Chapitre 32

>> She will be loved, Maroon 5.

Je relève la tête pour regarder son visage.

- Au fait, Joyeux Noël, je chuchote.

Il sourit.

- Joyeux Noël.

Il resserre ensuite l'étreinte de ses doigts sur les miens.

- Will ...

A l'entente de son prénom, il expire avec exagération.

- Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que ce que tu vas me dire ne va pas me plaire ... ?

Je me redresse sur les coudes pour lui faire face, et commence timidement :

- Je ... Toi et moi... Euh ...

Sa main libre vient trouver les angles de ma mâchoire et je fais de mon mieux pour rassembler mes esprits, et me concentrer sur  ce que j'ai à lui dire.

>> Je ne peux pas nier le fait que tu comptes pour moi ... Je le reconnais, j'ai des sentiments pour toi, en même temps ...

J'émets un rire gêné devant sa moue adorable. Je reprends en fixant un point imaginaire derrière lui.

>> Je ne suis pas prête à, tu sais ... A ce qu'on soit aussi proches, j'ai besoin de temps ... Un pas après l'autre.

- Nia, regarde moi, m'ordonne-t-il d'une voix douce et posée.

Il s'assoit contre le mur et je me replace sur mes genoux en triturant mes ongles.

>> Nia ?

Je pose mes mains à plat sur mes cuisses et balade mon regard sur son visage, tout en fuyant le sien. Un léger rire s'échappe de ses lèvres et fait vibrer sa cage thoracique. A l'aide de ses bras il m'attire à lui, et écarte les cheveux me servant de cachette de mon front. Ses doigts viennent retrouver leur place sur mes joues. Cette fois, ce sont ses yeux qui trouvent les miens, et la lueur rieuse que j'y devine me fait monter le rouge aux pommettes.

- Tu n'as donc rien écouter de ce que je t'ai dit ? Je te veux toi.

A ces mots, mon cœur s'accélère et j'ai des difficultés à soutenir l'intensité de ces prunelles grises.

>> J'ai été maladroit ... Je le sais ... Mais je ne savais pas comment te le faire comprendre. Je sais que tu as besoin de temps, pour beaucoup de choses, et je l'accepte.

Ses pouces caressent ma peau et je soupire d'aise.

>> Ce soir là, à l'hôpital, tu m'as intrigué. Mais sais-tu quel soir a été décisif pour moi ?

Je nie doucement de la tête.

>> Le soir de la fête foraine. Je te cherchais, et quand je t'ai vue, seule sur le sable, le regard perdu ... Malgré ça... Tu étais magnifique. Vraiment. Ce que j'ai ressenti à ce moment précis allait bien au-delà de ce que j'avais ressenti lors de ton premier jour au lycée, quand je t'ai vu au fond de la classe de bio ...

Ses yeux perçants me scrutent et je m'y perds. Ma respiration se fait plus forte.

>> Alors je me moque que ça prenne du temps. Je peux même pas te dire que je t'attendrais comme disent tous les abrutis de cette Terre, car je n'aurais pas l'impression de t'attendre. Je veux juste être avec toi. Seulement toi et pour toi. Alors tu n'as pas à t'inquiéter, quand je t'embrasserai, tu seras prête.

Sa voix douce et grave est un pur bonheur pour mes oreilles, et ses mots ... Je cligne rapidement des yeux, submergée par l'émotion qui m'envahie. C'est bien la première fois que j'entends de si belles choses prononcées pour moi.

- Je sais pas quoi dire Will ... Pourtant il y a tellement à dire ...

Il sourit et rapproche son buste du mien pour  déposer un baiser au sommet de mon crâne. Il murmure :

- On a tout le temps qu'il faut, Nia.

***

- Pourquoi tu n'es pas partie avec ta famille dans le Colorado ? Me questionne Will en posant sur la table de la cuisine deux tasses de chocolat chaud.

- C'est compliqué ... Je réponds en serrant dans mes mains la tasse fumante.

Tout en prenant appuie sur le dossier de sa chaise, il fronce les sourcils. Puis, il fait glisser la chaise sur le parquet et s'y installe.

- Mais ça va ?

Je hoche la tête.

>> Tu veux en parler ?

Mes lèvres s'étirent.

- C'est vraiment adorable, mais non, tout va bien.

Il fronce à nouveau les sourcils.

- Quoi ? Je demande, inquiète.

- Ca n'est pas adorable. Je suis là pour toi, ne l'oublie pas.

Wahou ... Il faut vraiment qu'il arrête de me parler ainsi où je vais finir par me liquéfier sur place. Je caresse d'un geste distrait  Noël, qui est venu poser ses pattes avant sur mes cuisses.

Quand je repense à tous les événements de la journée, j'aurais de quoi rire comme une folle. Je ne m'attendais pas à ça. Will m'avouant ses sentiments et moi m'accordant la relation qu'il m'offre. Je vais peut-être finir par y arriver finalement. Je peux le faire. Je l'ai compris maintenant, j'ai besoin de lui, et pour m'en sortir il me le faut à mes côtés, s'en est presque vital. Je devais passer par toutes ces émotions, ces doutes et craintes pour enfin le comprendre et l'accepter.

>> Ca te dit de regarder un film ? Euh ... Ne souris pas autant après avoir bu du chocolat, tu en as partout, me dit-il moqueur, et encore une fois, adorable.

***

- "Un + Une" ... Bredouille-t-il en faisant défiler les films sur Netflix. C'est vraiment ton film préféré ?

Pelotonnée dans une couverture, la tête sur ses genoux, je confirme.

- Oui, c'est un film français, je l'adore.

De là où je me trouve, je peux aisément admirer les contours de son visage. Cette position peut paraître intime, bien loin du discours que je délivrais une heure auparavant, mais je ne me voyais pas être installée autrement.

