Le lendemain matin, elle le retrouva dans la cuisine, un bol de café dans les mains, en pleine discussion avec Pascal. Ou plutôt en pleine écoute attentive. Son père lui expliquait le dernier match de handball qu'il avait regardé à la télévision et à quel point il avait aimé les vingt dernières minutes. Lyly salua timidement Tô Tâm ainsi que Pascal, pressa l'épaule de Théo en passant près de lui en signe de salut, et s'installa en face de lui.
Théo avait de petits yeux. Qui pourrait bien se douter qu'il n'avait pas dormi de la nuit à cause de toute cette histoire ? Connaissant Théo, il n'allait pas réussir à aborder le sujet aussi facilement par peur d'inquiéter ses parents.
- Vous êtes plus café ou thé, Lyly ?
- Je préfère le thé, si vous en avez.
Tô Tâm acquiesça en souriant et mit de l'eau à bouillir.
- Et on a gagné comme ça ! s'exclama Pascal. On a vraiment eu de la chance !
- C'est clair que dit comme ça, ils n'auraient pas dû gagner.
- T'aurais dû regarder le match avec moi, c'était quand même intéressant, assura Pascal en avalant une gorgée de café. J'ai aussi commencé à lire ton livre. Il est fascinant !
- Tu es rendu à quel chapitre ?
- Trois, bientôt quatre ! Je me suis endormi avant de le finir...
Lyly observa la pièce et se concentra sur ce qu'il se passait en dehors de la cuisine. Visiblement, Enrico et Louisa n'avaient pas encore pointé le bout de leur nez.
- Louisa et Enrico dorment encore ? demanda innocemment Lyly.
- Oui, mais ils ne devraient pas tarder, répondit Pascal.
Lyly croisa le regard de Théo qui avait le visage plongé dans son bol, et l'encouragea à parler d'un discret signe de tête.
- Maman...
Théo posa son bol sur la table, prit une grande inspiration, et suivit Tô Tâm des yeux qui déposa une tasse remplie d'eau bouillante près de Lyly.
- Oui ?
Elle alla chercher des boîtes de thé dans un des meubles et les déposa sur la table.
- Servez-vous, Lyly. Faites-vous plaisir.
- Merci, Tô Tâm.
- Est-ce que vous me le diriez si Enrico avait un problème ?
Pascal échangea un regard avec sa femme.
- Tu parles de ce qui s'est passé hier ?
- Oui. J'y ai beaucoup pensé.
- Je te l'avais dit, marmonna Pascal avant de touiller le reste de son café avec sa petite cuillère.
- Tu ne dois pas t'inquiéter, assura Tô Tâm. Il va mieux que ce que tu crois.
- Il ne se souvenait pas de vous si mamie ne lui avait pas rappelé qui vous étiez, et il m'avait aussi complètement oublié. Le médecin, qu'est-ce qu'il en dit ?
Lyly plongea son sachet de thé à la menthe dans sa tasse, et releva le regard vers Pascal, qui paraissait légèrement mal à l'aise.
- Enrico a des rendez-vous prochainement, on en saura plus à ce moment-là. Pour l'instant, tout ce qu'on sait c'est qu'il a des pertes de mémoire.
- Qui peuvent être dues à une maladie ou bien à la vieillesse ?
- C'est exact.
Tô Tâm ôta son tablier.
- Louisa n'en sait pas plus non plus, mais elle fait de son mieux pour l'aider.
- J'aimerais être mis au courant quand vous aurez des nouvelles, demanda Théo.
- Quand on en saura plus, on te le dira, assura Pascal. Tu seras le premier au courant.
Théo acquiesça et colla ses mains de chaque côté de son bol.
- Angèle dort encore ?
- Oui, elle se lève tard ces derniers temps.
Lyly sortit son sachet de thé de sa tasse, rajouta un peu d'eau froide afin de tempérer la chaleur de l'eau, et trempa le bout de ses lèvres pour s'assurer de la bonne température.
- Vous mangez avec nous ce midi ? proposa Tô Tâm.
- Je ne pense pas, répondit Théo en regardant Pascal. On voulait aller se balader dans le coin. Mais on repassera ici avant de partir.
Tô Tâm acquiesça, rangea son tablier et sortit de la cuisine. La pièce fut soudainement moins animée. Pascal se leva à son tour.
