Je traverse la ville avec la fille avec moi. Elle ne laisse pas encore de soupçon aux regards des soldats, ils ont l'habitude de me voir avec des clients discrets, et me laissent passer en me jetant un regard curieux, mais sans plus. Les habitants quand à eux me dévisagent comme d'habitude, et commence à parler dans mon dos, évoquant des hypothèses, qui deviendront petit à petit des rumeurs. Elle regarde le sol en me suivant, la pauvre, en y réfléchissant, elle est perdu, obligé de suivre un inconnu, le prix de la liberté et de la vie. Elle ne me parle pas, elle n'émet aucun bruit, sa respiration est mesurée, sa démarche est légère, agile. Elle a l'habitude de se faire discrète, et je commence à m'imaginer à être son protecteur, avant de secouer la tête pour l'y faire chasser. Je ne peux la garder, je partirai avec elle, je la lâcherai dans la nature et c'est tout. La fenêtre de tir est petite, je dois trouver un moyen de la faire fuir tout en me protégeant. Mais en premier lieu, je dois la cacher au yeux du monde.
Je la fais rentrer dans mon modeste domaine. Je ferme la porte, et je lui dis droit dans les yeux :
« Je vais revenir, je dois couvrir nos arrières. Restes ici, et n'ouvres à personne sauf à moi. Je frapperai un coup, puis deux, puis trois, tu comprendras que c'est moi. Compris ?
- Umh ! »

Elle ne me parle pas, juste une onomatopée, mais elle me regarde avec insistance avec ces yeux mouillés et me fait signe par l'affirmative de la tête. Je peux donc sortir tranquille, je n'ai pas à m'inquiéter d'avantage d'une fille qui vient juste d'être libérée. Mon plan élaboré à la hâte devrait se dérouler en deux phases : laisser une arme au lieu du crime, et chercher un contrat rapidement, même si c'est pour aller chercher des lapins dans la forêt. Je commence par l'arme. J'avais repris mon manteau, un pistolet normal, et je me poste, attendant à bonne distance du mouvement dans la ruelle qui mène vers la maison de la fille. Mais je m'étais fait devancer, des soldats étaient déjà là, à surveiller la ruelle. Je savais que le temps m'était compté désormais, et je ne savais pas si aller chercher un contrat serait une si bonne idée maintenant. Je pars tout de même dans la zone marchande, chercher une personne en besoin d'aide. Mais avant que je ne puisse rentrer, une main vient me saisir l'épaule. Je me retourne, et voit le garde avec qui j'ai sympathisé :
« T'as pas pu t'empêcher, hein ?
- De quoi tu parles, feigne-je.
- Tu sais très bien, gros con, je sais très bien que tu l'as tué, tu n'as pas pu t'empêcher de suivre ta conscience de merde. Et tu sais quoi, je vais te laisser dans ta merde. Je te laisse une heure avant que je raconte tout, tu dégages de cette ville. »

Il se retourne, et part rapidement, pour ne pas qu'on le voit avec moi. Qu'importe, il me donne de l'avance, à moi maintenant de l'utiliser à bon escient.
Je marche rapidement vers la maison, et en arrivant, je frappe le code secret. Elle m'ouvre, je n'attend pas qu'elle ouvre la porte entièrement pour rentrer.
« Nous devons partir, je lance, en fouillant dans mes affaires. Nous avons peu de temps avant que l'on nous pourchasse. »

Elle reste encore silencieuse. Je prépare deux sac à dos usées, un vert, un noir. Je mets le maximum de nourriture et de médicament dans le vert, et le maximum d'arme et de munition dans le deuxième. Je prend aussi le fusil, sanglé en bandoulière. Je lui tend le sac vert.
« Sur ce coup, il faudra m'aider, fille. »

Elle le prend sans broncher, et d'une petite voix me lance :
« Je m'appelle Mélodie.
- Très bien Mélodie. Je lui répond, sans me rendre compte que je connaissais déjà son nom. Il est temps pour nous de fuir. »

Je lui lance un autre vêtement à capuche, à sa taille, un gris. Elle le mets, et prend sur ses épaules le sac à dos qui doit peser des tonnes pour elle. Nous partons ainsi, mais avant tout, je prends le bidon d'essence que j'avais trouvé il y a des années, et j'asperge tout la maison, avant de tout faire flamber et de fermer la porte. Je leurs donne ce petit cadeau de départ....