Tome 2 - Chapitre 45

Tristan

C'est quand... Je sens que rien ne va !

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Malgré les réponses de Maddie, je ne peux m'empêcher de m'inquiéter. J'entends dans la voix de Orphélia que ça ne va pas, et elle a beau essayer de me le cacher, ça ne marche pas, et même en la sachant avec sa mère, je me dois de me trouver à ses côtés, je le ressens... Je ne sais pas comment l'expliquer, mais j'ai ce doute dans la tête et rien dans leurs attitudes ne l'a dissipé.

Je me gare sur le parking réservé au café, et attends que Tarik en face de même. Je remets la capote de ma voiture en place, juste en appuyant sur le bouton, et je prends ces quelques minutes pour m'extasier sur le tableau de bord de mon petit bolide. Mais bien trop vite, je suis rattrapé par cette boule qui s'est nichée dans ma gorge, par mes bras qui se crispent en essayant de comprendre ce qui a pu lui arriver, par mes mains qui se serrent sur le volant.

Respire.

Inspire.

Expire.

Je dois me calmer.

Inspire.

Respire.

Je dois me contrôler.

Mon téléphone me signale un message, je regarde mon écran : numéro masqué, accompagné d'une pièce jointe, mon sang ne fait qu'un tour, et là, je flippe. Mon doigt hésite à l'ouvrir et reste comme suspendu en l'air. Généralement, je ne réponds pas à un numéro masqué, mais à cet instant, cette pièce jointe est telle le diablotin qui se trouve sur mon épaule et qui m'incite à regarder.

" Et si c'était important ? "

Cette tentation, ajoutée à la peur, et aux doutes, a raison de moi. Je clique sur la pièce jointe, et le diablotin se marre, si, si je vous jure, il se marre et moi avec, quand je m'aperçois, que c'est toute une série de photos de chats trop mignons.

Mais qui a bien pu m'envoyer ça ?

La dernière photo est accompagnée d'une légende : « Je suis sûr, que tu es en train de te marrer ! À plus « GB ». Tom »

Putain, quel con, il m'a foutu la trouille, alors qu'il me faisait une blague.

Et tout comme avec ce message, je suis peut-être en train de flipper, envers ma douce, pour rien ? Si ça se trouve, Orphélia est juste triste parce que je lui manque, et comme je dois manger avec Tarik et passer l'après-midi à parler du bon vieux temps, elle essaye de me le cacher, afin que je profite de mon après-midi entre potes.

Tarik arrive enfin, je descends de ma voiture d'un mouvement déterminé, avant de le suivre à l'intérieur. Je vais juste prendre un café, le temps de lui expliquer ce qui se passe, et je vais rentrer la retrouver.

Je dois savoir...

— Qu'est-ce qui se passe mec ?

— Orphélia, je ne sais pas... Il y a un truc qui cloche !

— C'est parce qu'elle n'a pas répondu à tes appels, que tu flippes autant ? Ou il y a autre chose ?

— Je ne sais pas, ça parait con ou même excessif, mais ce n'est pas dans ses habitudes, et puis je le sens dans sa voix, dans sa façon de me répondre. Tu as jamais eu ce genre d'intuition ?

On est interrompu par la serveuse qui vient prendre notre commande.

— Vous désirez ?

Nos regards se relèvent simultanément, de la carte pour Tarik, et de sur mes mains pour moi. On doit sans doute faire la même tête tous les trois, tant nous sommes surpris de nous retrouver dans ce lieu.

— Victoria ?

— Bonjour Tarik ! lui répond-elle froidement. Salut « GB » !

On reste là comme des cons à se dévisager.

C'est vrai qu'en quatre ans, on a tous bien changé. Exit la jeune femme aux couettes, elle a fait place à une belle femme, et si j'en crois les iris brillants de mon pote, lui aussi l'a remarqué. J'espère qu'il va mettre de côté sa timidité, et qu'il va lui parler...

— Vous prendrez quoi ?

— Un café et toi Tarik ?

— Pareil.

Victoria tourne les talons et repart derrière le bar, comme si de rien était. Je regarde mon pote qui est reparti dans ses foutus silences. Il doit être en train de cogiter grave là.

— Tarik ? Tu comptes rester muet devant elle ?

— Tu as vu comme elle est froide...

— C'est normal, elle ne t'a pas revu depuis quatre ans. Elle te plaît toujours autant, non ?

