Son Sphinx domestique

Elle a un grand lit
Sur lequel veille un petit cheval
À bascule
Qui depuis des années ne se balance plus

Quand je dors chez elle
Je lui dépose une petite offrande :
Mes lunettes entre ses pattes
Et le salue droit dans les
Yeux
Qui m'observeront pendant mon sommeil

Quand elle
Dort, elle me pousse lentement
Sous son regard sévère et ses yeux couleur de nuit
Et au matin, je dois me rappeler son existence
Avant d'ouvrir les paupières, sous peine de
Sursauter en le voyant penché sur moi
Prêt à me mordre de ses dents
Plates comme des tombes

Quand je dors chez elle
Le petit cheval qui garde son lit
Son petit cheval à bascule de son enfance
Me rappelle que je ne suis qu'une étrangère tolérée
Entre ses draps et ses bras

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