire des bêtises. Bakugou-chan n'est pas du genre à profiter d'une femme ivre.
- Encore heureux pour lui tiens, rit Kyoka avec un sourire forcé.
- C'est quand même inquiétant, soupire Midoriya en se levant du cercle d'ami. Je vais voir.
Mais au même moment, les portes de l'auberge s'ouvrent en fracas en laissant entrevoir Katsuki dans un état second. Il était furieux mais surtout déboussolé. Alors que son ami d'enfance s'approchait pour le soutenir, le dragonnier disparait dans le village presque en courant.
- Bah, qu'est-ce qu'il a ? s'interroge Kirishima.
- Je crois que ça s'est mal passé là haut... suppose Toru en prenant un bol de soupe. Merci Tsuyu, je vais l'apporter à Shiro-chan.
- Ne la brusque pas trop, d'accord ?
Midoriya s'empresse de rejoindre son ami, au risque de se faire rejeter, muni de deux verres de cidre. Katsuki s'est donc réfugié dans l'étable, recroquevillé sur lui même aux côtés de son cheval, le front reposé sur ses mains jointes. Ses nerfs étaient si vifs, presque sur le point d'éclater, et ses doigts tremblaient. De rage ou de peur, c'était difficile à dire. Après un moment d'hésitation, le vert s'approche fébrilement en lui tendant son verre.
- Hum... Bois, ça te soulagera... balbutie-t-il.
Etonnamment, le dragonnier ne rechignait pas au verre et le laissait s'asseoir à ses côtés. Midoriya restait muet, attendant que son ami se confie de lui même. Seulement le silence devenait long...
- ... Tu sais... Si vous avez fais quelque chose, c'est pas grave...
- Il s'est rien passé...
- Eh ?
Katsuki se frotte les yeux pour se calmer et passe la main sur son visage.
- Elle... se contracte-t-il. Elle souffre et je peux rien faire... Si je la force à me haïr, ça lui fera mal et j'ai pas envie qu'elle devienne une ennemie. Si on reste comme ça... Pendant encore combien de temps on tiendra ?
- Kacchan...
- Je sais, j'aurais p't'être dû la tuer ! fulmine-t-il, les dents serrées. C'est sûr, ça aurait évité ces foutues conneries ! Mais je pouvais pas putain !
- Ca t'aurait fait mal aussi d'avoir son sang sur tes mains... dit simplement Midoriya, tristement. Parce qu'elle n'est pas responsable de ce qui est arrivé. Je te connais Kacchan, jamais tu aurais fait couler le sang d'un innocent. Ne te blâme pas pour Shirosaki... Tu as bien fais.
- Mais maintenant c'est un réel bordel ! Je fais quoi ???
Un ange passe, puis le vert fronce les sourcils en fixant son ami dans les yeux.
- Ecoute, dit-il. Je n'y connais rien à tout ça, mais réponds moi franchement Kacchan. Tu l'aimes, pas vrai ?
Katsuki contracte sa mâchoire en essayant de ravaler ses sentiments, mais baisse la tête comme s'il était vaincu face à son propre coeur.
- C'est ça le problème... grogne-t-il, impuissant.
Aussitôt, Midoriya face à lui en tapant sa main sur son épaule.
- Alors au Diable la loi ! crie-t-il.
- Eh ??
- C'est qu'un décret voté par les puissants pour régulier les espèces, et tu sais pourquoi ?? Parce qu'ils ont peur des révoltes, autrement pourquoi continuer de se faire la guerre ?? L'union des deux peuples peut apporter la Paix, seulement ça ne rapporte rien à la Dynastie et t'imagines si des demi sangs comme Shirosaki proliféraient ?? Ce sont EUX qui auraient le plus peur et quoi de mieux que le mensonge pour contrôler un peuple ! Il y a quelques jours, j'ai lu un grimoire sur l'Histoire de notre monde et devine quoi, les démons vivaient en harmonie avec les humains ! Seulement les puissants ont fait exterminer les progénitures métisses... Alors au lieu de penser aux conséquences, pensez plutôt à vous deux ! Le reste c'est pas un problème, vous êtes pas tous seuls tu sais ?? On vous protègera autant qu'il le faudra et vous pourrez vivre tranquillement ! Vous voulez pas être ensemble ???
