♥Bonus : Souvenirs (1).
Je rangeai l'appartement rapidement et entendis alors un bruit derrière moi. Un cadre était tombé au sol. En le ramassant, je vis que la photo dans celui-ci était une photo d'Amelia et moi deux jours après l'enterrement de son père. Le souvenir douloureux de cette journée m'était alors revenu en tête alors que je reposai la photo sur son meuble.
Le jour où Fred était mort avait probablement été le pire jour de ma vie à égalité avec la mort de mes parents et de Cedric. J'avais vu mon monde entier s'écrouler au moment où j'avais compris que son cœur ne battait plus, qu'il ne battrait plus, et que sa respiration ne ferait plus jamais lever sa poitrine, que son rire ne résonnerait plus dans mes oreilles, que je ne verrai plus rien de ce que j'aimais chez lui, plus jamais. Mais je crois bien que le jour de son enterrement avait été l'un des jours les plus tristes de ma vie. J'avais dû écrire un éloge funèbre et j'avais dû le lire devant une foule de personnes pour qui Fred avait compté et j'avais fini la journée épuisée d'avoir laissé couler tant de larmes sur mes joues.
Ce jour était arrivé. Ce jour que j'avais tant redouté était arrivé. Aujourd'hui, j'allais réellement faire mes adieux à mon mari. J'allais commencer ce travail de deuil encore impensable et aux apparences insurmontables.
"- S'il te plaît, Lia, calme-toi."
Elle se mettait à crier alors que je lui mettais un petit ensemble noir et n'arrêtait pas d'enlever son serre-tête pour le mettre dans sa bouche, ce qui m'énervait. D'autant plus qu'elle n'en faisait qu'à sa tête et ne m'écoutait absolument pas. Au bout d'un moment, après qu'elle m'ait donné des coups de pied alors que je lui mettais ses chaussures, je me mis à crier.
"- Amelia, arrête maintenant !"
Elle me regarda avec ses grands yeux chocolat alors que je me pinçai les lèvres en tremblant. Quelqu'un entra derrière moi alors qu'Amelia commençait à pleurer et que j'essuyai une larme sur ma joue. Je n'y arrivais pas. Je n'y arrivais plus avec elle. Je m'énervais au quart de tour, sentais les larmes me piquer les yeux à chaque fois que je posais mes yeux sur elle et n'avais aucune autorité.
"- Papa !" Criait-elle en pleurant.
"- Besoin d'aide ?"
Je me tournai vers Harry qui était entré et hochai la tête.
"- J'en peux plus, elle en fait qu'à sa tête, aide-moi à la calmer s'il te plaît.
- Sors, je m'occupe d'elle. Prends l'air, t'en a besoin avant que ça commence.
- D'accord..."
Je sortis de la chambre et essuyai mes larmes qui commençaient déjà à couler. Ces derniers jours, elles étaient tellement présentes que j'allais finir par devoir leur faire payer le loyer. Mes joues en étaient baignées chaque nuit avant de m'endormir. C'était si dur de devoir essayer de tenir face à Amelia. Si dur d'essayer de gagner de l'autorité sur mon enfant qui pendant des mois n'avait été habitué qu'à celle de son père. Je me sentais nulle, incompétente. J'avais l'impression même d'être un danger pour elle, de tout faire de travers. C'était horrible comme sensation. Me sentir plus bas que terre, avoir l'impression d'être la pire des mamans.
Je n'avais que dix-neuf ans, après tout. Même pas vingt ans. Pouvait-on être une bonne mère à dix-neuf ans ? Je n'en savais rien. Mais moi, non.
Harry sortit de la chambre avec sa nièce dans les bras. Elle s'était calmée et avait enfin ses chaussures aux pieds. Même mon frère se débrouillait mieux que moi, c'est pour dire.
"- Prends-la."
Il me tendit ma fille que je pris dans mes bras en soupirant.
"- Je suis pas sûre de pouvoir tenir, Harry.
- On ne te demande pas de tenir, Alex. Aujourd'hui, ca va pas être un jour facile. Pour aucun de nous, mais surtout pour les Weasley et toi.
- Ne commence pas à avoir pitié...
- Je n'ai pas pitié, Alex."
