Chapitre 24

— Hermione ?
— Dans la chambre !

Drago s'approcha prudemment d'une porte ouverte au second étage du manoir et évita de justesse un gros nuage de poussière qui jaillit dans le couloir.

— Oh ! s'exclama-t-il en faisant un pas chassé.
— Oh, pardon... ! s'exclama la Gryffondor en rigolant. Désolée !
— Ce n'est pas grave...
— Qu'est-ce qui t'amènes ? Tu te lasses déjà de Harry ?
— Non, il m'a mis dehors.

Hermione rigola. Appuyée sur un balai en paille, affublée d'un grand tablier et d'un fichu autour de ses cheveux, elle avait tout l'air de la femme de ménage zélée.

— Tu as décidé de tout nettoyer toute seule ? demanda alors Drago.
— Rien ne t'empêche de prendre un balai et de m'aider, rétorqua la brunette.
— Euh, j'ai déjà donné chez Potter, merci...

Hermione sourit.

— Comment elle avance, cette maison ? demanda-t-elle alors en allant ouvrir la fenêtre. Hm, il va falloir changer ça... dit-elle en regardant la poignée restée dans sa main.

Malefoy avisa alors un parchemin qui flottait non loin de lui, et une plume. Il la regarda noter rapidement de remplacer les fenêtres, puis il reporta son attention sur son amie.

— Où est mon père, sinon ? demanda-t-il. Je le cherche...
— En ville, répondit la jeune femme. Je l'ai envoyé passer quelques commandes pour les futurs clients.

Malefoy haussa un sourcil.

— Du genre ? demanda-t-il.
— Eh bien, une douzaine de nouveaux matelas, avec la literie qui va avec, quatre sommiers, trois baldaquins...
— Ça va, j'ai saisi, répondit le blond en levant la main.

Il grimaça quand un balai apparut dans sa paume.

— La chambre d'en face, répondit simplement Hermione.

Malefoy opina. Tant qu'à s'ennuyer, autant le faire de façon intelligente...

.

— Nous disons donc, douze matelas Queen Size et leurs oreillers, trois baldaquins et leurs tentures, et quatre sommiers Queen Size également. Il vous faudra autre chose ?
— Ce sera à ma compagne de vous le dire, répondit Lucius.
— Votre compagne ? Je vous croyais divorcé...
— Ma vie privée ne vous regarde pas, monsieur.
— Oui, bien sûr, veuillez me pardonner, Monsieur Malefoy. Donc, ce sera tout... J'envoie le devis au Manoir ?

Lucius hocha la tête puis quitta la boutique et inspira profondément quand il fut sur le Chemin de Traverse. Un mois s'était écoulé depuis qu'il avait proposé à Hermione de l'épouser et leur relation avait fait un bond en avant prodigieux, à tel point qu'il s'autorisait à la considérer comme sa femme et que cela ne semblait pas la déranger...
Néanmoins, il avait fait du faire des concessions ces dernières semaines, bien plus qu'avec Narcissa en vingt ans de mariage, et la jeune femme ne consentirait à l'épouser qu'une fois le Manoir refait de fond en combles... Bien sûr pour cela, il allait falloir dépenser de l'argent, beaucoup d'argent, ne serait-ce que pour refaire trois ou quatre chambres du premier étage, pour commencer. Ensuite, au fur et à mesure, les autres chambres seraient refaites puis ouvertes au public... Sur les recettes de cette nouvelle façon de vivre, une partie reviendrait à Hermione, l'autre à Lucius, bien évidemment.

Le plan de la jeune femme semblait complexe, mais en fait, il était d'une simplicité terrifiante et Lucius n'avait visiblement pas son mot à dire. De toute façon, il était gagnant dans l'histoire, car même si des étrangers allaient venir habiter quelques jours dans sa demeure familiale, elle allait être refaite de haut en bas et purgée de toute la magie noire qui y avait élu domicile depuis vingt ans... Et ce, sans qu'il ne débourse un seul Gallion ou presque.
Avec un grognement, il Transplana en prenant garde de ne rien accrocher au passage et reparut dans le manoir.

