UA Ma belle Sirène (Isuke x Haruki)

- À toute à l'heure grande sœur!

- Ouais, à toute! Et ne martyrisez pas trop la pauvre Fuyuka, d'accord?

Les éclats de rire de ses frères et sœurs suivent Haruki alors qu'elle descend la pente allant de chez elle jusqu'à la plage, perchée sur son vieux VTT hérité de son père, ses cheveux longs, lâchés excepté quelques mèches plus courtes, attachées en queue de cheval haute et quelques mèches attachées avec des pinces de différentes couleurs pour éviter qu'elles n'aillent devant ses yeux, en bataille et d'une couleur rousse flamboyante voletant derrière elle avec la vitesse, ses yeux couleur ambre foncé observant la route devant elle en brillant de bonne humeur et d'excitation, sa peau bronzée luisant encore de sueur après son dur travail au chantier. Elle est partie de chez elle précipitamment, sans même prendre une douche et ayant à peine pris le temps de remplacer son pantalon de travail par une mini-jupe rouge et n'ayant même pas troqué son débardeur de travail blanc maculé de taches qu'elle avait porté au travail toute la matinée contre quelque chose de meilleur, le tissus blanc collant à sa peau à cause de la chaleur et de la sueur.

Il ne lui faut que quelques minutes pour arriver à une plage de sable fin et blanc, avec quelques rocher, dont certains se regroupant dans l'eau, leur pointes dépassant de la surface. Haruki sourit, gare son vélo, installe rapidement son vieil antivol et prend négligemment sa serviette avant de courir vers la plage. En ce chaud début d'après-midi où les rayons acharnés du soleil frappent fort, personne n'est présent à la plage exposée au soleil puisque les parents veulent protéger les enfants et que les vieux veulent protéger leur carcasse. La rouquine installe sa serviette sur le sable, retire son débardeur et sa mini-jupe. Ne lui reste plus que son bikini blanc strié de rayures noires, qui met ses formes en valeurs mais sans en montrer trop non plus.

Elle se dirige rapidement vers la mer, s'arrêtant à peine lorsque l'eau froide caresse son ventre musclé. Elle se met à nager avec vitesse et fluidité en direction de la forêt de rochers dont les sommets plats dépassent de la surface. Alors qu'elle est à seulement une petite dizaine de mètres de son objectif, elle sent quelque chose l'enlacer et la tirer avec force sous la surface. Surprise par ce brusque mouvement, Haruki se tortille et se débat jusqu'à donner un puissant coup de coude à son agresseur qui la lâche. La jeune fille à la chevelure de feu remonte à la surface pour prendre une grande bouffée d'air frais en crachant un peu d'eau qui s'est immiscée dans sa trachée. Elle se retourne ensuite presque immédiatement pour faire face à son assaillant, prête à se battre s'il le faut. Mais la seule chose qu'elle rencontre est une paire d'yeux dorés perçants sous la surface, qui la fixent d'un air énervé.

La magnifique créature sort le haut de son corps de l'eau, dominant sans mal Haruki, tellement proche d'elle que l'humaine peut sentir sa respiration sans mal. Ses longs cheveux lisses, sauf les deux mèches bouclées qui encadrent son visage aux traits fins et à la peau de porcelaine, d'une douce couleur rosée trempés collent à son dos qui a la même teinte que son visage. Ses yeux dorés brillent de colère alors qu'elle plonge son regard sans aucune hésitation ou once de gêne dans celui de la rouquine. Son corps fin et sûrement sculpté par Dieu lui-même est presque pressé contre celui de Haruki alors qu'elle maintient une main sur son ventre, sûrement là où Haruki l'a frappée sans le vouloir. Les douces écailles, colorées de différentes teintes allant du rose pâle au bordeaux, de sa queue de poisson frôlent les cuisses fermes et forte de l'humaine alors que celle-ci lutte contre son instinct pour ne pas reculer. La Sirène la toise froidement en plissant les yeux, l'air d'attendre quelque chose.

- Écoute, j'ai pas fait exprès OK? C'est toi qui est arrivée par derrière comme ça!  proteste Haruki, sans pour autant essayer de se montrer agressive ou de se montrer trop soumise.

