Découverte
Tout naturellement, nous sommes partis ensemble le lendemain matin, avec la ferme intention de ne pas se quitter. Nous avons commencé la journée en explorant les autres bâtiments de la ferme ainsi que les cultures environnantes afin de trouver à manger.
À la lumière du jour, la ressemblance entre nos cicatrices était impressionnante : les mêmes, en miroir. Elle commençait à 2 cm du cuir chevelu, à equi distance des deux tempes, et finissait sa course dans l'alignement de la bouche, à 3 cm de la commissure des lèvres, barant ainsi l'œil.
Nous sommes allés là où mon poursuivant de la veille avait rendu son dernier souffle, mais comme d'habitude il ne restait aucune trace, seuls les cris, qui résonnaient encore à mes oreilles.
Alors que je furetais le long du chemin d'accès, Adrien vient me chercher d'un air interdit. Il me conduisit une vingtaine de mètres plus loin, dans les bosquets, et me mit face à une scène inédite : une mare de sang, suivi d'un piste ensanglantée.
"Tu as déjà vu ça ?", me demanda-t-il.
"- Jamais, j'ai cherché pourtant.
- Tu penses que c'est eux ?
- Qui d'autre ? Puis, j'ai entendu une femme crier hier soir, ici.
- Qu'est-ce qu'on fait ?
- On suit la piste."
S'il y avait la moindre chance d'en savoir plus sur nos bourreaux, il fallait la saisir.
Nous avons donc suivi la piste. La quantité de sang versée était impressionnante, la pauvre femme semblait avoir été saignée en son intégralité.
Après 50 m environ, la piste s'arrêtait subitement, sur une zone où la terre était fraîchement remuée. "Ils l'ont enterrée.", avons nous dit en cœur.
Nous nous mimes alors à creuser, à la main. À 50cm de profondeur, je mis la main dans une autre. J'avais trouvé le cavadre. Nous la sortimes, et la cause de la mort se dévoila d'elle même : une morsure barait le cou de la femme et mettait au jour une jugulaire tranchée nette.
Cela faisait trop de coïncidences, l'intuition que j'avais depuis toujours prenait tout son sens.
"Je te laisse deviner : qu'est-ce qui vit la nuit, ne peut pas rentrer dans les maisons et se nourri de sang ?", demandais-je.
"Un vampire", murmura Adrien.
Les vampires sont donc de retour. On m'avait pourtant dit qu'ils avaient tous été exterminés il y a de cela 150 ans. Ceci dit, cela expliquerait leur colère et le carnage effectué. Si on avait tenté de me tuer sans réussir, j'aurai répliqué de plus belle !
"Comment peuvent-ils être encore en vie ?", demanda Adrien.
"En fait, techniquement, ils sont déjà morts. Mais je vois ce que tu veux dire, comment peuvent-ils encore exister alors qu'ils sont sensés être anéantis ? Bonne question, je n'en ai malheureusement pas la réponse, il va falloir enquêter."
Face à mes réflexions, je n'avais pas vu l'essentiel, mais Adrien souleva le point critique.
"Mais, si l'on sait qu'ils sont là, et si l'ont trouve comment ils devaient être détruits et ce qui a raté, ne pourrions nous pas les tuer pour de bon et en finir de se cauchemar ?"
Je pris un moment pour digérer ce qu'il venait de dire, l'interpréter correctement, puis je relevais la tête et je vis l'espoir sous forme de larmes embrumant son regard. Un futur s'ouvrait à nous, une possibilité de réfléchir à l'avenir, en terme de mois et non d'heures.
Je hochai la tête, et nous commençames à réfléchir à un plan.
*****
D'un commun accord, nous avons commencé par chercher, dans d'anciennes stations service pillées depuis longtemps, des plans de la région. En effet, il nous faudrait par la suite avoir accès aux archives et aux journaux d'avant les temps sombres, donc les localiser.
Il fut compliqué de trouver les dites stations, et encore plus d'y accéder. Les deux premières ne donnèrent rien, tout avait été massacré, et c'est avec beaucoup de pessimisme que nous abordions la troisième.
