Voici le deuxième texte, qui doit être en continuité du premier, ce que je ne savais pas alors... Bon, comme Madame a tué tout le monde, comment je vais faire, moi ? 😅
Consignes de la deuxième épreuve :
Mme la Mort au lycée et découvre que la personne qu'elle aime en secret aime une autre personne et qu'il a en plus découvert que votre protagoniste l'aime.
Alors, je suis tellement bonne en romance 😅 que j'ai demandé des précisions, et surtout qu'on m'explique comme si j'avais 3 ans (pas sûre d'avoir bien tout compris😬🤣) : La Mort est amoureuse de X. X amoureux d'un autre perso du lycée Y et apprend en plus que la Mort l'aime. La Mort n'a pas encore déclaré sa flamme à X.
Après cet épisode tragique qui coûta la vie à une classe entière (j'aime les exécutions groupées : c'est facile et surtout plus rapide), l'école organisa une enterrement collectif dans l'église de la ville. Tous étaient présents, réunis dans la peine et la compassion pour les familles endeuillées. Que voulez-vous, c'est la vie... enfin, plutôt la mort, dans le cas qui nous occupe ici.
Sur une longue table, des photos de visages souriants et pleins de promesses étaient alignées devant nous. Plus grand que les autres, le portrait de M.Georges trônait au milieu de ses élèves. Les êtres humains me fascineront toujours ! Comme si la vie d'un professeur bedonnant valait plus que celle de ses élèves ! Vous et votre ego surdimensionné, je vous jure... « La vanité, c'est décidément mon péché préféré », lancerait le diable en rigolant.
Dans la froideur de l'édifice, les mouchoirs s'imbibaient de souffrance, tandis que les cœurs saignaient à l'intérieur (oui, je sais, ça rime. Mais pour une fois, je n'ai pas trop envie de plaisanter avec ça. C'est bizarre, d'ailleurs. Mais qu'est-ce qui m'arrive, moi ?). L'émotion atteignit son paroxysme lorsqu'une mère se leva, tremblante, et se dirigea vers l'image de sa fille, à jamais disparue. Elle s'agenouilla et posa un baiser sur la vitre transparente qui, désormais, les séparait. Je vis qu'il s'agissait de Léa, ma copine au sourire d'acier.
J'aurais tant voulu crier à cette pauvre dame que sa gentille demoiselle était partie vers la lumière et qu'elle avait sans nul doute poussé la bonne porte qui la mènerait vers le paradis, mais je n'en fis rien. L'émotion me serrait si fort la gorge qu'une nausée m'assaillit soudain. Depuis mes vacances, il y a quelques années de cela, je suis devenue une vraie chochotte, plus humaine parfois. Quelle horreur !
Je courus vers les grandes portes de bois, une main plaquée sur la bouche. Sitôt arrivée dehors, je rendis mon petit déjeuner dans le bosquet de fleurs qui garnissait le parvis de l'église. Le patron allait encore m'en vouloir de salir son antre...
— Ça va ? me demanda un garçon aux cheveux blonds en me tendant un morceau de tissu blanc.
— Oui, merci, répondis-je en prenant le mouchoir pour m'essuyer la bouche.
En me relevant, je pus voir mon sauveur de plus près. Une grand gaillard, souriant, de ce sourire bienveillant qui fit aussitôt battre mon cœur. J'avais à jamais rayé l'amour de ma vie, enfin, si je puis dire (depuis ce petit con d'Alessandro, vous vous rappelez ? Prenez des notes, je ne vais pas répéter !). Mais là, je craquai lamentablement devant cette mine d'ange auréolée d'or. Je clignai des yeux. Non, c'était juste les reflets du soleil qui dansaient dans ses cheveux.
— C'est terrible, ce qui s'est passé, soupira-t-il en plongeant ses yeux dans les miens. La mort est parfois cruelle.
— Oui, mais elle en bave souvent aussi, murmurai-je dans une moue attristée.
Il me dévisagea un instant, puis esquissa un sourire attendri. Je crois que c'est là que mon cœur commença à fondre pour de bon.