La Sirène grogne et fait un rictus insatisfait, montrant par ailleurs en partie ses crocs aiguisés en une menace facile à comprendre. Haruki pousse un long soupir et baisse la tête vers le futur bleu de la créature marine en murmurant:

- Désolée...

Un temps se passe, puis la Sirène, ayant sûrement compris à son ton ce que Haruki voulait dire, fait un sourire narquois en s'éloignant de Haruki. La jeune humaine, mal à l'aise d'être aussi loin du rivage, là où elle n'a pas pieds, et aussi proche d'une créature qui n'a visiblement toujours pas compris que les humains ne peuvent pas respirer sous l'eau, reprend sa nage vers les rochers où elle s'y hisse sans trop de problèmes. Elle se retourne pour voir la Sirène, à moitié hissée sur le rocher, la regarder avec curiosité. Son expression est tellement mignonne, surtout comparée à son expression menaçante de plus tôt, que la fille a la chevelure de feu ne peut s'empêcher de rire. Cela semble vexer la Sirène qui replonge dans l'eau en éclaboussant volontairement Haruki, puis quand l'humaine se penche pour regarder où elle est passée, elle la voit la regarder avec indignation, les bras croisés sur sa poitrine nue.

La rouquine sourit légèrement. Peu importe le nombre de fois qu'elles se voient, la Sirène parvient toujours à la surprendre. Bien qu'hésitant un peu, Haruki décide de retourner dans l'eau, sans pour autant s'éloigner des rochers. Elle se prélasse, profite de la fraîcheur de l'eau et nage un peu, tantôt s'éloignant des rochers, tantôt restant près d'eux pour pouvoir y grimper à nouveau si besoin. Au bout d'un moment, alors qu'elle nage en direction du large, elle sent la présence de la Sirène près d'elle. Sans savoir si c'est bon ou mauvais signe, Haruki continue sa nage, se servant de ses puissants muscles infatigables pour se propulser en avant. Toujours plus loin en direction du large. Soudainement, elle sent une paire de bras l'attraper et la tirer en arrière dans une étreinte serrée pour mieux l'entraîner en arrière. Toujours plus loin en direction de la forêt de rochers noirs.

Visiblement insatisfaite que l'objet de sa curiosité s'en aille, la Sirène la traîne de force vers leur terrain de jeu en lui jetant un regard blessé. Haruki, brisée dans son élan, ne se débat par et se laisse faire sans essayer de l'aider, sachant par expérience que la Sirène se débrouillera mieux sans elle. Après avoir été "ramenée à la maison" par la magnifique créature, Haruki va pour nager docilement vers les rochers. Cependant, la Sirène aux cheveux roses ne l'entend pas de cette oreille et la garde fermement contre elle, collant sa poitrine plantureuse contre le dos de l'humaine docile. Haruki frissonne, le moindre de ses muscles crispés, ne sachant pas ce qu'elle lui veux. Elle sent la main froide et douce de la Sirène passer sur ses abdos et les caresser du bout des doigts, ce qui lui arrache un souffle tremblant. Une fois son petit manège satisfait, la Sirène s'éloigne nonchalamment de Haruki, un sourire moqueur aux lèvres. L'humaine cesse de retenir son souffle et regarde nerveusement la Sirène avant de se retourner et de s'éloigner pour aller s'asseoir sur les rochers.

Au cours des heures qui suivent, Haruki et la Sirène jouent ensemble. Enfin, elles font plutôt ce qu'est leur définition de jeux: la Sirène observe Haruki sous toutes ses coutures pour satisfaire sa curiosité grandissante, Haruki l'empêche d'aller trop loin dans son observation, Haruki taquine la Sirène, la Sirène boude pour revenir vers Haruki et possiblement la taquiner en retour, elles nagent ensemble, la Sirène ramène Haruki aux rochers quand celle-ci va trop loin à son goût... Tant et si bien que, lorsque la Sirène reste là, à fixer Haruki avec un air déçu, celle-ci se sent immédiatement triste. Vu le nombre élevé de fois qu'elle a vu ce regard, elle sait parfaitement ce que ça signifie. La récréation est finie.