Pendant tout le film, j'observe les expressions de Will et suis ravie de constater les émotions que  ce film lui procure. Je suis tellement apaisée par cette vision, bercée par ses gestes délicats sur ma joue alors exposée à lui, que je plonge dans un profond sommeil.

Quand je les rouvre, la télévision est éteinte et par la fenêtre, je peux voir qu'il fait nuit. Le salon est plongé dans le noir, cependant le couloir est allumé. J'entends une porte s'ouvrir et Will apparaît, enfilant un pull sur sa peau nue. Quand il voit que je suis réveillée, il allume les lumières du séjour et passe une main dans sa chevelure mouillée par la douche. Il s'assoit près de moi sur le canapé pour enfiler une paire de chaussures.

- Où tu vas ? Je lui demande, curieuse.

- Je vais à l'hôpital, jouer pour les enfants.

Mon cœur fond en entendant cela.

- Je viens ! Je m'empresse de dire en me débarrassant de la couette.

Une fossette vient me souhaiter la bienvenue.

***

Will sort sa guitare du coffre et passe les sangles de la housse sur ses épaules. Nous avançons en rythme vers l'hôpital. En pénétrant dans le service réservé aux enfants, un coup m'arrive en plein cœur et je souris, émerveillée. Le petit salon où nous allons jouer est décoré de guirlandes, de flocons de neige en papier, un sapin est même présent dans un coin. Des tas de peluches recouvrent le sol, des emballages de cadeaux déchirés jonchent le sol, et les rires des enfants me parviennent aux oreilles. C'est alors que je réalise qu'aucune trace de ce genre de décoration n'est présente dans l'appartement de Will. J'éprouve un pincement à l'intérieur de mon être.

En jetant un coup d'œil à celui-ci, je remarque les émotions qui déferlent dans ses yeux quand ils les posent sur les jeunes malades, tellement pleins de vie malgré la réalité. J'avance alors doucement ma main vers la sienne , quand nos peaux s'effleurent , il saisit ma main avec détermination et entremêle nos doigts. Il pose un regard reconnaissant  sur moi et je sens mon coeur faire des bonds dans ma poitrine.

- Will !

Des dizaines de cris de joie aiguës retentissent et les enfants se rassemblent autour de nous. Je reconnais la petite Clara qui tire sur mon large pull gris en laine.

- Salut princesse, je lui dis en me mettant à sa taille.

- Nia ! S'écrie-t-elle en passant ses petits bras autour de mes épaules. Je sens mes yeux devenir humides, ça me touche tellement ce petit acte de sa part.

Je relève les yeux vers mon acolyte qui est en train de tout installer avec des infirmières et bénévoles, je les reconnais grâce à leurs blouses roses. Après dix minutes à papoter avec les petits patients, Will vient me trouver pour me prévenir que nous pouvons commencer. C'est avec un grand plaisir que je rejoins un tabouret coloré et enfile un bonnet de Père Noël sur la tête. Je ris quand je vois Will enfiler le même bonnet et une barbe blanche, je suis imitée par les enfants.

Mais le silence retombe instantanément quand retentissent les premiers accords. Il commence par une berceuse parlant d'étoiles et de vœux qui se réalisent la nuit de Noël, puis nous chantons tous en chœur des chants que tout le monde connaît, parfaits pour cette fin d'année. L'ambiance est légère et joyeuse et je suis plus qu'heureuse d'offrir ce moment à nos protégés qui se trémoussent devant nos yeux amusés.

- Ca va tout le monde ? Demande mon guitariste préféré à notre public.

Je suis attendrie par le regard qu'il lui porte, un grand sourire est présent sur ses lèvres et je souhaite qu'il ne disparaisse jamais. Il est si beau.

>> OK... Il gratte un peu les cordes de son instrument en bougeant lentement sur le tabouret tournant. Maintenant, Nia va un peu reposer sa voix ...

Je lui lance un regard intrigué.

>> ... Car on va lui faire un petit cadeau.

J'écarquille mes yeux brillants, un sourire scotché aux lèvres.

>> Vous vous souvenez du refrain que je vous ai appris ?

- Oui ! S'exclame à l'unisson les enfants.

- Bien, leur répond Will avec complicité.

Je ne comprends pas vraiment ce qu'il se passe, mais je me sens totalement euphorique. L'auteur de tout cela m'adresse un clin d'œil, et mon "cadeau" ne tarde pas à arriver. Au début, je l'observe  avec admiration quand une jolie mélodie résonne dans la pièce, puis, plus rien continue d'exister à part sa voix quand il finit par ouvrir la bouche. Elle me transperce et je reconnais immédiatement la chanson qui a le pouvoir de faire couler de l'eau salée sur mes joues.

- " Beauty queen of only eighteen,

She had some trouble with herself,

He was always there to help her,

She always belonged to someone else ..."

Son regard se pose sur moi et un petit sourire en coin vient accompagner toutes les sentiments qu'il transmet dans la chanson. Cette chanson qui m'est adressée.

>> " I drove for miles and miles and wound up at your door,

I've had you so many times but somehow I want more "

Et là, tout mon monde s'illumine et les larmes ne cessent de perler sur mes joues. Ce que j'entends est magnifique et mon sourire le prouve. Au signal de Will, les enfants se lèvent et entonnent le refrain avec lui :

- " I don't mind spending every day,

Out on your corner in the pourring rain,

Look for the girl with the broken smile,

Ask her if she wants to stay awhile

And She will be loved

And She will be loved ... "

A peine ont-ils fini le refrain que je vais me jeter dans les bras de ce Père Noël très spécial pour moi.

Des bisous ❣

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