ㅤ📃 CHAPITRE 8

« Ah, la voilà ! Mademoiselle Fosten, j'ai failli croire que vous préfériez votre professeur à nous ! »

Quilius Tinnend était un homme malin ; il n'avait jamais dit à son ami que c'était la demoiselle qui l'avait guidé jusqu'à lui. Et c'était bien mieux ainsi car Charles-Henry n'était, pour une fois, pas en colère contre sa famille. Pire, il l'invita à s'asseoir à ses côtés, entre lui et Cassandre qui avait été soigné.

Près de son père, Céleste n'osait pas respirer, craignant un retournement de situation. D'ailleurs, à peine eut-elle cette pensée que l'on se penchait à son oreille pour lui murmurer quelque chose.

« Ton frère m'a assuré que tu n'étais au courant de rien. Est-ce vrai ?

- Sachez que si je l'avais su, je vous l'aurais de suite rapporté. Vous le savez, père, je vous suis loyale. »

C'était le pire mensonge qu'elle pouvait souffler à son géniteur. Mais cela sembla lui convenir puisqu'il n'ajouta rien d'autre et se redressa sur le canapé où il était installé avec ses enfants. Croyait-il sa fille ? Ça, elle n'avait aucun moyen de le savoir. Cependant, pour sa tranquillité personnelle, elle partit du principe qu'il lui faisait encore un petit peu confiance et se détendit alors.

« Bien. Maintenant que tout le monde est là, nous pouvons parler d'autre chose. Quilius, mon ami, puisque c'est toi qui a eu l'idée, je te laisse l'exposer à mes enfants. »

S'il y avait bien quelque chose que les adelphes Fosten connaissaient en leur père, c'était quand il n'était pas content. Quand quelque chose contrecarrait ses plans et l'empêchait de faire ce qu'il voulait faire. Et qu'il ne pouvait pas imposer sa propre vision des choses.

C'était quelque chose de rare mais de reconnaissable. Sa mâchoire était légèrement crispée, ses mains jointes et tremblantes, ses sourcils froncés et faisant ressortir une petite veine sur le haut de son front, qui ne sortait que dans les moments les plus critiques.

Et Quilius Tinnend devait très certainement le savoir, vu le sourire satisfait qu'il renvoyait à son ami.

« Les enfants, comme vous le savez peut-être, mon fils a récemment fêté son anniversaire. »

Pour sûr que Céleste était au courant, elle lui avait préparé un présent exprès ! Mieux, elle le lui avait envoyé quelques jours plus tôt, en espérant qu'il le lui soit livré à temps.

« En cadeau d'anniversaire de ma part, Connor m'a fait une demande un petit peu particulière. J'ai trouvé l'idée plutôt bonne mais votre père n'est pas trop d'accord... Cependant, le choix final vous reviendra.

- De quoi s'agit-il ?

- Est-ce que cela vous dirait de venir avec nous passer une fin de semaine à la montagne ? Nous avons prévu de faire des balades à cheval, comme il y a deux ans, mais aussi des déjeuners ou encore de la chasse. »

Des vacances en famille, alors. Céleste et Cassandre se regardèrent, interloqués. Ils n'avaient jamais fait ça avec leur parents et même si l'héritier avait déjà accompagné son père dans les forêts pour des parties de chasse, ils n'avaient jamais fait un tel voyage.

La noiraude osa légèrement tourner sa tête vers le maître des lieux, chercher sa réaction en entendant à nouveau cette idée farfelue. Bien évidemment, elle n'y vit qu'un visage fermé, des yeux qui lui disaient clairement de refuser ce moment. Surtout après ce qu'il s'était passé.

« Je sais que ce n'est pas le meilleur moment pour vous proposer une telle chose mais nous partons dans quatre jours et vous êtes invités à nous rejoindre.

- Mais...

- Tu sais déjà que ma réponse est non, Quilius, pourquoi insistes-tu auprès de mes enfants ?

