3. Petit porky.



Daniel, Daniel, Daniel, Daniel !

Certains auraient pu croire que le nom qui était scandé était dû à la finalité d'un projet important ou bien la signature d'un gros contrat, mais la réalité était bien plus cruelle.
Michel Pinol, alias "Michou le grassouillet" ou bien "le gros Michou" ou tout autres surnom mettant en avant son embonpoint, était assis sur une chaise. Ses bras étaient retenus à l'arrière du dossier par Jean et Tom ses collèges de la compta, tandis que le fameux Daniel avançait vers lui, petit à petit. Il avait sur le visage ce sourire qu'arboraient tous les vainqueurs un peu crâneurs, ceux à qui tout réussit et dont la popularité n'est plus à débattre. Dana, la secrétaire, arracha la chemise blanche tachée de confiture de groseille de Michel. Quelques boutons sautèrent faisant rires certains et s'exclamer d'autres.

— Ta vieille maman va se demander qui a bien pu être aussi sauvage avec toi !

Daniel leva ses bras parfaitement sculptés, faisant redoubler de ferveur les acclamations de son fidèle public et prit dans la main de Cathy l'objet qu'elle lui tendait. Michel transpirait à grosses gouttes et les plis de son menton luisaient à la lumière jaunâtre des néons du bureau. Il s'approcha, faisant cliqueter le métal de l'agrafeuse qu'il tenait dans sa main, en souriant de toutes ses dents parfaitement blanches.

— Pi... Pitié... Daniel, non, je demanderai à maman de te faire des cookies comme la dernière fois ! Fais, fais pas ça s'il te plaît...

— ... demanderai à ma maman de te faire des cookies... gnagnagna, l'imita d'une voix grotesque son collègue.

Les rires redoublèrent d'intensité.

— Alors, nous voulons les cookies ou plutôt voir ses jolis tétons agrafés... Hein ?!

Les tétons, les tétons, les tétons, les tétons !

— Désolé mon Michou, le public à parlé, tu es le maillon faible... Au revoir.

Daniel fit les derniers pas qui le séparaient de sa victime et approcha l'engin de sa poitrine ; il prit entre les deux pinces le petit bout de chair rosé et appuya doucement. Michel voulut commencer à crier, mais en un instant, Cathy avait scotché sa bouche avec du chatterton. Le pauvre diable se débattait sous les rires sadiques de ses collègues ; son coeur battait la chamade et son regard passait de Daniel à son téton, et ce pendant plusieurs longues secondes. Le bourreau pressa l'agrafeuse et un gémissement étouffé résonna parmi le public hilare. Jean et Tom lâchèrent la victime pour se tenir les côtes et Michel en profita pour s'enfuir. Il arriva chez lui rapidement. Sa chemise, qu'il avait remise à la va-vite, était tachée de sang et le pauvre bougre peinait à reprendre son souffle.

Il passa la porte de sa maison et fila droit à l'étage, dans la salle de bain.

— Porky ? C'est toi ? Qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ?! Tu t'es fait virer c'est ça ? Faignant ! T'es qu'un empoté ! Gros tas de graisse inutile !

— Tais-toi, maman ! hurla le pauvre homme.

Il retira sa chemise et observa son corps ; son téton était tout bleu et le sang avait déjà commencé à coaguler. Il avança ses doigts boudiné et tremblant vers sa chair meurtrie. Il saisit l'agrafe, ce qui lui arracha une plainte de douleur. Il ferma les yeux, serra les dents et tira franchement. Sa peau s'étira et se remit à saigner tandis qu'il extirpait le bout de métal tout en gémissant.

— Qu'est-ce que tu fiches ? Tu te tripotes encore, hein c'est ça ?! Gros porc ! J'en ai marre de ramasser tes chaussettes qui collent et qui puent ! T'es qu'une saloperie de gamin, j'aurais mieux fait d'avorter avec un cintre à l'époque ! hurla sa mère d'en bas.

Quelque chose vrilla dans l'esprit de Michel. Ce quelque chose, il ne l'avait jamais ressenti et tandis qu'il contemplait les gouttes de sang dans l'évier sale, son regard changea. Il releva la tête et s'observa dans le miroir crasseux ; sa souffrance les faisait rire, alors ils allaient mourir de rire.

Il mit sa chemise préférée ; la rouge à rayures vertes et son plus beau noeud papillon le jaune à pois bleus. Il sortit, se dirigea vers sa chambre puis saisit sa réplique authentique de la batte de baseball de Negan et il descendit tranquillement les marches.

— Qu'est-ce que tu fais là grosse baleine méphitique ? Tu restes planté droit comme un poireau, on dirait l'idiot du village ! Tu ressembles bien à ton père tiens !

Il laissa glisser l'arme contre sa cuisse la révélant à sa mère.

