Chapitre 22


— Marraine ? chuchote Ewen.

— Oui, mon trésor ?

— Est-ce que c'est vrai que les poules elles n'ont pas de dent ?

— C'est vrai, affirmé-je en réfrénant un sourire. Elles ont un bec, c'est avec ça qu'elles mangent.

— Est-ce qu'elles sont obligées de se brosser le bec ? continue-t-il perplexe.

— Je ne pense pas.

— Alors... pourquoi je suis obligé de me brosser les dents, moi ?

Je ne parviens pas à contenir un éclat de rire. C'est certainement la fièvre qui lui fait dire des choses aussi adorables.

— Tu es obligé de te brosser les dents parce que si tu ne le fais pas, elles pourraient toutes se mettre à tomber, indiqué-je.

— Mais les poules, elles ne se brossent pas le bec et pourtant elles en ont toujours un ?

— C'est comme ça, affirmé-je pour clore le débat. Tu devrais dormir un peu, tu te sentiras mieux après.

— Je suis content que tu sois venue, Marraine.

— Moi aussi, je suis contente d'être avec toi.

— Je t'aime, marraine.

— Je t'aime aussi, mon poussin, dors maintenant.

Je lui donne un tout petit peu de mon énergie pour le pousser à s'endormir et il sombre rapidement. Dès que je suis certaine qu'il s'est assoupi, je descends doucement dans la cuisine pour me servir un verre d'eau. Ma petite randonnée nocturne m'a donné soif. J'ai dû réveiller Riley qui descend à son tour dans la cuisine.

— 'lut, grommèle-t-il pas très bien réveillé.

— Salut, rétorqué-je amusée.

J'attends une petite seconde que son cerveau endormi face la connexion et il s'arrête en me regardant avec étonnement.

— Mais qu'est-ce que tu fais là ?

— Je cambriole ta maison.

Il lève un sourcil et attend la véritable raison de ma venue.

— Ewen est malade, mais c'est bon je m'en suis occupée ! m'empressé-je de le rassurer. Il est en train de dormir.

C'est toujours moi qui m'occupe de lui quand il est malade. Je suis toujours la première à m'en rendre compte même avant qu'il ne ressente ses premiers symptômes et cela grâce à notre lien. J'ai toujours su comment prendre soin de lui.

— Tu l'as sentie alors que tu étais dans un autre territoire ? s'étonne Riley.

— J'étais en train de me promener dans la forêt et j'ai dû me rapprocher assez pour l'entendre.

— Tu es venue toute seule ? comprend-il stupéfait.

— Oui, à pied.

— Et Aiden ? Il n'aurait pas pu t'accompagner ? Il t'a laissé partir toute seule ?

Je prends le temps de choisir mes mots pour qu'il n'aille pas tuer Aiden après les avoir entendus.

— Il est possible qu'il se soit... absenté ?

Le regard perplexe et inquiet de Riley me pousse à m'expliquer.

— Il s'est rendu à Naya hier après-midi et d'après ce que m'a dit son bêta, il ne rentrera pas du week-end. Une urgence, ne me demande pas laquelle, on n'a pas voulu me le dire. Aiden a dit qu'il appellerait mais il ne l'a pas fait.

— Il t'a laissé toute seule ?

— Non, j'étais avec son bêta mais il a fini par s'endormir et comme je ne voulais pas me coucher pour attendre l'appel d'Aiden, je suis allée marcher dans la forêt et de fil en aiguille je me suis retrouvée ici.

— Personne ne t'a suivi ? Il n'a pas mis de garde autour de la maison ? Tu étais sans protection ?

— Je n'ai croisé personne, confirmé-je intriguée.

Justin avait bien dit que des loups patrouillaient dehors, du moins il l'avait laissé entendre. Mais même en arrivant sur le territoire de Riley, aucun loup n'est venu à ma rencontre. Je suis entrée sans aucune difficulté.

— Ton territoire n'est pas très bien protégé, lui fais-je remarquer.