Je baissai les yeux sur mon bébé et me décidai à rejoindre tout le monde en bas. Je lissai ma robe noire d'une main et demandai à Harry de me suivre. Il attrapa ma main et nous descendîmes dans le salon. Les Weasley étaient tous là et je croisai le regard de George, vitreux de larmes. Il avait vécu vingt ans avec son frère dont il n'avait jamais été séparé. Ce moment allait être l'un des plus durs pour lui mais j'étais sûre qu'il allait essayé de se contenir.
"- Ah, ma chérie, tu es prête ?"
Je hochai la tête et Harry rejoignit Ginny alors que Ron était avec Hermione. Ils se tenaient la main, Hermione le regardant avec inquiétude. Elle essayait de le réconforter doucement.
Nous partîmes en direction du cimetière dans lequel il allait être enterré et je sentais déjà mon cœur se tordre en voyant des gens déjà présents là-bas. Nous saluâmes Neville, Oliver, Angelina, Luna, Katie et mes meilleurs amis qui s'avancèrent vers moi pour me serrer dans leurs bras avant d'attendre le reste des personnes qui viendraient. Lee était le prochain arrivé. Il vint voir George sur le champ pour lui apporter son soutien. Des professeurs, dont McGonagall, étaient arrivés, d'autres élèves de notre année et d'autres années arrivaient et quand tout le monde fut là, nous entrâmes dans le cimetière. Le corps de Fred allait être emmené jusqu'à la tombe et la cérémonie allait commencer.
Alazéa posa une main sur la mienne en voyant arriver le cercueil et mon cœur se mit à battre avec force. J'essayai de retenir mes larmes quand le petit prêtre arriva et commença à parler. Cet homme avait enterré Dumbledore, marier Bill et Fleur, et je l'avais imaginé nous marier Fred et moi... Pas l'enterrer. Un sanglot se bloqua dans ma gorge.
Le discours du prêtre était évidemment solennel et neutre. Je craignais surtout les discours que nous allions faire et qui seraient alors plus émotionnels. Surtout en sachant que Molly, George et moi étions les seuls à avoir fait ces éloges et à les lire face à tout le monde.
Je jetai un coup d'œil à Molly qui pleurait, la main dans celle d'Arthur. George, lui, faisait tout pour ne pas craquer. Alors que tout le monde se levait pour se réunir autour du cercueil, George, auprès de sa mère, essaya de faire face à toute cette tristesse qui l'envahissait de l'unique manière qu'il connaissait pour faire face à ses problèmes : l'humour.
"- Au moins, tu seras capable de nous différencier maintenant, Maman..."
Tout le monde leva la tête vers lui. Molly, déjà en larmes, vit alors le dernier de ses deux jumeaux commencer à craquer doucement lorsqu'il termina de prononcer cette phrase. Lorsque les premières larmes se mirent à couler sur ses joues, George explosa en sanglots et Molly le serra dans ses bras instantanément. Bill, Charlie, Percy, Ron et Ginny étaient quant à eux là, à observer leur frère se faire réconforter par leurs parents. Je vis Ginny cacher ses yeux avec sa main alors qu'Harry la serrait un peu plus près de lui, Charlie essayer de réconforter un peu Percy qui semblait sur le point d'exploser, lui qui avait été le dernier à faire rire son frère, Ron essuyant une larme sur sa joue pendant que Fleur serrait Bill dans ses bras. Quant à moi, je les regardais, plantée devant le cercueil de celui qui aurait pu me réconforter maintenant en me serrant dans ses bras, sa fille qu'il ne verra jamais grandir et qu'il n'aura jamais entendu l'appeler Papa.
La mort quelle connerie douloureuse pour les vivants.
Je ne pus m'empêcher de pleurer un peu plus. Amélia remarqua alors mes sursauts et mes sanglots. Elle leva ses yeux chocolat sur moi et je crus voir un instant le visage de Fred apparaître devant mes yeux. C'était trop dur. Je n'en pouvais plus. Je craquais. Je ne voulais pas, mais je craquais.
"- Mama.. ?"
