Chapitre 23
Je viens d'arriver à la bibliothèque et comme tous les matins, j'effectue l'ouverture puis dépose mes affaires à l'arrière boutique avant de prendre place devant ma machine.
Ma formation est terminée et j'ai finalement pu m'adapter au rythme et exigences de madame Bauer.
J'aime le calme que confère cet endroit et me permet d'en apprendre plus sur plusieurs sujets, je n'ai qu'à piocher un livre pour ma culture.
J'allume l'ordinateur qui se trouve avant moi et commence par consulter les mails pour savoir si je n'ai pas reçu de commande et effectivement, plusieurs que je note avec attention puis répond à ceux ayant demandé si nous possédons un livre en particulier .
《Le travail éloigne de nous trois grands maux: l'envie, le besoin, l'ennui 》 cette citation n'a jamais autant pris de sens dans ma vie, depuis que je sais que j'ai une activité génératrice de revenus, je me sens plus heureuse dans mon quotidien mais surtout, je pense moins à lui.
La petite sonnette qui annonce l'entrée d'un potentiel client retentit quand la porte s'ouvre en grand.
Je relève la tête et c'est une jeune femme tenant à ses mains une poucette où repose un petit bébé endormie
- Bienvenue madame. Dis je en lui adressant un petit sourire professionnel
- Bonjour, veuillez m'excuser mais je recherche un livre sur la nutrition.
- Sous peine de ne pas vous offenser, j'aimerais savoir si c'est pour vous où pour le bébé?
- Oh non ça va, c'est pour moi. J'ai énormément pris du poids durant ma grossesse et l'allaitement ne m'aide vraiment pas.
- Je comprends. Dis-je en souriant. C'est tout au fond à gauche, étagère 17. Vous trouverez sûrement plein de bon livre pour vous rebooster.
- Merci. Dit-elle en se dirigeant.
Je reporte mon attention sur la boîte mail et fini de répondre aux messages. Une fois terminée, je fais un tour sur la page facebook, où chaque semaine nous présentons de nouveau livre, pour attirer des clients et d'après ce que j'ai compris, il nous arrive de mettre en avant des livres d'auteurs pour un peu de publicité.
- Celui- ci. Dit elle en déposant le dit livre sur le bureau
Je regarde le nom et entre le nom dans la grille de prix de son département et le montant s'affiche rapidement.
- Treize dollars cinquante-neuf. Dis je en sortant une facture
- Tenez.
- Merci. Dis-je en encaissant ses quatorze dollars, je lui rend sa différence et elle ressort.
Je m'apprête à revenir sur la page Facebook quand mon téléphone se met à sonner et je ne peux m'empêcher d'ouvrir grandement les yeux.
Subitement les battements de mon coeur deviennent anormalement fort
- Allô? Dis je
- Simone… Sa voix, elle est plus rauque que d'habitude, quelque chose ne va pas? Simone… Dit il une nouvelle fois, comme s'il voulait m'entendre le son de ma voix
- Angel tu…
- Où es-tu?
- J'ai trouvé du travail dans une…
- J'arrive. Dit il avant de raccrocher
Cette douleur, cette brûlure, cette sensation que plus rien n'existe. Mon ventre se tord à la simple idée de le revoir.
Qu'est ce qu'un jour j'arriverai à me défaire de l'emprise qu'il exerce sur moi? Pourtant j'ai toutes les raisons de le détester mais je n'y arrive pas.
Son regard si envoûtant, je ferme les yeux et le revois encore m'embrasser à pleine bouche et un soupir ne peut s'empêcher de sortir de mes lèvres.
Il me manque tellement. Le pire c'est que je n'imagine même pas ma vie ça lui, pourtant on n'est plus ensemble.
Finalement cet enfant que je veux garder est vraiment pour moi, où juste un moyen de me relier éternellement à lui?
Je touche mon ventre, mon bébé
Et s'il venait pour lui, et si venait pour m'amener à l'hôpital? Peut être que…
Fuis... fuis... fuis.
La douce chaleur qui envahissait mon corps se transforme en terreur, j'ai peur.
Non, j'ai décidé que je ne fuirais pas, je compte lui faire entendre raison. Du moins je vais essayer.
Je veux croire qu'il tient à moi, à nous.