— Hum... Elle est même plus belle, plus femme, et...

— Alors fonce ! Tu as quoi à perdre ? Au pire elle t'envoie chier ! Il y a cinq minutes, tu ne savais même pas qu'elle travaillait ici.

— Oui, mais maintenant je le sais. Putain regarde-la. Elle est magnifique, elle n'en aura rien à foutre de moi, et elle doit même être maquée.

— Si mes souvenirs sont bons, vous êtes sortis ensemble un moment, avant que tu ne te barres de l'autre côté du globe ?

— Ouep ! On est sortis ensemble six mois...

— Six mois et dix-sept jours, pour être précise ! Voilà vos cafés. Autre chose ?

Victoria fixe mon pote, elle vient de lui donner une opportunité de lui parler et j'espère qu'il va la saisir. Il relève son regard vers elle et je croise les doigts sous la table, tout en l'encourageant mentalement : Allez mec, elle attend que ça.

— Tu aurais cinq minutes ? On doit parler, je pense... lui annonce-t-il enfin.

— Pour quoi faire ? Pour que tu m'expliques pourquoi tu m'as plaqué sans rien me dire ? C'est un peu tard ! Tu ne crois pas ?

— Sans doute...

Elle le regarde baisser les yeux, et croiser et décroiser ses doigts, mais Tarik se reprend en voyant qu'elle va se casser. Il relève ses yeux verts sur son visage tendu, en essayant de s'excuser silencieusement, mais Victoria en a décidé autrement. Elle le fusille du regard. Il va avoir du boulot, s'il compte pouvoir lui reparler sans terminer à la morgue.

— Je suis désolé, Victoria...

— Tu es désolé ? fulmine-t-elle en appuyant bien sur le dernier mot.

— Oui...

— En quatre ans, tu n'as rien trouvé de mieux comme excuse ?

— Victoria, tu veux bien lui apporter une bouteille d'eau, s'il te plaît ? lui demandé-je en voyant la tête de Tarik, afin de gagner du temps et de faire redescendre la pression.

La voilà repartie derrière son bar, et je n'ai pas beaucoup de temps pour lui parler, avant que la tornade Victoria ne soit de retour, ne s'abatte à nouveau, et ne détruise le peu de confiance, qu'il a en lui. Il tenait à cette nana. C'était la première fois, que je le voyais aussi accroché.

— Tu dois être sincère avec elle.

— Tu as vu comment elle m'envoie chier.

— Elle n'allait pas t'accueillir avec le sourire, alors insiste. Je vais vous laisser tranquille.

— Tu ne vas pas me planter mec ?

— Je dois rentrer, voir Orphélia, et m'assurer que tout va bien. Et puis, vous avez plein de choses à vous dire, cette nana a compté pour toi, alors essaie de recoller les morceaux. C'était une chouette nana.

— Ouais je comprends ! Merci. Mais, je fais comment pour...

— Apparemment, tu comptes toujours pour elle, vu les regards qu'elle te lance. Alors dis-lui pour ta mère...

— Ta mère ? nous surprend-elle en déposant la bouteille sur la table.

— Écoute Victoria, Tarik a un tas de choses à t'expliquer. Alors, sois cool avec lui. Laisse-le te parler, après tu verras...

— J'ai une pause dans trente minutes ! lui annonce-t-elle en se tournant vers lui, après m'avoir coupé la parole, comme si elle avait peur de changer d'avis.

— Ok ! Je vais t'attendre, l'informe Tarik d'une voix plus sûre et sans la quitter des yeux.

— Bon, ben, je vais vous laisser.

Plus rien n'existe, ils ne se lâchent pas du regard, et je ne sais même pas s'ils m'ont vu partir. J'espère qu'elle saura l'écouter et lui redonner sa chance. Mon pote le mérite... Vraiment.

_______

Après un gros quart d'heure de route, j'arrive enfin en ville. Je n'ai pas prévenu Orphélia, que je revenais avant sa pause repas. Je veux voir de part moi-même si elle va bien, je ne veux pas qu'elle ait le temps de se planquer derrière son masque. Même si elle n'utilise plus autant qu'avant ce moyen de défense, je sais, que dans, certaines circonstances, elle en est capable. L'éducation qu'elle a reçue, en plus d'être stricte, a eu des effets indélébiles sur elle.