- J'ai quelques bricoles à faire, profitez bien de votre balade, et oubliez pas de venir me voir avant de partir !
- On ne risque pas d'oublier, assura Théo.
Pascal tapota l'épaule de son fils, alla déposer son bol et sortit à son tour de la pièce, laissant le jeune couple seul dans la cuisine.
Théo se couvrit la bouche en baillant et referma la boîte de thé que Lyly avait laissé ouverte.
- Tu as l'air fatigué.
Le jeune homme leva les yeux vers Lyly.
- Je n'ai pas bien dormi cette nuit.
- Pas du tout, tu veux dire.
Il leva un sourcil de surprise.
- Tu t'es levé plusieurs fois cette nuit, je t'ai entendu, reprit-elle.
- Je croyais que tu dormais...
Lyly hocha la tête que non.
- Au début je pensais que tu te levais pour aller aux toilettes... Ça t'arrive souvent d'aller fumer la nuit ? demanda-t-elle, inquiète.
Théo la fixa, étonné qu'elle soit au courant, et baissa les yeux vers son bol quasiment vide. L'entendre dire cela lui faisait mal. Aller fumer en pleine nuit lui avait semblé sensé, mais maintenant qu'elle le disait, cela paraissait plus pathétique qu'autre chose.
- Non, avoua-t-il faiblement, ça fait un moment que j'aurais dû arrêter de fumer, d'ailleurs. Mais cette nuit, j'avais juste besoin de... Je ne sais même pas, soupira-t-il. Je ne sais pas pourquoi j'ai été fumer. Pour me calmer, sans doute.
- Je peux faire quelque chose pour t'aider ?
Théo releva aussitôt le visage vers Lyly et l'observa sérieusement.
- Tu en fais déjà plus que tu ne le crois.
- Je ne fais pas grand chose, bredouilla-t-elle. J'aimerais faire beaucoup plus, mais je ne sais pas quoi...
Le jeune homme secoua la tête.
- Je te promets que tu t'en sors très bien.
Il avala la fin de son café, s'essuya la bouche et tapota trois fois la table du plat de sa main.
- Allez, si on veut avoir le temps de se promener, il ne faut pas qu'on traîne trop. Tu me rejoins en haut ? Je vais me préparer.
- J'arrive dans cinq minutes.
Théo acquiesça et se redressa. Il alla déposer son bol, rangea la boîte de thé ainsi que celle contenant le sucre, se passa un coup sur les mains, et sortit de la pièce afin de remonter dans sa chambre.
Lyly se retrouva alors seule, aussi bien à table que dans la cuisine, et se demanda ce qu'elle avait bien pu faire pour l'aider. Bien sûr, elle tentait d'être présente et d'être à son écoute, mais était-ce vraiment suffisant ? Ne pouvait-elle pas faire plus ?
Durant leur promenade dans le parc qui se situait à une dizaine de minutes à pied de chez Tô Tâm et Pascal, Lyly comprit jusqu'à quel point Théo pouvait aussi mal vivre la situation actuelle. Il se disait conscient des ravages que pouvait faire la vieillesse sur un être humain, mais voir de ses propres yeux à quel point ses grands-parents avaient vieilli, et entendre son grand-père avec qui il avait de nombreux souvenirs lui dire qu'il ne se souvenait pas de lui, et donc de tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, lui avait fait terriblement mal. Théo était bel et bien décidé à arrêter de fumer, mais ce qu'il venait de vivre le tourmentait, et de ce qu'avait appris Lyly, Théo et l'anxiété ne faisaient pas du tout bon ménage.
La mort mettait terriblement mal à l'aise Théo. S'il y avait bien une chose dont il se passait bien de parler, c'était celle-ci. Perdre un être cher signifiait ne plus jamais avoir l'opportunité de le voir et de créer de nouveaux souvenirs. Perdre un être cher voulait dire ne plus jamais pouvoir prendre son téléphone et lancer un simple appel afin de l'avoir au bout du fil et lui raconter ses péripéties. Perdre un être cher voulait tout simplement dire ne plus jamais pouvoir réentendre son rire, croiser ses yeux, ne plus jamais pouvoir sentir son parfum, et oublier, peu à peu, le timbre de sa voix.