Dès ce jour, je n'eus de cesse de chercher des yeux ce beau blond dans la foule. Dans la cour de récréation, lorsque nos regards se croisaient soudain, je détournais la tête, emplie de gêne et de confusion. Mes joues commençaient à brûler et mes mains transpiraient au point d'en être mouillées (vous avez des corps bizarres, quand même). En enquêtant discrètement, c'est-à-dire en posant des questions à tout le monde, j'appris qu'il se nommait Léo et qu'il était en seconde.
La vie du lycée reprit son cours, comme souvent après les tragédies. J'ai depuis longtemps remarqué que votre mémoire tente de gommer les malheurs, pour que la vie puisse reprendre le dessus. Mais j'ai aussi pu observer que la souffrance avait tendance à revenir comme un boomerang, en plein dans vos dents.
Ce matin-là, adossée à un mur, j'étais en train de me livrer à mon activité favorite de la journée – mater discrètement l'éphèbe à la chevelure dorée – lorsque je vis s'approcher de moi une lycéenne à la bouche de métal. Une fraction de secondes, le boomerang revint vers moi, mais je l'évitai de justesse en baissant la tête.
— Tu cherches quelque chose ? me demanda la fille en regardant par terre.
— Non, non, répondis-je en chassant une larme naissante d'un battement de cils.
— Tu l'aimes bien, non ?
— De qui tu parles ?
— Ben, de Léo. Tu n'arrêtes pas de le fixer.
— Ça fait mal ? questionnai-je, histoire de détourner la conversation.
— Quoi ?
— Ce que tu as dans la bouche.
— Oh, mon appareil orthodontique... Parfois, oui, mais on me l'enlève bientôt.
— C'est parce que tu parlais trop qu'on t'a mis cette muselière ?
— Hein ? Quelle muselière ? Mais non ! C'est pour aligner les dents.
— Oh. Je te demande cela parce qu'une de mes amies arborait le même sourire crispé que toi. À quoi ça sert d'aligner les dents ?
— Ça, faut demander à mes parents... lança-t-elle en riant tout en m'envoyant des éclairs dans les yeux.
— C'est quand même terrible, les parents.
— Tu parles ! Au fait, je m'appelle Charlotte, mais tout le monde m'appelle Cha-Cha. Alors, tu aimes Léo, je me trompe ?
— Je ne comprends pas ce que tu veux dire...
— Allez, à d'autres ! Si je peux te donner un petit conseil, ne tarde pas trop à lui déclarer tes sentiments, parce que tu n'es pas la seule sur les rangs.
D'un geste discret de l'index, elle me montra une jolie fille élancée, au regard de biche et aux jambes interminables qui fixait avec insistance la même cible que moi.
Tout à coup, Léo tourna la tête et sourit à cette pouff..., à cette chère demoiselle.
— Tu vois, j'en étais sûre !
La seconde qui suivit me désarçonna au point de me faire perdre la tête. Mes poumons se remplirent d'une fumée épaisse, mon sang commença à bouillir dans mes veines, mon cœur se coupa en deux, comme une vulgaire coquille de noix, déversant les flammes de l'enfer sur le béton de la cours de récréation. Je venais de découvrir la jalousie, ce sentiment horrible qui vous conduit à tant de bêtises, de grosses bêtises même.
— Elle s'appelle Cindy, m'annonça ma nouvelle copine.
— C'est un nom de pute, lâchai-je en déversant des coulées de lave incandescente par mes yeux ivres de colère.
Un rire mauvais s'éleva de la gorge de Cha-Cha. Elle devait aussi détester la bichette. Ravie de constater qu'une alliée avait rejoint mon camp, je poussai un soupir de soulagement : j'avais peut-être encore une chance de conquérir le cœur du bellâtre.
Je mis la semaine suivante à fourbir mes armes. J'avais échafaudé un plan que je croyais imparable. De ma plus belle plume, j'avais rédigé un petit mot et l'avais ensuite glissé dans le casier de Léo pour lui annoncer la grande nouvelle : une mystérieuse jeune fille l'aimait en secret et allait bientôt lui avouer son amour. J'avais aspergé la lettre avec du parfum que Cha-Cha m'avait prêté pour l'occasion.
Je croyais mon scénario irrésistible, mais c'était sans compter sur la méchanceté humaine. En effet, je n'avais pas remarqué que la vilaine Cindy m'avait vue insérer la feuille de papier entre les rainures de l'armoire métallique.
