Chapitre 11 : Gourmandise
Celle-ci sursauta et se retourna derrière elle, plissant les yeux.
Béatrice essayait de voir devant elle, mais depuis sa paralysie elle avait du mal à y voir claire et surtout à voir ce qui l'entourait comme si... Elle devenait, progressivement, aveugle. Ça lui faisait, extrêmement, peur. Elle n'avait jamais imaginé la réaction ou ce qu'elle ferait quand ça lui arriverait un truc de ce genre, si important que ça. Ça ne lui avait jamais traverser l'esprit, à vrai dire.
À l'entente de son prénom, elle s'était retournée et voyait une forme floue, à présent, devant elle. Elle avait du mal à distinguer qui c'était et ce qu'elle voulait. Lui voulait-il du mal ? Qui s'était ? Était-ce un monstre ou une forme humaine comme elle ? Elle espérait que se soit la deuxième solution.
— Qu'est-ce que vous voulez ? Qui êtes-vous ?
— Béa ? C'est moi ! Quentin !
La jeune fille fronça ses sourcils et mis ses doigts sur ses oreilles tout en secouant brusquement la tête comme si elle recevait des ondes radios extrêmement strident. Ses oreilles bourdonnaient et elle gémissait de douleur. Elle finit par masser ses tempes et contracta ses yeux afin de repositionner son regard vers la forme qu'elle vit plus clairement. Elle soupira de soulagement en le reconnaissant, oubliant totalement ce qu'elle venait de vivre comme si c'était insignifiant.
— Quentin ! Est-ce que ça va ?
— Hey ! C'est moi qui devrais te demander ça !
— Pourquoi ?
— Tu étais bizarre comme si tu ne me reconnaissais plus. Déclara le jeune homme.
— Quoi ? Pourquoi je ferais ça ?
— Je n'en sais rien. C'était si étrange et désagréable comme sentiment.
Béatrice soupira et baissa la tête, nerveuse. Elle passa sa main dans ses cheveux et essayait de comprendre. Subitement, elle sursauta en voyant le dé apparaître devant Quentin. Elle leva les yeux vers le ciel et vit qu'elle avait fait deux fois six puisque le symbole au carré y était inscrit en exposant. Elle regarda Quentin tourner le dé et celui-ci s'arrêter à nouveau sur un six.
Sa poitrine se gonfla d'ébahissement et regarda le jeune homme avec des yeux abasourdis. Quentin traversa le dé et avança de six, il était rendu à la moitié du chemin qui les séparait.
Ils se regardaient et Béatrice sursauta lorsque le dé apparut une énième fois entre eux. Quentin tendit la main et tourna le dé. Béatrice grimaça en entendant le sifflement métallique qui s'entrechoquait entre eux. Elle recula d'un pas face au bruit strident qui augmentait au fur et à mesure. Puis, elle sursauta en sentant une chose visqueuse caresser doucement sa cheville droite. Elle releva la tête et sursauta en voyant qu'elle n'était plus dans le labyrinthe. Elle ne voyait plus de haie bleue, ni de haie jaune, ni Quentin, ni le dé et n'entendait plus le bruit d'engrenage des anneaux en forme de losange.
Il y avait seulement un portail immense, en forme d'arche, garnit de mousse, de branchage qui faisait office de décoration naturelle et de rouille qui surplombait la longueur de là où elle se trouvait. Béatrice se rendit compte qu'elle était sur un pont qui la protégeait d'un marécage sinistre qui l'entourait. Un halo de froideur s'échappa de sa bouche lorsqu'elle expira au vu de sa respiration qui s'accélérait et elle avança d'un pas, puis d'un autre. Elle tendit la main et vit une tête de lion qui tenait un anneau doré dans sa bouche faire office de poignée de porte.
Elle l'ouvrit dans un grincement assourdissant à cause de la rouille et la tira vers sa poitrine. Les portes s'ouvrirent alors par elle-même et elle put s'aventurer sur le pont qui longeait encore une bonne partie de la surface du marécage. Une puanteur nauséabonde s'en dégageait et elle se pinça le nez pour s'empêcher de respirer cette odeur.
Béatrice arriva bientôt devant une grotte bordée de boue, de toile d'araignée, d'insecte et de feuillage. Elle grimaça et s'accroupit tout en tenant le toit de la grotte pour s'appuyer de tout son poids. Elle s'aventura dans le couloir sinistre à genou et s'égratigna les genoux à chaque fois qu'elle avançait. La blonde se redressa lorsqu'elle arriva à la fin du tunnel et vit une immense pièce souterraine. Elle put observer que sur les murs de terre y était représenter des peintures montrant chaque mythe existant à l'intérieur d'un cercle, qui lui-même à l'intérieur d'une grande structure d'arche, et au fond, elle put voir un feu allumé : seule source de lumière.
Au milieu de la pièce, elle vit une longue table garnit de nourriture de toutes sortes de mets plus délicieuses les unes que les autres et seulement deux chaises étaient disposés aux extrémités de la table. Que devait-elle y comprendre ? À qui appartenait toutes cette nourriture exquise ?
