《CHAPITRE 3 - ELLE》
CHAPITRE 03
***
J'attends Manon à la sortie de son cours de danse contemporaine. Elle met un temps fou à sortir mais je ne suis pas si étonnée que ça. Elle a toujours mit des heures à se préparer et la vie Californienne ne semble pas l'avoir changée. J'en profite pour appeler mes parents et je suis surprise quand c'est la voix endormie de mon père qui décroche, la voix presque rauque.
- Allô ?
- Papa ?
- Chloé ? s'écrit au téléphone, heureux de m'entendre. Tu vas bien ma chérie ?
- Super ! Et toi ?
- Ça va. Il fait beau chez toi ?
- Oui. Super beau. Et chaud. Et en France ?
- Bah, là, il fait nuit.
Je regarde ma montre et prend conscience qu'il est presque minuit en France. Merde ! J'avais oublié le décalage horaire. Il va falloir que je m'y habitue avant le prochain appel.
- Désolée si je t'ai réveillé Papa. Je te rappelles demain si tu préfères.
- Non, non. Je suis réveillé maintenant. Et ça me fait plaisir d'avoir de tes nouvelles. Comment se passe ta nouvelle vie ?
- C'est super ici. J'adore. La vie est tellement plus simple, moins stressante.
- Oh ! Super.
Je sens une pointe de déception dans sa voix. Je fronce le front.
- Papa, ça va ?
- Oui. J'espérais juste que tu ne t'y plaises pas et que tu voudrais revenir à la maison. Mais je suis égoïste. Si tu es heureuse à Los Angeles, je suis content. Tu mérites d'être heureuse.
- Merci Papa.
Je vois Manon sortir du bâtiment, son sac de danse à la main. Elle me cherche du regard puis s'avance vers moi.
- Je dois te laisser Papa. Je te rappellerais plus tard.
- OK. Vérifies l'heure avant par contre
- Promis. Embrasses maman.
- Je le ferais. Je t'aime ma fille.
- Moi aussi. Bisous.
Je raccroche mon téléphone et le fourre dans mon sac à main. Manon paraît exténuée mais me sourit tout de même.
- Je suis morte. Le prof nous a fait faire des étirements et j'ai mal partout.
- Il te faudrait un beau mec pour te masser.
- Ouais. Il va falloir que j'y songe sérieusement. Tu as trouvé la boutique que je t'ai indiquée ?
- Oui. Elle est top. J'ai trouvé plein de tissus, de matières. J'ai plein d'idées en tête. Ça fuse de partout la haut. J'ai dépensé bien plus que prévu mais c'est pour la bonne cause. Je vais pouvoir coudre la robe qui m'obsède depuis des jours.
Elle me sourit puis passe son bras sur mes épaules.
- Et ton entretien ?
Je m'arrête et la fixe, triste. Elle me regarde, perdue. J'adore l'embêter. Voyant qu'elle commence à s'inquiéter, j'affiche un grand sourire.
- Tu as devant toi ta nouvelle collègue ! je lâche.
- Mais c'est super ! Viens là !
Elle m'enlace en me serrant fort et sautille sur place, excitée.
- Il faut qu'on fête ça ! Tu commences quand ?
- Demain.
- Super, dit-elle en regardant sa montre. Alors il nous reste quatre heures pour organiser la soirée du siècle !
***
Je trouvais l'appartement grand mais avec tout ce monde à l'intérieur, il me paraît ridiculement petit. Le séjour contient une trentaine de personnes et la terrasse tout autant. Je ne connais personne hormis mes deux colocataires et les trois hommes avec qui j'avais été au club le samedi précédent.
Depuis une semaine que je suis arrivée, je me suis parfaitement adaptée à la vie Californienne. Mon peau a déjà bronzée et j'ai parfait encore plus mon américain. Je suis en compagnie de deux filles du groupe de danse de Manon et réponds à leur interrogatoire depuis une bonne demie heure. Je préfère ça que de subir la compagnie d'Henry, qui est encore plus lourd et entreprenant que la semaine dernière.
- Manon nous a tellement parlé de toi. Il paraît que tu dansais toi aussi ? me dit Alyson.
- Oui. J'ai fais douze ans de classique.
- Et pourquoi as-tu arrêté ? demande Anna, curieuse.
- Oh ! Car j'en avais marre. La danse, c'est tellement prenant.