En espionnant pour mon compte le beau Léo, ma nouvelle amie apprit qu'un match de foot allait être organisé dans l'après-midi du samedi.
Histoire de mettre toutes les chances de mon côté, je passai toute la matinée à me ravaler la façade (croyez-moi, il y avait du boulot). La veille, Cha-Cha avait gentiment proposé son aide.
— Tu es sûre que ce n'est pas trop ? demandai-je, perplexe, en apercevant mon reflet dans le miroir.
— Mais non, pas du tout. Tu es très belle !
— J'ai l'impression d'être déguisée. Ces hauts-talons, cette mini-jupe... J'hésite, dis-je en me dandinant le popotin. On voit mes fesses, non ?
— Pas du tout ! Les mecs adorent ça.
— Tu crois ?
— Bien sûr ! Fais-moi confiance.
Oscillant dangereusement sur des échasses de dix bons centimètres, je me dirigeai vers le terrain, accompagnée de Cha-Cha qui m'encourageait de sa petite voix enthousiaste. Alors, autant vous le dire tout de suite : les talons et la pelouse, pas besoin de tenter le coup, ça ne fait pas bon ménage. Plusieurs fois, mon amie dut voler à mon secours et m'aider à m'extraire de l'herbe.
Quand nous arrivâmes enfin, le match avait déjà commencé. Assise dans les gradins, je pus à loisir observer le fessier des joueurs en pleine action. Oh ça va, hein ! Que celle qui ne s'est jamais rincé l'œil en regardant un match de foot me jette le premier ballon ! (Tiens, ça me rappelle une histoire de lapidation que je vous raconterai ce soir, si vous êtes sages, quand j'irai vous border.)
À la mi-temps, Léo s'approcha de Cindy, l'enlaça, puis lui roula une pelle interminable. Là, quelque chose se rompit dans ma poitrine et des larmes de détresse commencèrent à couler le long de mes joues. Mais ce n'était rien comparé à la déchirure qui me parcourut de la tête aux pieds quand je la vis sortir de sa poche un papier rose, plié en quatre, avec de grands cœurs entrelacés sur le dessus.
Ma lettre, ma belle lettre d'amour. Ma première lettre d'amour.
Tout à coup, la chipie et le vilain me fixèrent, un sourire narquois plaqué sur leurs lèvres méchantes. Des larmes de rage commencèrent à inonder mon visage empourpré. Léo prit ma déclaration d'amour et, après l'avoir dépliée, fit semblant de s'essuyer les fesses. Puis, il en fit une boule qu'il envoya valser par terre.
Voyant le tourment dans lequel cet affreux m'avait plongée, Cha-Cha prit ma main dans la sienne et la serra fort. Eh bien, vous savez quoi ? Ce simple geste m'a fait un bien fou, un réconfort que je n'avais jamais éprouvé auparavant.
En une journée, j'avais découvert la jalousie et la haine.
Alors, je vais vous faire une confidence : les histoires d'amour avec les mecs, c'est trop compliqué pour moi. Mais au final, j'ai quand même trouvé l'amour : je suis sortie avec Charlotte. Léo, Cha-Cha, c'est presque pareil, non ? Ce sont des gaufrettes avec du chocolat autour, même si elles n'ont pas du tout le même goût ! Bon, j'avoue que j'ai quand même attendu qu'on lui enlève l'emballage métallique avant de croquer. Je tiens à ma langue, moi !
Quelques dizaines d'années plus tard
— Je suis ici pour toi.
— Ah bon ? C'est bizarre, ton visage me dit quelque chose...
— En effet. Te rappelles-tu cette après-midi ensoleillée où tu as roulé dans la farine une jeune fille qui ne demandait qu'à être aimée ?
— Non. Mais qui es-tu, à la fin ?
— Une lettre d'amour parfumée, où j'avais déversé tous les sentiments que contenait mon cœur ?
— Oh. J'y suis, maintenant. La pouf sur ses échasses...
— Eh bien, mon cher Léo, comment t'expliquer ? Je pourrais te tuer rapidement, d'un seul trait de faucille. Mais mon petit doigt me dit qu'avec toi, je vais prendre tout mon temps... Et tu n'auras pas la chance d'avoir du papier toilette parfumé sous la main, cette fois-ci !
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