Béatrice ne se rendit pas compte, mais elle parcourrait la longue table depuis quelques minutes déjà et regardait avec espièglerie et gourmandise la nourriture qui s'offrait à elle comme dans un plateau d'argent. Elle tendit la main vers un abricot et le fit tournoyer entre ses doigts. Elle le regarda suspicieusement et continua de longer la table tout en passant sa main libre sur le rebord de la table, enlevant ainsi un peu de poussière.
— Personne ne s'en rendra compte, n'est-ce pas ? Ce n'est qu'un petit fruit, rien qu'un petit fruit. Ça ne se verra pas si un petit fruit disparaît comme ça. J'ai si faim, je n'ai pas mangé depuis plusieurs heures. Se dit Béatrice.
À la suite de ses propos, elle entendit son ventre gargouiller et se mit à éclater de rire, c'était un petit rire nerveux. Elle se tendit et fit approcher la gourmandise à sa bouche. Ses lèvres touchèrent la peau du fruit convoité et la fit licher pour savourer le goût pulpeux du fruit avant de pouvoir l'avaler. Elle sentit le goût juteux du fruit se déverser dans sa bouche à chaque morceau qu'elle avalait et gémit de délice face à ce goût sucré qui se déversait dans sa gorge. Béatrice soupira et du pan de son haut de pyjama, elle essuya ses doigts complètement gras et dégoulinant de jus d'abricot. Elle jeta le noyau sur la table et regarda autour d'elle.
Sa faim devenait plus grande, les plats l'appelaient et lui demandait de les déguster un par un.
— Non, c'est trop, quelqu'un va le remarquer ! Se dit-elle.
Un regard sur les plats lui fit tordre son estomac et une petite grimace s'afficha sur son visage tâché de saleté par les événements précédents. Béa souffla et entra ses ongles dans sa paume de main afin de s'empêcher de commettre l'irréparable ! Son ventre gargouilla et la fit plier. Elle se jeta sur une grappe et avala les raisons un par un, se savourant du jus acre du raisin. Elle prit une pêche et l'engloutit. Elle avala, à la suite, des fraises et une part de pizza. Elle engloutit, également, un verre de jus d'orange et un gâteau au chocolat.
Subitement, elle se fit tirer en arrière et projeter contre le mur qui fit trembler la pièce souterraine. Elle se releva difficilement et se fit maintenir contre le mur, son dos se frottant contre la pierre froide. Elle déglutit, sa respiration devenant irrégulière et leva un œil pour regarder celui qui l'importunait durant son repas avant d'hoqueter de surprise.
— Qu-qui êtes-vous ? Demanda Béatrice avec frayeur.
La peau de l'individu était rosée, on pouvait y voir ses os et ses articulations. Du sang s'échappait de ses veines et traçaient chaque membre du corps humain avec perfection, dégoûtant de plus en plus la jeune demoiselle. Son visage était les plus horribles qui soit, elle n'avait jamais rien vu de tel ! Le visage était rond comme un ballon où on pouvait voir des lignes acérées qui bafouait son portrait, cachant ses yeux par des plis où des dents de requin cachaient ses pupilles dilatées. De la bave dégoulinait de sa bouche qui était cousu par un fil noir et un trou béant était comme un troisième œil.
Ce monstre déchu l'observait, s'entortillant comme s'il ne savait plus par quel pied il fallait danser. Sa main osseuse et dégoulinant de bave tenait la gorge de Béatrice qui avait de plus en plus de mal à respirer.
— Comment oses-tu manger la nourriture des autres ? Ta mère ne t'a-t-elle pas appris le respect et de ne pas se goinfrer comme tu as fait ? Demanda le monstre d'une voix rauque et criarde.
La jeune fille essayait tant bien que mal de se dégager de l'emprise de cette horrible chose auquel une puanteur de mort s'en dégageait, lui faisant plisser son nez de dégoût. Elle sentit un liquide chaud couler sur son cou et gémit de douleur en sentant les doigts osseux du monstre entrer dans sa chair.
— Tu vas voir ce qu'on fait aux voleurs ! Cracha-t-il.
— Non, s'il-vous-plaît ! Ne faites pas ça ! Je suis désolé ! Je suis désolé ! Je suis désolé ! Je ne le referais plus ! C'est promis ! Répéta-t-elle inlassablement alors qu'elle sentait une douleur se répandre dans son corps.
Elle baissa les yeux et vit son ventre grossir, grossir encore et encore devenant comme un ballon. Elle sentait que si le monstre la lâchait, elle pouvait s'envoler. Elle était devenue grosse et sentait qu'elle pouvait exploser à tout moment ! Béatrice se mordit les lèvres et essaya de bouger, mais avec son embonpoint, elle sut que c'était devenu un handicap. Elle était à nouveau paralysée et pétrifiée de peur. Puis, avant qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit, elle vit le visage du monstre se séparer en deux comme une plante carnivore, des dents de requin remplissait le rosé que Béa pouvait voir, par exemple comme l'intérieur d'une bouche humaine.
Tout en fermant les yeux, pour cacher cette horreur, Béatrice se mit subitement à crier jusqu'à en perdre la voix.
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