La Sirène jette un dernier regard à Haruki puis fait une dernière pirouette gracieuse avant de replonger dans l'eau, pour ne plus remonter.

Haruki regarde longuement la mer, perchée sur son rocher plat, se questionnant sur sa Sirène. Où vit-elle? Dans les profondeurs? A-t-elle au moins un endroit où rentrer? Que mange-t-elle? Du poisson? Ou des algues? A-t-elle des amis? De la famille? Si c'était le cas, pourquoi resterait-elle auprès de l'humaine? D'ailleurs, que signifie réellement Haruki pour la Sirène? En effet, l'humaine est en droit de se poser la question compte tenu du comportement étrange de la Sirène. En effet, un moment elle est collée à Haruki, lui caresse le corps du bout des doigts avec une sensualité non-dissimulée et lui interdit visuellement de détourner le regard de ses yeux, et le moment d'après elle observe Haruki de loin, depuis les profondeurs de l'océan, sans laisser la moindre émotion transparaître sur son visage qui pourrait être angélique.

Finalement, lassée d'attendre pour quelque chose qui, elle le sait, ne viendra pas, l'humaine plonge dans l'océan et nage vers la plage, lentement, en prenant le temps de faire des pauses. Après quelques minutes, Haruki arrive vers sa serviette. Elle se sèche soigneusement en regardant l'océan d'un air absent, sans vraiment le voir. Elle prend le temps de se rhabiller puis remonte vers l'endroit où elle a laissé son VTT pour enlever son antivol, monter dessus et remonter la pente conduisant jusque chez elle.

Quand elle arrive devant la maison familiale, Haruki est accueillie par les petits cris de joie de ses frères et sœurs qui viennent l'assaillir de câlins. Immédiatement, un sourire radieux illumine le visage de Haruki et elle range tant bien que mal son vélo avant de rendre le câlin général en riant avec eux. Une jeune fille de quelques années plus jeune que la fille aux cheveux flamboyants sort de la maison en bois. Elle est un peu plus petite que Haruki, fine, semble fragile et a des cheveux courts et bruns ainsi que des yeux marrons qui brillent d'une manière faisant penser facilement à Haruki. La jeune fille sourit en voyant la grande sœur et va la voir pour se joindre au câlin général.

- Coucou grande sœur! Alors, tu as pu nager? Il n'y avait pas trop de vagues?

- Salut Fuyuka! Non, il n'y avait absolument pas de vagues donc j'ai pu nager tranquillement.

Haruki sourit avec douceur, malgré son mensonge. Elle ne leur a pas parlé de sa Sirène. Elle n'en a parlé à personne.

- Au fait grande sœur!  intervient l'un de ses petits frères.  Tu as reçu une lettre.

- Ah oui? D'accord, je la lirai après manger alors. On fait la cuisine ensemble aujourd'hui?

La soirée se passe plutôt tranquillement... enfin, aussi tranquillement que peut être un cours de cuisine pour dix petits frères et sœurs énergiques et un dîner animé rempli de questions sur la journée de Haruki et d'éclats de rire auxquels Haruki répond par des blagues et d'autres éclats de rire, évitant soigneusement de parler de ce qu'elle a réellement fait cet après-midi.

Après le dîner, Haruki et Fuyuka vont faire se coucher les plus jeunes avant de se retrancher dans leur chambre partagée. La rouquine s'étire et se met tranquillement en pyjama en regardant la lettre ouverte posée sur son bureau.

- Y avait quoi dans cette lettre?  un silence accueille sa question alors elle continue.  Il n'y a que toi qui aurait pu l'ouvrir. Je ne t'en veux pas tu sais.

Un autre silence accueille ses paroles alors elle se retourne vers sa petite sœur, se doutant qu'elle hésite à lui parler. Elle lui sourit avec douceur et attend patiemment que Fuyuka trouve le courage de lui parler. Finalement, la jeune fille aux cheveux bruns soupire et dit:

- Une lettre de ton patron. Qui dit que tu ne venais plus autant au travail et que, par conséquent, il allait baisser ta paye de ce mois-ci si tu n'arrangeait pas ça maintenant...

