ღ Chapitre 1 - La lumière au bout du tunnel ? (Partie 3) ღ
À peine le seuil franchi, Gabriel et Charlie se sentent comme chez eux. La bouche ouverte tant elle est ébahie et les yeux remplis d'étoiles, la communicante entame la visite de l'appartement qu'elle va partager pendant une année complète avec Gabriel.
Baigné de lumière, il leur plaît immédiatement.
Après avoir retiré ses sandales bonnes à jeter, Charlie, poussée par la curiosité, entre dans la pièce de vie qui regroupe le salon et la cuisine. Et, aussitôt attirée par ces quatre immenses fenêtres, elle se précipite vers l'une d'elles pour découvrir le panorama dont ils bénéficient depuis le troisième étage.
— Gabriel ! hurle-t-elle soudain.
Alerté par son cri, il mobilise ses dernières forces pour lui porter secours.
— Qu'est-ce-qu'il y a ? répond-il, prêt à intervenir.
— Mais regarde-moi ça ! Je pourrais rester admirer la mer pendant des heures, s'émerveille-t-elle.
Les sourcils froncés, il s'approche à son tour.
Charlie n'a pas menti : la Mer du Nord s'étend à perte de vue. Ce paysage est à couper le souffle.
— Tu as raison, c'est superbe, admet-il, après avoir bâillé à s'en décrocher la mâchoire.
Puis, éreinté par le trajet qui les a menés jusqu'ici, il se traîne en direction du large canapé recouvert d'un tissu gris souris, sur lequel il se laisse choir lourdement. Pendant ce temps, la jeune fille continue sur sa lancée et se dirige vers la cuisine équipée.
La voilà rassurée : rien ne semble manquer. Elle, qui aime être aux fourneaux, va pouvoir se consacrer à l'un de ses hobbys préférés.
— On va voir les chambres ? propose-t-elle à Gabriel, sans se départir de sa soif d'aventure.
Comme s'il venait d'avaler une canette entière d'une boisson énergétique, il se redresse tel un diable à ressort. Du haut de son mètre soixante dix-huit et le torse bombé tant il est musclé, il rejoint Charlie sans plus attendre. Sa mèche qui retombe négligemment sur son front et ses cheveux bruns assez courts virevoltent à chaque pas. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il paraît plus en forme ! Sans nul doute, ces quelques minutes lui auront été bénéfiques. Il faudrait d'ailleurs peut-être vérifier qu'aucun mécanisme permettant de recharger ses batteries soit dissimulé dans quelques fibres du sofa qu'il vient de quitter... Toutefois, souhaitant mener l'enquête de son côté dans un premier temps, Charlie accueille son meilleur ami dans le couloir comme si de rien n'était.
Au fur et à mesure qu'il se rapproche, il la fixe de ses prunelles marron. La moue amusée, elle reporte son attention sur la fossette qu'il a au niveau du menton. Elle fait craquer toutes les filles, Charlie la première. Bien qu'elle n'éprouve rien de plus que de l'amitié pour lui, ce détail lui plaît beaucoup. C'est un peu sa marque de fabrique.
— À toi l'honneur, dit-elle, d'une voix mélodieuse.
Très touché par cette délicate attention, il s'avance vers la pièce qui jouxte la salle de bain.
D'un seul coup d'œil, il embrasse l'espace qui s'offre à lui.
Son aspect sobre et fonctionnel lui plaît beaucoup. Situé devant une grande fenêtre qui donne sur d'imposants arbres centenaires, l'étroit bureau en verre semble avoir été réfléchi et conçu pour accueillir les cours ainsi que les différents projets d'étudiants internationaux. À sa gauche, une commode à cinq tiroirs contiendra les vêtements. Et comme pour le conforter dans ce choix très probable, le linge de lit dans les tons gris apporte une touche positive supplémentaire à son attrait pour elle.
— Elle est pas mal ! Allons découvrir l'autre tous les deux, suggère Gabriel.
Partante, Charlie hoche la tête.
Après l'avoir contournée, et son amie dans son sillage, il ouvre la marche.
— Prête ? la questionne-t-il en se retournant vers elle, un sourire chaleureux sur le visage.
— Plus que jamais, lui assure-t-elle.
L'air déterminé, ils avancent sur le parquet en bois clair.
Un peu plus spacieuse, la seconde chambre est agencée différemment. Un lit King Size, sous lequel s'encastrent des tiroirs de rangement, occupe un angle de la pièce. À ses pieds, s'étend un tapis moelleux de couleur crème. Contre un des murs blancs se trouve un profond et long cadre de bois. Un portant qui domine une tablette et quelques vastes corbeilles superposées y est fixé. Enfin, le bureau scandinave sur lequel Charlie pourrait travailler bénéficie de l'éclairage naturel dispensé par la large et haute fenêtre qui offre une vue imprenable sur la mer.
Sans un mot, elle observe avec discrétion les réactions de Gabriel. Craquant littéralement pour cette chambre, elle ne peut s'empêcher d'espérer secrètement que le choix de son meilleur ami portera sur la précédente.
— Alors ? Tu arrives à te décider ? demande-t-elle, après avoir laissé volontairement, s'instaurer un moment de silence.
Revenant sur ses pas, il balaie à nouveau du regard le lieu de sa première visite.
— Je crois que j'ai un coup de cœur pour celle-ci. Elle fait plus mec, annonce-t-il, en désignant du menton celle qui plaît le moins à Charlie.
— Oh yes ! Je préfère l'autre, s'enthousiasme-t-elle, en frappant dans ses mains.
— Pourquoi je m'en doutais ? s'enquiert-il, l'air amusé.
Tant elle est soulagée, elle emmène sans plus tarder sa valise aux roulettes cassées dans la chambre qu'elle va occuper.
— Chausse-toi, il faut qu'on aille faire les courses !
— Tu as raison, on déballera après. J'ouvre juste mon barda* pour enfiler mes autres sandales, le prévient-elle.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
La jeune fille déboule quelques instants plus tard dans le couloir où l'attend Gabriel.
— Je suis prête !
— Parfait, alors allons-y !
Après avoir retiré les clés de la serrure, il ouvre la porte et pousse, en douceur, sa meilleure amie vers la sortie.
Rattrapée par ses pensées, Charlie se réjouit d'être là. Elle a l'impression fugitive de pouvoir renouer doucement avec celle qu'elle était avant son cauchemar. Être libérée de ses bourreaux n'a pas de prix. Ici, elle pourra parvenir à se reconstruire et qui sait ? Avec l'aide indéfectible de Gabriel, reprendre peu à peu confiance dans la vie. Elle remercie souvent le ciel d'avoir rencontré un ami si précieux.
Puis, une fois l'accès à l'appartement verrouillé, ils empruntent les escaliers de marbre blanc et descendent les trois étages, excités comme des puces à l'idée de découvrir un peu plus la ville.
* Barda : Terme familier, synonyme de bagage.
Mot de l'auteure : Cette partie du premier chapitre est légèrement plus courte que les précédentes. J'étais obligée de la couper à cet endroit pour que la suite soit plus logique. J'espère que vous aurez apprécié votre lecture malgré tout.
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