De nouveau, la clochette de la porte retentit et mon cœur rate un battement en imaginant que c'est lui, mais non, c'est un homme, de la quarantaine, portant des lunettes et une veste certainement obsolète qui se dirige directement vers les rayons.
Je le reconnais, c'est un habitué. Un espace lecture se trouve en haut, où des personnes peuvent venir lire à volonté des livres où faire des recherches mais pour ça, il leur faut un abonnement.
Il s'est juste contenté de me faire un geste de la tête, c'est un chercheur de l'université de New-York d'après ce que j'ai compris.
Je me permets de souffler un bon coups.
La matinée est relativement calme les jours de semaine, c'est dans l'après-midi et surtout en soirée qu'il y a du monde, ceux qui viennent chercher leur commande après le boulot, d'autres pour des recherches approfondies après l'école et des achats des plus divers.
Je reporte mon regard sur mon téléphone posé sur le grand bureau en jouant avec ma chaine au cou quand une nouvelle fois la porte retentit et je n'ai pas besoin de lever les yeux pour savoir que c'est lui.
Cette aura.
On dirait que je peux sentir la fragrance de son parfum musquée si subtile jusqu'à moi.
Non, juste que je l'imagine
Je pose mon regard sur lui alors qu'il se tient devant la porte les yeux déjà posés sur moi.
Magnifique. C'est le seul mot qui me vient en tête
- Angel. Dis-je en me levant comme si le feu m'avait brûlé.
Il me regarde, me détaille comme s'il s'attendait à me voir blessé et sa mine d'abord si dure se détend.
Il s'avance doucement et je ne peux m'empêcher de contourner mon bureau et de venir me placer devant lui à quelque pas de lui.
Je regrette subitement d'avoir mis ce haut robe et ce collant qui ne me mettent pas vraiment sur mon meilleur jour.
J'étais trop pressé et ne voulais pas arriver en retard.
- Bonjour Simone. Dit il en regardant mon visage et je ne peux m'empêcher de rougir.
- Co...hum hum comment tu vas? Dis-je en reprenant un peu de consistance.
contrôle toi Simone, contrôle toi.
Il sent divinement bon, comme dans mes souvenirs.
- Bien maintenant que je te vois et toi?
Depuis quand il dit les choses comme ça lui, il veut le rendre bête ma parole?
- Je… je vais bien. Je regarde autour de moi. Comment t'as su où me trouver? Il sourit
- Je te retrouverai toujours Simone, peu importe où tu te trouve, je pensais que tu le savais déjà?
- Ouais. Dis je en détournant le regard. C'est ici que je travaille.
Il regarde rapidement les lieux une nouvelle fois.
- Je sais et tu aimes ce que tu fais?
- J'apprends beaucoup, j'aime beaucoup l'idée de gagner mon propre argent.
- Je sais, tu ne touche plus à l'argent que je t'envoie. Dit il mécontent
Je rougis
- Je te remercie pour ce que t'as fait pour moi mais je veux me débrouiller seule, peut-être en travaillant ici, je finirai par écrire ce livre que je rêve temps.
- Et ça sera un véritable chef d'œuvre, prend ton temps compris?. Dit il et je ne peux m'empêcher de rougir de nouveau
- Alors… alors qu'est ce qui t'amène? Dis je en titubant d'un pied à l'autre, j'ai peur, peur de sa réponse, peur d'être déçu.
- Je voulais juste te voir. Termine t-il comme si c'était une évidence et maladroitement, mais surtout inconsciemment, je pose ma main sur son front pour vérifier sa température, j'en ai trop
- Qu'est ce que tu fais? Dit il choqué
- Je… je voulais me rassurer que tu sois en bonne santé, si tu n'as de température.
Il ne peut s'empêcher de sourire encore plus comme si j'avais dit quelque chose d'absurde et je détourne le regard avant de le regarder
- Je vais très bien. Dit il en récupérant ma main et d'un geste sec, il me tire vers lui et je me retrouve bloqué dans ses bras.
- An...angel? Dis-je , le souffle court.
Il lâche ma main et vient poser la sienne autour de ma taille me collant encore plus à lui et son autre main vient soulever mon visage en posant de manière possessive sa main sur mon cou.
- Hum. Dit il ses yeux d'un noir hypnotique. J'ai vraiment apprécié que tu me préviennes quand tu as eu l'impression qu'on te suivait.