Haruki se fige, le moindre de ses muscles tendus. Evidemment. Elle avait sauté beaucoup d'heures de travail pour aller voir sa Sirène. Beaucoup trop. Elle le savait, mais n'a pas essayé de changer ça. Et si jamais sa paye baissait, sa famille n'aurait pas à manger pendant environ une semaine... Fuyuka lève les yeux vers Haruki avec un air incertain, mais continue tout de même sur sa lancée:

- Grande sœur, je sais que tu ne dis pas exactement ce que tu fais à la plage tous les jours. Tu as l'air d'y aller toujours précipitamment et surtout, tu loupe des heures de travail en y allant! Je... Je me dis que tu as peut-être un petit ami. Ça ne serait pas grave en fait, mais bon, là on risque de ne pas avoir à manger! 

Haruki regarde Fuyuka puis hoche la tête en soupirant:

- OK, j'ai compris ne t'en fais pas. Je vais rattraper mes heures perdues. Ça va aller, je vais arrêter les conneries.

Haruki sourit doucement à Fuyuka qui vient la prendre dans ses bras en souriant doucement.

- Merci grande sœur... Au fait, tu nous le présentera ton petit ami?

- Peut-être, peut-être...

Les deux sœurs se sourient puis elles vont se coucher elles aussi. 

Les deux prochaines semaines passent lentement pour Haruki. Elle ne cesse de travailler toute la journée, rentre souvent avec des courbatures et trop fatiguée pour rester éveillée trop longtemps. Elle commence tôt le matin et finit tard le soir, en faisant beaucoup d'heures supplémentaires qui, son patron le lui a promis, seront payées. A cause de son travail acharné, l'humaine n'a pas pu retourner à la plage une seule fois pour voir sa belle Sirène. Haruki ne peut qu'essayer de s'imaginer quel genre de réaction peut avoir sa Sirène. Est-elle inquiète? En colère? Est-ce qu'elle s'en fiche? Comment réagira-t-elle quand elle reverra Haruki? Lui en voudra-t-elle? Est-ce qu'elle comprendrait que Haruki n'avait pas vraiment le choix? Se sent-elle seule? L'humaine l'ignore. La Sirène n'a jamais vraiment montré le moindre signe de compréhension de la langue humaine, et n'a jamais essayé de parler ou de chanter devant Haruki, qui ne sait donc pas si elle parle le langage humain ou un langage de Sirène.

Ce jour-là, Haruki continue de travailler avec autant d'acharnement que les autres jours. La chaleur a beau l'assaillir, elle continue comme si ça ne l'affectait pas. Elle tente de ne pas montrer le moindre signe de fatigue, ne pensant qu'à travailler pour ramener de l'argent pour sa famille. Elle sait que si elle continue de travailler ainsi, elle ne tiendra pas longtemps. Finalement, après des heures de travail, son patron, un homme grand, musclé, chauve et au teint mate et une mine sévère collée son visage, vient la voir pour l'inciter à prendre une pause déjeuner.

- Hey Haruki! Allez, prends une pause un peu!

- Non merci patron, je peux encore travailler et j'ai encore des Pockys si j'ai faim.

- Haruki. Tu ne fais presque jamais de pauses déjeuner et j'ai aucune envie de te voir crever la bouche ouverte. J'en serai responsable tu sais. Allez, fait une pause. Au pire des cas je peux te filer un peu de ta paye en avance pour que tu ailles acheter un sandwich.

Haruki ouvre la bouche pour tenter de protester mais son patron lui fourre quelques billets froissés dans les mains et lui jette un regard qui lui fait rapidement comprendre qu'elle devrait cesser de protester. La jeune fille à la chevelure de feu soupire puis s'incline devant lui en marmonnant des remerciements amers avant de tourner les talons et de sortir du chantier. Dans la rue, Haruki attire facilement le regard avec son débardeur blanc sale, son pantalon de chantier bleu lui aussi sale, son corps luisant de sueur et son air fatigué. Bien qu'elle ait en fait l'habitude d'attirer le regard, elle ne peut s'empêcher d'être agacée. Cependant, elle garde le silence et les yeux baissés. Elle fourre un Pocky entre ses lèvres puis se dirige vers le stand du petit vendeur de sandwichs, au niveau du parc, dont la plupart des clients sont les ouvriers du chantier.