Tout le monde autour de nous se tourna alors pour voir que je venais enfin de craquer. George releva les yeux et s'approcha pour venir me serrer dans ses bras. Je le serrai aussi fort que lui, lui faisant prendre conscience que nous souffrions ensemble de différentes douleurs. La perte d'un amant n'était pas la même que la perte d'un frère qui fut partie intégrante de soi-même depuis le début de notre vie. Alazéa vint prendre ma fille de mes bras en entendant que les éloges funèbres allaient commencer. Elle se mit un peu en recul avec elle tandis que Molly fut la première à passer devant l'assemblée. Son mouchoir qui lui servait à essuyer les grosses larmes qui roulaient sur les joues en main. Elle mit un moment avant de commencer avec difficultés.
"- Mon... Mon fils était... Mon fils était quelqu'un de fort, de bon et de drôle. Et jamais je... N'avais imaginé un jour me voir... Dans... Cette situation." Commença-t-elle. "Mon fils pouvait être agaçant. Il l'était bien souvent." Ricana-t-elle nerveusement. "Mais nous l'aimions... Pour cette raison et beaucoup d'autres."
Mes larmes commencèrent à monter de nouveau.
"- Mon fils n'était pas un fils que beaucoup aurait aimé avoir. Turbulent, farceur, qui ne savait pas ce qu'était que les limites ou les règles. Mais c'était mon fils et je l'aimais parce qu'il était turbulent... Farceur et qu'il ne savait pas ce qu'étaient règles et limites... Comme n'importe quelle mère aime son enfant..."
La suite du discours de Molly était saccadée de sanglots et remplie de douleur. Je l'avais vu face à cet épouvantard. Sa famille mourrait devant ses yeux et était sa plus grande peur. Celle-ci prenait vie devant elle et elle souffrait, plus qu'elle n'avait pu souffert auparavant.
Mes sanglots m'empêchèrent d'entendre la suite pour être honnête. Mais je savais qu'elle parlait de toutes les fois où il lui en avait fait bavé et avait fini par toutes ces fois où il l'avait rendu aussi heureuse qu'il avait pu l'agacer. Elle avait ainsi parlé de sa petite-fille et avait fini par des excuses pour ne pas avoir été capable de protéger un peu plus son enfant à qui elle devait aujourd'hui dire adieu. Cette dernière phrase m'acheva. Ce n'était pas de sa faute. Elle n'avait rien raté, l'avait assez protégé. Mais Fred s'était trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment...
George fut le suivant et je vis Arthur réconforter Molly du coin de l'œil. Il avait les joues humides aussi. On ne le voyait pas vraiment pleuré, mais il pleurait, évidemment. Un sans-cœur ne pleurerait pas aux funérailles de son fils, et même la plus courageuse des personnes ne pourrait empêcher cette larme de couler sur sa joue. Le Weasley qui devait prendre la parole mis du temps à parler.
"- Fred n'était pas juste mon frère." Commença-t-il alors. "C'était mon jumeau. Une moitié de moi. On était les mêmes, on avait juste été divisés à la naissance. Coupés en deux. On n'a pas passé une seule journée trop loin l'un de l'autre. Même quand il a commencé à se trouver quelqu'un."
Je sentis mon cœur s'accélérer et un léger sourire nostalgique étirer mes lèvres.
"- Fred... Fred était mon partenaire en tout." Ricana-t-il nerveusement. "On énervait Rusard à Poudlard en le faisant tourner en bourrique avec Peeves. On travaillait ensemble et c'était supposé durer."
Je le vis se pincer les lèvres et ses yeux s'embaumèrent de larmes. Il les posa sur moi et je secouai lentement la tête. Il gérait.
"- On adorait blaguer, je pense que tout le monde le sait. Mais je le répète pour les gens du fond qui ne suivaient pas."
Il y eut un léger ricanement dans l'assemblée.
"- J'arrive pas à croire que je vais devoir vivre sans lui... J'ai jamais pensé devoir l'imaginer un jour..."
Il fit ensuite la même chose que sa mère en énonçant tous les bons moments qu'il avait passé avec Fred. Et il y en avait beaucoup et affirma qu'il ne pourrait jamais tous les citer. Il termina finalement par sangloter en disant qu'il n'aurait plus jamais ces moments avec lui. Il conclut par lui dire au revoir et ce fut bientôt mon tour de passer. Ma poitrine commença à se serrer et mon cœur accéléra. Je dégluti et essayai de commencer à parler, mais j'avais l'impression que des tas de couteaux m'attaquaient la gorge.