Après avoir écouté Théo exprimer ce qu'il ressentait, elle avait hésité puis avait finalement osé lui demander s'il se souvenait de la voix de ses propres parents. Il avait réfléchi un moment, s'était arrêté face à l'aire de jeux qui se trouvait à leur droite, et avait avoué avec un air attristé sur le visage que non. Il ne se souvenait ni de leur voix, ni de leur parfum. Mais il se souvenait d'avoir beaucoup ri, et de s'être senti aimé. Ses parents ne lui avaient jamais fait ressentir qu'il était de trop, ou bien non désiré. Non, ils l'avaient chéri pendant huit belles et heureuses années.
Ils s'étaient arrêtés devant un marchand ambulant installé à l'une des sorties du parc, avaient acheté un hot dog, et avaient continué leur promenade en discutant.
Après une balade de plus de quatre heures, le jeune couple avait pris le chemin du retour, et était réapparu chez Pascal et Tô Tâm un peu après dix-sept heures. Ils avaient fait leur sac, étaient rapidement passés dans la chambre d'Angèle afin de la saluer et l'avaient découverte enroulée dans sa couette, la pièce plongée dans le noir.
Théo aurait aimé faire une réflexion, lui dire qu'elle ne pouvait pas vivre recluse et qu'elle avait bel et bien besoin d'aide, mais il n'en avait eu ni la force, ni le courage, et il était descendu au rez-de-chaussée, perplexe, suivi par Lyly, inquiète.
Lyly comprenait désormais pourquoi Théo évitait de passer voir ses parents ainsi que ses grands-parents. À chaque fois qu'il en ressortait, il paraissait fatigué, dépité. Brisé.
En premier lieu, ils avaient salué Tô Tâm ainsi que Pascal, qui leur avaient fait part de leur joie d'avoir pu les revoir aussi vite, puis Lyly avait laissé Théo saluer ses grands-parents après elle, afin qu'il prenne le temps dont il avait besoin. Elle s'était reculée vers la porte d'entrée, auprès de Pascal, et avait attendu une bonne dizaine de minutes avant que Théo ne la rejoigne, le visage ferme et sérieux. Ils avaient été raccompagnés par Tô Tâm et Pascal jusqu'à la voiture de Théo, leur avaient échangé quelques derniers mots, et Théo avait manœuvré afin de sortir de la cour sans faire de dégâts.
La voiture était désormais plongée dans le silence. Depuis que Théo avait passé le portail de ses parents, il n'avait pas sorti un mot, et ne semblait pas décidé à communiquer pour le moment. Lyly resta le visage tourné vers sa fenêtre, les pieds croisés, et observa le paysage défiler. Il n'y avait pas trop de circulation, ce qui était bon signe. Durant leur promenade, Théo lui avait fait part de son envie de réserver une chambre d'hôtel afin qu'ils puissent prolonger leur week-end, et Lyly avait accepté. Elle aurait aimé pouvoir l'interroger, lui demander s'il savait où était l'hôtel dont il lui avait parlé, mais elle appréhendait. Lyly appréhendait de le sortir de ses pensées, peut-être avait-il besoin de ce calme pour faire un point sur tout ce qu'il avait vu, ressenti en arrivant chez ses parents.
Lyly jeta un œil à son téléphone et vit deux messages de sa cousine. Visiblement, John et elle avaient installé un nouveau meuble dans leur chambre en fin de matinée. Elle lui répondit rapidement, et reporta ses yeux vers l'extérieur.
Théo avait beaucoup échangé avec Louisa avant de partir, mais personne n'avait pu entendre le sujet de leur conversation. Lui avait-elle annoncé une mauvaise nouvelle ? Leur échange avait-il accru l'angoisse de Théo ? Elle descendit sa vitre à la moitié, passa le bout de son nez à l'extérieur, et inspira fortement l'air frais qui glissa droit dans ses poumons.
Elle se réinstalla correctement.
- Théo... tenta-t-elle timidement.
Elle se tourna vers le jeune homme, qui avait toujours les yeux rivés sur la route.
- Tu sais où est l'hôtel ?
- Oui.
Théo était bien trop sérieux, Lyly souhaitait trouver quelque chose à dire afin de le faire rire, mais rien ne lui vint en tête. Elle fit la moue, pensive, et analysa la voiture. Lorsque ses yeux rencontrèrent la clé de contact attachée à un petit trousseau de clés et la petite médaille argentée suspendue qu'elle n'avait jamais pris le temps d'observer, Lyly tendit le bras et la tourna du bout de ses doigts.
