9 : les oubliés (3/3)

« - Nous avons la communication, fit la chimère devant le poste de contrôle radio.

Dans la salle de communication, Manuel dû s'y reprendre à deux fois avant d'identifier la cigarette roulée dans la bouche de celle-ci. L'odeur qui s'en dégageait ne laissait aucun doute sur la composition maison. Il jeta un regard accusateur à Friedrich qui lui répondit par un : ''Bah quoi ?''

La discussion coupa court lorsque le visage du commandant Higas apparut sur l'écran principal.

« - Le cobaye fugitif... Voilà une rencontre que je n'espérais pas. »

Sous ces propos, plusieurs chimères montrèrent des dents, grognèrent ou crachèrent.

« - Faîtes attention à ce que vous dites commandant, prévint Manuel. Les chimères apprécient moyennement que l'on insulte leur roi.

- Tu n'es roi en rien, juste une expérience incontrôlable.

- Je ne serai pas aussi catégorique : J'ai épousé la reine Salida. Et les chimères me considèrent comme leur roi. Même si la charge ne me plaît pas, je ferai ce que j'ai à faire pour ne pas trahir leur confiance, ni l'amour de ma femme. Maintenant je ne suis pas là pour discuter de ma vie, mais pour proposer un échange.

- Lequel ? Demanda le commandant.

- Si vous nous laissez du temps, on vous laisse l'Arche. Je sais que vos ordres sont de la prendre. Autant éviter les pertes inutiles, non ?

- De combien de temps avez-vous besoin ?

- Quinze jours.

- C'est trop, répliqua le soldat du tac-au-tac.

- C'est le minimum. Une réduction se payera dans le sang.

- Et une extension ?

- Y'en a pas, on laissera dans l'état.

- Qu'essayez-vous de me cacher ?

- Rien, je demande quinze jour pour évacuer les lieux et sauver un maximum de vies des deux côtés. Je vous rappelle que la principale menace vient des Silridriss, argua Manuel sous le regard des chimères.

- Et moi je te rappelle que tu n'es ni en position, ni en droit de négocier. Nous seront là demain, je sais que tu le sais, démerde-toi pour avoir vidé les lieux à notre arrivée.

- A dans quinze jours commandant Higas. »

D'un discret mouvement à Friedrich, il fit signe de couper la liaison.

« - Quel con ! Pesta le jeune homme.

- Dans toute tactique militaire, y'a toujours deux solutions : la bonne et celle de l'école de guerre, commenta le rasta avec un sourire.

- Réflexions personnelles ?

- Non, Paul Vanuxem.

- Je ne connais pas, conclu-t-il avant de s'adresser à la chimère. Ça me fait chier de le faire, mais on n'a plus le choix. S'ils s'approchent à portée de tir, ouvrez le feu. Envoyez aussi de petites unités dans les bois environnant pour nous assurer qu'ils ne s'approchent pas en douce. Pas de sommations, on vient de les prévenir, alors ils sont sensé être au courant. Où sont Kouiros et Sellgan ?

- Kouiros vous attends dans la salle de briefing avec les volontaires. Sellgan est près du portail de transfert, répondit-elle.

- Bien, je me suis mis d'accord avec Salida, Sellgan doit s'assurer que la cité d'argent est prête à recevoir tout le monde, Humains compris. Je retrouve Kouiros en salle de briefing.

- Bonne chance... sire. » Répondit doucement la chimère.

En croisant son regard, Manuel comprit qu'elle s'attendait à se faire houspiller, ou rappeler à l'ordre. Mais le jeune homme se contenta de baisser les yeux. Même si ça lui coûtait, il était désormais roi, que cela lui plaise ou non, le poids de tous leurs destins reposait en partie sur ses épaules.

Il sortit de la pièce en marchant d'un pas décidé vers la salle de briefing. Le trajet se fit rapidement. En chemin, il constata l'avancement des travaux : les chimères démontaient tout. De la gaine de ventilation à certaines tuyauteries d'évacuation d'eau usées, des câbles d'alimentations aux transformateurs. Leur coordination rappelait celle des fourmis. Unies et organisées pour une efficacité maximale par la mémoire, elle travaillaient sans relâche sous la direction de Salida.

La salle de briefing était pleine. C'était un petit amphithéâtre d'une cinquantaine de places avec un énorme écran tactile. Les murs de bétons étaient blancs et nus, les sièges, de simples renfoncement taillés dans la la structure de la pièce. Éclairée par des néons sans âmes, la grande quantité de chimères volontaires pour le combat à venir le surprit grandement. La place faisait défaut, quelques unes s'étaient assises dans les escaliers, d'autres s'appuyaient sur des murs. De toutes les couleurs, de toutes les formes, elles attendaient de lui un miracle dans ce conflit sans commune mesure. Le silence, qui se créa à son entrée, était probablement à la hauteur de la difficulté de la tâche.