— Je suis rentré !
— Ah, père !
— Oh, Drago... Tu te souviens que tu as une maison ?
— Hin, hin, siffla le Serpentard. Alors comme ça, vous faites les courses, maintenant ?

Lucius déposa son manteau sur une patère.

— Ce ne sont pas des courses, allons, dit-il. J'avais à faire en ville et Miss Granger en a profité pour me demander de passer dans quelques boutiques... Où est-elle ?
— Dans sa poussière, là-haut... répondit le blond. Je lui ai donné un coup de main, mais à ce rythme, elle aura fini à la fin de la semaine...
— Elle ne fait que le plus gros, on va dire, répondit l'homme blond. En fait, elle veut se rendre compte de la quantité de travail qu'il y a à faire dans cette vieille bicoque, et plus elle en découvre, plus je grince des dents, crois moi...
— Combien tout cela va-t-il nous coûter ? demanda alors Malefoy en suivant son père dans le salon.
— Cher, répondit ce dernier. Mais j'ai bon espoir que les gens viendront chez nous pour admirer la vue et profiter de la campagne et non pas pour voir ce que devient la plus puissante famille de sorciers au monde...

Le ton était amer et Drago baissa le nez.

— Laissez la gérance de tout cela à Hermione, dit-il alors. Je suis certain que d'ici peu, les gens ne sauront même plus qu'ils viennent passer leurs vacances au manoir Malefoy...
— Je ne suis pas aussi confiant que toi, mon fils, répondit Lucius en entrant dans son bureau. Mais advienne que pourra, ou qui vivra verra... Oh, je ne sais plus, ces Moldus et leurs proverbes aussi !

Malefoy junior rigola puis remonta dans sa chambre et s'installa à son bureau pour écrire à sa mère qu'il n'avait pas vue depuis bien des semaines.

.

— Hermione ?
— Entrez, mais faites attention au tas de poussière.

Lucius entra dans la chambre et regarda autour de lui. Il hocha la tête et se tourna ensuite vers la jeune sorcière, debout sur un escabeau, en train de dépoussiérer un pauvre tableau qui avait disparu sous le brouillard.

— Bien, vous semblez vous en sortir, et sans l'aide de Sedia, en plus, dit alors l'homme en passant sa main sur le poteau lustré du baldaquin.
— Hm, oui, ça va, vous avez passé la commande ? demanda alors la jeune femme.

Lucius hocha la tête en lui tendant la main pour qu'elle rejoigne le plancher des vaches sans encombre et elle lui décocha un sourire auquel il répondit par la même.

— Le boutiquier m'a demandé si c'était tout, mais j'ai répondu que vous seule serez à même de lui répondre, répondit-il alors. Il nous enverra le devis prochainement...

Hermione hocha la tête.

— J'ai remarqué qu'il y avait très peu de rangements dans les chambres, dit-elle alors.
— La plupart des meubles ont été vendus au fil des années, répondit Lucius. Mais il doit en rester dans les greniers, avec un peu de peinture, ils devraient être comme neufs.

La Gryffondor pinça la bouche.

— L'appât du gain... marmonna-t-elle.

L'homme blond préféra ne rien répondre. Cette maison était un gouffre financier. En hiver, il était impossible de chauffer la moitié des pièces et certaines chambres n'avaient même pas l'eau ou l'électricité.

— Vous y croyez vraiment, on dirait, non ? demanda alors Lucius.
— Oui, je suis convaincue que cela peut fonctionner, répondit Hermione. Et si cela ne fonctionne pas, vous pourrez revendre le Manoir le quadruple du prix qu'il vous aurait revenu aujourd'hui puisqu'il aura été refait à neuf.

Lucius grimaça. Hermione lui sourit alors doucement et soupira. Elle lui prit la main dans les siennes et hocha la tête.

— Oui, je sens que ça peut marcher, dit-elle. Si vous m'y aidez, on peut y arriver.