- Une tortue ? dit-elle, interloquée.
Elle regarda Théo, qui avait baissé les yeux vers son trousseau de clés.
- Pourquoi une tortue ?
Il releva son regard vers la route.
- C'était l'animal préféré de ma mère.
- De Tôm Tâm ?
Théo hocha la tête que non et stoppa la voiture au feu rouge.
- Oh.
Lyly observa la petite tortue qui semblait lui sourire. Cela devait faire longtemps qu'il l'avait. Ses couleurs avaient perdu de leur éclat, et la tortue n'avait quasiment plus de yeux, ni de bouche.
- Ça fait longtemps que tu l'as ?
- Je devais avoir quinze ans, par là.
- Wow, et tu l'as encore.
Lyly relâcha la petite médaille et la regarda se balancer dans le vide.
- Je n'ai jamais pensé à te le demander... reprit-elle, confuse. Tes parents, ils s'appelaient comment ?
Théo reprit la route et tourna à gauche après avoir activé le clignotant.
- Mon père s'appelait David, et ma mère Juliette. Mais il l'appelait toujours Juju.
- Ils avaient de beaux prénoms... Et tu te souviens du métier qu'ils faisaient ?
- Ma mère était infirmière, et mon père état garagiste, mais il avait perdu son emploi quelques semaines avant.
Lyly passa son bras autour de la nuque du jeune homme.
- Ils seraient vraiment fiers de voir l'homme que tu es aujourd'hui.
- Ça on ne le saura jamais... Mais je fais de mon mieux pour.
Lyly hésita puis se lança.
- Louisa t'a dit quelque chose ? Tu as l'air vraiment ailleurs...
Théo tourna aussitôt son regard vers Lyly, étonné, et glissa sa main sur l'une des cuisses de Lyly, qu'il pressa. Il était loin d'imaginer que sa mauvaise humeur était autant perceptible.
- Non, ça va, ne t'en fais pas.
Il tenta de lui sourire avant de reporter son regard sur la route, mais celui-ci ne parvint pas à convaincre la jeune femme, qui continua de le regarder d'un air perplexe.
- Théo, tu peux m'en parler, assura-t-elle. Je veux t'aider.
- Elle ne m'a rien dit que je ne savais pas encore. C'est surtout moi qui analyse trop ce qui s'est passé depuis hier.
- Vous avez parlé pendant un moment...
- Elle me posait des questions sur mon métier, sur toi, sur moi. C'est juste à la fin, avant que je parte, qu'elle m'a dit qu'elle surveillait Enrico, et qu'elle fera de son mieux pour l'aider. Il s'arrêta. Je lui ai aussi donné mon numéro, au cas où elle voudrait me contacter ou aurait besoin de mon aide. Mais en soit, on n'a pas beaucoup parlé d'Enrico.
- Alors qu'est-ce qui te fait autant réfléchir ?
Théo s'engagea sur le rond-point.
- Un mauvais pressentiment.
Lyly se réveilla, le corps nu collé contre celui de Théo et toucha ses cheveux emmêlés. Elle remonta le plus discrètement possible la couette afin de couvrir le haut de leur corps, et reposa délicatement sa joue contre le torse chaud de Théo.
Après leur passage au jacuzzi, qui avait réussi à détendre le jeune enseignant, ils avaient filé au restaurant avant de se rendre dans leur chambre d'hôtel, un peu après vingt heures trente.
Tout s'était passé relativement vite, Lyly n'avait pas eu le temps de réfléchir, comme cela avait été le cas lors de la première fois, et elle s'était laissée aller, bien plus détendue. Comme cela avait été le cas il y a un peu moins de deux semaines, Théo avait été à son écoute, ne l'avait pas brusqué, et ne l'avait pas forcé. À aucun moment Lyly ne s'était sentie obligée de faire quoi que ce soit ou bien ne s'était sentie mal à l'aise.
Elle ferma les paupières, et retrouva la sensation qu'elle avait ressenti il y a de cela quelques heures. Le corps de Théo glissant sur celui de Lyly, leurs doigts entrelacés, le regard plongé dans celui de l'autre. Pour la première fois depuis des mois, Lyly avait mis de côté sa réflexion, et n'avait été que sensation sur sensation. Un corps bourré de sensations toutes plus fortes les unes unes que les autres.