— Tss, Ben tiens, voilà qu'il se prend pour un caïd maintenant ! Tu crois que tu fais peur à qui là, hein, a part aux mouches ! Bougre d'idiot, va ranger ta chambre ! Aaaaah ma pauvre mère m'avait dit de t'abandonner, mais mon grand coeur, Dieu m'est témoin, à désirer te laisser la vie sauve... Je n'étais qu'une idiote et toi t'es qu'un gros tas de graisse inutile et feignant ! Qui crois que je ne l'entends pas regarder ses dessins animés cochons le soir et qui n'est même pas capables d'avoir une existance convenable ! Abruti de gamin !

Il abattit sa batte le crâne de la vieille, le déformant dans un bruit écoeurant. Elle fixa son fils, l'air hébété et ses yeux légèrement révulsés papillonnaient. Un filet de bave coula le long de sa lèvre tandis que Michel haletait, son regard était comme fou. La mère sembla vouloir dire quelque chose, mais il frappa à nouveau réduisant en charpie le reste de sa tête. Il lâcha l'arme qui retomba avec fracas et se dirigea ensuite mécaniquement vers la porte d'entrée.

— Et alors là, le gars me sert mon café et je lui balance à la gueule !

Daniel termina sa phrase en mimant quelqu'un qui se brûlait le visage faisant s'esclaffer ses collègues autour de lui.

— Eh ! regardez qui voilà ! Monsieur piercing téton !

Les autres ricanèrent, mais Michel aussi les fixait avec un petit sourire. Il avança vers Dana assise sur le coin d'un des bureaux, elle l'observait en mâchant son chewing-gum d'un air dédaigneux.

— Qu'est-ce que tu me veux porky ? demanda-t-elle en limant ses ongles rouges.

Elle reçut le coup de hache en plein dans sa poitrine, pile au milieu de ses deux seins siliconés puis s'effondra dans un fracas, son sang inondant petit à petit le sol. Les autres commencèrent à hurler ; ils cherchèrent à s'enfuir, mais Michel avait bloqué les issues.
Jean tambourina à la porte et quand il se retourna, il put apercevoir le reflet du néon dans la lame avant que la hache ne s'abatte sur lui, fendant son misérable crâne dégarni en deux. Le sang gicla de la plaie béante et tandis que Michel se dégageait du cadavre, le corps retomba mollement à terre laissant sa cervelle s'étaler sur le sol blanc.
Tom était caché dans les w.c.. Il sanglotait tremblotant contre la faïence. Il cessa de respirer lorsqu'il entendit la porte grincer puis se refermer. La première s'ouvrit avec fracas, mais il n'y était pas. De même pour la deuxième et quand Tom aperçut les deux chaussures noires et cirées se planter devant la troisième il hurla et tenta de s'échapper. Il bouscula Michel qui fit volte-face puis enfonça sa hache dans le dos du fuyard. L'homme s'effondra, le corps parcourut de spasmes tandis qu'il vivait ses derniers instants sur le carrelage glacé des toilettes.
Cathy s'était réfugiée dans la petite salle de pause aux murs orangés. Cachée derrière la machine à café, elle serrait sa jupe à fleurs trop longue en priant de tout son cœur. Michel passa devant la porte sans s'arrêter et elle remercia longuement son Seigneur. Puis l'ombre menaçante se stoppa devant la petite fenêtre au verre opaque. Elle émit un petit glapissement qui n'échappa pas aux oreilles de l'homme. Il entra et ne tarda pas à trouver la jeune femme. Elle leva ses grands yeux vers lui et se mit à genoux les mains liées dans une position de prière tremblant de tout son corps. Il pencha sa tête sur le côté, regardant cette scène grotesque puis il leva sa hache et lui trancha le bras au niveau de l'épaule. Cathy poussa un cri strident en voyant son bras à terre tandis que son moignon giclait tout son sang sur le mur. Il renouvela l'opération avec l'autre membre puis il la laissa agoniser baignant dans une marre pourpre. Vint au tour du plat de résistance ; Daniel. Daniel, son chef. Daniel son bourreau. Daniel "le beau gosse". Le bel homme s'était retranché sous son bureau, recroquevillé, sa chemise rosée laissant paraître d'énormes auréoles sous ses bras et dans son dos. Il gémissait et lorsqu'il leva enfin les yeux il vit Michel, maculé de sang de la tête aux pieds. Aux pieds de Daniel, une flaque jaune commença à apparaître tandis que son pantalon gris devenait foncé à certains endroits.

— Pi... Pitié Michel... Je suis désolé, vraiment, je... Pardonne-moi ! Ne fais pas ça s'il te plaît... sanglota-t-il.

— ... Pardonne-moi, ne fais pas ça... gnagnagna, l'imita d'une voix grotesque son collègue.

Michel rit et empoigna les cheveux blonds du bellâtre pour le faire s'allonger dos au sol. Daniel pleurait à chaudes larmes mettant ses mains en avant afin de se protéger, mais cela ne suffit pas. La hache s'abattit sur sa gorge tranchant d'un seul coup la tête de l'homme. Michel mit un coup de pied dans la caboche inanimée et repartit tranquillement en sifflotant, le sourire aux lèvres.

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