Elle vient le voir, passe sa commande et attend. Comme elle arrive après ses collègues qui ont déjà tous eu leur sandwich, Haruki n'a pas à attendre beaucoup avant d'avoir son sandwich prêt. Elle le prend, remercie le jeune cuisinier, le paye, puis va se trouver une place tranquille pour manger. La jeune ouvrière trouve un banc à l'ombre d'un arbre, à l'écart des autres. Elle s'y installe, avale son Pocky dont le chocolat avait commencé à fondre, puis mange distraitement en regardant les allées et venues des gens, une des choses qu'elle aime le plus faire: observer, contempler. Malheureusement pour elle, ses pensées ne se sont pas décidées à se concentrer sur l'instant présent mais préfèrent lui faire visualiser sa belle Sirène. Haruki pousse un soupir frustré puis avale sa bouchée de sandwich avant d'en prendre une autre en fermant les yeux pour tenter de ne plus penser à elle.

Après avoir lamentablement échoué à oublier sa Sirène, Haruki se décide à rouvrir les yeux pour voir quelqu'un debout, juste devant elle, et sentir un regard transpercer son âme. Une douce odeur marine l'enveloppe et la jeune fille lève les yeux pour croiser une paire d'yeux dorés perçants qui la fixent, l'air d'attendre quelque chose.
À ce moment-là, Haruki a oublié que déglutir en respirant est une mauvaise idée. Elle manque de s'étouffer avec son sandwich mais finit par survivre et avaler sa bouchée. L'humaine regarde la personne devant elle, les yeux écarquillés. Pas de doute possible; il s'agit bien de sa Sirène. Pourtant, au lieu d'avoir une queue de poisson, elle a des jambes humaines et est habillée d'une jupe très courte, ainsi que d'un haut très court avec un bon décolleté qui montre une bonne partie de ses seins ainsi que son ventre, les deux de couleur violette à carreaux.

Elle regarde Haruki calmement, les bras croisés sur sa poitrine, puis vient s'asseoir près d'elle avec nonchalance. Le cœur de la jeune fille bat fort contre sa poitrine et elle ne peut s'empêcher de jeter des coups d'œil angoissés. Soudainement, elle sent sa Sirène prendre son bras et se lever pour la tirer avec elle. Haruki, ne sachant pas trop à quoi s'attendre, finit son sandwich en une bouchée puis se lève à son tour. La créature aux cheveux roses la tire en allant dans une direction que Haruki ne connaît que trop bien. La Sirène entraîne Haruki vers la mer.

Aussitôt qu'elle s'en rend compte, Haruki dégage son bras de l'emprise de la Sirène. Celle-ci ne semble pas très bien le prendre et fronce les sourcils d'un air vexé. Elle tente de reprendre le bras de Haruki mais celle-ci se dégage à nouveau, avec plus de douceur et avec un sourire triste sur le visage.

- Désolée... Non.  dit elle d'une voix triste, mais ferme.

Haruki baisse la tête, sans savoir comment la Sirène va réagir. Après un long moment, Haruki entend une douce voix chantante et sensuelle lui demander assez brusquement:

- Pourquoi?

L'humaine sursaute presque et lève des yeux surpris vers la femme en face d'elle qui la fixe avec un air confus, voire presque suppliant. Quelques minutes se passent alors que Haruki ne sait pas quoi dire et que son interlocutrice devient visiblement de plus en plus nerveuse. Finalement, elle repose sa question, parlant assez lentement, comme si elle n'était pas habituée à parler dans le langage humain:

- Pourquoi tu ne veux pas venir avec Isuke?

- Je n'ai pas le choix...  réplique Haruki après s'être remise de la surprise d'entendre sa Sirène parler humain.

