Tome 1 - Chapitre 11
C'est quand je découvre la vie !
*******
Je m'installe sur mon lit en position assise, avec les jambes croisées et je regarde le portable de ma mère dans mes mains. L'écran est noir et je reste là comme une idiote à le regarder. Je tiens l'objet que tous les jeunes possèdent et moi, je ne sais même pas m'en servir. Sur le coup de l'euphorie, je l'ai pris et suis partie avec, mais maintenant... Je fais comment ?
Oui, je sais, vous devez vous dire : mais qu'elle est gourde cette fille... À bientôt vingt-deux ans, elle ne sait même pas se servir d'un portable. Un enfant de trois ans sait faire ça !
— Eh bien, pas moi, râlé-je en me prenant la tête à deux mains.
J'ai envie de me foutre des claques !
Il faut que je me concentre et que je me rappelle comment font les autres. Je les vois faire tant et tant de fois que ça ne devrait pas me poser de problèmes. Je ferme les yeux et j'essaie de me remémorer les gestes :
« Tristan sort le téléphone de la poche arrière de son jeans, le tient fermement dans sa main... »
C'est une très mauvaise idée de penser à Tristan pour m'aider à visualiser les mouvements à reproduire. Je n'arriverai pas à me concentrer si je pense à lui.
« À ses mains tenant le téléphone, à ses yeux qui regardent l'écran, ses yeux... »
Je soupire. Je pourrai me perdre dans son regard tant il me fascine, m'intimide et me rend toute chose. Ses pupilles ne sont pas d'une couleur exceptionnelle, mais ses yeux noisette sont d'une telle intensité que quand il me regarde, je fonds. Si bien que rien que d'y penser, je me sens coquelicoter comme une idiote... J'ai chaud, j'ai l'impression de ressentir son regard, là, sur moi...
Je secoue la tête pour faire disparaître son image, comme si ça pouvait changer quelque chose. Cela fait des semaines qu'il est là, à chaque fois que je ferme les yeux ou que je me balade, quand je joue de la musique. Cependant, je dois arrêter de penser à lui. Tristan n'est pas un garçon pour moi, il est bien trop beau, entre sa dégaine de je-m'en-foutiste, ses jeans troués, ses tatouages que j'aperçois sous ses tee-shirts, ses cheveux mi-longs, son regard, sa voix...
Mon Dieu, cette voix. Autant en parlant, qu'en chantant, sa voix a des fréquences qui me donnent des frissons à chaque fois. Elle m'envoûte, me retourne, m'enflamme, m'hypnotise. Et plus d'une fois, je suis restée à le regarder sans qu'il ne puisse me voir, simplement pour le plaisir de l'entendre. Tout chez lui m'attire, mais je dois me faire une raison : je ne suis pas la seule dans ce cas. Toutes les nanas du coin lui courent après, il sait très bien l'effet qu'il a sur les femmes et en joue très souvent. Certes, je suis sa Princesse, mais...
J'entends frapper à ma porte, ce qui me fait sursauter et sortir de mes pensées pour découvrir ma mère qui rentre en me dévisageant :
— Ça va, Orphélia ?
— Oui, oui, maman, bredouillé-je.
— Tu es sûre, tu es toute rouge ?
— C'est juste que je m'énerve, car je n'arrive pas à me servir de ton téléphone.
— C'est normal ma chérie, sans mon code pin, tu ne peux rien faire. C'est pour cela, que je suis montée, j'ai oublié de te le donner.
— Un code pin ? Mais c'est quoi, ça encore !
— C'est juste un code qui permet de déverrouiller le téléphone. Allez, viens me rejoindre au lieu de ronchonner, déclare-t-elle en tapotant le lit à côté d'elle.
Je m'assieds à côté de ma mère en lui tendant son téléphone. Elle m'indique son code pin, m'explique comment le déverrouiller, aller dans ses contacts, téléphoner ou envoyer un message.
J'ai l'impression d'être une gamine et ça me fait rager.
— C'est bon, tu as tout compris ?
— Ça va maman, j'ai appris des choses bien plus complexes que ça !
Je prends le téléphone en faisant une grimace à ma mère pour bien lui montrer ma désapprobation. J'allume le téléphone, rentre le code, puis sélectionne le numéro de Cerise.
— Tu vois, c'est bon, j'y suis arrivée, indiqué-je en ronchonnant.
— Mais je n'en ai jamais douté, c'est toi qui râles depuis tout à l'heure, rigole-t-elle.
— C'est ça rigole. Allez oust, sors de ma chambre, j'ai des coups de fils à passer !
Et nous partons dans un fou rire comme souvent ça nous arrive d'en avoir, car je ne reste jamais bien longtemps en colère contre elle. Elle me fait un bisou sur le front et sort.
Bien sûr, le téléphone s'est à nouveau verrouillé, je refais donc ce que je viens d'apprendre. Je suis prête à faire une danse de la joie toute fière de moi, parce que j'y suis arrivée du premier coup. Mais tu es pathétique ma pauvre fille. Je glisse mon doigt sur le contact Cerise pour l'appeler. Le téléphone sonne, j'attends en tapotant mon genou du bout des doigts, puis j'entends décrocher après trois tonalités :
— Allô Madeleine, ça va ? Il y a un souci avec Orphélia ?
— Allô... Cerise, c'est Orphélia !
— Orphélia ?
— Oui, c'est bien moi, dis-je en éclatant de rire.
— Tu m'appelles maintenant ? C'est nouveau ça !