"- "Alexis". C'est le premier mot que Fred m'a adressé. "J'ai failli d'attendre". Ce sont les... Les derniers mots que Fred m'a... Adressé..."
Je commençai déjà à sangloter en jetant un coup d'œil à la tombe de Fred.
"- En sept ans, j'ai découvert une personne qui... Qui faisait rire qui le voulait, mais aussi qui... Qui était à l'écoute et attentionné... Qui était l'épaule dont j'avais besoin pour pleurer quand... Quand j'allais mal... Comme... Comme maintenant..."
Je sentis les larmes commencer à rouler sur mes joues. La douleur s'intensifiait dans ma poitrine.
"- Fred était un homme incroyable à l'humour lourd... Mais incroyable." Assurai-je. "Il passait son temps à rire et faire rire, oui. Mais il était aussi brillant. Et il aimait sa fille plus que lui-même. Il aurait tout fait pour elle... Et maintenant, il... Il ne pourra rien faire d'autre que la surveiller de là où il est..."
Je reniflai. Je savais que ce que je disais était probablement nul. Je ne sais pas comment m'y prendre.
"- Ce deux mai, j'ai perdu l'homme que j'aimais. L'homme qui a rendu ces dernières années incroyables pour moi et sans qui... Sans qui la plus belle chose de ma vie ne serait jamais arrivée. Ce deux mai, j'ai perdu l'homme avec qui je voulais partager ma vie et je l'ai perdu trop tôt. Mais il est parti en héros... Et je sais que l'image qu'il veut qu'on retienne de lui est celle du... Du Fred souriant et riant à... À tout-va. Je sais qu'il... Qu'il doit se moquer de nous maintenant en... En se disant qu'on est juste idiots de pleurer et qu'on devrait jute rire... Rire des fois où il nous a rendu heureux et des souvenirs qu'il a laissé derrière lui..."
Mes larmes roulaient de plus en plus sur mes joues. En cascade. Je savais ce qu'il pensait de là où il était. Il devait se dire à lui-même que pleurer nous rendait tous moches. Mais c'était le dernier jour où nous pouvions lui dire adieu. Et je ne pouvais pas m'en empêcher. Personne ne le pouvait.
"- Il me manque terriblement... Il nous manque à tous et va continuer de nous manquer. Mais il faut repenser à ce qu'il nous a offert auparavant et... Et le remercier pour ça. Fred... Fred, je te remercie pour tout. Merci pour ton amitié qui a tout fait commencé. Merci pour ton amour qui a tout fait continuer. Merci pour cette perle que tu m'as aidé à faire naître et merci pour ces années de bonheur que j'aurais aimé faire durer encore longtemps, je... Merci pour tout, même si... Même si maintenant, ma vie sera vide sans tes blagues à deux balles et... Et tes stupides remarques... J'aurais tellement aimé que tu voies Amelia grandir, que notre mariage soit célébré à plus grande échelle que cette cérémonie dans la chambre que nous avions improvisé... J'aurais tellement aimé continuer à travailler avec toi... J'aurais aimé que nos plans et projets de vie se réalisent..."
Retenant de nouvelles larmes dans un horrible bruit, je terminai.
"- Fred Weasley, espèce de héros idiot, je t'aime tellement... Et je t'aimerai toujours... Merci, mon amour... J'espère que tu réussiras à reposer en paix parce que tu le mérites..."
En ayant terminé mon discours, je vis George s'essuyer les joues et je m'approchai de lui en le voyant se ravancer vers moi. Il me prit dans ses bras et nous pleurâmes ensemble avant de voir continuer la cérémonie.
J'essuyai les larmes qui roulaient sur mes joues en revoyant ces images tourner dans ma tête et partis m'asseoir sur le canapé, abandonnant soudainement mon ménage. L'alliance à mon doigt ne le quittait jamais. Je n'étais pas prête à l'enlever. Je ne voulais jamais l'enlever. Car je continuais de lui laisser mon cœur. Je continuais de laisser mon cœur à Fred, cet idiot qui me l'avait volé et détruit en partant trop tôt. Et encore aujourd'hui, il me manquait terriblement.
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