Je gare la voiture au plus près de la boutique, afin de pouvoir l'avoir à l'œil.

De là où je suis, je peux la voir évoluer, servir les clients, leur glisser un mot tout en souriant. Ça a l'air d'aller, et au moment où je commence à me dire que j'ai psychoté pour rien, je la vois s'effondrer sur une chaise, le dernier client vient de sortir, et elle n'a plus besoin de faire semblant.

Maddie vient de s'accroupir devant elle, et lui prend les mains, tandis que Sophie lui tend un mouchoir en papier. Son dos est secoué par des spasmes, sans doute dû à des sanglots. C'est bon, j'en ai assez vu, je ne vais pas rester spectateur, la regarder souffrir, et ne rien faire. Je me dirige d'un pas déterminé vers la boutique, et ouvre la porte rapidement, afin de les surprendre.

Toutes les trois, comme de bons soldats, se relèvent et se remettent en mouvements, pensant que je suis un client. Seule ma douce a capté que j'étais là, quand je la vois se diriger vers moi, et me tomber dans les bras. Je la serre fort contre mon cœur, je l'enveloppe de mes bras, de mon amour, et j'attends qu'elle se calme et arrête de pleurer.

— Tristan...

— Oui mon cœur, j'ai senti que tu n'allais pas bien, même si tu as tenté de me le dissimuler.

— Je suis désolée, j'ai gâché ta journée.

— Arrête, et ne t'inquiète pas pour Tarik, je l'ai laissé en charmante compagnie.

Elle relève la tête surprise.

— En charmante compagnie ? Vous étiez où ?

— Stop ma douce. On s'est arrêté dans un café et la serveuse n'était autre que son amour de jeunesse. C'est tout, ne t'emballe pas.

— Excuse-moi, je suis...

— Maintenant, c'est à toi de m'expliquer. Qu'est-ce que tu as ? Et puis, pourquoi es-tu en jeans ?

Elle se détache de moi, et je sens que ma remarque la met mal à l'aise. Son regard est baissé et fuit le mien. Je relève sa tête en poussant de mes doigts sous son menton. Ses yeux sont explosés d'avoir trop pleurer, et la peur que j'y lis, me broie le cœur.

— Tu veux bien qu'on aille marcher. J'étouffe là...

— Oui, bien sûr ma douce. Tu veux ta veste ?

Au même moment, Maddie me tend un trench beige.

Je retiens la réflexion qui me brûle les lèvres et le passe sur ses épaules. Une fois sorti, je resserre mon bras autour de sa taille pour la soutenir. Elle est fatiguée et la balade ne sera pas longue. Je cherche un banc du regard et nous dirige vers le premier venu. Une fois que nous sommes assis, elle se pelotonne tout contre moi. Mon menton repose sur sa tête et je patiente en attendant qu'elle se décide à me parler. Nos respirations se synchronisent, nos doigts se resserrent, et elle accueille avec un soupir de bien être, les baisers que je sème dans ses cheveux.

— Tu as pris une douche ?

— Oui, ce matin...

— Orphélia ! Tu ne sens pas ton shampoing, ni ton gel douche d'ailleurs, ajouté-je, après l'avoir embrassée dans le cou.

Je repousse ses cheveux, et ce que je vois me fait peur.

— C'est quoi ces marques ? Orphélia !

— J'ai été... Agressée...

— Quoi ? Mais... Quand ? Ça va, tu n'as rien ? Putain, mais c'est qui cet enfoiré qui...

— Tristan calme-toi, je vais tout te raconter, mais s'il te plaît calme-toi.

Je l'attire contre moi, garde sa tête dans ma main, tandis qu'elle prend appui contre mon torse, et qu'elle pleure à chaudes larmes.

— Mon cœur, j'ai besoin de savoir...

— Aux entrepôts, un homme m'a agressé...

— Il t'a...

Les mots ne veulent pas sortir de ma bouche, tant j'ai peur de sa réponse, tant je la sens apeurée et tremblante dans mes bras.

— Non... On m'a secouru avant...

Je relâche tout l'air bloqué dans mes poumons, et je lâche un merci en l'air qu'elle ait été épargnée.

— Il t'a fait mal ?