Je ne sais pas pourquoi j'ai menti. Sûrement car je ne suis pas prête à me confier à deux inconnues, même si elles me paraissent sympathiques. Je ne veux surtout pas voir leurs regards remplis de compassion et de pitié si je leur dis que la blessure que j'ai eu m'a empêcher de réaliser mon rêve. Manon ne dit rien, laissant mon mensonge en suspens. Elle sait qu'il est dur pour moi de parler de mon accident, de la dépression que j'ai subie après ça.
- Tu devrais peut être venir à l'école de danse, pour réessayer. Ça se trouve, tu verrais que tu aimes toujours ça... fait Alyson
- Oui. Peut être. J'y réfléchirais. Je vous laisse, je vais aller chercher a boire, je m'esquive avant de devoir leur faire une promesse que je ne compte pas honorée.
Elles me sourient et je tourne les talons sous les yeux inquiets de mon amie. Au bar, je me sers un cocktail que Drew m'a confectionné. Je dois dire qu'il est bon. Je le bois presque d'une traite. J'aperçois Henry s'approcher de moi en glissant presque. Merde ! Pas lui !
- On s'est pas beaucoup vu ce soir, me dit-il.
- Oui, c'est vrai. Je dois aller rejoindre mes amies. Je reviens plus tard.
Je m'éloigne rapidement et retourne auprès des filles. Manon paraît moins inquiète quand je lui souris.
- Vous parliez de quoi ? je demande.
- De toi. Manon nous disait que tu confectionnais tes propres vêtements. J'adorerais les voir.
- Si tu veux. Viens.
Je leur fais signe de me suivre et elles s'exécutent en riant. J'aime beaucoup Alyson. Elle est bavarde bien plus qu'Anna qui est un peu trop curieuse à mon goût mais elle me parait tout de même très gentille. J'entre dans ma chambre, suivies par les trois filles. J'ouvre mon dressing et Alyson est déjà entrée à l'intérieur. Elle regarde les vêtements accrochés aux cintres. Les deux filles paraissent étonnées. Anna sort la petite robe noire, l'une des mes plus grandes fierté et la positionne devant elle.
- Tu sais combien les femmes paieraient pour l'avoir ?
- Euh non.
- Une fortune. Tu as un talent. J'en reviens pas.
- C'est vrai, enchérit Alyson. Tu devrais vendre tes créations.
- Vous croyez ?
- Carrément. Tu as vraiment un don pour ça. Comment te viens ton inspiration ?
- Je ne sais pas. Ça vient comme ça, je reponds, préférant ne pas m'éterniser sur le sujet
Les deux filles se regardent et paraissent avoir une conversation silencieuse.
- Ma mère possède un magasin de création sur Rodéo Drive. Je suis sûre que si tu lui montrerais tes modèles, elle te passerait une commande directe, me dit Anna.
- Oh ! Je ne suis pas sûre. Je n'ai pas eu de formation et je ne pense pas que...
- Je peux t'assurer que oui, souligne Anna. Tu as des croquis ?
- Euh oui.
Je m'approche de ma commode et sors mon cahier. Anna et Alyson paraissent concentrées quand elles tournent les pages de mon cahier de croquis. Malgré moi je suis réticente à leur montrer mes créations. Et si, en faites, je n'avais aucun talent et que ces filles auraient la franchise de me le dire, riant par la même occasion ?
Arrives à la dernière page, Alyson me regarde, surprise et presque gênée alors qu'Anna me sourit à pleine dents, dévoilant sa dentition blanche et parfaite.
- J'aimerais que tu me crée une robe, dit-elle.
Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. Anna me regarde surprise, puis rit à son tour.
- Je suis sérieuse.
Je secoue la tête, puis quitte ma chambre, toujours pris par un fou rire nerveux. Cette fille est folle. Autant que Manon.
***
Le lendemain soir, Manon m'accompagne au club, malgré qu'elle commence deux heures plus tard. Je rencontre Malcolm, toujours aussi impressionnant et chaleureux et il me félicite pour mon nouveau boulot. Je salue Karl quand il s 'pproche de moi, l 'ir refrogné. Lui, il paraît moins amical. Je l'avais déjà compris quand j'ai passé mon pseudo entretien avec lui qui consistait seulement à répondre à quelques questions et lui préparer un cocktail. Ce jour là, je n'avais rien dit, bien trop contente d'avoir trouvé un job pour me permettre de participer à la collocation tout en continuant à chercher un boulot plus stable à côté.
- Tu peux lui faire visiter les coulisses, Manon ?
Mon amie acquiesce alors que Karl part rejoindre le bar.