Un temps passe, pendant lequel la Sirène garde les yeux plissés l'air concentré. Elle doit probablement faire la traduction dans son esprit, se dit Haruki. Finalement, Isuke - qui semble être le nom de la Sirène - croise à nouveau les bras devant sa poitrine.

- Et pourquoi? Explique à Isuke!

- Eh bien je dois beaucoup travailler, donc je n'ai plus le temps de venir te voir.

Isuke fixe Haruki, déconcerté par son flot de paroles. L'humaine grimace légèrement. Elle aurait dû parler plus lentement, non? Au moment où elle s'apprête à répéter, la sonnerie de son téléphone l'interrompt. Isuke se crispe, visiblement effrayée par ce son qu'elle ne connaît pas. La fille aux cheveux de feu sort son portable de sa poche et décroche.

- Allô?

- Ah Haruki!  fait la voix de son patron a l'autre bout du fil.  On va bientôt reprendre le travail, donc si tu veux travailler tu devrais revenir maintenant. À moins que tu ne sois trop occupée avec ta beauté~?

Haruki rougit et déglutit puis regarde autour d'elle pour finalement voir son patron lui faire signe depuis le stand de sandwich.

- Allez, t'as bien travaillé ces temps-ci alors j'accepte de te libérer! À condition que tu continue comme ça pour la prochaine semaine.

Haruki a le souffle coupé quelques secondes, le temps d'enregistrer ce qu'elle vient d'entendre, avant de sourire et de dire:

- Merci patron!

Il rigole et raccroche puis Haruki se retourne vers la Sirène qui l'attend avec impatience. L'humaine hésite puis lui prend la main avant de commencer à marcher vers la plage, et vers sa maison. Le visage de Isuke s'illumine et elle se met devant Haruki pour montrer le chemin. La rouquine ne peut s'empêcher de rire à l'attitude dominatrice de la rosée, puis elle glisse un Pocky entre ses lèvres en souriant joyeusement.

Après quelques minutes de marche, et après que Haruki ait insisté auprès d'Isuke pour pouvoir passer chez elle, elles entrent toutes les deux dans la maison familiale. Au début d'après-midi et en pleine semaine, elles sont seules, les frères et sœurs de Haruki étant à l'école ou au collège ou même au lycée dans le cas de Fuyuka. Haruki fonce à l'étage pour attraper son maillot de bain, l'enfiler et mettre une chemise blanche, une veste légère de couleur marron avec un nœud rouge, ainsi qu'une mini-jupe rouge. Finalement, elle revient au rez-de-chaussée pour voir Isuke en train d'inspecter avec curiosité la maison. Dès qu'elle la voit, la Sirène la regarde de haut en bas d'un air légèrement satisfait, mais quand elle croise son regard, elle rougit et la regarde avec un air vexé.

- Je t'ai trop fait attendre? Désolée.  s'excuse Haruki en souriant légèrement.

Isuke pousse un soupir exaspéré puis prend la main de Haruki pour l'entraîner avec elle. La jeune fille doit lutter pour que la Sirène la laisse fermer la porte à clefs puis elles peuvent enfin marcher toutes les deux. Après plusieurs minutes de marche silencieuse, Haruki demande:

- Donc... Tu sais parler ma langue?

- ... Un peu... Mais Isuke n'est pas forte à ça...  avoue-t-elle après quelques secondes.

- Isuke, c'est ton nom?

- Isuke-sama.

- Hein?

- Tu devoir m'appeler Isuke-sama.  rétorque la Sirène avec un air hautain.

- Très bien, Isuke-sama.  dit Haruki docilement, un doux sourire aux lèvres.

Le reste du trajet se passe en silence. Finalement, quand elles arrivent à la plage, Haruki s'arrête sur le sable pour prendre le temps de retirer ses vêtements, sous le regard agacé d'Isuke.

- Humains lents.  commente-t-elle avec un froncement de sourcils, bien qu'elle contemple Haruki en maillot de bain avec attention.

- Désolée, mais je ne veux pas rentrer chez moi avec des vêtements trempés. D'ailleurs, je ne suis pas n'importe quelle humain, je m'appelle Haruki.

