21. Un film un peu trop chaud

Je sursaute et Cole se relève d'un seul coup, s'agrippant à mon bras d'une main.

— C'était quoi, ça ? demande-t-il.

— Aucune idée. Je vais aller voir.

Il me regarde d'un air inquiet. Je ne peux m'empêcher de sourire.

— Tu es sûr ?

— Certain. C'est ce que Katniss aurait fait, non ?

Il sourit à son tour et lâche mon bras.

— Ça t'embête si je reste là ?

Je secoue la tête.

— Je reviens vite.

— Tu n'es pas obligé.

— Il faut que j'essaie tes coussins.

Il sourit un peu plus et je me laisse glisser le long de l'échelle. Arrivé en bas, je lui adresse un léger signe de la main qu'il s'empresse de me rendre.

Lorsqu'il disparaît, je jette un dernier coup d'œil dans sa direction, la sensation de sa main sur mon bras toujours aussi cuisante, et me dirige vers la sortie. Dans le couloir, un concert de voix se fait entendre et je m'empresse de les suivre. Je colle l'oreille à plusieurs portes avant de trouver la bonne et appuie sur la poignée.

Je pénètre dans une pièce sombre, remplie de fauteuils qui semblent plutôt confortables mais dont la plupart sont vides, et distingue plusieurs silhouettes debouts au fond de la salle. Elles semblent s'acharner sur une machine qui, apparemment, ne veut plus fonctionner. Attiré par la lumière, je tourne la tête vers un vaste écran sur lequel apparaît l'image d'une femme et d'un homme dans une position assez... étrange.

Je détourne rapidement les yeux. Ce genre de film, très peu pour moi. Je me contente donc de grimper jusqu'aux silhouettes agglutinées à l'autre bout de la pièce et reconnaîs rapidement Zhao parmi elles. Penchés par-dessus son épaule, Liam et Alexandre inspectent eux-aussi la machine. Avachi sur l'un des fauteuils, Emery n'a pas l'air de se soucier de grand-chose. Quelques sièges plus bas, Peter et Lysandre, que je n'avais pas remarqués, discutent allégrement. J'intercepte quelques-unes de leurs phrases :

— Je déteste ces films qui ne se concentrent que sur le plaisir du gars, sérieux.

— Ah ouais ? Pourtant on dirait pas que...

— Non, mais regarde ! le coupe Lysandre. Camélia serait d'accord avec ça, tu crois ?

— Bah, on n'a jamais...

— Elle le serait pas, je te le dis.

Je m'éloigne et rejoins Zhao qui m'accueille avec un sourire railleur.

— Alors, le petit Lucas s'est décidé à venir voir un film de grands avec nous ?

Liam lui donne un coup de coude dans les côtes et me salue d'un mouvement de tête.

— Tu t'y connais en appareil comme ça ?

Je secoue la tête.

— Non, désolé.

— Pas grave. Max est parti chercher Aurélien. Il fait de la photo, il devrait s'en sortir, non ?

Je hoche la tête. Je n'en ai aucune idée et je ne suis pas certain qu'il s'en sorte vraiment, mais Alexandre me fixe avec un tel dédain que je n'ose pas contredire Liam. À la place, j'interroge Zhao :

— Qui a ramené le DVD ? Ça m'étonnerait que Snakelace vous laisse regarder des trucs pareils.

— C'est un secret, mon petit Lucas. Et je te déconseille de demander à ma valise, elle a tendance à être trop bavarde, ça pourrait vous coûter cher à tous les deux.

Liam éclate de rire et donne une grande tape sur l'épaule d'Alexandre qui grimace. C'est le moment que choisit Max pour revenir, accompagné d'Aurélien, Néo et Friedrich. Si Zhao est surpris par le nombre de nouveaux arrivants, il n'en laisse rien paraître.

— Auré ! s'exclame-t-il.

Je ne peux m'empêcher de sourire. Nul doute que ce surnom ne convient pas vraiment à Aurélien, qui a tendance à être trop rigide. Ce dernier s'avance vers la machine en saluant vaguement le groupe et commence à l'inspecter en la retournant de tous les côtés. Néo en profite pour poser une question qui ne m'était même pas venue à l'esprit :

— Il n'y a pas de caméras, ici ? Si Snakelace ou les spectateurs voient ce que vous êtes en train de regarder...

— Liam est sur le coup, répond Zhao. Y a que des génies parmi nous, t'as oublié ?

Liam hausse les épaules et déclare, en fausse modestie :

— Ce ne sont que quelques lignes de codes, rien de très complexe. J'ai appris à pirater le flux d'une caméra à l'âge de onze ans.

