Chapitre 25

— Tenez, Miss Granger...

Hermione leva les yeux vers Narcissa et esquissa un sourire en prenant le verre d'alcool qu'elle lui tendait.

— Merci, Madame Malefoy...
— Black, répondit la sorcière en s'asseyant dans un fauteuil en face de la jeune femme. Je suis divorcée, à présent, alors j'ai repris mon nom de jeune fille.

Hermione sourit, mais le cœur n'y était pas. Elle serra un peu ses jambes sous elle en tirant la couverture qui les recouvraient et soupira profondément. Elle regarda le fond d'alcool dans son verre puis le déposa sur la table.

— Où est Drago ? demanda alors la femme blonde.
— Je ne sais pas... Il est parti peu après l'enlèvement, je ne sais pas où il est allé... répondit Hermione en haussant les épaules. Vous pensez qu'il a pu garder des contacts chez les Mangemorts ?

Narcissa serra les lèvres.

— Possible, dit-elle. Mon fils a fait de la prison, il a très bien pu se faire quelques « amis » dans la foulée...
— Et cela ne vous inquiète pas ?
— Non. Son père a été enlevé, il fera tout pour savoir qui a fait ça, Miss Granger, ne vous en faites pas.

Un silence s'installa alors et Narcissa baissa le nez.

— Miss Granger, puis-je vous poser une question ? demanda-t-elle alors.

Hermione plissa le nez en opinant lentement.

— Quelle est la nature de votre relation avec mon... avec Lucius ? demanda alors Narcissa, comme si elle était un peu gênée de poser la question.
— Ma relation ? Eh bien... Nous ne sommes pas amants, si c'est ce que vous craignez, répondit Hermione. Nous... Madame Malefoy, connaissez-vous mon histoire ?
— Appelez-moi Narcissa, dit la sorcière en fronçant les sourcils. Et non, je ne connais pas votre histoire... pour peu qu'elle ait quelque chose de particulier qui ait pu pousser mon mari à vous prendre en pitié.

Hermione serra les lèvres. Elle détourna la tête et Narcissa releva le menton avant de se détourner. Hermione soupira alors et prit le fond d'alcool qu'elle observa un moment avant de l'avaler. Le liquide lui brula la gorge, mais elle grimaça à peine. Elle regarda alors Narcissa qui semblait fouiner sur le bureau de Lucius, regardant des papiers et ouvrant des dossiers.

— Je ne pense pas que vous trouviez quelque chose qui ait un rapport avec cet enlèvement, dit la Gryffondor en se levant.
— On ne sait jamais, je connais Lucius, il a le don de se fourrer dans...
— Vous connaissiez Lucius, rectifia Hermione en se levant.

Elle s'approcha du bureau et Narcissa la regarda.

— Parce que vous connaissez mieux que moi, l'homme avec qui j'ai vécu pendant plus de vingt ans ? demanda celle-ci.
— Il est fort possible que oui, répondit la Gryffondor. Je ne remets pas en question les années que vous avez passées avec lui, mais votre mariage était arrangé, vous ne l'aimiez pas...
— Miss Granger, j'aimais mon mari de tout mon cœur, coupa Narcissa, les sourcils froncés.
— Oui... Je veux dire, vous n'étiez pas amoureuse de lui...

Narcissa serra les lèvres puis détourna la tête. Elle passa sa langue contre ses dents et inspira avant de se détourner.

— Allons attendre le retour de Drago, dit-elle en se dirigeant vers la porte du bureau. Nous reparlerons de tout cela quand mon... quand Lucius sera de retour, sain et sauf, si vous le voulez bien, Miss Granger.

Hermione se contenta de hocher la tête et Narcissa la laissa alors, quittant le bureau d'une démarche raide. La Gryffondor serra son châle autour d'elle en grimaçant puis elle quitta à son tour la pièce et se rendit dans la cuisine pour discuter avec Sedia, et s'isoler un moment.

.

— Comment ça tu n'as aucune info ? C'est mon père !
— Je sais Malefoy, mais je ne sais absolument pas de quoi tu parles !