« - Ha bah enfin ! Fit la voix de Fernand, reconnaissable entre mille au milieu de toutes ces créatures. La vache ! T'en a mis du temps ! Qu'est-ce qui s'est passé ? ''Madame'' voulait pas te laisser partir ? »

Sur ces propos, toutes les attentions passèrent d'un jeune homme à l'autre. Quelques chimères manifestèrent leurs mécontentement de manière discrète sur la manière de s'exprimer de Fernand envers leurs reine, et peut-être envers leur roi. Kouiros, juste derrière le combattant à la peau rouge leva le yeux au ciel.

« - C'est plus compliqué que ça : Salida vient de m'annoncer que je suis le nouveau roi des chimères...

- Ouille ! Commenta-t-il avec une moue.

- Ouais... Mais je vais tout faire pour ne faire honte à personne, ajouta Manuel avec un regard au bouquetin désormais inexpressif. Tu as pu trouver une solution pour pénétrer le Klastlabad ?

- Nan, ce truc est une vrai merde. Et j'ignore complètement comment est-ce qu'ils ont su que nous allions attaquer, mais ils ont savamment renforcé leurs défenses entre le moment ou je suis allé vérifier la première fois et la seconde. Ce bastion va être un enfer à prendre, ou a détruire.

- Pour le moment, il y a plus urgent à faire.

- Ha ?

- Oui, les Silridriss emmènent pas mal de monde en esclavage dans des navires. On ne sait pas vraiment leur destination finale, mais nous connaissons leur cap et leur position. C'est suffisant pour les sortir de la merde.

- Pas de problèmes... Juste une question, rappelle-moi pourquoi je devrais risquer ma vie pour des mecs qui veulent me découper en tranches ?

- Euh... Ce sont des troupes expérimentées, qui se battent pour faire tomber la Déesse-impératrice.

- C'est suffisant pour nous, ajouta une voix féminine derrière un groupe de chimères. Quand partons-nous ? »

Sortant de la masse, Hécate apparue, bientôt suivie par le reste de l'escadron Papillon.

« - Qu'est-ce que tu fous là toi ? Demanda Manuel, surprit.

- Y'avait de la lumière, alors je suis venue... Nan, ta sœur nous a invité, et on a déserté.

- Encore un truc qui va faire plaisir à Bordeaux, commenta Fernand avec un petit rire.

- Oui, il va falloir mener une opération commando sur ce convoi. Vous êtes partants ?

- Quand tu veux. Mais avant je tiens à m'assurer d'une chose : réitère ta promesse de ne jamais entrer en conflit avec l'Humanité. »

Quelques chimères, dans la salle, eurent des réactions de rejets. Kouiros lui-même fronça les sourcils et allait s'exprimer. Manuel fut simplement plus rapide :

« - Je ferai ce que je peux... Higas vient pour nettoyer la zone, alors on évacue. Mais on ne pourra pas toujours agir ainsi, en particulier si nos compatriotes nous cherchent volontairement des noises.

- Ce n'est pas la même chose.

- C'est tout ce que j'ai à offrir. Ça et mon honnêteté. »

Les deux soldats se regardèrent dans les yeux. Chacun jaugeant l'autre sur ses propos.

« - On fait équipe pour le moment. On verra si tu tiens tes engagements... quel est ton objectif précisément ? »

*

* *

*

- Tu es toujours en colère contre moi ? Demanda Salida.

- Non, le destin prends un tour inattendu, répondit Tégos. Jamais je n'aurais imaginé que le reste du peuple nous suive sous cette forme grotesque.

- Mais tu t'y es habituée, non ?

- Cela ne signifie pas que je l'apprécie. Même si les autres nous suivent, je me sens un peu seule. En particulier depuis que vous avez pris un mari...

- Tu devrais faire pareil.

-... Je n'approuve toujours pas ce choix, mais c'est le... hein ?! Que ? Quoi ? Moi ? Un mari ? Faudrait déjà que j'en trouve un que je sois capable de supporter sans le cramer.

- J'aurais plutôt dit l'inverse : que tu en trouves un capable de te supporter, se moqua la tigresse.

Tégos était totalement décontenancée face à la facilité avec laquelle Salida lui parlait.

- Tu es une incroyable garde du corps, et une préceptrice sans pareille. Mais j'aimerai que tu penses un peu à toi... Je sais que sous ta carapace dure de guerrière tu as de l'amour à revendre. Je le sais, tu m'en as tant donné pour remplacer celui de ma mère quand j'étais plus jeune. Si tu as des soucis avec les chimères essaies avec un Humain. Y'avait bien un capitaine avec qui tu discutais souvent non ?

- Oubliez-ça : trop compliqué avec les Humains. Nous n'avons pas la même approche des sentiments. Il cramera bien plus tôt qu'une chimère. En plus... brrr... Non, un corps, sans poils, très peu pour moi.

