Chapitre 25 :
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« Je suis née dans un peuple d'elfes semi-nomade qui peuplaient une immense forêt à l'écart des humains ignorants. Notre existence était tenue secrète grâce à la discrétion dont nous faisions preuve depuis la nuit des temps ainsi que les changements physiques qui se déroulaient de générations en générations pour nous rapprocher le plus des maalsilga, les gens qui n'appartiennent pas à l'univers surnaturel. Nos oreilles, jadis pointue, avaient rétréci pour n'être que des petites pointes à peine visible, rien de quoi attirer l'attention. Nous ne nous mêlions pas aux maalsilga pour nous protéger, pour continuer à vivre comme dans l'ancien temps en embrassant nos coutumes et traditions.
D'ailleurs, nous ne nous mélangions pas beaucoup aux autres peuples surnaturels. J'ai horreur de l'admettre, mais la communauté elfique avait quelques soucis avec les races, pas qu'elle n'était pas tolérante, simplement que dans leur vision les races devaient rester bien distinctes. Nous avions tout de même le droit d'échanger avec les autres tribus d'elfes qui nous entouraient. Nos liens étaient particuliers, entre rivalité inter-clanique et entraide, l'hostilité entre nous avait disparu depuis la trêve de longue date, un événement marquant dans notre Histoire.
Quand je suis arrivée au monde, je n'étais pas comme les autres enfants elfes, je suis née différentes. J'avais du sang de fée qui se manifesta au travers de mon physique. Cheveux bleus, yeux roses. Les elfes sont de nos jours assez similaires aux humains, leurs pupilles adoptent certes des couleurs plus diversifiées mais ils n'ont pas besoin de se cacher. Ma mère, qui était parfaitement normale en apparence, était la descendante d'un hybride de plusieurs générations. Ils pensaient avoir épuré son sang, malheureusement ma naissance leur prouva le contraire. Et pourtant mon grand-frère lui n'avait aucun problème, un elfe ce qu'il y avait de plus pur.
Je fus rejetée par certains membres du clan, et tout particulièrement par mon grand-frère de dix ans plus vieux que moi. Ma mère me raconta plus tard comment il me repoussait et me jouait de sales tours de garnement. Vint le jour où elle décida de lui parler très sérieusement. J'avais cinq ans, et lui venait de célébrer le passage à l'âge de la raison quelques mois plus tôt au cours de la valintoja. Elle lui expliqua que l'on ne devait pas se contenter des apparences pour juger quelqu'un. Elle l'invitait à me laisser une chance car nous avions beau être uni par le sang, notre lien mourrait car être frère et sœur cela venait du cœur.
Mon frère Alv, qui aspirait à devenir chef, et dont la formation avait commencé, ne pouvait pas entacher sa réputation avec une sœur aux origines hybrides, toutefois les paroles de notre mère l'avaient interpellées. Que serait un chef sans la tolérance et l'amour ? Pourrait-il subvenir aux besoins de son peuple et prétendre le comprendre ? Notre relation changea radicalement après cela, mon frère devint mon meilleur ami, mon guide, mon modèle. Je suivais ses traces comme son ombre.
Il m'enseigna la survie dans les bois, la chasse à l'arc qui était l'une des compétences primordiales de la tribu. Ce fut d'ailleurs lui qui eut l'honneur de m'offrir mon tout premier arc pour la lipinæ, un moment primordial de notre intégration au clan. Nos arcs sont comme nos âmes, une part de nous, ce qui nous définit au plus profond de notre être. Chaque elfe a un arc, et il évolue avec lui au cours de sa vie. L'arc est le symbole de la vie, il nous permet de survivre dans cet univers hostile grâce aux dieux généreux qui nous offrent du gibier.
J'aimais mon frère malgré nos disputes récurrentes, et la jalousie que je portais à sa petite amie qui volait le maigre temps que je pouvais passer avec Alv, qui était rare depuis la confirmation de sa succession comme chef du clan. Malheureusement comme tu le sais, les belles choses ne peuvent durer, et ce jour arriva ... le jour où mon peuple rencontra sa peste.
Alv et moi étions dans la forêt pour chasser. Après une longue semaine sans le voir, mon frère m'avait promis de m'emmener à la chasse au gros gibier pour fêter l'anniversaire de mes sept ans. J'étais fière d'avoir enfin atteint l'âge de lære, c'est une étape importante dans la vie des elfes ! On célèbre le début de l'apprentissage vers la sagesse. C'est à ce moment que nous sommes autorisés à prendre part aux rites et cérémonies de la tribu. Un honneur !
