Polir un diamant, subir un amant

Hey !

Ici #Pika qui a comme d'ordinaire utilisé ses insomnies pour puiser des rouages épuisés de son inspiration cet OS de célébration qui contient... Mon âme, déjà, et aussi beaucoup de conneries. Sans parler de quelques fautes, évidemment, sinon ce ne serait pas moi 👀

Voici donc le deuxième anniversaire de l'entrée de notre Chuu national dans la Mafia Portuaire !

Le bruit sourd du vibreur de son téléphone portable contre le bois de sa table de nuit fut, ce matin-là, ce qui tira Chuuya de son confortable sommeil. La tête encore écrasée contre l'oreiller, les yeux attaqués par la lumière de son écran qui illuminait toute sa chambre, il peina d'abord à se rappeler où il était tant le réveil avait été brusque. Puis il rassembla assez de sens pour violemment abattre la main sur le bouton menu afin de stopper ce démoniaque bruit qui lui vrillait les tympans et, mêlé à sa fatigue, commençait à lui causer un léger mal de crâne. La pleine lune de la nuit passé l'avait empêché de bien se reposer.

Se redressant, trop vite sûrement puisque la tête lui tourna un peu, il se frotta le visage pour tenter d'ôter les restes de somnolence qui s'y accrochaient. Alors qu'il ouvrait d'un geste vif ses rideaux, lui offrant une vue sur le lointain port de Yokohama illuminé des rayons du timide soleil et la mer grise secouée de vagues, teintée d'écume, il accrocha du coin de l'œil son reflet dans le miroir. Il n'avait pas eu le temps de croiser ainsi son image depuis un petit moment, trop occupé, trop fatigué, pour s'en préoccuper. Sa charge de travail ne faisait qu'augmenter alors qu'il gravissait les échelons de la hiérarchie et que la réputation du Double Black s'étendait avec le nombre de leurs ennemis. Mais aujourd'hui le Boss lui avait accordé sinon un jour de repos, au moins une journée tranquille : de la paperasse, peut-être un peu d'exercice avec les plus jeunes recrues ou les lézards noirs pour leur apprendre à gérer les ennemis dotés de pouvoirs, et il pourrait profiter d'un moment de relaxation bien mérité.

Il s'approcha de son miroir. Ses cernes, bien heureusement, n'étaient pas trop visibles malgré l'éclat clairement fatigué de ses yeux céruléens. Sur tout son visage on pouvait voir la lassitude, mêlée à d'autres émotions plus difficilement lisibles. Ses cheveux avaient un peu poussé, lui tombant sur le nez, effleurant ses épaules à chaque mouvement. Il aimait bien cette nouvelle coupe, peut-être qu'il considérerait la laisser ainsi.

Son petit-déjeuner fut rapide, frugal même -à peine un œuf au plat, car il manquait d'appétit. Quelque chose en voyant la date sur le calendrier avait semblé réveiller une douleur fantôme à son bas-ventre, et depuis le nœud dans sa gorge ne semblait vouloir partir.

Ce n'est qu'en ôtant son pyjama et qu'une fois de plus son reflet dans le miroir le frappa qu'il comprit réellement. La cicatrice qui s'étalait du bas de sa hanche à son nombril, pâle, épaisse, aux bords irréguliers, apparu soudainement étrangère sur sa peau tannée par l'exercice. Passant ses doigts sur la ligne porteuse de tant de mauvais souvenirs, il espéra atténuer le picotement désagréable provoqué à intermittences irrégulières par l'ancienne blessure, sans y parvenir. Un long soupir souleva sa poitrine, et ses épaules tombèrent un moment tandis qu'il s'autorisait à se rappeler.

Deux années entières. Aujourd'hui marquait le triste anniversaire du jour où sa vie avait basculé, où il avait goûté l'amère trahison et s'était en retour trouvé face au dilemme qui définissait son existence actuelle. Joindre la Mafia et vivre, ou maintenir son indépendance et mourir.

Il avait choisi de s'enchaîner, de se couper les ailes pour préserver son cœur. Dazai, sous ses airs malicieux, en l'appelant si moqueusement « chien » n'avait au fond pas tellement tort. Qu'était-il vraiment, si au service de Mori, à exécuter ses volontés et ses ennemis, comme pourrait le faire une simple bête ?

Sa puissance faisait certes de lui une possession inestimable pour l'organisation, un atout de taille, mais il n'en restait pas moins en cage. Seulement, ayant connu la liberté, peut-être se trouvait-il l'un des rares à encore en avoir conscience, de ces barreaux, à se voir courber l'échine en pensant aux milles et une façons de s'échapper.