- Alors quoi ? Interrogea la Reine, tu vas laisser cet amour au fond de ton cœur comme un trésor oublié ? Il ne prends sa valeur que si tu le donnes tu sais.

- Ne vous inquiétez pas ma Reine. J'ai compris le message : je vais essayer de me trouver quelqu'un qui voudra de moi.

- Ça ne devrait pas être trop compliqué... Et Tégos ?

- Oui ma Reine ?

- Appelle moi comme avant s'il te plaît.

- Comme vous voudrez princesse.

Une troisième présence apparaissant dans la conversation au sein de la mémoire, Tégos préféra quitter pour se concentrer sur un autre sujet.

- Et bien ma Reine, quel coup de colère, fit Kouiros, amusé, en guise de bonjour. Votre cousin a prit un sérieux coup à sa stature de Roi.

- Il n'y était pour rien, rien.

- Peut-être, peut-être que non... Allez savoir.

- Sellgan m'a dit que c'était des éléments extérieurs.

- Si c'est Sellgan qui le dit, ironisa le bouquetin.

- Tu veux dire que Hillgearim était vraiment derrière ça ? Grogna Salida, une colère sourde montant de nouveau en elle.

- Aucune idée. Mais ce qui est fait est fait, les coups tordus qu'il a autrefois menés jouent contre lui et votre réaction fait que tout le monde le soupçonne maintenant. Que celle-ci soit justifiée ou non. Je venait pour vous parler de quelque chose de très étrange. C'en est même dérangeant.

- Quoi donc ?

- Comme vous le savez, une équipe est en train de remonter le matériel de l'Arche dans la cité d'argent. La forme des grottes dont nous sommes en train de prendre possession a exactement les mêmes formes que les installations Humaines. D'après les chimères présentent là-bas, les trous ont été creusés volontairement.

Les images des chimères sous leurs nouvelles formes s'imprima dans l'esprit de Salida. Tout, de l'emplacement de la porte à la gaine de ventilation en passant par les chemins de câbles et les tuyauteries avait un emplacement similaire à ce que l'on pouvait trouver dans l'Arche. Les murs gris-argent, éclairés par les quelques lampes montraient des signes de trous aux emplacement exacts des supports. L'image d'une canalisation verticale suivant exactement la même trajectoire que l'ancienne fut également visualisée. Même la caverne pour l'immense chaîne de fabrication était là.

- La plupart des Humains et des Chimères déjà présents ne le sentent pas bien. Il est très dérangeant de voir que nous étions attendus.

- Il faut éparpiller nos forces. Créer des bases secondaires. On doit prendre possession de ce monde. Si jamais cet endroit venait à tomber entre les mains Silridriss... Je vais prendre les dispositions nécessaires.

- Bien...

- Kouiros, tu vas avec Manuel ? Demanda Salida

- Oui.

- Protège-le s'il te plaît. Il est ce que j'ai de plus précieux au monde.

- Je le protégerai comme mon Roi.

*

* *

*

Les troupes du commandant Higas se déployèrent à vingt kilomètres au nord-est de l'Arche. Le poste de commande fut immédiatement mis en contact avec les dernières informations. Les habitants de la zone dévastée n'étaient plus là. Les relevés satellites montraient l'absence d'activités. Morts, capturés ou bouffés par les chimères, dans tout les cas, ils n'y avait plus personne.

« - Envoyez un commando là-bas, je veux savoir ce qui s'y passe. » Ordonna-t-il en posant la photo vue du ciel sur la table.

« - Envoyez-en d'autres près des entrées de l'installation. Soyez extrêmement discrets : eux aussi ont un accès aux satellites. Est-ce que quelqu'un peu me dire où est passé le navire volant Silridriss ? Il était là hier, mais pas aujourd'hui...

- Commandant, une communication du QG de Bordeaux. La cité Anémone du golfe du Mexique a été découverte. Il n'y a aucun survivant, fit un soldat des communications.

- Merde... Comment est-ce possible ?

- Selon les enregistrements, une Silridriss se déplaçait au fond de l'eau, et a trouvé la ville. Elle a détruit tout les dômes, qu'ils soient d'habitation ou de production.

- Une seule ? Une seule Silridriss a détruit la ville ? Mais n'y avait-il pas des défenses ? Des lances-torpilles, des mines, des lasers sous-marins ?

- Ce sont les seules informations dont nous disposons. »

*

* *

*

Mais où vais-je trouver les démons d'Alikaross ? Comment les faire sortir de leur repaire ? Et surtout, quel sera leur prochain mouvement ?

Les questions fusaient dans le crâne de Myanate. Mais aucune réponse ne lui venait à l'esprit. La Déesse-impératrice Silridriss lui avait donné un ordre, mais sa réalisation était plus compliquée qu'il n'y paraissait.