Je sais qu'il lui a forcément fait mal avec ce que j'ai pu voir dans son cou, mais j'ai besoin qu'elle me parle, qu'elle évoque ce qui lui est arrivé. Elle hoche la tête, et j'entrouvre doucement son chemisier. Sa poitrine est rougie, bleuie par endroits, griffée à d'autres. Je remonte sa manche et c'est le même constat. Je ne sais même plus comment la toucher ou la serrer contre moi, tant j'ai peur de lui faire mal.

— Garde-moi dans tes bras...

— J'ai peur de te faire mal.

— Toi, tu ne peux pas. Je t'aime mon amour.

— Je t'aime mon cœur. Je t'aime tant. Je suis désolé de ne pas avoir été là.

J'ouvre mes bras, et la laisse trouver sa place avant de les replier doucement contre elle.

— Tu es allée à l'hôpital ?

— Non. C'est bon...

— Comment ça ? Non, Orphélia, ce n'est pas bon.

Je me relève en la soulevant dans un même mouvement et la portant dans mes bras jusqu'à la boutique. Maddie se précipite pour ouvrir la porte, en nous voyant revenir.

— Maddie ! Je la conduis à l'hôpital.

— Mon amour, ce n'est pas...

— Elle n'a pas voulu m'écouter Tristan, pourtant j'ai insisté, mais c'est une vraie tête de mule. Du coup, j'ai appelé notre médecin, il sera chez vous pour midi.

— Elle doit aussi porter plainte...

— J'ai prévenu son père, il s'occupe de la police. Il ne devrait plus tarder.

— Dites-lui de nous rejoindre à l'appartement.

— Très bien Tristan, je te la confie.

— Maddie, si vous voulez y aller, je peux m'occuper de la boutique.

— Tu en es sûre Sophie ? Dans ce cas... Je peux venir, ça ne t'embête pas Tristan.

— Je suis désolé Maddie, mais je n'ai que deux places dans la voiture.

— Dans ce cas-là je vais attendre Gildas, et ensuite on vous rejoint, ça sera plus simple.

— Ok, Maddie.

Je ressors de la boutique et me dirige vers ma caisse, et d'un appui franc sur la clé, je la déverrouille.

— Laisse-moi la voir...

Je me tourne de façon à ce que ma Princesse voit la voiture, sans qu'elle ait besoin de trop tourner la tête.

— Elle est belle, j'aime beaucoup ce bleu...

Je la sens se ramollir dans mes bras...

— Ma douce, qu'est-ce que tu as ? m'inquiété-je.

— Je suis juste fatiguée...

J'ouvre la portière, l'installe, accroche sa ceinture et me dépêche de faire le tour. Plus vite on sera rentré, plus vite elle pourra se reposer. Heureusement, le trajet est rapide à cette heure-ci, il n'y a pas de circulation.

Je l'aide à sortir, et la porte afin de monter les escaliers. Une fois chez nous, je me dirige vers notre chambre, je la dépose sur le lit et l'aide à se déshabiller. Quand elle se retrouve en sous-vêtement, elle place ses bras devant elle pour se cacher, et elle pleure sans pouvoir contrôler ses larmes.

Alors même si la voir se planquer de moi, me fait mal, je suppose que c'est une réaction normale. Un mécanisme d'autodéfense face à ce qu'elle vient de subir. Je ne fais pas de remarques, et l'aide à se coucher en repliant le drap et la couette sur elle, puis je m'assois à ses côtés. Elle attrape mes mains et s'y cramponne, comme si elle avait peur que je m'en aille.

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Tristan revient, et va enfin retrouver son Orphélia 💖💖

Elle est en piteux état, maintenant qu'elle a abaissé les barrières, et qu'elle a fait tomber le masque 😰😰

Tristan prend les choses en main, après la stupéfaction passé et rassuré que le plus grave ne soit pas arrivé 😳😳

Mais comment va-t-il réagir, quand il va savoir que la personne a qui il doit, que sa Princesse n'ait pas été violée, est William ? 🧐🤔

Il va pouvoir l'aider à supporter ce traumatisme 😞😞

Quant à Tarik, il a apparemment retrouvé son amour de jeunesse. A-t-il un avenir avec cette fougueuse serveuse ? 🧐🤔

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On se retrouve sur la planète wattpad, pour répondre à vos commentaires ou pour vous lire à mon tour 📚📝

Pensez à cliquer sur l'étoile ⭐

Bonne soirée mes T & O-LOVE #CQOSA. Je vous Kiss 😘😍

Kty. Auteure 🌸💖

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