Les coulisses sont bien plus grandes que je le pensais. Manon m'a montré les stocks où sont entreposées les bouteilles ainsi que les loges des danseuses et les bureaux de la boîte. Nous n'avons croisés personne, hormis Malcolm qui s'est joint à la visite guidée, racontant une anecdote sur telle ou telle célébrité.
Nous retournons au bar où le barmaid de la semaine dernière me dévisage alors que je m'approche de lui.
- Zack, je te présente Chloé. La nouvelle barmaid qui, entre nous passant, est ma meilleure amie.
Zack me détaille de la tête aux pieds et je comprends que je ne suis qu'une concurrente à ses yeux. Manon m'a expliqué que les barmaids, serveurs et danseurs recevaient souvent des pourboires et Zack paraît avoir compris que même si une aide derrière le comptoir était une nécessité, les pourboires pour lui seraient divisés par deux. Je lui serre la main et il esquisse tout de même un sourire.
Il me prend sous son aile, le temps de me familiariser avec mon nouvel espace de travail. Il me donne quelques conseils et me somne de respecter la procédure principale. Encaisser avant de servir.
- Il y a beaucoup de célébrités ici mais ça n'en a jamais empêché certains de se barrer sans payer. Et il y a non-people aussi. Eux, ils doivent payer avant de consommer. Karl n'aime pas les ardoises.
- OK, j'ai compris.
- Bon, la première heure, ça reste calme. Après, c'est le rush. Alors j'espère pour toi que tu es en forme.
- Tu peux compter sur moi.
Il me regarde un instant, me scrutant une nouvelle fois. Il hoche de la tête au moment où un homme entre dans le club, encore vide de tout client.
- Je cherche le nouvelle barmaid, dit-il.
Je me raidis en comprenant qu'il s'agit de moi. Manon fronce le front, en souriant tout de même puis descend de son tabouret et s'approche du livreur.
- C'est moi, dit-elle, toute guillerette.
Zack ne paraît pas surpris par le geste de mon amie et moi encore moins. Elle signe sur le terminal électronique. Elle se rassoit sur le tabouret du bar et ouvre aussitôt l'enveloppe. Elle fronce le front, étonnée, puis lève les yeux vers moi.
- Ce n'est pas signé, dit-elle, déçue.
- Fais voir...
Je prends la carte de ses mains et pose mon regard sur la carte.
H - 2
Je fronce le front à mon tour puis tourne et retourne la carte plusieurs fois. En effet, aucune signature.
- Qui peut bien m'envoyer une carte ? Je ne connais personne ici.
Elle hausse les épaules, tout aussi dubitative que moi. Zack, à côté, ne paraît pas s'intéresser à la conversation. Il continue de vider la caisse, ramenée de la réserve, contenant des bouteilles de différents alcools, sous le comptoir.
***
Je n'ai plus eu la tête à me résoudre le mystère de la carte quand les premiers clients sont arrivés. Dès le début, et malgré que Zack m'ait dit le contraire, je n'ai pas arrêté de servir des cocktails et des bières ou préparer les plateaux que les serveuses amènent aux tables. Le flux des clients ne s'arrête pas et j'ai l'impression que dès que je sers un client, trois autres arrivent.
Je garde le rythme, sous les yeux de Zack, qui paraît me surveiller de près. Plusieurs fois, un homme à tenter de m'offrir un verre et j'ai à chaque fois, décliner poliment. Je me rappelle du conseil de Zack me disant de faire mine de boire une vodka avec le client en remplaçant le liquide par un verre d'eau.
L'ambiance dans le club est survoltée et je souris en me disant que les gens ont l'air de bien s'amuser. L'ambiance dans les clubs en France est différente. J'ai l impression qu'ici, les américains sont plus sages, à moins que ce soit car le club est très prisé par les People de Los Angeles.
Je sers un nouveau verre à un client, un peu éméché quand Karl nous rejoint. Il m'écarte poliment du comptoir.
- Ça se passe bien ? Tu suis le rythme ?
- Ça va, c'est cool.
- Bien. Bon, je sais que tu n'as pas été engagée pour ça mais un client aimerait que ce soit toi qui le serve.
Je me recule, affichant une petite grimace. Que je le serve moi ? Cette requête est un peu folle et j'espère que ce n'est pas le client un peu trop entreprenant de tout à l'heure.
- C'est un client important, donc n'hésites pas à le satisfaire au mieux. Tout ce qu'il te demande, tu lui dis oui.