Lucius serra ses doigts sur sa main puis la prit dans ses bras et la jeune femme soupira contre son torse avant de se redresser.

— Et après, vous m'épouserez ? demanda-t-il doucement en repoussant une mèche échappée du fichu blanc qu'elle avait sur les cheveux.
— Je n'ai rien promis, rappela la jeune femme avec un mince sourire. Je dois encore peser le pour et le contre, même si le contre pèse entre très lourd dans la balance...
— Être un Malefoy est très difficile, moralement, répondit Lucius en allant s'asseoir au bout du lit sans matelas. Peut-être que Narcissa pourrait répondre à certaines de vos questions ? Elle ne veut plus me parler ou me voir, mais vous...

Hermione serra les lèvres puis haussa les épaules.

— Cela ne me coûterait rien, répondit-elle. Mais le fait que vous comptiez épouser une ancienne pute ne risque pas de la faire tiquer un peu ?
— Hermione, gronda alors l'homme, les sourcils froncés. Votre langage... !

Hermione baissa le nez puis soupira.

— Désolée, dit-elle. Mais je ne vois pas pourquoi je ne dirais pas les choses telles qu'elles sont.

Lucius se releva et s'éloigna alors vers la porte de la chambre. Il s'arrêta devant un tableau et l'observa un moment avant de se tourner vers la jeune sorcière.

— Tout simplement parce que vous n'êtes pas cela, dit-il. Plus maintenant, et que vous ne le serez plus jamais.

Il hocha la tête en guise de salut, puis quitta la chambre et Hermione inspira en serrant les mâchoires. Elle s'adossa contre le manteau de cheminée et croisa les bras en se mordant la joue. Soudain, elle arracha son fichu et se défit de son tablier poussiéreux, avant de quitter la chambre à son tour. Elle redescendit au premier étage, notant par-dessus la rambarde que son hôte se dirigeait vers son bureau.
Rapidement, elle alla se débarbouiller puis elle descendit au rez-de-chaussée et entra dans le bureau de Lucius sans frapper.

— Monsieur Malefoy, je...
— Non, Miss Granger... !

La jeune femme se figea en regardant les deux hommes en noir qui tenaient Lucius en joue de leurs baguettes.

— Des Mangemorts ?! s'exclama alors la Gryffondor en faisant apparaître sa baguette dans sa main.
— Ne bougez pas, dit alors l'un des deux Mangemorts, au visage caché par un masque en argent. Sinon, il meure.
— Quoi ? Mais pourquoi ?! s'exclama la jeune femme. Lucius, qu'est-ce que...
— « Lucius » va gentiment venir avec nous, et vous allez rester ici, sans bouger, c'est compris ? demanda alors l'autre Mangemort, au visage caché également.
— Mais non ! répliqua Hermione. Allez-vous-en ! Il a payé sa dette au monde sorcier ! Laissez-le tranquille !
— Hermione, je vous en prie, ne faites rien de malheureux... dit alors Lucius.

La jeune femme serra les mâchoires et sa baguette émit de petites étincelles. Les deux Mangemorts posèrent alors chacun une main sur l'épaule de Lucius avant de disparaître dans un nuage de fumée noire.
Dans un dernier élan, Hermione lança un Stupéfix sur le nuage, mais son sortilège passa au travers et brisa une horloge ancienne posée sur le manteau de la cheminée juste derrière.

— Lucius ! s'exclama alors la jeune femme.

Elle se jeta alors en avant, mais tout comme son sortilège, passa au travers du nuage et trébucha. Elle bouscula un guéridon et ne put alors que regarder les deux Mangemorts s'envoler par une fenêtre ouverte...

— Lucius...

La jeune femme, sous le choc, se redressa et regarda autour d'elle.

— Drago ! appela-t-elle alors. Drago !

Elle se rua dans l'entrée et le jeune homme apparut en haut de l'escalier, affolé.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il.
— Ton père... Ton père vient d'être enlevé !

Le Serpentard pâlit.

— Quoi ?

Le silence s'installa alors dans la demeure, pesant comme une chape de béton.

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