-17 Septembre 2061-
Son corps, plus lourd que le mien, pèse sur mes poumons. La poussée d'adrénaline fait réapparaitre mon asthme et décuple ma force.
Je réagis au quart de tour, tel un oiseau prit en chasse par un chat. Les réflexes prennent le dessus sur la raison. Lui faire mal m'importe peu, ce que je veux c'est être le plus loin possible de ce félin.
- Putain, tu fous quoi là !, m'écrié-je.
La rage déforme ses traits.
Je tente, à l'aide de mes pieds, de le repousser. Malgré tout, Kevin se débat plutôt bien et me fait regretter d'avoir zapper les cours d'auto défense.Certes, leur nombre était restreint, mais à l'époque, j'étais loin de m'imaginer qu'ils me serraient utiles.
- Kevin lâche-le !
Viviane débarque en trombe et tente de l'écarter. Mon frère se débarrasse d'elle d'un large mouvement de bras. Ma poitrine se presse à l'idée qu'il est pût lui faire du mal.
J'envoie mon poing vers son visage mais il l'évite et m'offre un bon coup sur la joue. Ma tête vrille sur le côté, j'y vois de moins en moins clair. Des étoiles peuplent la nuit qui menace de m'engloutir. Kevin s'entraine suffisamment pour maitriser la force de ses coups. Il ne lésine pas. Ma vision se brouille et revient à la normale. Mes poumons et ma joue, offerte, me brûlent.
Un goût métallisé se répand dans ma bouche. Je crache cette substance nauséabonde.
Derrière Kevin, Connor et un garçon aux cheveux verts courent pour l'attraper avant que le deuxième assaut ne m'atteigne. Viviane accourt me redresser et vérifier si tout va bien.
Capitaine de mon propre bateau, j'affronte la colère marine. Une vague défonce le flac droit de la coque, je penche vers le côté qui prend l'eau. Ma tête se métamorphose en une barre incapable de maintenir son capte.
Il n'y est pas allé de main morte.
J'appuie sur quelques points stratégique de ma colonne dans l'espoir d'alléger la douleur.
Moi qui voulait connaître sa réaction ... Je ne suis pas déçu. Bravo, j'applaudis. Après ce n'est pas comme si je ne l'avais pas cherché.
- Kevin, calme toi, qu'est-ce-qui te prend ?, l'interpelle notre leadeur.
- Il n'a rien à faire ici !
Son doigt accusateur me pointe au milieu de la foule qui s'amasse. L'aiguille de la boussole.
Ces mots s'étouffe dans un pluie de postillons. Je me redresse aidé de Vi. Je masse ma joue pour atténuer la douleur et vérifier qu'il n'y est aucune entaille. D'après mes connaissances, je suis bien parti pour passer une semaine avec la moitié du visage violacée.
- Mec, essaie de l'apaiser le garçon asiatique qui aide Connor à retenir Kevin.
Ce dernier se débat toujours prêt à en finir avec moi.
Autour de nous, une petite foule se constitue. Les sympathisants abandonnent leurs travaux et observent le spectacle.
Snow et Ayden restent à l'écart mais assez près pour voir l'action.
Un violent coup de bras écarte mes deux sauveurs. Kevin me détaille sans bouger.
- Je te jure devant dieux que je vais te tuer !
Ses mots sont pires que ceux de l'homme nous qui nous servait de père. Ma bouche, trop sèche, m'empêche de rentrer dans son jeu.
- Kevin, rentre.
- Putain mais quand payera-t-il pour tout ce qu'il a fait ! Ne nous l'a-t-on pas assez répéter ? Le sang appel le sang.
La devise muette de notre pays sonne vrai entre ses lèvres. Oui, le sang appel le sang. Mais Kevin, ne t'inquiète pas, le destin sera terrible avec moi.
Des murmurent s'élèvent de la foule et une multitude de paires d'yeux m'observe. Le rouge empourpre mes joues.
- Kevin, dégage de là !, tonne avec brutalité Connor.
Mon frère n'est pas impressionné par les menaces de son supérieur. Son visage est aussi écarlate que le sang craché plus tôt.
- Il est des leurs. Qu'on leur remette sa tête et empochons la récompense !
Kevin crache les mots sans les penser. La colère parle pour lui et, au fond, je le comprends. Si mon frère m'avait menti pendant des années et abandonné, j'aurais réagit comme lui.
Les chuchotement montent d'un cran. Je tente de me défaire mais Vi me retient, mes pieds se liquéfie sous mon corps.
