PARTIE 7 : SATURNE
« La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. » – Friedrich Nietzsche
Le chanteur inspire un grand coup, reprenant le souffle qu'il a perdu en chantant la fin de la chanson qui brûle dans son âme depuis des mois. Il ne l'a chantée qu'une seule fois en concert, et il ne compte pas retenter l'expérience. Mais ici, dans sa pièce remplie d'instruments, il peut s'exprimer à l'abri des regards de la presse qui attend le moindre signe de faiblesse de sa part, la moindre erreur, la moindre faille pour s'y glisser, loin de ses amis qui le connaissent trop bien et qui risquent de lire son âme.
Alors qu'il s'apprête à interpréter un autre morceau, quelqu'un toussote. Il sursaute, songeant avec effroi qu'il ne s'est même pas aperçu qu'il n'était plus seul. Il a trop baissé sa garde.
Émilie se tient à l'embrasure de la porte, ses cheveux fraîchement teintés en bleu jurant avec le blanc du chambranle. Elle se tord les mains d'un air gêné, et si la crainte d'avoir été entendu le submerge à nouveau, il n'en montre rien.
— Emmy, dit-il en guise de salutations. Que puis-je faire pour toi ?
L'a-t-elle remarqué ? La façon dont sa voix s'adoucit quand il prononce son nom. Il n'espère pas. Cela, il ne peut pas le contrôler.
— Je n'arrivais pas à dormir. Désolée de t'avoir interrompu.
Le jeune homme hausse les épaules, retournant au mur en face du piano avant qu'elle n'aperçoive l'éclat de tendresse au fond de ses prunelles.
— J'avais fini de toute façon.
— J'ai lu quelque chose d'affreux et le pire c'est que ça pourrait très bien être interprété comme ça, débite la chanteuse de Sad Joy, les larmes aux yeux. Je n'arrête pas d'y penser.
Il fait volte-face. Elle se tient à présent en face de lui en triturant nerveusement son téléphone. Ne lui a-t-il pas dit de ne pas regarder ce qui se disait sur elle ?
Il se retient de ne pas le lui répéter.
— Emmy, soupire-t-il. Pourquoi t'affliges-tu ça au milieu de la nuit ?
Elle hausse les épaules d'un air penaud.
— C'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher d'aller vérifier si c'est terminé.
Elle se mord la lèvre, comme si elle craignait d'en avoir trop dit. Le chanteur se lève sans un mot, gardant un visage neutre malgré l'urgence de la situation, et, après avoir étiré son dos, s'assoit sur le canapé de la pièce. Il tapote la place à côté de lui.
— Raconte-moi tout.
Le visage tiraillé par la tristesse et l'impuissance, il l'observe s'installer à côté de lui dans un nuage de parfum et de savon. Derrière eux, la nuit étoilée brille aussi fort qu'un tableau. Elle est claire, si claire qu'on n'imagine pas que la Voie Lactée puisse être invisible dès lors que l'on se rapproche du village avoisinant. En d'autres circonstances, le chanteur se serait réjoui de ce spectacle, les myriades de constellations et de galaxies ne manquaient jamais de lui rappeler que ses problèmes étaient dérisoires et qu'il lui fallait profiter du moment présent, car, comme ces étoiles, il ne brillerait qu'un bref instant à l'échelle de l'Univers.
— Cela faisait quelques jours que je n'étais pas allée voir, explique la jeune femme. Depuis...
Elle s'interrompt et le parolier lui jette un coup d'œil encourageant, espérant l'inciter à continuer.
— Tu sais depuis quand, finit-elle parle dire en évitant son regard. Bref, je voulais aller lire quelques chroniques pour choisir ma prochaine lecture et puis...
Elle pousse un soupir las, avant de déverrouiller son téléphone et de lui désigner l'écran. Le chanteur se pense au-dessus d'elle, et ses cheveux frôlent sa joue quand elle se tourne vers lui.
— Le plus simple, c'est que tu lises par toi-même.
@⬛️⬛️⬛️⬛️ : Si elle n'a pas eu de contrat, c'est simplement parce que tout le monde a vu qu'elle voulait profiter de la mort de Solange Griveaux pour avoir la compassion de tout le monde ! C'est une sal*pe. @ darkfate, vous devriez rompre son contrat... mais juste à elle, hein, pas touche à Lukey ❤️
Le cœur du chanteur se gonfle de colère : Emmy n'est absolument pas du genre à manipuler les autres à ses fins ! Si elle s'est effondrée sur scène, c'est simplement parce que c'était trop difficile pour elle d'avancer sans Solange, et clairement pas une technique pour obtenir la pitié du public.