Je devais être l'adjutantti à la cérémonie célébrant l'équinoxe de printemps, cela consiste à assister la prêtresse durant les évènements. Je ne pouvais pas être plus contente car elle m'avait choisi moi. Moi ! La toute jeune elfe plutôt qu'un autre. Alors bien sûr mon frère avait eu envie de marquer le coup en me permettant de faire une belle prise à offrir à nos dieux en remerciements de cette opportunité.
Nous étions sur les traces d'un daim lorsque mon frère m'arrêta d'un mouvement de bras sec. Il était crispé. Je gardais le silence tandis qu'il tendait l'oreille. Son expression ne me plut guère. Alma, sa petite amie, accourut le visage paniqué, essoufflée par sa course folle. Elle tenait son arc en main ce qui était inhabituel lorsqu'on n'était pas en chasse.
-Alv ! Alv ! Le campement est attaqué ! Le chef Torok te réclame de toute urgence ! Nous avons déjà perdu des guerriers.
Je fixai la jeune femme médusée par la nouvelle. Comment ? Nous n'avions pourtant pas d'ennemis au sein des peuples voisins. Les temps étaient calmes depuis la trêve pacifique. Qui s'en prendrait-il donc à notre peuple de la sorte ?
Alv attrapa ma main et me souleva sur son dos avant de se mettre à courir en direction du village. Alma suivait derrière nous. Elle ralentit en voyant la fumée qui se dégageait de l'emplacement de nos huttes temporaires.
-Pose ta sœur Alv ! Ne la laisse pas voir ce qui se passe là-bas ... , murmura Alma qui resserra son arc contre elle d'une main tremblante.
Alv était récalcitrant à m'abandonner mais il ne pouvait pas m'entrainer avec lui dans ce combat. Même si je savais me battre, je ne tiendrais pas une minute face à de véritables adversaires. Il m'enlaça très fort, comme si nous nous quittions à nouveau pour longtemps. Je voyais dans ses grands yeux mauves la peine qu'il éprouvait à me laisser seule. Il passa une de mes mèches azures derrière l'oreille et déposa un baiser sur mon front.
-Tu vas te cacher, je viendrais te chercher quand tout sera fini. Je te promets que je ne t'abandonnerai pas ! Je t'aime ne l'oublie pas.
-Moi aussi je t'aime grand-frère, murmurai-je toujours aussi perdue.
Il ne me restait plus qu'à disparaître le temps que mon frère règle les problèmes de la tribu. Alv saisit alors la main d'Alma et l'encercla de son bras, pressant son front contre le sien. Je n'entendais pas ce qu'ils se disaient mais je lu sur ses lèvres : « Que le ciel te protège ! » et ils disparurent derrière les arbres main dans la main. Je les voyais pour la dernière fois ainsi forts et puissants.
Je m'étais cachée dans un arbre creux, la cachette parfaite lorsque j'avais fait une bêtise et que je ne voulais que personne ne me trouve. J'attendis. Longtemps. Des heures et des heures. Jusqu'à ce que j'entende du bruit, des pas. Et une voix non familière grommeler : « Et avec ça je pense qu'on aura plus de problèmes, ce ne sont pas ces vermines qui se remettront. Pff non mais, faut pas déconner, la forêt n'appartient pas à un peuple indigène, et bientôt elle ne sera même plus là. » Je n'arrivais pas à le voir mais j'imaginais un gorille aux allures vulgaires. Comme Alv me l'avait dit, je ne bougeais pas, pas jusqu'à ce qu'il revienne me chercher. Il avait promis !
Je dû passer au moins deux jours et demi coincée dans ma planque, sortant seulement le soir pour assouvir mes besoins les plus pressants. Je me résolu à m'aventurer plus loin de l'arbre le troisième jour, quand la solitude et la faim me poussèrent à retourner en direction du campement. Et je découvris un paysage dévasté. Mon peuple qui ne se battait pas n'aurait jamais pu survivre à ce qu'on lui avait lancé à la figure. Des mitraillettes, des fusils à pompe, des grenades ... , comment de vulgaires petites flèches pouvaient y faire face ?!
Le sang ruisselait en direction du cercle central autour duquel nous avions bâti les huttes. Une marre de sang séchait tranquillement : le sang de mes proches, mes amis, mon peuple ornait le par terre cérémonial. Le sol était jonché de cadavres aux expressions accablés, et je vomis plus d'une fois avant de découvrir Alma les entrailles à l'air, dévorée lentement par les insectes qui grouillaient dans son ventre.