Mais c'était là où celui qu'on appelait déjà prodige avait été particulièrement clairvoyant et perspicace en lui attribuant le surnom peu flatteur. Malgré tout cela, Chuuya aimait sa situation, sa nouvelle vie dans cette prison dorée. Malgré une parfaite conscience de son environnement, de l'utilisation que faisait Mori de lui, comme un pion particulièrement précieux, il restait loyal.

Il n'y pouvait rien, vraiment, c'était dans sa nature : excessif en tout, tempérament de feu et cœur d'or, un jour cela sonnerait sa fin, sa ruine, à croire qu'autour de lui le monde tournait à son exemple. Mais il ne le verrait pas avant de sentir encore l'âpre goût de la tromperie tâcher ses lèvres. Il ne le voyait jamais.

Cette cicatrice qu'il fixait depuis maintenant plusieurs minutes, esprit absent, corps crispé, restait pour lui rappeler de ne pas commettre les mêmes fautes, de ne pas encore placer sa confiance là où elle n'était pas méritée.

Il la couvrit avec son jean troué aux genoux sans même une grimace. Déjà la deuxième année, il commençait doucement à s'habituer à ces sentiments de frustration, de culpabilité et de colère mêlés qui semblaient chercher à tordre son cœur dans sa cage thoracique.

Prêt à partir, les clés de sa moto en main, son téléphone vibrant une nouvelle fois sur sa table de chevet l'empêcha d'oublier l'objet, et le conduisit à examiner ses notifications, planté dans le hall d'entrée. Un sourire étira ses lèvres, trouvant dans le lot un mot de Kouyou qui le félicitait pour ses deux ans dans la Mafia Portuaire et l'invitait à passer chez elle prendre le thé plus tard dans l'après-midi. Il s'aperçut, avec surprise, que beaucoup de mafiosi avaient fait l'effort de lui envoyer un court SMS, peut-être menacés par celle qui lui avait tout appris du fonctionnement mafieux, mais l'attention le toucha quand même.

Il commençait à se faire un nom dans le milieu, aussi bien individuellement que grâce au Double Black qui petit à petit inspirait une terreur grandissante chez les ennemis de l'organisation.

Un message de Dazai, d'ailleurs, apparaissait comme envoyé à une heure innommable. Il était sûrement le premier à avoir pensé à l'occasion, et cela ne manqua pas d'envoyer un frisson dans le dos de Chuuya, qui connaissait son partenaire aussi bien qu'on pouvait connaître quelqu'un d'aussi fermé. En effet, cela ne manqua pas, en voyant son message son poing se serra sur la coque de son portable, et il ne désserra les phalanges que par égard pour la fragile technologie.

Oh, il allait le buter un jour. Ce matin peut-être même.

Il tapa si vite, et en appuyant si fort sur les touches de son clavier électronique qu'il fut l'espace d'un instant effrayé de casser l'écran. Heureusement, son cellulaire était solide, et il le fourra dans sa poche après avoir fait preuve, selon lui, d'un étonnant pacifisme dans sa réponse.

Enfourchant sa moto rose, prunelle de ses yeux, il fit le vœu de ne pas regarder de nouveau son portable avant au moins sa pause déjeuner, de peur d'envoyer voler le pauvre objet contre le mur.

٩(ↀДↀ)۶

Le bourdonnement de la machine à café fut presque suffisant pour que Chuuya ne plonge dans une rêverie ensommeillée, mais il parvint in-extremis à garder son esprit centré sur le présent. La caféine l'aiderait, avec un peu de chance, à ne pas s'endormir à son bureau.
Il n'était pas programmé pour les tâches administratives, les longues heures à rédiger des rapports et remplir des dossiers, alors son épuisement découlant de son horrible nuit et des terribles jeux de mots que Dazai ne cessait de lui faire parvenir on ne savait comment, sans se montrer et sans envoyer de SMS, commençait doucement mais sûrement à avoir raison de son sérieux à la tâche.

Il avait fait le tour du service, croisé Kaiji pour son plus grand malheur et ainsi failli perdre un bras dans une explosion digne de ce nom, déclenchée en son honneur selon les dires du pyromane attitré de la Mafia Portuaire. Mori, absent pour des raisons peu claires qui avaient à voir avec la poursuite d'un chat, n'était pas non plus exempt de blâme dans la santé mentale fragile du rouquin, à lui faire parvenir tant de travail à effectuer. Au moins, le parrain de l'organisation lui offrait de nouveaux gants pour se faire pardonner, ou peut-être marquer son importance aux yeux des mafiosi de rang inférieur. Rien ne venant de lui n'était jamais sans motif ultérieur, après tout, alors Chuuya restait dubitatif devant la luxueuse boîte qui reposait sur son bureau. Il attendait de recevoir l'addition.