Quant à la mention de Dark Fate, le jeune homme ne préfère pas y penser. Et le message suivant, tout aussi atroce, est comme un coup de poignard dans sa poitrine à lui.
@⬛️⬛️⬛️ : Cette fille de Sainte-Cécile, celle qui est morte. Bah elle aurait dû être à ta place.
Il retient ses larmes, son regard dissimulé par ses cheveux. Pas question qu'elle se rende compte du pouvoir qu'elle exerce sur lui sans même le savoir, pas question qu'elle mesure à quel point ces mots le blessent autant qu'elle. C'est peut-être pour ça qu'il peut écrire des chansons sur tous les sujets : il est empathique. Les émotions des autres sont aussi les siennes, si bien qu'il lui est parfois compliqué de démêler ses sentiments à lui parmi ceux des autres.
Elle s'apprête à lui en montrer un autre, mais le musicien lui prend son téléphone des mains, effleurant ses doigts au passage. Un frisson parcourt son ventre et il espère qu'elle ne s'en est pas aperçue.
— Ce n'est pas la peine de lire ces bêtises et d'y accorder de l'importance.
Il pose l'objet sur la table basse en face deux, retourné.
— Tu ne crois pas que si je reçois tout ça c'est parce que je l'ai mérité ?
C'est la seconde fois qu'elle fait la réflexion, et le chanteur ne préfère pas songer au nombre de fois que cette horrible pensée lui a traversé l'esprit. Il serre les poings. Elle ne devrait pas penser ça. Pas une seule seconde.
— Non, Émilie. Personne ne mérite ça, finit-il par répondre, d'un ton las.
— Désolée, s'excuse-t-elle.
— Pourquoi ?
— Je t'embête avec mes problèmes alors que tu as sûrement déjà dû gérer bien pire.
Un instant, il s'imagine lui dire la vérité, lui dire que le pire pour lui, c'était de la voir endurer ça sans pouvoir rien y faire, mais il s'abstient.
— Pas forcément, répond-il en haussant les épaules. Mais tu ne me déranges pas, en tout cas.
« N'en doute jamais. » ajoute-t-il, en pensée.
Elle hoche la tête, en se mordant la lèvre pour l'empêcher de trembler. Il s'aperçoit tout d'un coup qu'elle a les yeux humides, trop brillants.
Elle retient un sanglot. Il s'empêche de la prendre dans ses bras. Ce n'était pas ce dont elle avait besoin : elle ne le cherchait pas particulièrement parce qu'elle avait besoin lui, non, elle était simplement tombée sur lui, par hasard et avait choisi de lui en parler parce qu'il était là, ce qui était différent. Cela aurait pu être quelqu'un d'autre. Cela aurait dû être quelqu'un d'autre. Il ne se faisait pas d'illusions.
— Peut-être que tu devrais te déconnecter des réseaux pendant quelques temps, suggère-t-il. Beaucoup de gens le font et ils ne s'en sentent que mieux. Ça laissera les gens t'oublier.
— Mais qu'est-ce qu'ils ont, avec moi ?
Le chanteur se mord la lèvre. Il n'a pas de réponse à lui offrir.
— Je ne sais pas.
— Est-ce que j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas, en interview ?
— Je ne crois pas.
— Sur scène, alors ? insiste-t-elle, en essuyant ses yeux.
Il secoue la tête. Non, elle n'a rien fait de tout ça. L'hypothèse la plus probable à ses yeux était que quelqu'un lui en voulait et cherche à lui nuire en tentant de détruire sa carrière.
— Tu as des ennemis, mis à part les gens qui ont été évoqués récemment ?
Thomas et Clara, pour ne citer qu'eux.
La jeune femme ouvre les yeux ronds.
— Des ennemis ?
Même si le mot lui paraît fort, il est pour le chanteur ce qui s'apparente le plus à la vérité.
Il confirme en hochant la tête d'un air grave.
— Tu penses que quelqu'un m'en veut à ce point ?
Le chanteur hausse les épaules.
— C'est une hypothèse. Parfois, il suffit d'une étincelle.
Elle reste pensive un instant. Le cœur battant, le jeune homme se demande si elle va lui révéler quelque chose d'autre, une nouvelle bribe de son passé, une nouvelle facette d'elle-même.