- ...
- La raison de cette loi est un mensonge, mais son application hélas est bien vraie... C'est sûr, toi et Shirosaki serez traqués sans répit, mais honnêtement, qu'est-ce qui est le plus important pour vous deux ? Demande à Shirosaki ce qu'elle en pense. Est-ce qu'ensemble vous serez assez forts pour contrer la loi ?
Katsuki souffle du nez en se grattant la tête. Le dilemme était bien rude et lourd ce conséquences, qu'importe le choix fait. Pour le dragonnier téméraire, le danger n'était rien comparé à ce qu'il avait vécu après la perte de son clan, mais il savait à quel point c'était une décision cruciale pour Sada. Ecouter son coeur paraissait si facile, mais ils auraient souhaité pouvoir s'aimer en d'autres circonstances... Pourquoi fallait-il s'aimer, alors qu'ils étaient si différents, proches mais si loin à la fois ? Katsuki se sentait prêt à braver l'interdit, mais il craignait à cet instant de perdre celle qu'il n'aurait pas dû aimer.
- La connaissant, je sais déjà sa réponse...
- Kacchan... Si vous restez comme ça, vous vivrez mais ne serez jamais heureux.
Bien plus tard dans la journée, Sada s'éveillait de sa cuite avec un atroce mal de tête. Ses yeux brûlaient, encore irrités par ses larmes séchées, alors que sa vue se brouillait quelques fois en essayant de s'adapter à la lumière du jour. Bien qu'un peu barbouillée à l'estomac, elle se sentait étrangement légère en son coeur, mais hélas, elle n'avait aucun souvenir de ce qu'il s'était passé. Rien, hormis l'instant d'avoir pleuré dans le bras du dragonnier à chaudes larmes.
Sada se blottissait contre son oreiller, humant l'odeur de ce dernier. Jusqu'à tomber de sommeil auparavant, il était resté veiller sur elle, allongés ensemble sur cet oreiller, où il recueillait ses pleurs sans un mot. La brune insistait, durant son ivresse, afin d'avoir un acte charnel des plus passionnés avec lui, mais il n'en était rien. Il n'y eut ni violence, ni cris, ni attouchements suspects.
Pas même un seul baiser.
- Quelle idiote... soupire-t-elle en se tapant le front.
Elle voulait à tout prix s'excuser de son comportement auprès de lui. Il n'avait pas à la voir ainsi, selon elle. Défaut de soldat, elle se devait de rester forte peu importe les embuches. Même seulement à demi sang, Sada restait malgré tout une humaine. Une jeune adulte à qui on a brutalement arraché les siens, elle n'avait donc plus aucun repère et ne connaissait plus le contrôle de ses émotions. Chaque pas vers l'avenir la terrifiait, et pourtant, elle espérait pouvoir en construire un et peut être le partager avec celui qu'elle avait choisi.
Une fois débarbouillée et changée, elle sort ensuite dans la cour de l'auberge où elle y retourne les nomades, empaquetant leurs affaires pour le grand départ du lendemain vers les terres fertiles qu'elle leur avait promise. Pas une trace de Katsuki dans les parages, hélas. Kaminari charge un des derniers paniers de provisions dans le chariot avant de s'asseoir sur un tonneau un peu plus loin en se tenant la poitrine. La douleur se ravivait quelques fois au moindre effort, mais ses jours n'étaient pas en danger. Sada s'approche alors de l'elfe épuisé et lui tapote l'épaule en lui donnant une gourde fraîche.
- Tout va bien ?
- Salut, dit-il en buvant. Ouais, je pouvais m'y attendre, Rosa m'a dit que j'aurais cette sensation à vie...
