Chapitre 7 : Seulement rien n'était plus comme avant.

Lorsqu'Alaric se réveilla, Rêverie dormait encore.
Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Il ignorait s'il devait se lever maintenant ou attendre sa grande sœur. Puis, il décida d'aller se dégourdir les jambes. Après tout, elle ne lui en voudrait pas s'il se baladait un peu dans ce qui servait de pièce commune. Il faudrait juste qu'il s'abstienne de fouiller tous les dossiers qu'il trouvera.

Il s'extirpa doucement de la couverture, se repéra à tâtons du mieux qu'il pouvait et finit par buter sur la poignée qu'il abaissa, entrouvrant la porte. Constatant que la lumière était déjà bien trop éclatante pour ses yeux, il tenta d'ouvrir la porte au minimum pour ne pas réveiller sa sœur et se glissa de l'autre côté sans un bruit, tout en prenant soin de refermer la porte correctement.

Dans la pièce commune se trouvaient James, qui était penché sur un ordinateur, encore en pyjama, Théophile, qui semblait être en train de trier des documents, portant la même tenue noire que la veille, et Cassandre, en robe longue noire bordée de bleu, qui était en train de s'occuper des plantes.  

Alaric songeait à revenir sur sa décision lorsque James se leva brusquement vers le coin cuisine en râlant.

-Encore raté, fit Théophile ?

-Putain d'agents mémétiques tueurs de merde, grinça son interlocuteur en saisissant une canette de soda dans le réfrigérateur...

-Vocabulaire, des jeunes oreilles t'écoutent, le réprimanda Graham qui sortait de sa chambre en baillant.

-Ouais ben merde, lâcha le blondinet après avoir bu une gorgée de sa canette !

Graham eut un petit sourire amusé et salua Alaric, qui lui offrit un sourire amical :

-Je suppose que ta sœur dort encore ?

-Euh... Oui, en effet.

Graham eut un soupir amusé et s'approcha de la chaise de James : 

-Donc tu t'es encore fait avoir ?

-Je vais finir par croire que je suis pourri comme hacker, grommela James...

-Tu n'es pas "pourri", tu tentes simplement de pirater la base de données la plus sécurisée du monde, le rassura le brun.

-Ouais, "simplement", ricana Théophile.

Alaric observait la scène en silence, ne sachant pas où se mettre, jusqu'à ce que Cassandre pose une main sur son épaule en chuchotant :

-Tu ne voudrais pas manger quelque chose ?

-N-non merci, je n'ai pas faim, répondit le jeune homme.

-Dommage, murmura la jeune femme, il parait que je cuisine bien les pancakes.

Le ventre d'Alaric se mit à gargouiller, ce qui fit éclater de rire la demoiselle qui se mit aux fourneaux en lançant d'un ton joyeux :

-Tournée de pancakes pour tout le monde !

-Et les plantes d'Hilda, t'en fait quoi, demanda Théophile ?

-Elle n'a qu'à se lever !

Alaric s'assit à la grande table non loin de Théophile, ce dernier étant toujours occupé dans son tri de documents. Graham les rejoignit bientôt, fermant les yeux dès qu'il s'assit, semblant réfléchir à quelque chose.
Clyde entra à son tour dans la grande pièce commune et s'affala sur le canapé en grognant.

-La lumière, hein, questionna Graham, dont les yeux étaient toujours clos ?

-Tu devrais investir dans les lunettes de soleil, renchérit Théophile qui arrangeait une pile de feuilles volantes.

-Mmgramph, répliqua Clyde...

Les autres éclatèrent de rire, exceptions faites de James et Alaric. Hilda sortit à son tour de sa chambre, sans pantalons, ce qui gêna le jeune homme :

-C'est pas bientôt fini ce bordel ? Y a des gens qui essaient de cuver !!

-Ferme-la, Hilda, grogna James, déjà que j'arrive pas à me concentrer avec cette bande de hyènes, si tu commences à hurler à tue-tête comme un chien en manque d'attention, je vais te manger la face.

-Go ahead, bitch, répliqua-t-elle en retournant dans sa chambre.

-T'inquiète pas, ils sont toujours comme ça, fit Cassandre en souriant à Alaric.

Le jeune garçon avait été légèrement impressionné par l'agressivité contenue dans la voix de James, qui lui avait donné l'impression qu'il comptait réellement s'en prendre à Hilda. Certes, il avait l'habitude des menaces de mort, Rêverie passait son temps à hurler à tout et n'importe quoi qu'elle allait lui faire subir les pires tortures quand elle était ado, mais ce genre de menace froide, qui semblait si réfléchie et pourtant si direct... Cela le secouait un peu.

Mais après tout, à quoi devait-il s'attendre ?

Cassandre servit le petit-déjeuner au moment où Rêverie sortit de sa chambre, vêtue d'un pantalon noir, de bottes et d'un haut que n'aurait pas renié un homme gothique ou metalleux, à en juger par sa forme et par le fait qu'il lui était un peu trop grand. Elle bailla et s'assit à côté de son frère en murmurant des salutations, puis regarda ce qu'il se passait autour d'elle :

-James tente encore de les pirater ?

-C'est bien de préciser "tente", grommela ce dernier, ça prouve la confiance que t'as en moi, par rapport à ce genre de coups.

-Ça fait 2 ans que tu t'y essaies et t'y es toujours pas arrivé, donc tu "tentes" sans réussir. Je dis pas ça pour te démoraliser, c'est juste que c'est la vérité, répliqua Rêverie.

-Va te faire foutre, grogna le blond.

-Rêv', on va avoir besoin de nourriture sous peu, fit Cassandre. J'aimerai que tu t'en occupes, si ça ne te dérange pas.

