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     Felix se précipita vers une timbale qu'il remplit avec de l'eau fraîche. Il vint ensuite la placer entre les lèvres du gladiateur qui s'empressa de la vider dans sa gorge. Le guérisseur posa l'objet par terre et fit face au regard complètement désorienté de son patient qui chercha à se redresser, mais Felix l'arrêta d'un geste. 

-Vous ne devez pas bouger, restez allongé, sinon vos blessure vos s'ouvrir de nouveau. Fit-il de sa voix douce et prévenante. Vous êtes dans l'infirmerie de la Grande Arène de Rome, cela fait plusieurs heures que vous êtes arrivés, presque inconscient et que je me suis occupé de vos blessures. 

Felix regarda par le creux dans le mur d'une bonne quarantaine de centimètre, lui permettant d'avoir une ouverture sur l'extérieur et de faire passer l'air malade de sa petite salle. 

-L'aube va bientôt se lever. Déclara-t-il. 

Le gladiateur resta muet et observa le plafond en silence. Felix le regarda en se mordant la lèvre inférieur, il ne savait pas quoi faire. Comme si toutes les années qu'il avait passé à étudier les plantes et les remèdes venaient de s'envoler, le voilà totalement désemparé devant un inconnu. 

-Je vais enlever les cataplasmes pour vérifier l'état de vos blessures, mais avant vous devez me dire si vous avez mal ailleurs que là où se situe vos blessures. 

-À la tête. Fit le gladiateur après s'être raclé la gorge. 

Felix frémit légèrement face à la voix plutôt grave de son patient, mais ne se laissa pas déconcentrer pour autant. Il porta sa main au front de son patient et il sentit de la chaleur s'en émaner. 

-Vous avez de la fièvre. 

Le guérisseur se retourna et se déplaça vers son comptoir pour verser du thym, de l'eucalyptus, du pin et quelques morceaux de gingembre dans un récipient avant de prendre la timbale vide à côté du lit de son patient, pour y verser de l'eau qu'il s'empressa de placer au-dessus du feu. Pendant que l'eau chauffait, Felix nettoya le cataplasme déposé sur le trou rond que le gladiateur avait à la cuisse.
Malheureusement, Felix avait beau être doué, aucun remède n'était puissant au point de guérir un trou fait par une lance. Cependant, aucune infection n'était en vue et Felix appliqua de nouveau un cataplasme avant de récupérer l'eau chaude et d'y déverser les plantes. Il se mit ensuite à inspecter les autres blessures, dont celles sur le ventre du gladiateur. À ce moment-là, Felix n'était plus désemparé par la profondeur du regard de son patient, il était pleinement plongé dans sa tâche de guérisseur de la Grande Arène de Rome, habitué à devoir agir vite et avec précision si il voulait sauver tous ses patients. Il alternait entre son établi rempli de plantes, son feu sur lequel il faisait chauffer de l'eau et des plantes et ensuite vers le gladiateur dont il inspectait chaque blessure avec la plus grande minution, devant parfois les désinfecter avec de l'eau froide, provocant un petit sifflement chez son  patient, mais le résultat était plutôt positif, le gladiateur allait vivre.

-Vous allez-vous en sortir. Fit Felix après avoir terminé son inspection. Vos plaies sur le ventre guériront plus rapidement que celle à votre cuisse, il faudra attendre encore quelques jours avant de marcher, mais je pense que vous pourrez vous redresser d'ici un jours ou deux. 

-Combien de temps je vais devoir rester ici ? 

-Jusqu'à ce que je décide que vous êtes assez établi pour retourner jouer les suicidaires dans l'arène, avec tous les autres gladiateurs. 

Sa remarque provoqua un petit sourire chez le gladiateur, ce qui fait immédiatement rougir Felix. Il était heureux que pour l'instant, aucune animosité se résidait entre eux, car le gladiateur allait passer au moins une semaine allongé sur ce lit en compagnie de Felix. De plus, le guérisseur avait l'habitude de dormir dans cette pièce, il s'était aménagé une couche composé d'un matelas rembourré de plumes de poulet et de plusieurs couvertures en peau de vache. La plupart des guérisseurs avaient leur chambre personnelle quelques étages plus haut dans le bâtiment, mais Felix préférait rester au plus près de ses patients, au cas où quelque chose de grave ne leur arrive. 

-Vous ne venez pas d'ici. Fit Felix. 