— C'est la frontière avec des alliés, elle n'a pas besoin d'être protégé. Un loup fait une ronde de temps à autre mais il n'y a personne de permanent. Ce qui aurait dû être le cas chez Aiden, surtout si l'alpha n'est pas présent. Il va m'entendre et il a intérêt à avoir une bonne excuse.

— Bonne chance si tu arrives à l'avoir au téléphone, taquiné-je.

— Oh non, je ne vais pas l'appeler, contredit-il. Je vais attendre de voir combien de temps il va mettre pour se rendre compte de ta disparition et combien de temps il va mettre pour me l'avouer.

— C'est sadique, il va vraiment flipper.

— Tu as ton téléphone ?

Je le sors de ma poche et il s'en empare immédiatement, sans me laisser le temps de réagir.

— Interdiction de lui dire où tu es, explique-t-il en me le confisquant. Tu es partie depuis combien de temps ?

— Je ne sais pas, je suis sortie marcher peut-être pendant une heure ou deux et ensuite j'ai senti qu'Ewen n'allait pas bien, le temps d'arriver peut-être encore deux ou trois heures et ça fait environ trente minutes que je suis là.

— C'est dingue que tu aies pu passer sans être vue ! s'étonne-t-il encore. Ça fait presque six heures que tu es partie et il n'a toujours pas essayé de te contacter ? Il va vraiment morfler...

— Mais non, c'est normal... Justin doit toujours dormir et il n'a pas encore dû s'en rendre compte. Aiden ne doit pas encore savoir que je ne suis pas là et si on ne veut pas qu'il assassine Justin il faut que je le prévienne.

— Qu'il le tue, je m'en fous. Ça leur fera une leçon. C'est sa faute, tu étais sous sa responsabilité, il ne fallait pas qu'il s'endorme. Il aurait pu t'arriver n'importe quoi, tu ne devrais jamais te trouver sans protection.

— Tu ne fais pas surveiller Maria vingt-quatre heures sur vingt-quatre, rétorqué-je légèrement vexé de devoir être traité comme une petite chose fragile ici aussi. Aller, rends-moi mon téléphone !

— Maria ne sort jamais du territoire seule, elle, rétorque-il en éloignant mon téléphone de ma main. Si elle le fait, elle est toujours accompagnée. Tu ne te rends pas compte de ta position, Kayla, gronde-t-il.

— Bien sûr que je m'en rends compte ! Je suis humaine et fragile, merci, je l'avais déjà assez compris ! Je suis jeune, sans doute trop à votre goût pour que vous puissiez me parler des sujets importants. Je ne pourrais jamais suivre Aiden à Naya quand il y aura une urgence et je serais incapable de protéger Caedge en son absence ! Je le sais parfaitement !

— Tu es la Luna, ajoute-t-il avec un peu plus de douceur, tu es la personne la plus importante aux yeux de l'alpha, si je pers Maria, je pers tout. Plus rien n'a d'importance, pas même Ewen. Et quand bien même tu serais une louve puissante, ta meute toute entière te devrait une protection sans faille ! C'est important, tu es importante.

Il essaie de me convaincre par son regard. Il n'est pas en colère contre moi, seulement inquiet.

— Je ne gère pas deux territoires, poursuit-il d'une voix tout aussi douce. Je ne sais pas combien de fois ce genre d'urgence peut arriver. Mais, en tant qu'humaine, tu seras amené à te retrouver face à des situations où tu ne pourras pas agir, c'est normal. Maria peut t'en parler, elle le vit comme toi quotidiennement. Elle a beaucoup de mal à faire avec mais elle a trouvé des alternatives.

— Comme quoi ?

— Elle s'est entourée de ses propres bêtas, des personnes choisis par elle qui sont là pour faire tout ce qu'une louve devrait faire. Ils lui obéissent à elle en priorité, je n'ai pas d'ordre à leur donner, c'est le contrat qu'elle m'a fait passer, termine-t-il en souriant.

— Elle t'a fait passer un contrat ? m'étonné-je.

— Signé et précieusement conservé, confirme-t-il.

— Elle ne me l'a jamais dit.

— On ne voulait pas t'embêter avec les détails de la meute, mais elle adorerait parler de tout ça avec toi, entre Luna. 

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