- Ne force pas trop non plus, tu risques d'inquiéter Kyoka.
- C'est plutôt pour toi qu'elle s'inquiétait ce matin.
- Hum ?
- Tu étais saoul et totalement incontrôlable, avoue-t-il, un peu inquiet. Tu as sauté du balcon Shirosaki, tu ne te rappelles pas ?
La brune baisse les yeux, visiblement pas étonnée mais se sentait surtout honteuse d'un tel acte stupide.
- Si Bakugou ne t'avait pas rattrapé...
- Je suis désolée... Où il est d'ailleurs ? J'aimerais m'excuser justement.
- Hum... Je ne l'ai pas vu de la journée. Mais je sais qu'il était avec Midoriya ce matin.
- Merci.
Elle part ensuite à la recherche du vert qu'elle ne tarde pas à apercevoir près des montures qu'il pansait tranquillement en discutant avec Uraraka et Mashirao.
- Midoriya !
- Shirosaki, ça va mieux ?
- Oui merci, et pardon pour ce matin...
- Oh ce n'est rien, tu devais être fatiguée ! balbutie-t-il, gêné.
- N'empêche, c'était pas cool de ma part de vous avoir fait peur... Où est Kat-- Bakugou ?
L'expression de Midoriya change subitement, comme s'il hésitait à lui répondre. Sada penche la tête, confuse.
- Quoi ?
- Heu... Je ne sais pas vraiment, mais il a dit qu'il voulait être seul aujourd'hui avant de partir.
- Partir ? Où ?
- J-Je ne peux rien dire ! panique-t-il.
- Tu ne sais pas mentir Deku-kun... soupire Uraraka.
- Bakugou ne nous a pas dit où il allait et est parti peu avant ton réveil, répond Mashirao en nettoyant les selles. À mon avis, il ne rentrera pas avant ce soir. Ne t'en fais pas pour lui, va.
- Mais j'aimerais seulement m'excuser...
- Tu n'as rien fait de mal Shirosaki, sourit Uraraka. Je pense que Bakugou a besoin de réfléchir, mais je t'assure qu'il a compris.
Sada baisse la tête. Elle n'osait l'évoquer, mais son coeur était de plus en plus lourd. Elle espérait seulement le voir, rien qu'une fois dans la journée, comme si sa présence pouvait l'aider à s'apaiser. Puisque le dragonnier ne daignait finalement pas montrer le bout de son nez, autant s'occuper du mieux qu'elle le peut en empruntant le terrain d'entrainement des Piafs, aider ses amis dans les derniers préparatifs ou tout simplement se reposer le reste de la journée.
Alors qu'elle allait regagner l'auberge pour se préparer à s'entrainer, elle croisait le chemin du général Hawks qui semblait perdu dans ses pensées, assit seul sous un saule pleureur près de l'étang. Sada s'approche alors sans un bruit, ne voulant pas le déranger dans sa réflexion.
- ... Tu es perturbée ? demande-t-il sans se retourner, ayant senti sa présence.
La brune sursaute.
- Désolé de vous déranger...
- Hm. Je te sens anxieuse aussi.
Les yeux de l'aigle humain avaient le don de transpercer, au sens figuré, l'individu d'un simple regard et pouvaient percevoir le mal qui le rongeait. La soldate fuit alors son regard et s'asseoir à ses côtés en ramenant ses jambes contre elle.
- Tu es prise entre deux feus et tu ne sais pas faire un choix, je me trompe ? sourit-il.
- C'est encore plus difficile quand dans les deux cas, la souffrance est inévitable...
- Alors mieux vaut choisir le chemin qui fait le moins mal.
- Huh ?
- Plus tu repousseras ce que te dit ton coeur, plus la douleur sera forte et ton esprit sera flou. Autant ne plus réfléchir et foncer, avant que l'occasion ne s'envole.
- ... Mais...
- Tu réfléchis beaucoup trop Shirosaki Sada et tu cherches une solution qui n'existe pas. La réponse est évidente, à toi de voir qui tu es.