- Parce que tu sais tout aussi bien que moi que c'est dans ton intérêt de les laisser partir deux jours loin de toi. »

À quoi servait exactement cette conversation ? Cassandre se mit à taper nerveusement du pied sur le sol, ne sachant pas s'il devait dire quelque chose. Il craignait, à vrai dire, qu'il finirait entre quatre planches s'il osait ouvrir sa bouche.

« Alors ? Est-ce que je peux définitivement vous compter parmi nous ?

- Si père l'accepte... ?

- Partez avec eux. »

Victoire !

Victoire ?

Le frère et la sœur se tournèrent d'un même mouvement vers leur père, surpris. Il avait finalement accepté ? La seule explication possible était les propos de Quilius ; même si Charles-Henry n'aimait pas cette situation, il décidait de s'y résoudre malgré tout. Quelles étaient ses raisons ? Allez savoir, Céleste n'était pas devin et encore moins Cassandre.

« Merci, père ! »

La noiraude avait finalement parlé, un sourire ravi aux lèvres. Parce que même si c'étaient pour ses intérêts personnels, il les laissait enfin sortir ! Il les laissait enfin faire autre chose qu'étudier. Alors même si rien de bien ne s'était passé ce matin, elle s'en moquait. Elle avait dans ses mains une maigre victoire sur ces deux années de presque confinement.

Le reste de la journée, tout le reste, devint plus léger à ses yeux.

Et même quand arriva le moment du départ, quand elle se retrouva seule entre Charles-Henry et Cassandre, elle ne perdit pas son petit espoir. Même quand on lui annonça qu'à partir de maintenant, tous les courriers seraient lus et devraient être approuvés par le père de famille. Même quand il mit au feu toute la correspondance entre ses deux frères.

Ce n'était pas grave.

Ils avaient malgré tout une petite victoire.

Cette pensée porta la noiraude les quatre jours suivants. Elle lui fit oublier son aîné qui restait cloîtré dans une autre chambre, en attendant qu'on lui donne de nouveaux meubles. Elle lui fit oublier qu'elle ne pouvait plus parler à Becca ou Connor sans que toutes ses pensées soient traitées et détaillées.

Oh, Céleste pouvait se voiler la face comme elle ne voulait, elle n'avait pas envie que toutes ces terribles conséquences brisent la joie d'enfin pouvoir sortir, le bonheur de vivre une nouvelle aventure l'espace d'un instant.

Elle s'en moquait d'avoir été punie pour son professeur, d'avoir un paquet de devoir à rendre le plus vite et le mieux possible. Tout ce qui lui importait, c'était cette fin de semaine qui approchait.

« ... Et par pitié, soyez sages. »

Debout dans l'encadrement de la porte, le frère et la sœur Fosten disaient au revoir à leurs parents, leur véhicule était déjà arrivé et devait les emmener au domaine des Tinnend.

« C'est promis, père. »

Il n'était pas question de décevoir l'homme en face d'eux, surtout lorsqu'un tel échappatoire s'offrait.

Deux minutes plus tard et ils étaient enfin assis, l'un en face de l'autre, dans un silence lourd. La noiraude hésitait à tendre sa main vers son aîné, lui demander comment il allait. Que lui était-il arrivé, ces quatre derniers jours ? Il n'était pas venu les rejoindre pour manger, ne sortait pas de sa chambre alors que sa sœur avait été occupée comme elle ne l'avait jamais été. Peut-être qu'il la détestait, la trouvait égoïste d'être heureuse d'un tel événement alors qu'il avait tout perdu...

« Merci d'avoir envoyé monsieur Tinnend. Je ne sais pas comment tu as fait ton compte mais je peux affirmer que ça m'a sauvé.

- Cassandre, je...