- Je croyais que nous en avions fini. Que me reproches-tu de plus ? J'en ai plus que marre de m'excuser pour mes erreurs passées. Ne pouvons-nous pas avancer ? Le gouvernement n'est qu'une ordure que nous détruirons. Mes crimes peuvent être pardonnés, en revanche, ceux de Leferts non.
Ces quelques phrases renferment ce qui reste de ma combattivité. La foule se tait et je cherche le regard d'Ayden.
- Comment avancer alors que tu as laissé nos parents sans rien ?
Cette piqure de rappel est le pas qu'il ne fallait pas franchir. Comment peut-il apprécier de se donner, ainsi, en spectacle ?
Sa rage est tel un virus. Il me contamine et m'entraine dans notre descente aux enfer. J'ai envie qu'il souffre autant qu'il m'a fait souffrir.
- On parle de toi ? Tu vies dans le mensonges, Kevin, dévoilé-je. Tu es parti pendant plus de deux ans en laissant ce que tu appelles "famille". N'as-tu pas remarqué les hématomes sur la peau de maman ? Non, j'en doute vu que tu n'étais pas là.
Je ravale le surplus de salive.
- Et je vais terminer avec ça, celui que tu pensais être notre père ne l'ai pas. Je viens de l'apprendre. Alors arrête de me balancer ta colère dessus et canalise la pour des sujets plus importants.
Je prends mon courage à deux mains et transperce la foule. Elle s'ouvre sur mon passage comme Moïse face à l'océan.
- Que tout le monde retourne à sa tâche, ordonne Connor qui essaye de ce faire entendre.
Ma joie, envolée à une vitesse folle, laisse place à une fatigue croissante. Je monte sans rien dire jusqu'à mes anciens appartements. Les taules peintes de rouge défilent dans une monotonie déprimante. J'ouvre la porte et tombe sur des vêtements éparpillés qui doivent venir des nouveaux propriétaires. Trois couchettes s'encartent dans le petit espace.
Le nombre exponentiel des sympathisants réduit considérablement notre espace de vie pour le transformer en dortoir.
Je referme la porte.
- Nick, viens.
Viviane me rejoins et entrelace nos doigts. Sa chaleur me calme mais pas assez. La lave bulle toujours dans mon cœur.
- En attendant, il y a toujours ma chambre.
Un sourire emplit de bienveillance m'accueille. Elle m'embrasse et me tire jusqu'à l'autre bout du premier étage. Le sol grince à chacun de nos pas.
Vi ouvre la dernière porte qui donne sur une toute petite pièce d'à peine huit mètres carrés. Le mince espace de circulation rétrécit à cause d'un bureau et d'un lit deux places. Un tas de feuilles camoufle le vieux parquet.
- Voici ma suite cinq étoiles, ironise-t-elle pour me remonter le morale. Installe-toi.
D'habitude, je ne réagis pas comme ça mais mon altercation avec Kevin m'a vidé. Je m'allonge sur le lit douillé et place mes bras sous ma tête. Viviane fait le tour du matelas et vient se caler entre le mur et moi.
- Tu vas avoir un beau bleu, constate-t-elle en caressant ma joue.
Je grimace de douleur.
Sa tête se pose sur mon torse. Ses cheveux crépus chatouillent mon menton.
- Ce que tu as dit par rapport à ton père, c'est vrai ?
- Oui, soufflé-je.
- Je suis désolé.
- Tu n'as pas à l'être. Mon père est un enfoiré. Que je le veuille ou non il m'a élevé, je ne peux pas l'oublier du jour au lendemain.
- Je comprends mais pour ta mère ...
- Il l'a bat et je n'y peux rien. Je n'ai pas le pouvoir de m'interposer entre lui et sa décision.
- On fera quelque chose, je te le promets.
Il le faut mais quoi ? Mon père fait le double de ma carrure et ma mère est soumise à cet individu.
Je ferme les yeux et sombre dans un sommeil sans rêve.
Un bruit à la porte me réveille. Je décale avec la plus grande douceur Viviane qui dort. Je marche à pas de velours jusqu'à la fenêtre pour tirer sur les rideaux. Même si ça ne sert à rien, nous ne seront pas réveillés par les rayons du soleil quand le jour pointera le bout de son nez.
Les coups recommencent et je me dépêche d'atteindre la porte. Je l'ouvre et aperçois le fameux asiatique.
- On vous attend dans la salle de réunion ...
Hey,
Que pourrait-il arriver ? J'attends vos réactions.
N'hésitez pas à réagir, je vous répondrai avec plaisir.
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