— Je ne crois pas avoir froissé quelqu'un à ce point, finit-elle parle dire. On m'en aurait parlé sinon, non ?
— Pas forcément, objecte-t-il avec douceur.
— Ça me paraît bizarre, poursuit-elle. Mais ça serait plus simple si c'était effectivement ça...
— Les gens se sentent pousser des ailes. Sous couvert d'anonymat, ils se permettent des choses qu'ils n'oseraient même pas penser dans la vraie vie. Peut-être que les différentes rumeurs en interne ont allumé l'étincelle qui a mis le feu aux poudres. Tu t'es retrouvée au centre de l'attention alors qu'il y a encore quelques mois tu étais anonyme. Forcément, ça ne plaît pas à tout le monde. Mais ça n'excuse rien, conclut-il.
— Ça t'est déjà arrivé ?
Le jeune homme se fige. Évidemment, que c'était arrivé. Ça arrive toujours. Aujourd'hui, il n'y prête plus attention, car il y a toujours quelqu'un pour le détester sans raison, quelqu'un pour laisser un commentaire insultant sous chacune de ses publications, quelqu'un pour lui rappeler qu'il était une honte pour l'industrie musicale. Cependant, à force d'être employés, les mots perdent de leur pouvoir.
— Je ne connais personne à qui ce n'est pas arrivé, finit-il par dire. Alors, je ne fais pas exception.
— Oh...
— Et puis, tu es la chanteuse principale. Ça fait de toi une cible facile, poursuit-il, ne souhaitant pas s'attarder sur le sujet.
Mais la jeune femme paraît vouloir en savoir plus :
— Comment tu fais, toi, pour gérer ces vagues de haine ?
Le chanteur soupire. Il aimerait lui dire qu'il est comme un phare dans la tempête, dressé sur ses rochers rongés par le sel, majestueux sous les affres du vents et des vagues titanesques, qu'il brillerait même dans les ténèbres les plus épaisses, mais l'érosion a raison de tout, même des montagnes les plus tenaces.
— Quelqu'un modérait les commentaires sous mes publications, élude-t-il. Ça pourrait t'aider. Ou disparais pendant quelques jours, le temps que ça se calme.
— J'ai l'impression que si je fais ça, ils gagnent, répond-elle. Ne serait-ce pas baisser les bras ?
— Parfois il faut savoir se préserver, argue-t-il, sans ciller, le regard plongé dans le sien.
Elle se tortille avant de répondre :
— C'est déjà le cas.
Le jeune homme aimerait lui dire qu'il sait très bien que c'est faux, que c'est écrit sur son visage, au fond de ses prunelles, juste derrière les étincelles de mensonge qu'elle allume chaque matin, mais ce serait se trahir. Ce n'est pas son rôle. D'ailleurs, il ne devrait pas être capable de se mettre autant à sa place, ni de la comprendre. Il ne devrait pas être avec elle non plus. Mais il devait être son ami, et un ami resterait auprès d'elle et la soutiendrait.
— Tu peux aussi écrire une chanson à ce sujet, suggère-t-il, optant pour un autre conseil.
— Et dévoiler toutes mes faiblesses ?
— Je sais que s'ouvrir est terrifiant mais-...
— Leur donner plus d'emprise sur moi ? s'offusque-t-elle, sans le laisser terminer sa phrase, ce qui a le don de le hérisser encore plus.
— Tu n'es pas obligée de rendre publiques toutes les chansons que tu composes, rétorque sèchement le chanteur. Certaines sont faites pour s'épancher et prendre la poussière au fond d'un tiroir. Et puis, ce n'est pas de la faiblesse, c'est affronter ses peurs.
Elle soupire.
— Je n'arrive plus à m'imaginer composer quelque chose de nouveau sans le faire écouter à qui que ce soit.
— C'est pourtant la meilleure façon de créer quelque chose de différent.
Un silence répond à son affirmation. Et pour cause : la remarque du chanteur a fait mouche. Emmy est désormais plongée dans ses pensées, peut-être en train de méditer ses paroles. Il l'espère sincèrement, car être capable de se détacher de la pression des attentes est ce qui lui permet d'écrire autant, et surtout de se renouveler. Il ne cherche pas à se surpasser, à faire un album meilleur que le précédent, il cherche simplement à s'exprimer.
— Peut-être, finit-elle par opiner. Si je me sens inspirée, j'y penserai. (Elle marque une pause avant de reprendre :) En tout cas, je n'imaginais pas que ça faisait si mal.