Je fronce le front à nouveau. Je ne sais pas pourquoi je pense aussitôt à quelque chose de pervers.
- Le satisfaire au mieux ? Vous me demandez de...
- Non, non, non, rit-il en comprenant ce que à quoi je pense. On est pas ce genre de maison. Après, libre à toi de faire ce que tu veux mais je ne veux pas le savoir.
- Oh ! Je suis soulagée. J'ai presque eu peur.
Il laisse échapper un rire en même temps que moi. Il parait beaucoup moins tendu que tout à l'heure. Peut être es-ce dû aux billets qui remplisse le tiroir caisse...
- Il est dans le VIP. Apportes lui une bouteille de champagne et deux flûtes. C'est la maison qui offre.
- Très bien.
Il me sourit puis tourne les talons alors que je m'abaisse pour sortir une bouteille de champagne du frigo puis sors les deux flûtes. Je quitte l'arrière du bar et me fraye un passage parmi la foule. Un vigile, Bart je crois, m'ouvre le carré VIP et je monte les quelques marches menant au demi étage. Je cherche du regard à quelle table je dois m'adresser et je l'aperçois.
Ethan est là, seul, à sa table. Son ami, le grand Black se tient droit derrière lui. Il fixe mon regard et je comprends que c'est lui que je dois servir. Je souris aussitôt, amusée, puis m'avance. Alors que je m'approche de lui, son regard me balaye de haut en bas. Il affiche un sourire puis se lève quand je suis à deux mètres de lui.
- Salut, me dit-il
J'affiche un sourire, presque trop commercial mais sincère. Je suis contente de le voir. Il est toujours aussi beau. Ce soir, il est vêtu un jean brut et un polo blanc qui lui épouse parfaitement les courbes de son corps. Je m 'magine aussitôt les muscles de son torse. Je dépose le plateau sur la table basse et lui répond un salut timide.
- Voulez vous que je vous ouvre la bouteille ? Je demande.
- Non, ça ira. Assieds toi...
- Je...
- Ne t'inquiètes pas, Karl est d'accord.
Je me tourne vers mon patron qui me fixe du regard. Il acquiesce de la tête. Je déglutis légèrement, puis m'assois sur la banquette. Il paraît satisfait puis s'assoit près de moi. Il fait sauter le bouchon de la bouteille et me propose du champagne. Je devrais refuser mais Karl a insisté pour que je satisfasse toutes les demandes de ce client.
- Tu vas pouvoir me dire ton nom maintenant.
- Je suis sûre que tu le connais déjà.
Il sourit et me regarde d'un air espiègle, me laissant supposer qu'il en sait plus sur moi qui ne veut paraître. Je dois avouer qu'il est fort et que sa ténacité est flatteuse. Moi, je ne connais rien de lui hormis son prénom.
- Est ce que tu es un dangereux psychopathe ?
Il rit aux éclats et je me surprends en pensant que j'aime son rire.
- Non, ce n'est pas quelque chose qu'on dit de moi.
Il porte ses lèvres à sa flûte et je me mets à jalouser ce vulgaire objet. J'aimerais tellement être à la place de cette flûte. Mon Dieu ! Mais à quoi je pense ?
- Tu ne veux toujours pas me dire ton prénom ?
Il plante son regard dans le mien. Tous mes sens paraissent en éveil.
- Chloé, je souffle, légèrement impressionnée par les sensations que son regard me procure.
Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas ressenti ce genre d'émotions. La dernière fois, c'était avec Guillaume, quand il a commencé à me voir autrement que comme la meilleure amie de sa petite soeur.
- C'est un très joli prénom. Je suis content que tu me le donnes enfin.
Je lui souris puis détourne le regard vers le bar. Zack paraît être submergé par les clients. Son regard croise le mien. Il paraît m'implorer tout en affichant une moue agacée et impatiente. Je me lève aussitôt. Ethan paraît surpris.
- Je suis désolée, je dois retourner...
- J'aimerais que tu restes
Moi aussi, j'aimerais. Mais je dois retourner au bar.
- Je dois y aller, je souffle
- J'aimerais te revoir.
- Alors on se reverra.
- Quand ?
- Je n'en sais rien. Laissons faire le destin...
Je lui souris puis quitte le carré VIP sans me retourner.
***
Hello à tous!!!
Troisième chapitre, les choses s'approfondissent...
Qu'en avez vous pensez?
Kiss
Laurie
***
EN MEDIA - CHLOE
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