Chapitre un

Pourquoiiiiii ?!

Pourquoi les nuits sont trop courtes quand on a école ? Franchement ? C'est une loi de l'univers encore non identifiée par l'espèce humaine à ce jour. Par contre pour le chat des voisins étalé sur le rebord de ma fenêtre, c'était une autre histoire... Etendu de tout son long sur le lit, la vie ne pouvait pas plus être belle. Surtout en souriant béatement à mon adresse. Je roulai des yeux en l'air puis me dirigeai vers la salle de bain pour me préparer. Faudra aussi qu'on m'explique la deuxième loi de l'univers qui a également lieu le matin : se lever à l'heure mais trouver le moyen d'être en retard. C'est pas mal aussi, ça.

A présent à l'école, je traversai la cour pour rejoindre le bâtiment où j'avais ma première leçon du matin. Les yeux encore un peu fermés, je pris place et attendis que le professeur fasse son entrée, annonçant le début d'une longue journée. Je regardai autour de moi : mes camarades discutaient entre eux, certains rêvassaient, d'autres prenaient de l'avance dans leur manuel scolaire. J'haussai les sourcils : humains stupides.

-Bien bien bien, bonjour à tous, asseyez-vous. J'espère que vous avez bien révisé... INTERRO !

Oui, c'est bien ce que je disais, les humains sont stupides.

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L'interrogation surprise touchait à sa fin quand la porte de la classe s'ouvrit en grand fracas. Un garçon aux cheveux bruns, au regard d'amande et à la taille excessivement grande fit son entrée.

-Excusez-moi d'être en retard, j'ai...

-Pas le temps de m'expliquer, jeune homme, il vous reste cinq minutes pour faire votre interrogation. Je vous souhaite une bonne ch-

-On peut pas monnayer une interrogation orale pour moi ? Ca ira plus vite que si j'écrivais.

Le professeur tint son menton dans la main, en caressant doucement sa barbe. C'était pas un prof de sciences, mais c'était pas une lumière non plus. On pouvait s'attendre à tout avec lui.

-C'est d'accord. Je ramasse les copies écrites et nous procéderons à votre interrogation... spéciale.

-Orale, monsieur.

-Oui oui, c'est cela. Allez vous assoir.

Il se tourna vers la classe, cherchant du regard. Je levai ma main, il sourit immédiatement. Quand il pris place, je lui chuchotai à l'oreille :

-Je me disais aussi que c'était trop silencieux ce matin à côté de moi. C'est quoi ton excuse aujourd'hui ?

-Tu ne vas pas me croire.

-Je ne te crois qu'une fois sur deux, tu inventes toujours des trucs de dingue.

-Mais des fois, c'est vrai !

-Tu viens de le dire toi-même. "Des fois", donc, tu inventes parfois.

Pris sur le fait, il bloqua un moment, faisant une fixette sur mon intelligence avec la bouche à  demi-ouverte, puis finit par sortir le reste de ses affaires. Quand les copies furent ramassées, le professeur procéda à son interrogation.

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-Je te jure que c'est vrai !

-Mais oui, ChanYeol, mais oui. Allez viens, on ne va plus avoir de place à la cantoche.

-Et toi, comment ça va ?

-Ca va, un peu mieux réveillée que ce matin.

-Oui, ça se voit. T'avais quand même une sale tête, un peu comme un des zombies que j'ai vu dans mon film hier soir. C'est le contrôle de ce matin qui t'as donné de meilleures couleurs ?

-Heu... on peut parler de ton bafouillage à l'oral ? T'as répondu à la moitié des questions.

-C'est mieux que rien. En philo, on dit qu'il faut voir le verre à moitié plein. N'est-ce pas ?

-Bien sûr, Socrate.

-Fous-toi de ma gueule.

-Tu retiens pas les bons trucs pour avoir des bonnes notes, toi.

-Je retiens ce que je veux. Là, en l'occurrence, je retiens que tu es antipathique ce matin.

-Est-ce que tu sais au moins ce que ça veut dire ?

-Oui... bien sûr.