Je tombais à genoux, mes doigts cherchant le contact de sa chevelure de feu, de sa peau douce. Je ne trouvais que la sensation froide de la mort. Où était ma mère, mon père, Alv ?! Avaient-ils donc tous subis le même sort ? Je me relevais d'un bond, reculant à grandes enjambées incertaines, mes pieds rencontrant un obstacle qui me fit trébucher et tomber droit sur lui. Alv.
Il n'était plus que l'ombre de lui même. Un cadavre froid et dur. Un garçon, pas encore un adulte dont la moitié du thorax avait été arraché par un projectile, lui découpant un bras au passage. Non ! C'était un cauchemar ! Un véritable cauchemar ! Je ne pouvais pas être en train de vivre la mort de ma tribu !
-Alv ! Alv ! Répond moi je t'en supplie ! hurlai-je en cognant mes petits poings contre son épaule encore intacte.
Bien sûr, mon entreprise était veine et je dû me résoudre à m'écarter de lui pour laisser la Mort l'envelopper de son linceul et l'emporter dans l'au-delà.
Je déambulais dans le village sans savoir où aller ni quoi faire lorsqu'un faible soupir m'interpella. Une elfe gisait sur le dos, les yeux mi-clos, elle luttait pour attirer mon attention.
-Ai...aide moi s'il te plait ! murmura-t-elle d'une voix faible.
Je m'agenouillai aussitôt à ses côtés, lui proposant l'eau de la gourde que j'avais récupérée pendant mon inspection du camp. Elle but une toute petite gorgée avant de reposer de nouveau la tête sur l'herbe verte.
-Que ... que s'est-il passé ici ? demandai-je finalement à la femme.
Elle ferma les yeux, laissant une larme couler le long de sa tempe.
-On nous a trahi. Le chef de la tribu Siluya a vendu les nôtres pour récupérer une partie du territoire. Les maalsilga, ils voulaient prendre la forêt pour l'exploiter. Notre peuple se défendait plutôt bien contre eux, le chef était en négociation pacifique mais ce traître de Froerï a révélé l'emplacement du camp à nos ennemis et ils n'ont pas attendu pour nous décimer ... , elle dut marquer un arrêt dans son récit pour reprendre son souffle. Je n'en reviens pas. Cet odieux personnage a vendu des elfes pour obtenir plus de terres pour son propre clan, ne réalise-t-il pas que les humains ne s'arrêterons pas bien gentiment à leurs frontières ? Pour ce qui est de nous...on ne leur causera plus d'embêtements ainsi, pleura-t-elle tandis que ses épaules s'agitaient nerveusement. Achève moi s'il te plait, mon agonie est lente, trop lente à mon goût. Et maintenant que je n'ai plus rien, je refuse de rester ici.
L'elfe souffrait et je le voyais, ses yeux m'imploraient la fin. Et pourtant j'avais envie de lui crier que j'étais là moi, que j'avais aussi tout perdu, que nous étions deux à présent.
Je portai les doigts sur la lame accrochée à ma cheville et fermai les yeux.
-Est-ce vraiment ce que tu veux ?
-Oui, oui s'il te plait je veux rejoindre la grande Mara ! Je l'entends qui m'appelle.
La petite fille de sept que j'étais allait changer dès le moment que la lame atteignit le cœur battant de la blessée. Et c'est avec son dernier battement que je devins une créature de haine.
Je passais le reste de ma journée à ériger des stèles en la mémoire de mon peuple défunt afin que Mara apaise le tourment de leurs âmes. Je survivais ainsi quelques jours jusqu'à ce qu'ils arrivent. Il était temps que je fasse la connaissance de l'Organisation ! »
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Coucou à vous !
Cela fait un petit bout de temps que je n'ai pas posté ... J'espère pouvoir reprendre à un rythme régulier mais rien n'est trop sûr :/
Je ne suis pas encore franchement satisfaite de ce chapitre, mais je vous fais quand même patienter depuis un petit bout de temps depuis le dernier chapitre donc voilà, c'est posté x)
Vous en savez plus à propos des origines de Sonya même si tout n'a pas encore été dit.
J'espère que vous n'êtes pas trop perdu avec les informations en quantité de ce chapitre. Un dictionnaire elfique serait peut-être utile à ce stade ? x) Dite moi si j'utilise trop de mots que vous ne comprenez pas, ou si vous arrivez encore à suivre :)
Vous comprenez un peu mieux sa psychologie à présent ?
Et que pourrait bien être l'Organisation ?
Vous êtes comme Sam, pendu aux lèvres de notre petite elfe ? x)
Bonne lecture ! :D
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