Le jeune homme lui jette un regard interrogatif.
— D'habitude, quand je suis blessée comme ça, c'est par quelqu'un qui me connaît bien. Là, ce sont des inconnus et ils savent exactement comment s'y prendre. C'est... déroutant. Suis-je si prévisible que ça ?
— C'est parti de quelqu'un qui te connaissait, objecte le chanteur. Les autres ne font que répéter et étirer en tout sens.
— Si c'est bien Thomas, je regrette encore plus de lui avoir fait confiance. Et je ne te parle même pas de Clara, lance-t-elle d'un ton dur.
— Ne te torture pas l'esprit avec ça.
Elle essuie à nouveau ses yeux.
— Le problème, c'est que je ne suis pas sûre que ça s'arrête un jour.
Il aimerait lui dire que toutes les tempêtes ont une fin, mêmes les plus monstrueuses, mais les mots meurent sur ses lèvres lorsqu'une larme coule sur sa joue, puis une autre, puis encore une autre.
Le chanteur ne sait pas comment il est censé se comporter. Il n'a pas réfléchi avant de prendre cette décision, mais elle avait l'air d'aller si mal qu'il avait eu l'égoïste pensée de vouloir veiller sur elle. Et cela, il ne pouvait pas le faire en étant loin d'elle. Maintenant, elle était là, avec lui, effondrée, et il était incapable de la réconforter comme il le faudrait. Ce serait se trahir, et il ne pouvait pas, ne devait pas, se le permettre.
Alors, il fait la seule chose qu'il sait vraiment faire. Puisqu'il n'arrive pas à s'exprimer, qu'il en est incapable, alors la musique l'aidera. Leurs âmes sont reliées par des portées, et la sienne ressent la musique, donc ce qu'il va lui jouer ne fera sans doute pas exception. Il se lève en silence et s'installe face au piano. Ses doigts en tapotent doucement les touches, entonnant le début d'une autre chanson de Nathan Wagner.
[Il devrait y avoir un GIF/vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application pour le voir.]
— Sometimes hearts break
And all of our world fades down to
Lifeless grey, commence-t-il, avec douceur.
Son cœur bondit dans sa poitrine quand il s'aperçoit que la suite prend le tournant d'une confession inattendue. « Peu importe, songe-t-il, le cœur serré, si ça te permet de te sentir mieux, je suis prêt à m'ouvrir un peu. »
— I thought I'd never be okay
But eventually I'd wake
And the first thing on my mind
Was something else
Slowly fade back to myself ! poursuit-il, avec plus d'assurance.
C'était plus facile d'être dos à elle. S'il ne la voyait pas, elle et son beau visage ravagé par les larmes et la détresse, il n'était pas tenté d'être un peu trop honnête, de lui montrer à quel point il était affecté et à quel point ça ne devrait pas le toucher autant. Parfois, les gens qu'ils rencontrent le bouleversent, lui retournent le cœur et l'âme à la fois. Il en a l'habitude. Usuellement, il exclue aussitôt ces gens de sa vie, car le pouvoir qu'ils exercent sur lui est terrifiant. Et pire encore, ils terminent brisés, s'il les garde près de son cœur. Qu'il le veuille ou non, tout ce qu'il touche finit irrévocablement détruit. Et il ne peut pas laisser cela se produire, en être un témoin impuissant, même si ça signifie évincer le bonheur en personne. Cela fait bien longtemps qu'il a accepté sa condition. On ne choisit pas qui l'on est.
Il se reprend. C'est de l'espoir qu'il souhaite lui insuffler, et non pas le contraire. Pour elle, rien n'est figé. Pour lui, tout est déjà écrit.
— Sometimes sun set
And all of the darkness takes
All that I am !
Le chanteur se laisse aller contre l'instrument. Après tout, il est à son service, il ne fait que traduire ce qu'il lui murmure en silence.
— But the sun it rose again
And the dusk it met its end
And this moment all is well
I found my peace
Finally moving back to me !
C'était une promesse silencieuse, un pacte implicite qu'ils passaient. Elle lui avait montré l'étendue des dégâts sur son âme, et lui, il lui montrait ce qu'il avait construit sur ces mêmes dégâts, lorsqu'il était à sa place.
Sa voix s'adoucit pour lui répéter ce refrain qu'il aime tant seriner, quand seul dans le noir, il n'a que ses pensées comme compagnie.