L'Allée des Embrumes était encore sombre à cette heure de la matinée, elle était d'ailleurs sombre toute la journée, mais passons. Drago Malefoy, en ancien Mangemort, même non-actif, lorsqu'il avait été pris par les Aurors, un peu plus d'un an en arrière, après avoir fui Poudlard avec ses parents, avait séjourné trois longs mois à Azkaban, histoire de bien comprendre que ce qu'il avait fait, c'était mal. N'ayant aucun fait à lui reprocher, meurtre ou complot, il avait été relâché, mais pendant ce séjour, il en avait profité pour se faire quelques « amis », pas forcément de la bonne graine, mais le genre d'ami qui peut te sortir de la merde en quelques chuchotements ici et là.

— Donc, mon père a été enlevé chez nous, dans son bureau, par deux Mangemorts, et tu n'as rien du tout ?

Drago croisa les bras. Il soupira puis se détourna.

— Ne t'en va pas comme ça, Malefoy, je connais peut-être quelqu'un qui peut t'aider.

Malefoy soupira.

— Combien ? demanda-t-il alors.
— Cher, mais il sait certainement quelque chose.
— Je le connais ?
— Non. Enfin je ne crois pas, il est arrivé à Azkaban quand tu es parti...

Le Serpentard grimaça puis hocha la tête. Son ancien compagnon de cellule sourit puis lui fit signe de le suivre...

.

Au Manoir, pendant ce temps, Hermione était terrée dans la cuisine, n'ayant aucune envie de se confronter à Narcissa plus longtemps. D'ailleurs, elle se demandait bien pourquoi Drago avait fait venir sa mère. Après tout, elle et Lucius avaient divorcé depuis trois mois maintenant, elle avait repris son nom de jeune fille et n'avait pas donné de signe de vie depuis son départ du Manoir...

— Bon, j'admets, ils ont été mariés pendant vingt ans, mais quand même.
— Allons, Miss Granger, ne vous mettez pas la rate au court bouillon pour cette femme, répondit Sedia, occupée à peler des légumes. Elle n'en vaut pas la peine.
— Amène, dit alors Hermione. Laisse-moi t'aider, il faut que je m'occupe l'esprit.

L'Elfe de Maison ne se fit pas prier et poussa le grand journal sur lequel elle entassait les épluchures depuis une heure.

— Maître Drago va faire ce qu'il faut pour retrouver Maître Lucius et il sera de retour avant que vous ayez pu vous inquiéter.

Hermione plissa le nez puis soupira.

— Ça fait un mois, Sedia, dit-elle alors.
— De quoi donc ?
— Qu'il m'a demandé de l'épouser...

Sedia remua ses longues oreilles.

— Loin de moi l'idée de vous manquer de respect, mais... Vous attendez quoi, au juste ? demanda-t-elle alors.

La Gryffondor regarda l'Elfe avec étonnement.

— Je...

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que la porte de la cuisine s'ouvrit à la volée.

— Sedia ! s'exclama la voix Narcissa. Le déjeuner sera prêt bientôt ou non ?

Sedia manqua dégringoler de son tabouret et Hermione se tourna lentement vers la sorcière.

— Je ne crois pas que vous ayez le droit de lui donner des ordres, dit-elle. Vous n'êtes plus chez vous.
— Et vous n'y êtes pas non plus.

Hermione eut un sourire forcé et passa sa langue sur ses lèvres.

— À vrai dire, si, répondit-elle. Lucius m'a demandée en mariage, il y a quelques semaines.

Les yeux de Narcissa s'agrandirent de stupeur et Hermione cru qu'elle allait faire une syncope.

— C'est impossible ! glapit-elle, une main sur le cœur. Lucius n'est pas désespéré à ce point, enfin !

Hermione sentit son visage blêmir.

— Je vous demande pardon ? demanda-t-elle en se levant de son tabouret. Je suis une sorcière, tout comme vous ! Vous n'avez aucun droit de m'insulter de la sorte !
— Vous êtes... une Née-Moldue !
— Je suis une sorcière !