Il entra dans le bâtiment du réfectoire et glissa un regard vers moi au-dessus de son épaule. J'éclatai de rire et le rejoignis enfin.

ChanYeol était mon meilleur ami depuis le collège, soit depuis huit ans. Notre amitié a commencé le jour où il a foutu une grosse claque dans la figure d'une fille qui me tirait les cheveux pour faire rire ses copines. Cela m'avait bien fait rire et j'avais trouvé ce jour ce qu'était une vraie amitié. Au fil des années, il était devenu un frère, et il n'y avait jamais eu d'ambiguïté. Au contraire, quand je trouvais un copain ou lui une copine, on en parlait ensemble, on se concertait comme si on était une secte, pour accepter un nouvel humain dans notre vie. Il m'arrivait parfois d'entrer en contact avec ses crushs qui me demandaient des conseils ou, parfois, de m'éloigner car elle me trouvait trop collante. En général, ces meufs là, elles finissaient solo, tout le contraire de ce qu'elles attendaient.

-Qu'est-ce que tu prévois ce weekend ? lui demandai-je.

-Réviser pour le contrôle de sciences.

-Plus sérieusement ?

Il releva les yeux de son assiette, débordante de frites huileuses, puis sourit de toutes ses dents recouvertes de nourriture.

-F'est un blaaague !

-Ooooh. Plus dégueulasse, tu meurs.

J'entendis rire derrière moi. Je me retournai légèrement pour savoir si on rigolait de mon meilleur ami et... sans surprise... c'était le cas. Je fis de nouveau face à ChanYeol.

-Tiens, voilà ton fanclub JUSTE derrière moi. Quelle surprise.

-Toujours jalouse ?

-J'ai jamais été jalouse, tête de cochon !

-Même celle qui était assise sur mes jambes alors qu'on discutait tranquillement sur un banc dans le parc de la ville ?

-C'était une tchoin, celle-là. Une vraie sangsue à te suivre et te coller comme ça ! Si on lui avait proposé de faire une greffe, même si on lui avait proposé un cerveau, elle aurait refusé et demandé une greffe sur toi.

Il éclata de rire, je finissais mon assiette comme une reine. Surtout en sachant que les greluches derrière ne riaient plus puisqu'elles m'admiraient. Nan, j'déconne, ça fait beaucoup.

En sortant de la cantine, ChanYeol me proposa de finir le repas par un bubble tea au café du coin, j'acceptai volontiers. Il y avait pas mal de petits commerces, de cafés, de bars, de restaurants autour de notre université. L'étude de marché était vite réalisée en sachant que notre université affichait 2000 élèves au compteur, représentant de multiples nationalités. On était en plein cœur de la ville, que demander de plus ? Mon appartement était idéalement situé à quelques rues d'ici, à dix minutes de l'université. J'avais tout sur place.

En ressortant du café, nous tombâmes nez-à-nez avec une nuée de filles en chaleur criaient comme des truies dans la rue.

-Mon fanclub s'agrandit et devient de plus en plus chaud, à ce que je vois.

-Redescends d'un étage et calme tes ardeurs dans le pantalon. Ce n'est pas toi qu'elles regardent.

On tourna la tête vers la personne qui créait toute cette énergie. Il s'agissait d'un  jeune homme au look rock, en marge de la société, accompagné de ses potes dans le même style que lui. Il était habillé tout de noir, la chemise blanche légèrement ouverte, une chaîne accrochée à la ceinture de son pantalon. Un tatouage dépassait légèrement de la manche droite. Il traversa le passage piéton en face de nous et nous croisa, jetant un regard insolent à notre adresse.

-C'est quoi, son problème ? Parce qu'il met toutes les filles à genoux, il peut se permettre de nous prendre de haut comme ça ? Viens, Dalion, on s'en va. Dalion ? Hé !

-Hein ? Quoi ? Ou-oui, on y va.

Nous traversâmes la rue direction l'université. Je jetai un dernier regard au-dessus de mon épaule, me demandant d'où pouvait sortir une personne comme lui.

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