19-Nous sommes le pouvoir !

-16 Septembre 2061-

Le bruissement des graviers sur le sol n'a duré qu'une seconde.

Mes muscles se bandent et mon cœur envoie un tel afflux de sang que ma tête tourne. Je me redresse dans un calme presque absolu. La seule fenêtre du conteneur se situe au pied des garçons.

Je les regarde et hésite un instant à les réveiller. Mon genoux prend appuie sur le matelas, fin comme une feuille de papier, tandis que, je repousse une mince partie du rideaux.

La lune n'est plus que l'esquisse d'un arque de cercle. Elle n'éclaire pas suffisamment la rue. Des ombres pourraient danser devant la petite ouverture, en simple vitrage, que je ne les verrais pas.

- Tu ne dors pas ?

Snow -alias Sofiane- émerge de son sommeil et se redresse en position assise. Ses deux petites mains frottent avec douceur ses yeux endormis.

Je redescends et pose mon doigt sur ma bouche et sa bouche pour lui demander de ne faire aucun bruit. Je jurerais voir ses pupilles se dilater.

- Réveille Ayden.

Je me redresse, la mâchoire crispée. Le lit fait résonner son mécontentement, alors que, je me dirige vers le sac volé hier.

Ayden a vite comprit la situation. Il n'a pas perdu de temps pour sauter sur son sac et passer le troisième à son frère, encore dans les vapes.

Je m'arrête et m'approche de la porte. L'oreille tendue, j'attends avec patience le moment où les pas recommenceront.

Les minutes défilent sans que je n'entende rien. Je commence à croire que mon audition m'a encore jouée des tours. Je me redresse et me tourne vers les deux frères. Le brun me regarde, un doigt sur la bouche, et reporte mon attention sur la fenêtre.

Un faible faisceau de lumière détoure une ombre qui avance à pas de velours. Snow plaque sa main contre sa bouche pour étouffer un cri. Ayden remonte ses lunettes cassées et me tend l'arme qui m'est la moins utile. Je fait tourner le couteau dans ma main avant de le coincer dans ma manche.

Je remercie sans un mot, Snow pour les vêtements qu'il a trouvé la veille, ils sont une taille en-dessous mais ils permettent à l'arme tranchante de ne pas voyager pas entre le tissu et ma peau. Je réajuste mon bomber noir et avance vers la porte.

- Nick à terre !

- Ah !, hurle le plus jeune d'entre nous.

Je me recroqueville, surpris. La vitre de la petite fenêtre se brise et une bombe lacrymogène déverse sa fumée toxique dans l'habitacle.

L'objet a beau être à un mètre de moi, je sens déjà son contenu entrer dans mes poumons. Je plaque mon bras contre ma bouche et les garçons font de même.

- Il faut sortir !, tousse Ayden, son tee-shirt plaqué contre le bas de son visage.

- Comment veux-tu ? Ils doivent être partout !

Ma respiration se veut sifflante et beaucoup plus laborieuse que d'habitude. Il ne nous reste plus beaucoup de temps avant de finir intoxiqués. Snow, au plus près, commence à perdre équilibre. Ayden le saisit et le porte pour me rejoindre.

- A trois on cours !

Je retiens ma respiration.

- Un !

Je prends la poignée.

- Deux !

Je fait pivoter le rond qui sert de serrure.

- Trois !

La porte calque contre la parois métallique tandis que nous courons vers notre droite.

- Va tout droit, lui indiqué-je.

- Mais ...

- Ne t'inquiète pas, on se retrouve devant le mobile-home de mes parents, si je ne suis pas de retour d'ici deux heures c'est qu'ils m'ont eu !

J'embranche la rue de gauche et déboule à en perdre allène. Je ne régule plus correctement ma respiration. Mes poumons alternent entre toux et sifflements. Je ne calcule plus rien, les maisons disparaissent, les poubelles s'envolent et les bruit environnants s'essoufflent. 

Je me risque à regarder derrière moi mais mes pieds s'emmêlent et je trébuche. Je me rattrape en moins de deux, les mains écorchées à leur surface. Sous la pression, je me relève promptement et repart de plus belle.

La descente n'est pas nombreuse. Deux gardes me suivent de près dans leurs uniformes intégrales d'un noir de geai.

Je croise les doigts pour que les garçons soient sains et saufs.

Dans le 7, les rues se ressemblent toutes, je serpente entre les maisons pour les semer mais ils sont aussi tenaces qu'une moule à son rocher.

- Arrêtez-vous !

L'ordre est étouffé par le vent qui siffle dans mes oreilles. Je manque de m'effondrer une nouvelle fois mais la troisième est la bonne. Je me tors la cheville sans aucune gravité mais le temps que je reprenne ma course, les deux soldats sont arrivés à ma hauteur.

Je tourne la tête une fois à droite une fois à gauche comme si je devais traverser un passage piéton -qui n'existe que dans l'Enceinte-.

Assis sur le sol, je prends conscience de la fraicheur des nuits de Septembre. Je pense que l'hiver écourtera l'Automne en moins de deux.

Les deux gardes du gouvernement s'avancent vers moi, l'arme prête à tirer. Stupide, je relève mes mains au-dessus de ma tête et ne tente aucun mouvement. La réflexion faite hier me revient en mémoire.

Me suis-je trompé ? Alix ne m'avait-elle que vendue du rêve ? L'Implosion n'est-elle pas en train d'imploser ? Que me serait-il arrivé si je n'avais pas quitté mon poste ? Une chose est sûre, je ne serais pas ici à attendre que mon destin me rattrape.

Jamais je n'aurais cru douter de mes choix surtout ces derniers temps mais j'ai mis tant de personnes en danger ... Kevin, Ayden, Snow, Amanda, Viviane, ma mère ...

J'aimerais que le temps explose une bonne fois pour toute.

- Nick du secteur 7, Exilé et ancienne pupille du président, vous êtes en état d'arrestation pour mise en danger du pouvoir !

L'un des compagnons me contourne et s'agenouille pour me passer les menottes.

Je cherche un regard, une expression sous ce masque de verre teinté. Pourquoi ont-ils si peur de nous ? Pourquoi les effrayons-nous tellement ?

C'est là que l'évidence me frappe.

Je passe une main sous ma manche à la recherche de mon unique ticket de sortie.

La vérité est si flagrante.

Nous sommes un peuple !

Nous sommes une démocratie !

Nous sommes le pouvoir ! ...

Hey,

Les choses se pimentent pour Nick. Que pourrait-il advenir ?

Comment voyez-vous la suite ?

La BA est en médias juste au début du chapitre.

N'hésitez pas à réagir, je répondrais avec plaisir à vos commentaires !

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