Hawks s'étire en écoutant les oiseaux cachés dans le grand arbre.
- À mon avis, ce garçon a déjà fait son choix. Quel est le tien ?
Sada sursaute à nouveau en se tournant brusquement vers lui. Ce dernier lui lance un sourire satisfait et un peu enfantin.
- Vous saviez ??
- Il ne faut pas six cent ans pour comprendre ce qu'il y avait entre vous, j'ai compris dès l'instant où il s'est opposé à mes hommes pour te sauver de la potence*.
*la pendaison
- ... Vous allez nous dénoncer...? demande-t-elle d'une voix craintive.
- Pourquoi faire ? L'amour est toujours mieux que la guerre. C'est même le meilleur traité de Paix que le monde puisse connaitre. Quel intérêt de gâcher ce qui peut aussi vous sauver ?
Sada se pince la lèvre en baissant la tête. L'angoisse brouillait ses pensées mais Hawks avait raison, la réponse était évidente. Le général s'allonge dans l'herbe, à l'ombre, détendu par la légère brise qui faisait danser les feuillages du Saule.
- Si ma femme venait du monde opposé, au diable la loi, je n'hésiterai pas un seul instant.
- Au risque de la faire condamner à mort ?
- Pas si je suis assez fort pour la protéger au péril de ma propre vie. Ton problème à toi, c'est que tu ne t'estimes pas assez. Tu doutes de tout, de tes capacités, de ta nature, de tes limites. Ca se lit dans ton regard.
- ... J'ai seulement peur d'entrainer celui que j'aime dans de grave problèmes, et de le perdre parce que je ne serai pas à la hauteur...
Hawks ouvre un oeil vers elle, alors qu'elle tournait le dos, puis referme son oeil en échappant un petit rire.
- Tu es une espèce très rare, Shirosaki Sada. Et sais tu pourquoi les demi sang font aussi peur ?
- Hum...?
- Parce qu'ils possèdent une espérance de vie bien plus longue que les démons, les sens décuplés, mais aussi une très grande force dans leur coeur. Ta peur ne doit pas être un frein à ton potentiel, tu n'as pas idée de la force que tu possèdes. C'est juste assez pour protéger ceux qui te sont chers.
Étrangement, les mots du général faisaient vibrer le coeur de la soldate et ses yeux s'illuminaient. Hawks accentue son sourire en ébouriffant ses cheveux.
- N'aie plus peur dans ce cas.
Un sourire radieux s'affichent enfin sur le visage de Sada, tandis qu'elle posait une main sur son coeur palpitant.
Le soir tombé, hélas, toujours aucun signe de Katsuki au village des Piafs. Peu après la discussion de Sada et Hawks, ce fut le départ de l'armée du général qui devait partir combattre aux côtés d'Inokuni contre les démons dévorant toujours plus de territoires. Les bouquets de fleurs, que les femmes, les mères et les vieillards jetaient aux pieds de leurs soldats partant à la guerre, gisaient encore sur l'avenue principale. Peu d'entre eux devraient revenir...
Les jeunes nomades profitaient des bains et d'un bon repas à l'auberge dans la joie et les rires. Seul Katsuki manquait à l'appel, mais personne ne semblait se soucier de son absence. En effet, le dragonnier avait pour habitude de s'isoler longtemps pour remettre de l'ordre dans son esprit. Tout le monde le savait. En attendant son retour, Sada se relaxait tranquillement dans un bain isolé de tous, mais pas moins confortable. Le coeur apaisé, elle ne doutait plus et comptait bien trouver le dragonnier pour mettre les choses au clair.
La nuit étoilée la faisait sourire, s'imaginant une vie bien différente de celle qu'elle imaginait au départ. Autrefois, elle ne pensait plus pouvoir établir des liens ni tomber amoureuse un jour, alors que c'était un sujet fâcheux entre elle et son père.