- D'ailleur merci, pour ce que tu as fait, ils ne sont plus revenus.
- Ça ne pouvait être autrement. J'espère que tu continueras à m'informer de n'importe quel situation qui puisse te faire ressentir un sentiment d'insécurité. Je serai toujours là toi, même si tu ne veux plus de moi? Termine t-il de manière ironique parce qu'il sait, et je le sais, qu'il n'a pas besoin de mon accord pour être avec moi.
Je suis totalement et entièrement à lui, juste un toucher, un baiser et je fond. Mais après?
Cette souffrance d'être le second choix, je ne veux plus ressentir ça, même si je l'aime alors j'encaisse et me retiens de lui sauter dessus.
J'aime la sécurité que je ressens quand je suis avec lui, j'aime le fait qu'il ne parle pas beaucoup et qu'il fasse attention à tout ce que je lui dit. Le fait que devant lui je n'ai pas peur de m'exprimer, de lui dire ce que je pense même si après je dois en souffrir, il sait tout de moi. Il a été bien plus qu'un amant.
L'envie de lui demander pourquoi, pourquoi fait il tout ça pour moi? Me prend mais je me retiens, non je ne veux pas savoir, juste qu'il continue parce que même si ça peut paraître anormalement ou psychopathe, mais le faite que je sache qu'il a toujours un oeil sur moi me rassure et me rend heureuse, ça veut aussi dire que je suis toujours dans une partie de son cerveau.
Si je pouvais éclater, je l'aurais fait, mon coeur va exploser. Sa voix est à la voix si faible mais tellement rauque que je ne peux m'empêcher de regarder ses lèvres bouger.
Embrasse le, je sais que tu en meurs d'envie. Me hurle ma conscience
- D'accord, ça me touche beaucoup mais…
J'ai failli lui dire pour mon père mais je ne pense pas que ça soit une bonne idée, ça relève de ma vie privée, personnelle même si je commence à avoir peur de tous ses appels incessant.
Je ne veux pas le voir, je ne veux plus entendre parler de lui et passer maintenant par ma mère, je trouve ça tellement petit.
- Qu'est ce qu'il y a Simone?.
- Je ne veux pas t'empêcher avec mes problèmes de famille.
- Je t'écoute. Dit il subitement durement
- C'est mon père, il m'a recontacté après m'avoir abandonné et je dois t'avouer que je ne me sens pas en sécurité depuis qu'il est revenu.
À peine, je termine ma phrase qu'il me lâche et recule d'un pas.
- Qu'est-ce qu'il te veux?
- Prendre soin de moi, dit il.
- Ça je le fais déjà, en plus tu travailles? Dit il en levant un sourcils
- Je lui ai dit que je n'en avais pas besoin mais il insiste. Il n'arrête pas de m'appeler pour me donner rendez-vous, maintenant il passe par ma mère qui me demande de lui parler, je commence à trouver ça bizarre.
- Alors n'y va pas. Tu n'as plus besoin de lui et tu le sais.
- C'est vrai mais c'est mon père et...
- Et rien, il t'a abandonné, ne tombe pas dans son piège Simone.
- Quel piège? Dis je en fronçant légèrement les sourcils
- Tu penses vraiment qu'il a changé ?
- Je ne sais pas.
- Tu me fais confiance?
- Je… Pourquoi cette question?
- Pourrais tu un jour remettre ta vie entre mes mains Simone ?
- Je… tu...
- Je sais que tu penses au bébé, mais si je te demande de le faire c'est uniquement pour ton bien, pour te protéger et encore plus maintenant. Simone, je ne te ferai jamais quelque chose qui puisse te faire volontairement de mal.
- Pourquoi tu me dis tout ça Angel?
- Je vais te reposer la question. Peux-tu me confier ta vie sans avoir peur, me faire entièrement confiance ?
- Oui, même si nous avons eu quelque problème, tu t'es toujours très bien comporté avec moi, et lui les règles du contrat était clair non? Finalement c'est moi qui a voulu plus. Dis je en baissant les yeux et il vient caresser mes joues de sa main rugueuses
- Bien, alors ne l'oublie jamais.
Il se rapproche de moi et dépose un baiser au coin de mes lèvres, je ferme les yeux pour savourer cet instant.
- J'aurais tellement aimé que les choses se passent différemment. Dit il en sortant me laissant complètement perdu.
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