— Hang on,
Stay strong,
Hold on,
Breath on,
Hang on,
Stay strong,
Hold on,
Breath on, murmure-t-il, osant enfin lui dire ce qu'elle a besoin d'entendre.
S'il avait pu, il lui aurait fait un beau discours, avec des métaphores et des phrases poétiques. Cependant, communiquer avec les autres n'a jamais été son fort, et plutôt que de la blesser comme tant d'autres fois, il choisit de lui décrire une palette de ses émotions, certaines plus intimes que d'autres. Mais son amour n'y est pas. Cela, il ne doit pas le lui montrer, même si son cœur cogne au rythme de la chanson qu'il interprète.
— Sometimes we fade
Push everybody so so
Far away
Take it all out on ourselves
Lock ourselves up in this cell
And won't let nobody in
No not an inch
Won't let them see our brokenness !
Un petit sourire éclaire le visage du chanteur : il n'a pas vraiment empêché le monde de voir ses fissures, le monde n'a simplement pas voulu les voir, parce que c'est plus facile de dire que ses textes sont beaux malgré leur noirceur, qu'il a du talent pour retranscrire les émotions des autres tout en peignant les nuances de leur âme. C'est plus facile de dire que quand on a tout, on ne peut pas être malheureux.
— But sometimes we heal
And all of the trauma kept us
Locked and sealed
Loses power loses grip
As the light it filters in
And the darkness fades away with
Every chain
Only innocence remains !
Il marque une légère pause, le temps de reprendre son souffle et de lui glisser encore ce refrain, ces mots entêtants qu'elle ne doit surtout pas oublier. Il espère que cette fois, elle comprendra.
— Hang on,
Stay strong,
Hold on,
Breath on,
Hang on,
Stay strong,
Hold on,
Breath on !
Ses yeux à lui aussi sont humides lorsqu'il enchaîne avec la suite. Every breath is hope. Mais pas pour lui. Pour lui, chaque respiration le rapproche dangereusement du précipice. Et personne ne pourra l'empêcher de tomber, pas même lui.
— Every breath is hope,
Every breath is hope !
Même si sa voix s'est un peu cassée sur le long « o » de hope, il ne s'en est pas si mal sorti. Après tout, elle est comme les autres, il ne lui a rien dit. Elle ne peut deviner ce qu'elle ignore, surtout en l'absence du moindre indice.
— Keep breathing !
Hope !
Keep breathing !
Hope ! répète-t-il encore.
Elle ne connaît que ce qu'il lui montre, seulement certaines de ses couleurs. Rassuré, il entonne une dernière fois les mots du refrain.
— Keep Breathing !
Ses doigts voltigent encore un sur le piano pour quelques notes. Il aura pu être honnête le temps d'une chanson.
La jeune femme applaudit et quand il se tourne vers elle, ses yeux étincèlent. Elle essuie ses dernières larmes, apaisée. Le chanteur lui sourit. Son idée a fonctionné. Elle ne mesure sans doute pas la vulnérabilité qu'il a glissée entre les notes, ou du moins, il tente de s'en convaincre. Elle a déjà lu en lui plusieurs fois.
— Merci, dit-elle à mi-voix. Je ne sais pas pourquoi, mais ta voix me détend beaucoup.
Les joues du jeune homme prennent une teinte cramoisie. Son cœur tombe à la renverse, comme s'il avait été percuté par une colombe en plein vol. Cette phrase, innocemment prononcée, porte tellement plus que ce qu'elle veut dire : il est devenu pour elle une constance, un roc sur lequel s'appuyer, et c'était exactement ce qu'il voulait éviter. Mais comment reculer, maintenant ? Il est si amoureux que c'en est douloureux.
🎶🎶🎶🎶🎤🎸🎤🎶🎶🎶🎶
Bonsoir ! Comment allez-vous ?
Merci d'avoir lu ce chapitre ! Alors qu'en pensez-vous ? Vous l'avez sans doute deviné, mais cette scène se déroule un peu plus tard dans le roman... Vous en saurez bientôt plus ! J'ai adoré écrire cette partie ! Je n'ai pas encore révélé le point de vue utilisé ici, mais je pense que ça transparaît un peu plus que les autres fois... 👀
N'hésitez pas à me donner votre avis ! Connaissiez-vous la chanson chantée par notre protagoniste ? Personnellement, je l'aime beaucoup et elle m'a beaucoup aidée récemment. ❤️
Prenez bien soin de vous ! A la semaine prochaine !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top