Trois tasses de café à suspicieux goût de terre et l'invocation de toutes ses forces mentales pour ne pas sauter sur son portable à chaque vibration émise plus tard, le jeune homme s'étirait longuement sur sa chaise à roulettes, appréciant les rayons de l'astre du jour qui réchauffaient agréablement son dos au travers de la baie vitrée donnant sur la voie ferrée. Forcément, au moment où il commençait à se relaxer après plus d'une heure de travail acharné, un train jugea bon de pointer sa rame automotrice sur les rails, et son passage provoqua un vacarme de tous les diables qui résonna jusque dans les os de Chuuya.

Se redressant en bougonnant des insultes dans sa barbe inexistante, l'adolescent ajusta son chapeau sur ses boucles en bataille avant de claquer la porte dans son bureau pour se diriger à grandes enjambées vers la cafétéria où il espérait enfin trouver un peu de calme au cœur de cette journée infernale.

Cependant, étant donné que Satan lui-même semblait décidé à lui mettre des bâtons dans les roues, il avait fallu qu'aujourd'hui soit Vendredi. Tout mafioso, du bleu au roublard, savait bien que la salle de pause à dix heures trente ce jour-là était classée no man's land. Parce que chacun devait bien un jour passer par la soporifique tâche de rédiger ses rapports, et que la fin de la semaine était réservée par Hirotsu pour remplir ce devoir, le doyen de la Mafia Portuaire, fort de ses habitudes -et de l'autorité dont il jouissait au sein de l'organisation, avait décrété cette plage horaire son moment détente.

Chuuya, à deux doigts de pousser un cri de rage, donna un coup de pied furieux dans un crayon abandonné par terre, et erra un long moment avant de trouver un coin libre. Il s'effondra en râlant dans le placard à produits ménagers, certain que personne ne viendra l'y déranger.

Ce n'était pas parce que Monsieur Hirotsu voulait tranquillement savourer son vin et son fromage qu'il allait renoncer à un instant loin de la folie ambiante de la Mafia. Il ne demandait pas qu'on lui décroche les étoiles après tout, juste un peu de silence pour s'entendre penser.

C'est donc coincé entre une bouteille de Bleach et une serpillière qu'il céda enfin à la tentation d'allumer son portable.

Évidemment, deux notifications l'avertissaient de deux nouvelles réparties de cette tête de pioche lui servant de partenaire. Il savait qu'il allait regretter. Il cliqua tout de même.

En lisant le message de Dazai, envoyé une heure auparavant environ, il fut traversé des envies contradictoires de boire l'entièreté de la solution détergente à sa droite pour épargner à son cerveau plus de souffrance ou d'attraper le manche en bois à sa gauche pour l'enfoncer à l'endroit qu'il ne citerait pas du corps de son si agaçant coéquipier.

Sentant son sang bouillir dans ses veines, fissurant cette fois-ci l'écran de son pauvre téléphone, il tapa la réponse et quitta son paisible placard, bien décidé à faire sortir l'autre moitié du Double Black pour lui faire ravaler toutes ses taquineries à coup de phalanges dans les dents.

Il allait lui montrer ce que deux ans dans la Mafia lui avaient appris !

(╬ಠ益ಠ)

Sans qu'il ne fasse vraiment attention à ses mouvements, sous la frustration, son poing entra en collision avec la digue alors qu'il atteignait le bout de plage grisâtre près du port, et Chuuya observa la pierre se fissurer, un peu de culpabilité au fond de ses yeux bleus obscurcis par la fatigue mêlée de colère. Un homme dans un kayak de mer qui s'apprêtait à accoster lui lança un regard effrayé avant de pagayer à toute vitesse dans la direction opposée.

L'adolescent se hissa sur les quais à la force des bras, et commença très vite à perdre patience alors que les secondes s'écoulaient comme de la mélasse dans un sablier, et qu'il parcourait à coup d'aller-retours plusieurs kilomètres. Dazai n'était pourtant pas idiot, loin de là, il savait qu'il valait mieux qu'ils règlent leurs comptes loin de Mori dans un endroit qui ne souffrirait pas trop du tempérament de son impulsif coéquipier, et il arriva presque à l'heure, s'avançant nonchalamment comme si son rendez-vous ne promettait pas mille et une souffrances.