- Père... J'ai trouvé l'avenir qu'il me fallait... Rassure Mère pour moi, ne soyez plus inquiets, dit elle tout bas en regardant les étoiles.
Puis un détail attire son regard non loin d'elle. Des bulles faisaient frémir la surface de l'eau de l'autre côté du bain. Sada devenait alors qu'il ne pouvait s'agir que d'une personne capable de s'infiltrer dans le bain d'une femme sans permission.
- Mineta... Grogne-t-elle.
Elle attrapé le balai à l'entrée avant de revenir et abattre le bâton sur la tête du voyeur au moment où il expose enfin son crâne hors de l'eau chaude.
- ESPECE DE PERVERS--!!!
- ITE !!! JE VAIS T'EXPLOSER LA GUEULE !!!
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- KATSUKI ?!!! crie Sada, toute rouge.
- SANS BLAGUE !!! POURQUOI T'AS FAIS ÇA ?!!
- Heu bah... Désolé, je t'ai pris pour Mineta.
- Tch ! Aveugle va...
Le dragonnier tousse un peu d'eau en se frottant l'arrière de la tête.
- Alors... Qu'est ce que tu fiches ici ? Demande-t-elle, gênée.
- Je méditais sous l'eau.
- Depuis combien de temps ???
- J'en sais rien moi, arrête de poser des ques--!!
Le visage du dragonnier vire au rouge alors qu'ils se retournait vers la soldate, constatant sa nudité. Sada cache aussitôt son corps avec ses bras en replongeant dans le bain.
- Ne regarde pas !!
- TROP TARD PAUVRE NOUILLE !!
Tous deux se tournaient alors le dos, gênés par la situation, et le silence pesait à nouveau.
- ... Je te laisse la place, dit Katsuki en se préparant à sortir en premier.
- Attends !
- Hein ?
- Reste... S'il te plaît... rougit-elle. J'aimerais qu'on parle.
- Heu, c'est pas vraiment le lieu, si ?
- Peu importe, je dois te dire quelque chose Katsuki.
Celui ci soupire longuement avant de revenir patauger. Le coeur de Sada s'accélérait de plus en plus, à présent, elle ne pouvait plus reculer. Elle attrapait seulement sa serviette sombre avant de se couvrir afin de ne plus embarrasser le dragonnier dans sa tenue... Inexistante.
- ... Bon accouche ! s'impatiente-t-il.
- E-Eh bien... J'ai réfléchi...
- Sur quoi ?
- Nous deux.
La brune baisse les yeux, les joues rosies, tandis que Katsuki fronçait les sourcils, attentif.
- Avant notre rencontre, j'ai toujours mis l'amour de côté en me disant que ça ne m'apportait rien dans ma vie. Je me suis engagée dans l'armée pour m'endurcir, mais j'étais loin de me douter que j'avais autant de lacunes et de faiblesses. Je tuais les démons sans prendre en compte leur vie et leurs sentiments, ni la tristesse de leurs familles. Mais avec le temps, je me rends compte que la force mentale et la privation d'émotions n'étaient pas la solution. Je vous ai rencontré, toi et les autres, et j'ai commencé à voir qu'il me manquait une chose...
- Et quoi ?
- La certitude d'avoir des gens sur qui compter. Ne plus se sentir seule. Être entourée de véritables amis capables de se mettre en danger pour sauver un membre de leur clan. Mais aussi...
Elle se pince la lèvre.
- Trouver une personne à protéger... Et à aimer...
- ... Sada ?
Soudain, une première larme dévale la jour de la brune, puis une deuxième, jusqu'à fondre en larmes, la gorge nouée et les épaules tremblantes. Les traits de colère du dragonnier s'effaçaient de son visage qui devenait plus émotif, légèrement caché par ses mèches rebelles aplaties par l'eau et la vapeur du bain.