-Vous non-plus. 

-C'est vrai. Répondit Felix avec un petit sourire. Mon nom romain est Felix, mon ancien maître me l'a donné quand il m'a acheté, mais mes parents m'appelaient Yongbok. 

-Je m'appelle Changbin. 

-Vous n'avez pas de nom romain ? 

-Non, mon géniteur n'a pas voulu m'en donner en décrétant que ce serait une honte pour l'empire qu'un enfant tel que moi possède un nom romain. Je suis le fils illégitime d'un noble et d'une esclave d'un pays étranger. 

Felix ressentit de la douleur en entendant cela, Changbin était un enfant accidentel et n'avait sûrement pas dû bénéficier de l'amour et le soutient d'une famille, ou de ce qu'il s'en rapprochait le plus, comme lui-même avait eu la chance d'avoir en atterrissant chez un maître aussi bon que Opiter. 

-Est-ce pour ça que vous êtes parti ? Que vous vous êtes venu dans la Grande Arène ? Pour fuir votre père et pour ne plus dépendre de lui ? Ne put s'empêcher de demander Felix, puis en voyant les sourcils de Changbin se froncer, il s'empressa d'ajouter quelque chose. Vous savez, les gladiateurs n'ont pas la langue dans leur poche, et vous avez fait une forte impression dans l'Arène. 

-Vous étiez dans le public ? 

-Non, j'ai la violence en horreur.

-Et pourtant vous êtes guérisseur dans la plus grande et la plus violente arène de l'Empire Romain. 

-Que voulez-vous, j'aime aider mon prochain. La plupart des gladiateurs ici le sont devenus parce qu'ils avaient besoin d'argent pour vivre, je ne m'estime pas légitime de juger leur choix de vie, ils font leur possible pour s'en sortir. Et si je peux les aider en les soignant et en leur permettant de vivre encore quelques jours, alors je le fais. 

-Vous êtes quelqu'un de bien Felix. 

Le concerné sentit ses joues chauffer. Il n'avait pas l'habitude de parler à des étrangers comme lui, peut-être était-ce pour cela qu'il se sentait aussi fébrile ? Ou peut-être qu'à force de côtoyer des blessés et des malades, il en était venu à contracté une maladie ? Il s'occuperait de cela plus tard, pour l'instant, le plus important était ce jeune gladiateur allongé devant lui. 

-Je vais vous expliquer le fonctionnement des prochains jours. Commença le guérisseur en reprenant son poste. Je vais rester tous le temps avec vous, il se pourrait que l'une de vos blessure se réouvre et que vous soyez le sujet d'une infection sévère, ce que j'aimerai vous éviter. Je vous apporterai vos repas matin, midi et soir, il est important que vous retrouviez pleinement vos forces, vous allez en avoir besoin pour vous remettre sur pied. Dans un ou deux jours, je vous permettrai de vous redresser mais vous devrez encore passer quelques jours sans bouger vos jambes, bien-sûr, si vous avez besoin d'aller aux sanitaires, je vous aiderai à y aller. Quand votre blessure à la cuisse commencera à bien cicatriser, on pourra commencer des exercices pour vous faire marcher, mais pas d'entrainements ni de combats pendant un moment. Et avant que vous ne vous opposiez à tout cela, sachez que ce n'est pas négociable. Je vais également recevoir d'autres patients pendant votre convalescence mais je ferai en sorte de ne pas vous déranger. Les termes sont-ils clairs pour vous ? 

Changbin acquiesça en silence et Felix en fut satisfait, ses patients ne discutaient jamais ses consignes, sauf peut-être Calius. Finalement, si ils voulaient retourner combattre le plus rapidement sans souffrir d'une blessure mal guérie, ils faisaient mieux d'écouteur les guérisseurs. 

-Je vais vous chercher à manger. Annonça Felix. 

Le guérisseur laissa son patient seul en sortant de sa salle. Il arpentait les couloirs désert du bâtiment infirmier de la Grande Arène, il bailla quelques fois avant d'arriver au cuisine. Il avait grand besoin de sommeil, mais il ne savait pas quand est-ce qu'il aurait l'occasion de se reposer, son nouveau patient lui présentait beaucoup de blessures qui pouvaient devenir irréversibles à tous moments.
Il allait devoir s'armer de patience pour attendre de pouvoir profiter d'une nuit de sommeil bien méritée.  

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