Hermione fit un arc de cercle avec son bras et Narcissa recula d'un pas quand des étincelles jaillirent de ses doigts.

— Je suis une sorcière, Narcissa, et je suis bien plus puissante que vous ! reprit Hermione. Je n'ai plus besoin de ma baguette magique pour la pratiquer, alors je vous conseille de quitter immédiatement cette cuisine, non mieux, de quitter ma maison, et de ne plus y revenir ! Partez !

Narcissa recula alors, jeta un regard à Sedia, puis fit volte-face et transplana. Hermione sentit alors tout son énergie s'envoler d'elle et elle s'appuya contre la table. Un tabouret glissa vers elle et elle grimpa dessus en haletant.

— Merlin... souffla-t-elle.
— Mangez un peu de chocolat, conseilla alors Sedia. Une année sans faire de magie, ce n'est pas idéal... Vous n'auriez pas dû vous énerver.
— Elle n'aurait surtout pas dû m'insulter, grogna Hermione.
— Ah ça... C'est Madame, répondit Sedia avec un haussement d'épaules. Hm, Narcissa... corrigea-t-elle ensuite.

Hermione esquissa un sourire puis annonça qu'elle montait se reposer. L'Elfe assura la prévenir quand le déjeuner serait prêt et la laissa partir.

.

— On y est ?
— Oui... Viens, entre.
— Tu sais que si c'est un piège...
— Oui, oui, ça va, j'ai saisi... grogna Gun, le Mangemort repenti que Drago avait contacté.

Malefoy hocha la tête. Il n'hésiterait pas à tuer si jamais il tombait dans un piège, et Gun le savait, même si, officiellement, Drago Malefoy n'avait jamais tué qui que ce soit...

Le Serpentard suivit alors son ancien codétenu et ils entrèrent dans une vieille bâtisse branlante. Ils étaient toujours sur le Chemin de Traverse, toujours dans l'allée des Embrumes, mais on aurait dit que ce quartier avait trois cents ans...

— Quelle odeur... grogna Drago en plissant le nez.

Gun ne répondit rien et ils suivirent un couloir éclairé par des lampes à pétrole qui auraient grand besoin d'être nettoyées. Le Mangemort s'arrêta au bout du couloir, juste avant un escalier, et toqua deux fois contre une porte avant d'entrer. En voyant un numéro sur la porte, Malefoy comprit que c'était un bloc d'appartements et il se demanda brièvement comment des gens normaux pouvaient accepter de vivre dans un tel endroit.

— Jeff, t'as de la visite, vieux.

Malefoy reporta son attention sur Gun et fronça les sourcils. L'appartement où ils venaient d'entrer était minuscule. Il y avait pourtant deux, peut-être trois pièces, mais tout était recouvert d'un tel amas de détritus en tous genres que l'endroit était rendu exigu.

— Jeff ! Réveille-toi, gros tas de graisse !

Un tas de couverture sursauta sous le coup de pied de Gun et un homme s'en dépêtra alors en grommelant.

— Qu'es'tu veut, Gun ! grogna-t-il. Bordel, je dormais !
— Ouais, je sais, comme vingt-trois heures sur vingt-quatre, répondit Gun. Je t'amène du boulot.

Le vieil homme blanchissant qui était vautré dans le fauteuil, remarqua alors Drago qui releva le nez.

— Oh... Eh, je te connais, toi, dit alors Jeff.
— Je n'ai pas ce plaisir, répondit Malefoy en grimaçant.
— Nan, ouais, je sais, mais moi je te connais, je t'ai déjà vu...

Il montra sa tempe et Malefoy comprit.

— Vous êtes un Présage ? demanda-t-il.
— Ouaip, M'sieur ! Un vrai de vrai, pas un de ces charlatans qui vous font croire quelque chose en vous vidant votre bourse !

Malefoy repensa alors brièvement au professeur Trelawney, à Poudlard; il regarda ensuite Jeff, et se demanda si tous les sorciers dotés du don de prescience finissaient comme lui...