- Non, ne dis rien, c'est de ma faute, j'ai mal joué. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi, j'ai réfléchi ces quatre derniers jours et je sais que-

- Merde à la fin ! Tu me gaves, Cassandre ! Tu es là, à faire le fier, mais à la fin ça nous retombe dessus, à tous les deux ! Tu as réfléchi à quoi, hein ?! À rien du tout ! C'est du vent ! Tu m'entends ?! DU VENT !! J'en ai assez, Cassandre ! J'en ai ma claque ! »

Céleste n'avait rien demandé. Qu'importe la victoire, elle n'importait plus maintenant. Elle avait arrêté de se voiler la face, maintenant qu'elle allait profiter de ces vacances. Après tout, elle avait enfin en face d'elle son frère, ou ce qui en restait. Cette face triste, totalement déboussolée. Il avait perdu tout son honneur, visiblement et cela énervait la noiraude. Où était le frère qui ne se laissait pas abattre, qui se relevait à chaque coups ? Qui acceptait de pleurer et d'être blessé mais pas d'abandonner, de baisser sa tête après une défaite. Ce n'était pas Cassandre mais un échec que Céleste ne pouvait supporter ; son frère était un battant, tout comme elle, pas un petit qui déposait les armes lorsque la bataille devenait trop dure. Et si lui laisser tomber, qu'allait-elle devenir ?

Elle ne pouvait pas être le meilleur enfant de cette famille, même si elle essayait de toute ses forces. Après tout, elle n'avait pas été la gentille fille que son père avait toujours voulu mais elle avait essayé. Elle voulait que tout se passe bien, que son frère aille bien, que la vie soit un petit plus tranquille que ce qu'elle devait être. Mais à chaque fois, à chaque putain de fois, quelque chose brisait un petit peu plus cette paix factice qu'elle essayait d'instaurer. Et l'héritier avait tout détruit avec sa stupide correspondance avec leur frère. Et Céleste allait devoir recoller les morceaux, elle ne le savait que trop bien.

Le visage dans une de ses mains, elle tremblait. Elle qui était si guillerette de ces vacances tant méritées craquait subitement. Elle-même ne comprenait pas pourquoi elle n'en pouvait plus ; peut-être qu'elle avait compris que ça ne servait à rien de se voiler la face ? Il fallait contrattaquer. Offrir à leur père une vengeance bien méritée et...

« Je suis désolé... Je vais arrêter de parler à Claude, de toute manière. Je vais me rattraper, et-

- Fais ce que tu veux, ça ne me regarde plus. »

Non, elle n'avait rien demandé.

Et Cassandre non plus.

Il fallait prendre une décision, maintenant.

Car quand ils arriveront au domaine des Tinnend, il faudra montrer un visage heureux et insouciant, reconnaissant pour ces vacances qui n'étaient absolument pas désintéressées. Mais est-ce que les deux noirauds allaient accepter ce tournant ? Allaient-ils enfin se laisser faire ? Cassandre avait l'air de vouloir abandonner. Céleste en avait assez.

Que fallait-il faire ?

« Écoute, Céleste. Je sais que tu ne veux pas m'entendre mais fais le encore un tout petit peu, je t'en prie. On s'est toujours dit qu'il fallait qu'on se serre les coudes, je le pense toujours, mais ça ne suffit plus. Des choses qui nous dépassent, et nous concernent pourtant énormément, sont en train de se dérouler et nous devons agir. Peu importe dans quel sens, nous ne pouvons plus rester des spectateurs. Alors, je te le demande ; est-ce que tu veux suivre aveuglément les volontés de père, abandonner toute rébellion et accepter ce qu'il souhaite ? Même si cela te déplaît, même si cela va à l'encontre de tes valeurs. Tant que cela est pour le bien de cette famille.

- Ou ?

- Ou est-ce que tu vas faire en sorte d'obtenir à la fin de cette histoire un semblant de liberté, de te battre pour ce que tu sembles être encore un peu juste et tenter tout, tout, pour pouvoir faire tes propres choix. Pour faire chier ton monde et vivre comme tu l'entends. »

Les noirauds avaient pris leur décision depuis longtemps. Mais le serment fut fait à cet instant ; c'était l'heure de la guerre.

la bagarre la bagarre ! et cassandre qui fait la tronche ahah

comme la dernière fois, je n'ai pas eu la force de corriger donc il doit très certainement y avoir des fautes ; navrée pour cela, je m'occuperai des corrections lorsque la partie I sera terminée !

rip la correspondance cassandre - claude mais on risque d'en réentendre parler, je dis ça, je dis rien !!

je vous dis à dimanche prochain ! :D

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