Une autre pause. La Sirène hausse les épaules puis semble hésiter un peu avant de commencer à se déshabiller. Haruki rougit énormément en voyant la magnifique créature se mettre nue devant elle et tente de concentrer son attention n'importe où sauf sur elle, ce qui se révèle être parfaitement impossible pour la rouquine. Surtout quand la Sirène l'attrape par le bras pour l'entraîner vers la mer sans sembler le moins du monde gênée par sa nudité. Grâce à la proximité qu'elles partagent, la rouquine peut remarquer des branchies situées sur sa nuque et derrière les oreilles. Isuke s'enfonce dans l'eau rapidement pendant que Haruki la suit en trébuchant à plusieurs reprises. Après quelques minutes, l'humaine n'a plus pied et commence à nager vers les rochers, suivie par la Sirène, qui a visiblement repris sa forme originelle, qui nage gracieusement non loin de la rouquine.

Après quelques minutes, Haruki s'installe sur un rocher plat et Isuke nage près d'elle. Finalement, Haruki demande:

- Dis, pourquoi tu es venue me chercher?

- ... Tu as manqué à Isuke...  finit par avouer la rosée en soupirant et en rougissant.

Haruki elle aussi rougit puis détourne le regard quelques secondes avant d'avouer en souriant:

- Toi aussi tu m'as manqué.

Isuke rougit d'avantage puis se hisse sur le rocher, près de Haruki. Elle la regarde avec une timidité et une hésitation que l'humaine est surprise de voir puis colle son épaule à celle de Haruki avant de poser sa tête sur son épaule en rougissant. L'humaine sourit d'un air attendri et pose sa tête sur celle de la Sirène en fermant les yeux. Après quelques minutes, Isuke se dégage de Haruki et la regarde avec une lueur d'inquiétude désespérée.

- Haruki... Tu revenir? Hein?

Haruki ne peut s'empêcher de sourire avec douceur et dépose un doux baiser sur son front.

- Bien sûr! Aussi souvent que possible.

L'humaine sourit à la Sirène puis la regarde pour voir que son visage est entièrement rouge. Isuke donne un coup sur la tête de Haruki avant de plonger en l'éclaboussant. L'humaine se frotte la tête puis plonge à son tour. Elle agrippe le bras de la Sirène puis la tire un peu vers la surface. Elles se regardent puis Isuke accepte de remonter avec la surface avec l'humaine. Elles sortent leur tête de l'eau et la rouquine prend une respiration sans lâcher le bras de la rosée.

- Tu t'en vas?  demande tristement l'humaine.

Si le regard d'Isuke était énervé par les actions de Haruki, il devient rapidement confus après ses mots et, après une réflexion et une traduction, la rosée fait une mine triste en dégageant doucement son bras de l'emprise de l'humaine. Pourtant, elle ne plonge pas. Pas encore. Elles se regardent dans les yeux un moment, puis, poussée par une impulsion dont elle ne connaît pas l'origine, Haruki enlace Isuke avec douceur alors que leurs joues à toutes les deux se teintent d'une couleur rose. Elles se regardent encore quelques secondes puis la rouquine se redresse un peu  pour déposer un chaste et court baiser sur les lèvres de sa Sirène. Après que Haruki se soit éloigné de la magnifique créature, il lui faut quelques secondes pour sembler réaliser ce qu'il vient de se passer. Isuke se met à rougir énormément, l'air incrédule, et pose ses doigts sur ses lèvres en regardant Haruki, l'air surprise voire choquée.

- Au revoir.  fait simplement Haruki en souriant, trouvant la réaction d'Isuke incroyablement mignonne et sentant ses propres joues lui brûler.

Isuke, très gênée et choquée par les action de Haruki, semble commencer à se mettre en colère. Craignant pour sa vie, l'humaine se met à nager le plus vite possible vers le rivage, poursuivie par une Sirène enragée qui lui lance sans doute une myriade d'insultes dans une langue douce et chantante, en se retenant autant que possible de rire pour ne pas boire la tasse.
Elles ont une possibilité d'avenir ensemble. Et elles ne risquent pas de la laisser partir.

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