-Pas de problèmes, j'embarque Clyde et Howard avec moi, si ça ne dérange pas.

-Je ne sais pas si Howard est réveillé, intervint Graham.

-Et bien je vais le réveiller, moi, rétorqua la jeune fille aux cheveux bleus.

-À ta place, je n'essaierai même pas, lui dit le plus vieux.

-Depuis quand elle t'écoute, fit remarquer Théophile ?

-Depuis jamais, répliqua une Rêverie ricanante qui avança jusqu'à la chambre d'Howard.

Alaric entendit de nombreuses protestations provenant de la pièce dans laquelle sa grande sœur était cachée, puis il y eu un petit silence suivi d'autres protestations. Finalement, la jeune femme sortit de la chambre en riant :

-Il se prépare, vous inquiétez pas. Clyde, lève-toi, on part dans une demi-heure. Oublie pas tes lentilles de couleur.

-Mgrmph, répliqua-t-il !

Quelques minutes plus tard, Clyde était vêtu d'un haut et d'un pantalon noir simple, en plus d'une veste à capuche, ses yeux de rapace étant cachés par des lentilles colorées bleues, et Howard ressemblait à un adolescent metalleux un peu négligé. Eux et Rêverie, qui avait enfilé une perruque blonde, prirent une des voitures présentes dans le garage après avoir disposées quelques décorations aussi discrètes que normales, sur la plupart des voitures, après avoir mis des plaques d'immatriculations valides.

Pour Rêverie, il était normal qu'ils se déplacent en groupe. Si la Fondation les trouvait, ils avaient intérêt à être plusieurs pour se défendre. Elle portait son livre d'invocation dans son sac à main, juste à côté de celui de Clyde. Les deux étaient travestis en simples romans. Ce dernier avait d'ailleurs caché 3 masques à gaz déformateurs de voix dans Tout était fait pour que personne ne les prennent pour autre chose que de simples humains.

Howard portait des écouteurs, puisqu'ayant engagé une conversation téléphonique avec Graham, pour le tenir au courant du moindre  problème, tout en faisant mine d'écouter de la musique.

Tout se passait bien, jusqu'à ce qu'Howard se mette à murmurer dans le microphone des écouteurs :

-Je sens quelqu'un qui nous en veut, je ne sais pas pourquoi. Il n'est pas loin de nous, mais son animosité est très forte, et elle se dirige vers nous. J'ignore qui est cette personne et si elle a un rapport avec la Fondation, et, sachant cela, je ne vais pas me risquer à fouiller plus. Je préviens Dagon et Horus.

Ces derniers, l'ayant entendu, décidèrent de feindre de ne pas savoir qu'ils étaient suivis, tout en se dirigeant vers les caisses. À ce moment-là, Howard feignit une envie de vomir, et Clyde se décida à l'accompagner, après avoir échangé un masque à gaz contre son livre d'invocation à Rêverie. Les deux hommes se dirigèrent vers les toilettes, et une fois qu'il furent là-bas, rabattirent leurs capuches sur leurs cheveux et leurs masques à gaz sur leurs visages.

-Fenrir, tu m'entends ?

-Oui. Comment évolues la situation ?

-Horus dit voir des vigiles se concerter du regard et reporter leur attention sur Dagon. Je sens qu'ils lui en veulent, ou du moins qu'ils veulent tenter quelque chose contre elle. Horus demande l'autorisation d'intervenir.

-Refusée temps que Dagon n'est pas revenue avec les provisions.

Howard faillit lui signaler qu'il devrait faire autre chose que de penser à la nourriture, mais s'en abstint en se rappelant l'état de leurs réserves.

Lorsque Rêverie termina son passage en caisse et se dirigea vers la sortie, un des vigiles l'apostropha, prétextant l'avoir vue essayer de voler quelque chose. La réaction de Clyde ne se fit pas attendre. Il ouvrit son livre d'invocation, poussa un cri perçant qui pouvait s'apparenter à celui d'un aigle, et aussitôt un grand griffon sortit des pages de livres pour sauter sur le vigile et lui planter ses serres dans le dos. Rêverie en profita pour enfiler son masque à gaz et se mit à courir avec le cadis.

-Horus a attaqué un des vigiles à coup de griffon. La diversion semble efficace, nous allons partir par la sortie de secours. Nous arriverons à dos d'hippogriffes. Dagon s'enfuit avec les courses, ce que je trouve parfaitement grotesque.

-Dis-lui de ne pas prendre la voiture si tu le peux, fit Graham. Il est impératif qu'ils n'arrivent pas à nous suivre.

Howard ordonna à Clyde d'appeler Rêverie pour lui demander d'attendre qu'ils la rejoignent pour qu'elle puisse partir en hippogriffes avec eux. Elle répondit qu'elle comprenait au moment où Clyde parvint à invoquer trois êtres mi-aigles mi-chevaux. Howard et lui montèrent sur deux d'entre eux et s'enfuirent par la voie des airs, tandis que le troisième volait juste derrière eux.
Clyde n'eut aucune difficulté à repérer Rêverie sur le parking, étant donné qu'elle était poursuivie par plusieurs vigiles. La 3e monture descendit à hauteur de la jeune femme qui s'empressa de le monter à cru, tout en agrippant ses sacs de victuailles. Elle avait les jambes serrées autour de la taille de la créature, mais son équilibre était plus que précaire. Néanmoins, elle put compter sur l'aide de ses acolytes, qui la déchargèrent de ses poids lorsqu'elle eut besoin de s'installer de façon plus confortable sur sa monture.

Et lorsqu'elle se repassa les évènements de cette matinée en tête, elle se dit qu'ils avaient eu de la chance de s'en sortir sans aucun problème, au point où c'en était presque suspicieux.

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