« - Ô Favorite, fit un soldat après avoir frappé à la porte, nous avons un message d'un informateur.

- Lequel ?

- Il demande à ce que nous éliminions la reine des chimères. Selon lui, elle a prit trop d'ascendance sur le peuple et est en train de le réunir sous sa bannière. Il demande à ce que nous nous occupions d''elle avant qu'elle ne devienne une réelle menace.

- Les esclaves chimériques ne sont plus une menace. Le danger vient d'ailleurs, mais il ne l'a pas encore comprit.

- Que faisons-nous ? Ô Favorite.

- Rien. Nous continuons de chercher les démons avant que le quatrième n'apparaisse. Dites-lui que désormais nous nous passerons de ses services, le sort des esclaves est scellé, sont avenir est tracé et il ne pourra y échapper. Détruisez également le lien que l'on avait avec lui : il est devenu inutile.

- A vos ordres. »

Le soldat quitta la pièce, laissant la favorite dans les méandres de ses pensées. S'invita alors dans son esprit un individu qu'elle aurait voulu oublier : Arsear.

Et toi ? Qu'es-tu en train de faire ? Pourquoi la Déesse-impératrice a une telle confiance en toi ? Pour quelle raison n'as-tu pas voulu de moi ?

*

* *

*

Dans la cité d'argent, la base russe était remontée aussi rapidement que possible. Les chimères, ayant intégrés la majeure partie des connaissances Humaines présentes dans l'installation, avaient développé un sens de l'organisation extrêmement efficace. Les stocks d'Erapha. que les deux berserkers avaient rapportés des Amériques servaient à la production d'énergies de toutes sortes pour la reconstruction.

En moins de dix minutes, il fallu passer sur la puissance secondaire produite par les batteries puis sur les quelques groupes électrogènes déjà montés. Il n'y avait plus du tout d'énergie. Toutes les réserves furent vidées de manière incompréhensibles à une vitesse telle qu'il fut aisé de deviner qu'il s'agissait là d'une influence extérieure. Toutes les personnes présentes s'armèrent comme elle purent avec le matériel déjà présent.

Les heures passèrent, mais il n'y eut rien d'autre. Aucune d'attaque d'aucune sorte, même pas une présence physique à l'horizon ou dans le ciel. Ce fut un phénomène incompréhensible, étrange, que personne ne su expliquer et qui effraya tout le monde. En revanche, tout le matériel humain, qui fonctionnait sans cette énergie, continuait de réaliser ce pour quoi il avait été crée.

Une grande partie du peuple de la cité d'argent reprit le travail après quelques heures tout en prenant le soin de guetter la plus petite anomalie pouvant signifier l'imminence d'un assaut.

L'inquiétude fut retransmise à Salida, qui tenta de rassurer au mieux, tout en demandant l'extrême discrétion à ceux qui travaillaient là-bas.

*

* *

*

« - Tout de même, fit Shershalla au poste de pilotage de son navire, je ne pensais pas que j'aurais pu vivre ma ''spécificité'' au grand jour. Merci de m'accepter comme membre de ta famille.

- J'ai pas trop le choix, ni mon mot à dire là-dedans, répondit Manuel, adossé à l'encadrement de la porte en regardant le paysage défiler sous la coque du navire. Un décors désertique, comme partout où les Silridriss avaient l'habitude de passer. Non, sans rire, compléta-t-il en voyant le regard un peu triste de la capitaine du navire, je suis heureux que ma sœur ne soit plus seule avec son ordinateur. T'accepter dans la famille, va demander un peu plus de temps, surtout du côté de ma mère.

- Y'a de la place pour moi ? Demanda Calianne derrière Manuel.

- Nous ne sommes que deux enfants dans notre famille, répondit Manuel. Ma sœur est en concubinage, et moi, je suis marié selon la tradition chimérique, je crains que ce ne soit complet.

- Mais elle ne sont pas là, actuellement.

- Calianne, intervint la Silridriss, de ce que j'ai compris chez les Humains, la fidélité ne s'arrête pas à la présence de l'autre individu au même endroit. C'est quelque chose de tout instants.

- Mais... C'est impossible... Comment est-ce que vous faites pour rester longtemps séparé ? Ça fait six jours quand même !

- Ça se découvre avec le temps, il n'est pas nécessaire de comprendre tu sais. Manuel n'est pas intéressé, c'est tout.

- Elle est partie, commenta Manuel.

- Ha ? Fit la saurienne en se retournant.

- Merci ''belle-sœur'', s'amusa le jeune homme.

- Tu me remercieras plus tard : on approche de la zone d'abordage. Préviens le reste de l'équipage : nous seront sur place dans cinq heures ; et il faudra être très rapide pour éviter que des troupes de renfort ne puissent intervenir. »


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