A peine l'eut-il salué que déjà les poings du rouquin se serraient contre le col de sa chemise, froissant le tissu et vrillant sa cravate, l'attirant à hauteur de deux yeux qui couvaient un agacement avec peine contenu.

— Tu t'es bien amusé toute la matinée, ça va ? Grogna Chuuya, menaçant, son index pressant la jugulaire du plus grand, son chapeau lui effleurant le front.

Dazai grimaça non pas à la perspective de sa mort imminente -si jamais, il l'accueillerait avec grand plaisir des mains de son coéquipier, mais à la vue du couvre-chef, et puisque ses mains se trouvaient bloquées dans ses poches par la pression que le rouquin exerçait contre lui, il l'attrapa entre ses dents avant de le recracher sur le sol, arborant un air très satisfait.

Il apparaissait clair que Chuuya s'était attendu à beaucoup de choses, un peu de résistance, une explication foireuse, plus de jeux de mots pourris, mais cette réaction n'était pas quelque chose qu'il avait envisagé.

Sa bouche demeura légèrement entrouverte tandis que ses yeux confus faisaient plusieurs fois de suite l'aller-retour entre son précieux chapeau sur le sol mouillé par les vagues et le sourire arrogant de Dazai qui le fixait d'un air de défi.

Cependant, avant qu'il ne puisse se remettre de sa stupeur, frapper ce tas de bandages inutile ou se jeter dans la mer avec l'espoir que les poissons seraient une compagnie moins épuisante que les humains, quelqu'un se chargea pour lui d'envoyer ses phalanges rencontrer la mâchoire du brun.

Dazai s'étala par terre, alors que Chuuya lâchait le col de sa chemise sous la force de son corps penchant vers la gauche sous l'impact, et tournait les yeux vers l'homme qui venait de lui voler son mouvement fétiche.

De taille moyenne, il possédait des yeux verts qui brillaient de manière inquiétante alors qu'un large sourire fendait son visage et qu'un rire quelque peu dément s'échappait de ses lèvres. Il eut à peine le temps de se tourner vers Chuuya, marmonnant dans sa barbe quelque chose de confus à propos du Double Black à sa merci et d'une folle récompense, avant de rencontrer violemment le sol, cadeau du genoux du rouquin qui vint le heurter si violemment que ses yeux se révulsèrent et qu'il resta sur les dalles, immobile.

Chuuya n'avait pas trop mesuré sa force, passant sa frustration sur ce pauvre gars tombé au mauvais moment. Etait-il mort ? S'il se posa la question, l'adolescent ne sembla pas intéressé par la réponse puisqu'il le laissa là, inanimé, pour se diriger vers Dazai.

Maintenant redressé, le brun souriait presque follement, visiblement très amusé par la situation. Son partenaire ne manqua pas de le traiter de tous les noms, mais il ne continua pas ce que l'étrange homme avait commencé, et à la place lui envoya un simple coup de poing dans l'épaule, plus par principe qu'autre chose. Sa furie était retombée, son agacement aussi, et tabasser Dazai ne semblait plus un bon programme.

Aussi énervant soit-il, le brun restait son coéquipier, et il avait besoin de lui en bon état pour remplir les missions que Mori ne manquerait pas de leur assigner.

— Tu sais Chuuya, je pensais vraiment que j'avais réussi à te faire sortir de tes gonds, le taquina la momie ambulante, lui enfonçant son coude dans l'épaule avec un demi-sourire moqueur.

Puis il ajouta, avant que le rouquin ne puisse répliquer en le poussant dans le mur :

— Fais attention, ça fait deux ans, personne ne m'avait jamais supporté aussi longtemps. Je vais finir par m'habituer à ta présence.

Le tout sonnait presque comme une menace, un avertissement, et un frisson hérissa tous les poils de Chuuya, tout son corps se tendant sous la promesse de danger que portaient ces mots. Mais rien de tout cela ne put empêcher le jeune homme de répondre, rictus aux lèvres, une expression arrogante plaquée sur le visage.

— Heh. Il en faut plus que ça pour me chasser, crétin de Dazai.

Et sa réponse sonnait au moins aussi dangereuse que celle de son partenaire, pour une raison bien différente cependant, qui fit monter le sang aux joues du brun, provoquant un brusque mouvement de tête qui cacha son visage au rouquin.

Ce dernier sourit vicieusement. Deux pouvaient jouer à ce jeu.

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