- Mais aussi... sanglote-t-elle. La peur de perdre cette personne... Et ne pas être à la hauteur pour la protéger... Mon coeur me fait mal... Mais je veux construire cet avenir avec toi ! Si tu veux toujours de moi... Je te promets d'être plus forte, ainsi tu n'auras pas à te soucier de moi, à aucun moment... Je t'aime, et je n'ai plus peur de le dire !
Un ange passe et seuls les sanglots de Sada brisaient ce silence presque infini. Pour Katsuki, tout était clair depuis longtemps. Il était déjà prêt à ce moment où les mots ont enfin été prononcés. Ce qui le frustrait était que la brune l'ait devancé. Contractant la mâchoire, il la contourne en la regardant pleurer, le coeur battant.
Puis il prend son visage larmoyant entre ses mains, afin de se fondre dans ses yeux azurés et quelque peu étranges. En y repensant, les yeux de Sada étaient naturellement bruns, beaucoup plus sombres que sa chevelure rebelle. Ce changement soudain de couleur était dû à son passage en âge mûre. Il s'agissait d'une anomalie du côté démoniaque, mais sa vue n'était pas affectée. Cet aspect plus clair à travers ses larmes ne déplaisait pas au dragonnier. Après tout ce temps passé ensemble, il prenait le temps de la détailler attentivement. Devant un tel visage, on ne jurerait jamais qu'ils s'agissait d'une demi humaine. Elle avait le regard plein de vie et ses sentiments hurlaient dans ses pupilles. Katsuki ne voyait plus l'ombre d'un doute, elle avait cette rage de vivre qui le fascinait.
- Sada...
Le son de sa voix prononçant son nom faisait vibrer le coeur de cette dernière. À chaque appellation, il lui donnait inconsciemment le courage et l'audace de franchir n'importe quelle limite.
Katsuki peste entre ses dents serrées en tirant brusquement sa démone par le seul tissu qui lui servait de vêtement, avant d'écraser ses lèvres sur les siennes, arrachant un hoquet de surprise à la soldate qui ne pouvait que répondre.
Ni l'un ni l'autre ne voulait rompre cet échange et comme si le volcan venait d'exploser, ce n'était plus un baiser mais un partage de langues sauvage. Après tant de retenues, ils ne pouvait qu'en profiter délicieusement et laisser cette passion s'exprimer enfin. Par manque d'air, Katsuki est le premier à rompre.
- Idiote... Peste-t-il tout bas. Ne dis jamais que t'es prête à te sacrifier pour moi ou je te défonce...
- Et pourquoi pas...?
- Comment tu veux pas que je m'inquiète pour toi après ? Écoute moi bien face de démon, s'il m'arrive une tuile je veux que tu sauves ta peau avant tout le reste, compris ?
- Katsuki--
Mais le dragonnier ne la laisse plus le contredire en dévorant ses lèvres à nouveau. Leurs coeurs s'allégeaient à chaque baiser...
Mais quelque chose en Katsuki avait changé...
À suivre...
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Bonne St Valentin, voilà mon petit cadeau pour vous (qui a dit que ce jour était QUE pour les amoureux hein ?) !
Vraiment, je n'avais pas prévu à la base de vous publier le chapitre PILE ce jour là, mais bon on va dire que le timing était PARFAIT.
Les illustrations m'ont pompé beaucoup de temps et d'énergie, mais je suis très fière d'avoir pu les réussir et ceux qui croient ENCORE que je dessine au digital, NON, tout est fait à la main.
Et OUI ce sont MES oeuvres.
De plus, vous me manquez énormément, de pas écrire pendant un moment ça me déprime, même si le dessin ça évade aussi mais l'écriture c'est une autre sensation, recevoir vos retours et vous faire rêver ça me fait vraiment plaisir et je vous en remercie.
Je vous rassure, on est encore loiiiin de la fin de cette histoire et... gare à la suite, car plus de 10 histoires vous attendent au tournant ! Et du DabiRiku, vous allez en bouffer, vous êtes prévenus.
C'est tout pour le moment, sur ce RDV au prochain chapitre qui ne devrait pas trop vous faire attendre.
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