V

Ma passion torsadée enlace mon poignet, mes phalanges et mes ongles nus. Reflets après reflets, mon œsophage s'embrume et souffle sur les braises. C'est troublant, je dessine avec une imagination enfantine des couleurs saignant dans les rivières de mon vertige éthylique. Debout, mon corps longiligne se reflète dans la fenêtre pleureuse. Dehors, un néon grésille à hauteur de ma tête. Mon crâne est une allumette. Mes jambes flageolent, j'ai l'impression d'être sur une balançoire folle. À chaque fois que mon talon fait hurler le parquet criard, je ressens la même poussée franche et inconnue qui me projetait au-dessus du sol. Je me souviens du maniement de l'archet, sa rencontre frêle et timide avec les cordes frigides de mon arc. J'émets du son avec mes flèches. Le vent expire en plein centre de la cible.

La note noire et pointue tournant sur elle-même a fait de grands pas en avant. Après avoir embaumé mes lèvres d'un cyclone caféiné, je revêt un costume d'exploratrice. J'ai perdu mes chaussures dans le gigantisme candide et confus d'un amusement restreint. Entre quatre murs, les rires s'entrechoquent et les vapeurs narcissiques lézardent les pans de mon esprit. Après de terribles sourires sonnant dans ma nef cérébrale comme un adieu se noyant dans un bain brûlant de flirts, je retrouve, derrière la table ayant accueilli des corps maigrelets, hôtes sulfureux d'âmes goudronneuses et incandescentes, mes mocassins bruns. Mon talon s'enflamme au contact du cocon irritant qui accueille docilement ma plante de pied. Plus les embryons des heures grandissent, plus ma trachée s’impatiente. J'entends l'issue rassurante soupirer une ultime fois, bercée par la voix suave, innocente et maternelle d'une cage thoracique métropolitaine, respirant lourdement sur la vitre. J'entends des rideaux tirés, j'imagine les traits tirés de celui qui inonde son vase corporel d'un breuvage resplendissant, tacheté de glaçons tombant au rythme des feuilles aux couleurs de flammes. Je l'imagine, remplissant son bouquet visuel de roses blanches, émerveillé par le spectacle glacé se déroulant secrètement sous sa vue. Il partage une intimité, il se réveille aux côtés d'une déesse blanche, elle qui chaque matin laisse apparaître une épaule hybride aux couleurs de tigre blanc.Les branches halées cisaillent la robe venteuse habillant amoureusement ses volets, elles entourent ses pattes de zèbre. Il galope dans une savane aux mœurs hiémales, là où la respiration des prédateurs forme un brouillard impénétrable. Il est un aigle flirtant avec des renardeaux.

J’attends patiemment la venue d’un bus, mon écharpe agit comme un filet déchiré, elle laisse passer les crocs du froid entre ses mailles. Je suis mordue de tous les côtés, on m’harponne alors que je reprends ma respiration, nébuleusement, entre les ceintures d’astéroïdes cotonneux et les météores brûlantes mais éteintes. Zéphyr se drape fébrilement d’une toge glacée. Pas grand-chose ne bouge, je suis une cavalière seule au milieu d’un champ ras et impassible. Les premiers battements de cils du petit matin font se soulever les icebergs et les poumons d’Eos. L’aube devient alors un grandiose et humble bouquet d’Arméries.

Ma monture à deux sabots ronronne dans la mélancolie grise et brumeuse du matin adolescent. Mes mains sont des terres arides, taries par les vents secs et griffus des journées grisâtres. Je chevauche de nouveau à toute allure, la poussière humide se soulève, la crinière de mon équidé motorisée s'envole dans un éclat de miel noir. Je m'envole, avec des ailes d'argile. Le soleil blanc me consume. Les ongles algides de l'amertume brumale me griffent, je suis au coeur d'un ébat passionné. 

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