Théo gigota légèrement dans le lit en sentant les doigts de Lyly dessiner de petits cercles autour de son nombril, et ouvrit les yeux. Il baissa le regard et vit la jeune femme, les yeux ouverts plantés sur les rideaux sombres.
- Pour une fois que c'est toi qui me réveille, marmonna-t-il d'un ton ensommeillé.
- Il fallait bien inverser les rôles pour une fois.
Théo ricana et glissa aveuglément sa main dans la chevelure de Lyly.
- L'autre jour, je pensais à quelque chose, mais je n'ai pas osé te le demander, ajouta-t-elle en continuant de faire tourner son index et son majeur autour du nombril de Théo.
- À propos de quoi ?
- De nous.
- Dis-moi.
Il fit descendre sa main le long de la nuque de Lyly et lui caressa lentement le dos, jusqu'à la naissance de son postérieur, où il stoppa sa main.
- Si je n'avais pas été la cousine d'Ashley, tu ne serais jamais sorti avec moi, si ?
Théo réfléchit un instant, ce qui fit lever les yeux de Lyly vers le visage du jeune homme, qui regardait le plafond.
- Honnêtement je ne pense pas. S'il y avait bien une chose que je souhaitais m'interdire, c'était de sortir avec une étudiante. C'est vu comme quelque chose de malsain en règle générale, et je n'aime pas ça.
- Tu n'aurais jamais été intéressé par ma sublime beauté ?
Théo lâcha un petit rire, baissa les yeux sur Lyly et croisa son regard.
- Je ne dis pas que je ne trouve pas certaines étudiantes belles, alors si, il est possible que je t'aurais remarqué, mais je n'aurais jamais cherché à apprendre à te connaître.
- Ça fait plaisir à entendre, répondit-elle ironiquement.
- Mais tu es la cousine d'Ashley, et on est ensemble, se rattrapa-t-il, et ça, c'est clair que ça fait plaisir à entendre.
Lyly lui pinça la peau au niveau du nombril ce qui fit grogner Théo qui se frottait les yeux de son autre main libre. Autant de questions dès le réveil... C'était bien le genre de Lyly.
- Tu arrives toujours à te rattraper, tu as de la chance, le nargua-t-elle.
- Tu poses toujours des questions farfelues, aussi.
- C'est pour ça que tu m'aimes, rétorqua-t-elle en souriant. Et donc, reprit-elle, si j'avais essayé de t'embrasser, tu m'aurais repoussé ?
- Tu n'aurais jamais essayé, assura-t-il aussitôt en rigolant tendrement. Jamais, je dis bien jamais, tu n'aurais essayé.
- Bah qu'est-ce que tu en sais ?
- Tu es trop discrète et timide pour faire ça. Et tu réfléchis beaucoup trop. Si on part du principe que cette idée t'aurait traversé l'esprit, tu aurais comparé tout ce que tu pouvais gagner et perdre en faisant ça, et tu ne l'aurais finalement pas fait.
Il touchait malheureusement dans le mille. Lyly lui pinça une seconde fois la peau. Théo se décolla rapidement de Lyly, pivota, et se retrouva en l'espace de quelques secondes sur elle, accoudé de chaque côté de son visage, de sorte à ce que son nombril soit collé au corps de Lyly, et soit donc inaccessible. Lyly éclata de rire en essayant de le repousser, mais Théo resta immobile, un sourire amusé au coin des lèvres. Lorsqu'elle laissa tomber et se contenta d'admirer le visage du jeune homme à quelques centimètres du sien, ses yeux glissèrent rapidement sur ses lèvres, qu'elle aimait tant, puis remontèrent vers ses yeux bruns profonds.
- Peut-être que j'aurais eu un moment de folie, suggéra-t-elle.
- Ta folie n'aurait jamais été jusqu'à embrasser un de tes profs. Enfin j'ose l'espérer.
- Pourquoi tu oses l'espérer ?
- Parce que tu as beaucoup à perdre en faisant ça. Si ce n'est pas réciproque, le prof en question pourrait clairement t'en faire baver.
- Et toi, tout ça c'est ta façon de m'en faire baver ? lança-t-elle d'un ton moqueur.
Théo explosa de rire.
- Tu n'as pas idée.
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