Le Savoir

En entendant Murainan'TA tomber au sol, Bernard ferma un instant les yeux, avant d'arriver enfin dans la pièce où se trouvait selon Lee-NA le Savoir. D'une forme de théâtre antique où la scène était le lieu où se trouvait Bernard, et les gradins en face de lui où se trouvait une quasi obscurité. Les soldats cessèrent soudainement leur avance et la porte qu'avair défendu Murainan'TA se referma brusquement ainsi que les autres issues. Ne restait que la porte menant à la salle du dérivateur, vers laquelle Bernard se dirigea. Soudainement, une intense lumière orange s'alluma dans toute la salle, laissant apparaître ce qui se trouvait à l'emplacement des gradins.

Une sorte d'énorme tas de chair, de membres et de tentacules d'une étrange couleur entre le marron et de rougeâtre s'y tenait, prenant toute la place. Rien ne laissait présumer une tête ou même une morphologie compréhensible. Une sorte d'appareil métallique se trouvait comme incrusté en son centre et d'épais câbles reliaient de nombreuses parties de son corps à la salle précédente en passant par le mur. Une sorte de lent mouvement de respiration l'agitait tandis que quelques membres et tentacules s'agitaient lentement. Bernard se tourna vers lui, tétanisé, et le Savoir se mit à parler de sa voix profondément grave :

《Je ne vous cache pas ma déception, Berthieux. Je vous pensais plus combatif, avec votre groupe. Je comptais sur peut-être trois survivants au moins. Vous avez un malin plaisir à défier toutes mes prévisions, à chaque circonstance.》

Bernard déglutit difficilement et répliqua :

《Un seul survivant, ou trois, ça ne change rien. Je vais te pulvériser.》

Le Savoir émit une sorte de gloussement dérangeant pendant de longues secondes avant de continuer :

《Ce serait dommage, je ne fais que perpetuer le rêve de votre ami Murainan'TA. Allier toute la galaxie, la fin de ces conflits stériles et imbéciles.》

Bernard secoua la tête :

《Tu vas buter tout le monde, facile d'allier une galaxie décimée》

Le gloussement recommença :

《Berthieux... je ne tue que mes opposants. Les autres sont tous convertis. Quelques unes de mes cellules nerveuses injectées dans leurs cervelles et ils obéissent tous à leur esprit ruche. Ensemble sous une même bannière, fiers soldats sans arrières pensées. Efficaces, dévastateurs et surtout unis.》

Bernard lâcha un petit rire nerveux tandis qu'une rage intense grandissait en lui et cria soudainement :

《Tu ne sais rien de ce que c'est, d'être fier et unis !》

Le Savoir ne gloussa pas cette fois-ci. Un lent grongnement s'éleva de son corps et il dit alors :

《Je sais tout, Bernard Berthieux. Depuis les centaines d'années d'existence que je possède, j'ai tout appris. J'ai eu accès à toutes les bases de données partagées, tous les réseaux d'information, toutes les archives. Je sais absolument tout sur votre vie, plus que ne l'auront jamais su vos amis. Et je savais tout d'eux, plus que vous n'aurriez jamais pu savoir. Je connais vos notes scolaires comme votre dossier médical, je sais ce que vous avez acheté depuis toujours. Je sais absolument tout de vous. Vous êtes Bernard Alfred Berthieux, né Henriette Julie Berthieux, dans la famille de Patricia et Jacques Berthieux. Je connais la fiche de paie de vos parents, chaque mois. Je sais à quel âge vous avez fais votre transition, avec les heures mêmes de vos prises d'hormone. Je sais quand vous avez fait votre premier travail. Je sais que vous n'avez jamais été amoureux de personne et que personne n'a été amoureux de vous. Je sais tout. Je suis le Savoir même, incarné.》

Bernard serra la mâchoire, tandis qu'une larme coulait doucement sur sa joue :

《Tu ne sais pas ce qu'est la modestie en tout cas. Pardonne moi, il faut que je te tue. La bise.》

Et il se retourna vers la porte, mais alors qu'il portait sa main pour l'ouvrir, il fut retenu par l'un des tentacules du Savoir, qui s'était déployé jusqu'à lui. Sans avoir le temps de réagir ni de tirer, d'autres tentacules le saisirent et le ramenèrent vers le Savoir, qui dit sur un ton acide :

《Nous, c'est vous qui allez mourir, Berthieux. Vous n'êtes rien, et certainement pas celui qui mettra fin à mon existence.》

Alors que les tentacules le serraient de plus en plus fort, Bernard répliqua en tentant de résister à la douleur tandis que son envie de provoquer grandissait maintenant que tout égait perdu :

《Je ne suis pas rien, je suis Bernard Berthieux. Et ça me suffit amplement, comme ça a suffit à mes amis. Toi, gros tas de merde, tu n'es rien par contre. Pour personne. Et tu ne sais pas tout. Tu es même ignorant sur un nombre incroyable de choses. Je sais bien que tu vas me buter, et tu pourras même buter la galaxie entière sans jamais cesser d'être un ignorant. Tu n'es pas le Savoir, tu es l'ignorance. Et je te hais.》

Le Savoir gloussa et grogna en même temps avant de dire :

《Ce n'est pas habituel chez vous, les discours héroïques. Ça en serait presque émouvant.》

Et il serra Bernard de toutes ses forces, l'étouffant. L'ancien employé de Bureau suffoqua un instant avant de fermer les yeux, sans vie.

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