Je hausse les sourcils, surpris. Waouh. Moi qui sais à peine compléter un programme mathématique pour les cours... Si Néo est étonné, rien ne l'indique et il continue de surveiller les caméras disposées dans la pièce du coin de l'œil.

Je me recule dans l'ombre et m'appuie contre le mur tout en continuant à les observer. Aurélien s'active toujours sur la machine, tandis que les autres le regardent faire. Finalement, il se relève, triomphant.

— Et voilà !

Autour de lui, les garçons poussent des cris de joie et s'empressent de remettre le film, avec de nouveaux spectateurs. Tandis qu'ils se réinstallent, je tente de m'éclipser et trébuche toutes les deux marches. Je n'ai vraiment aucun instinct de survie dans l'obscurité.

Alors que je manque de tomber une énième fois sous les cris de plaisirs des personnages (c'est un cauchemar), une main se referme sur mon bras. Je n'ose pas imaginer la frayeur que j'aurais eu si ça avait été un film d'horreur face à moi. Heureusement, je me contente de me retourner et me retrouve nez à nez avec Friedrich.

— Tu t'en vas déjà ? m'interroge Néo qui apparait dans le dos de Friedrich.

Je hoche la tête et pousse la porte, qui est enfin devant moi.

— Ouais. Ce genre de film, très peu pour moi.

Je pensais pouvoir retourner tranquillement auprès de Cole, mais c'est sans compter sur Friedrich qui m'agrippe toujours le bras et Néo qui le suit, les mains dans les poches.

— On t'accompagne, déclare celui-ci.

— Où ?

— Là où tu voudras. On peut même aller en Australie, si t'as l'argent.

— Laisse-moi gagner et je t'y emmène.

Il esquisse un sourire et Friedrich me lâche enfin.

— Je crois que je t'aime bien, déclare Néo.

— Tu ne serais pas le premier.

Je ne sais pas pourquoi je suis aussi méchant tout à coup, mais je ne supporte pas qu'ils me collent de cette façon. Ne peuvent-ils donc pas me laisser retourner admirer tranquillement les fossettes de Cole ? Néo m'agrippe l'épaule.

— En avant, Linguini ! Ratatouille nous attend.

Je manque de m'étouffer. Néo doit le remarquer puisqu'il se penche vers moi et me demande :

— Bah quoi ? Tu n'as personne pour te tirer les cheveux quand tu cuisines ? Tu dois être un sacré petit génie, alors.

C'est là qu'une idée me vient. Petit génie, exactement.

— J'utilise des livres de recettes, moi. D'ailleurs, je dois aller en chercher un à la bibliothèque avant de descendre en cuisine. Vous n'avez qu'à passer devant, je vous rejoins.

J'espérais me débarrasser d'eux, mais c'est peine perdue car Néo s'exclame :

— Oh parfait ! On va t'accompagner. Comme ça, on pourra peut-être choisir ce qu'on va manger ce midi. N'est-ce pas, Friedrich ?

L'intéressé hoche la tête. On dirait un pantin accroché à son marionnettiste. Je ne comprends pas pourquoi ils me collent autant, Elias avait pourtant l'air de les apprécier et son jugement me paraissait plutôt bon. Mais je crois que là, il s'est fourré le doigt dans l'œil.

Je décide de lâcher prise et m'avance vers la bibliothèque, les deux Piques sur les talons. Je sillonne les allées en tentant de perdre du temps pour donner à Néo et Friedrich l'envie de partir, sans succès. Pire, cette « balade » a l'air de les amuser beaucoup. Je crois que je n'arriverai jamais à me débarrasser d'eux, finalement.

Je m'arrête devant les livres de recettes et entreprends de les examiner un à un, bien que je l'aie déjà fait des dizaines de fois et que je n'aie aucun doute sur l'emplacement du livre que je cherche. Pourtant, ces pertes de temps ne font que repousser le moment fatidique et les deux garçons sont toujours dans mon ombre. Mon dernier espoir repose sur Cole. J'attrape le livre qui m'intéresse et me dirige vers l'étagère où je l'ai laissé.

Arrivé au pied de l'immense bibliothèque, je lève les yeux. Rien. Je me retiens de grimper à l'échelle, sachant Néo et Friedrich sur mes pas, et soupire. Cole a disparu, lui aussi.

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Hello my beautiful Readers 🥰🥰

Comment allez-vous cette semaine ? Ces premières semaines de cours se déroulent bien ? J'espère que oui 💕

En attendant, petit break, dites moi tout ! Ce chapitre vous a plu ? Néo et Friedrich ont l'air de s'être transformés en pot de Cole (vous avez capté ? 😂)

N'hésitez pas à voter, commenter et partager cette histoire autour de vous si elle vous plaît ! 🌟

Bon weekend ❤️

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