Il s'agissait d'un petit bâtiment de plein pied, seul dépassait un arc de métal qui jadis avait dû être le support d'une enseigne en néon. Le reste était intégralement pris dans les ronces, tant est si bien que l'accès y semblait impossible. C'était, à coup sûr, l'endroit où nous avions le plus de chances de trouver une carte, car préservé des incessants passages humains.
Armés chacun d'un couteau, nous nous sommes frayé un passage dans les ronces, en prenant la direction qui nous semblait la plus probable pour atteindre la porte.
Il nous fallut bien vingt minutes pour toucher au bâtiment, et ce ne fut pas sans mal. Nous étions couvert des griffures occasionnées par les pointes des ronces, dans nos cheveux s'amassaient branchages et feuilles, et nos chaussures étaient remplies de l'eau croupie qui recouvrait le sol. Néanmoins, nous étions bien face à une porte.
Celle-ci était maintenue fermée par un cadenas qui avait dû être solide mais qui était tellement recouvert par la rouille qu'un simple choc suffit à le briser. La porte s'ouvrit alors, et une nuée de rat sortie, longue marée noire s'échappant dans la nature. Cet endroit n'avait pas été visité depuis longtemps. Si j'avais gardé mon sang froid, Adrien lui paniqua un peu à la vue des rongeur, et failli rater la tache de sang séché qui recouvrait le pas de porte et l'entrée.
Nous nous sommes regardés. "Ils sont venus ici.", dit-il. "Et il y avait déjà quelqu'un, qui a été attrapé.", dits-je.
Nous sommes entrés dans la batisse sans savoir sur quoi nous allions tomber, et nous n'aurions pas pu l'imaginer.
L'homme qui était là, étendu sur une table, devait être mort depuis longtemps. Il s'était manifestement traîné depuis la porte, laissant derrière lui une traînée de sang.
Sur la table étaient étalées des cartes, toutes massacrées, arrachées, brûlées. On apercevait par endroit des annotations, mais l'état de délabrement des cartes les rendait inintelligibles.
Dépités, nous étions sur le point de rebrousser chemin lorsque Adrien remarqua que la main du cadavre, ou ce qu'il en restait, était posée sur la poignée d'un tiroir. Comme si, à la fin de sa vie, l'homme avait eu quelque chose d'important à y reprendre.
"Ça peut paraître bizarre mais j'ai l'intuition qu'il y a quelque chose qui pourrait nous aider dans ce tiroir.", me dit-il.
Nous sommes donc parti tenter d'ouvrir le tiroir, ce qui impliquait de s'approcher d'un cadavre et de le déplacer. Ce ne fut pas une mince affaire, tant la décomposition était avancée, mais nous avons fini par accéder au meuble.
Dans le tiroir, il n'y avait pas grand chose, juste un porte document. Nous nous apprétions à l'ouvrir lorsque nous entendîmes un bruit venant du roncier, suivi de voix. Des gens, voyant une ouverture, venaient chercher de l'éventuelle nourriture.
"Vite, on embarque le porte document et on se cache, on regardera après !", dits-je.
"Et on fait quoi de notre hôte ?"
Le cadavre. On ne pouvait pas laisser d'autres gens le trouver. J'eu alors une idée.
"Une crémation, ça te va ?"
Rapidement, nous avons étalé de l'alcool à 90° dans toute la pièce avant d'y craquer une allumette. Tout pris feu instantanément, et des cris résonnèrent, enjoigant les autres de faire demi-tour. Nous atendîmes dehors, à côté de la porte, que les voix s'éteignent, avant de partir, le roncier se transformant peu à peu en brasier dans notre dos. Ce genre d'accident arrivait régulièrement, sans intervention humaine qui plus est, généralement à cause de la détérioration des réseaux électriques, cela ne risque donc pas de surprendre qui que ce soit.
Le soleil commençait déjà à se faire bas, nous decidâmes donc de chercher un endroit où passer la nuit, et où percer tranquillement les secrets renfermés par le porte document.
Nous avons trouvé une petite maison en colombage au milieu d'une forêt, dans laquelle il y avait même de quoi préparer des spaghettis, pâtes comprises. L'électricité était encore en marche, l'eau chaude disponible, il y aurait même moyen de prendre une douche. Ce genre d'endroit était devenu des raretés, et nous y logeront seulement l'espace d'une nuit, une courte nuit à en profiter.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top