— T'es Drago Malefoy, dit alors Jeff en repoussant ses couvertures. T'es le fils de Lucius Malefoy, mais ça, j'ai pas besoin d'l'avoir vu pour l'savoir.

Malefoy grimaça. Le vieil homme dégagea des jambes squelettiques et se leva. Il tituba jusqu'à une table, prit quelque chose dans un bol et se l'envoya dans le gosier. Il attrapa ensuite une robe de chambre et la passa. Malefoy ferma les yeux en réalisant que le sorcier était entièrement nu...

— Mon père a été enlevé par deux Mangemorts, sous les yeux de sa compagne, ce matin, dit alors Malefoy. Vous savez quelque chose ?
— Sa compagne ? Oh, la belle Narcissa l'a enfin viré ? grinça Jeff.

Il sourit en montrant une dentition un peu éparse, et Malefoy grimaça de nouveau.

— Ouais, dit alors le sorcier. J'ai vu ça... La compagne, et l'enlèvement, et autre chose aussi, dans le futur...

Drago haussa un sourcil.

— Du genre ?
— Oh, je révèle pas le futur ! C'est trop dangereux, gamin ! Même si tu me donnais les clefs de Gringotts, je te dirais rien !
— Bon, passons, répondit Malefoy. Vous savez quelque chose sur ces deux Mangemorts ? Gun m'a dit qu'il aurait été au courant s'il y avait encore des Mangemorts actifs dans la région.
— Ouais, répondit Jeff. Les Mangemorts se cachent, ils prendraient pas le risque d'agir à découvert comme ça, surtout pas sous le nez de Hermione Granger...

Le Serpentard serra les lèvres. Jeff agita alors l'index dans sa direction.

— Tu sais gamin, elle a souffert, la petite, elle est pas mal abimée un peu partout, dit-il. T'aurais dû l'épouser quand tu le pouvais...
— Moi ? Épouser Granger ?
— Ouais, je l'ai vu, ça aurait fonctionné entre vous...
— J'y ai pensé, dit alors Drago. Mais j'ai retourné ma veste depuis...
— Ouais, ça aussi je sais, et c'est pas plus mal, répondit le sorcier. Potter est un bon parti aussi... Ton père sera bien avec cette fille, ajouta-t-il alors. Leur union ira loin, bien plus loin que celle avec ta mère et...
— Jeff ! siffla Gun. Pas de futur !
— Ah ouais, pardon... Euh, j'disais quoi, moi ? Ah ouais ! Ton père... Alors non, pas des Mangemorts. Je sais pas qui c'est, mais ce sont pas des vrais Mangemorts, et j'ai pas encore découvert ce qu'ils voulaient.
— Ils n'auront pas le temps de demander, ils vont crever, répondit Malefoy. Où je peux les trouver ?
— T'es un Mangemort, tu dois le savoir, tu as un accès direct à cette baraque maudite.

Malefoy fronça les sourcils.

— Le Manoir Jedusor ? demanda-t-il alors.
— Ouaip !

Le blond serra les mâchoires. Il tendit alors la main et une bourse de Galions apparut. Il la lança à Jeff qui eut un peu de peine à la rattraper, puis le Serpentard transplana sans un mot de plus.

— Ok... dit alors Jeff. Il est remonté le garçon...
— C'est son père, dit Gun. Montre un peu combien il a donné ?
— Nan ! C'est à moi, c'est...

Jeff se figea soudain et ses yeux devinrent blancs. Gun le regarda avec étonnement, passa sa main devant son visage puis recula d'un pas. Jeff le regarda alors et ses yeux reprirent leur aspect habituel.

— Il va mourir, dit-il, soudain blême.
— Qui ?
— Le garçon...

Gun se redressa et soudain, transplana. Jeff poussa un cri quand une partie de son bordel vola en morceaux, puis il s'effondra dans son canapé en serrant la bourse de pièces contre lui, un peu choqué.

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