— En fait, c'est le téléphone de ma mère en attendant que j'achète le mien demain.
— De mieux en mieux, je dois rêver là ? Tu vas acheter un téléphone ?
— Oui, je sais, il était temps, n'est ce pas ?
— Je ne te le fais pas dire ! Et donc, j'ai le privilège d'être la première que tu appelles ? J'en suis flattée, s'esclaffe-t-elle.
— Tu peux l'être, surtout quand tu sauras pourquoi je t'appelle.
— Allez balance, je suis trop impatiente là !
— Demain, tu fais quoi ?
— Ben rien de spécial, tu sais, pendant les vacances, je me la coule douce.
— Demain, onze heures sous les grandes halles, ça te va ?
— Ben ouais, mais qu'est qu'on va faire en ville ?
— Du shopping ma Cerise ! annoncé-je toute excitée.
— Hein ? Je dois être dans la quatrième dimension ! Où alors en plein rêve !
— Pince-toi alors, rigolé-je.
— Aïe... Mais ça fait mal.
— Tu es vraiment folle, ma Cerise.
Nous rions de bon cœur, autant pour les réactions de Cerise face à mes propositions, qu'à mon excitation d'utiliser pour la première fois un téléphone. Puis je reprends, tant bien que mal la conversation :
— Alors tu viens faire du shopping avec Elena et moi ? D'ailleurs, va falloir que tu me donnes son numéro, pour que je l'appelle ensuite.
— Je te l'envoie tout de suite par SMS. Ce n'est pas une blague alors ?
— C'est mon genre, tu trouves ?
— Heu, non... Mais avec tous ces changements, on ne sait jamais.
— Bon alors, c'est ok pour toi ?
— Oh oui, je ne raterai ça, pour rien au monde ma belle !
— Génial, on va bien s'amuser, je sens. Je vais prévenir Elena ! À demain ma Cerise.
— Oui ma belle, à demain, bisous.
— Bisous.
Je raccroche et j'essaye tout de suite d'ouvrir le message. Il y a une enveloppe en haut, je clique dessus et réussis à l'ouvrir.
Nouvelle petite danse de la joie tout de même. J'enregistre le numéro d'Elena dans les contacts et je me surprends moi-même, d'y être arrivée aussi vite.
Je me dis : tu parles d'un exploit !
Je téléphone de suite à Elena, qui a été tout aussi surprise que Cerise et qui n'en revient pas de m'entendre. Je lui donne rendez-vous, à elle aussi, et elle me promet de venir et passera chercher Cerise avec sa nouvelle voiture maintenant qu'elle a le permis.
On discute encore un peu, puis je raccroche quand ma mère m'appelle pour manger. Je comprends mieux pourquoi tous les jeunes sont si accrocs à leur téléphone, je n'ai même pas vu le temps passer.
Après avoir mangé avec mes parents, je pars me promener sur la plage. Je retire mes sandales pour mieux sentir le sable sous mes pieds. J'adore cette sensation de sable encore chaud sous mes orteils, ça me chatouille, comme un massage qui me permet de faire le vide, c'est agréable d'être là, au calme avec pour seule compagnie les vagues.
Je m'assieds sur les rochers, comme on l'a fait la veille avec mon père. Je me perds dans la contemplation de la mer, de ces vagues venant s'échouer inlassablement, de ce bleu, dont je ne me lasserais jamais et ce petit vent qui vient me chanter sa chanson mélodieuse du soir.
Voir le coucher du soleil est un moment magique. Je me décide à l'attendre en repensant à ce fameux week-end. Ça y est, il était terminé et même s'il est totalement différent de ce que j'avais pensé, imaginé, il sera un point marquant de ma vie, à jamais.
Il sera là pour me rappeler qu'il y a eu une vie avant et, qu'il y aura maintenant une vie après. Cette constatation me donne à réfléchir sur ce que je ressens face à tous ces événements et à tous ces sentiments contradictoires qui s'opposent en moi.
Le sentiment prédominant est la joie, bien sûr. Je suis heureuse d'avoir enfin une vraie vie, des parents qui m'aiment et que j'aime, un futur sans Gaia qui me tend les bras mais qui m'effraie aussi. J'ai peur de qui je vais devenir à présent. Comment je vais arriver à gérer tous ces changements ? Qu'est-ce que je vais faire de ma vie ?
Je suis libre et terrorisée.
Je vais devoir surmonter de nombreuses situations, sensations et émotions inconnues ; en serai-je capable ?
Mes questions et mes peurs se perdent dans la contemplation du coucher du soleil jusqu'à ce qu'il décline complètement. Je reprends le chemin de la maison, car la journée de demain promet d'être longue, riche en émotions.
Une bonne nuit de sommeil ne sera pas de trop pour l'affronter.
*******
Lundi matin...
Je sens que l'on me caresse les cheveux, puis j'entends une voix me dire, qu'il est l'heure de se lever. Je dois rêver, ça ne peut être que ça, car j'entends la voix de mon père. Je fais un bond en ouvrant les yeux et je le vois.
— Papa ?
— Salut, ma puce, bien dormie ?
— Ce n'est donc pas un rêve ? C'est bien toi, qui viens de me réveiller ?
— Oui, Madie m'a expliqué, comment te réveiller en douceur, pour éviter de te mettre de mauvaise humeur pour la journée, rigole-t-il.
— Mais je ne suis jamais de mauvaise humeur, ronchonné-je.
— J'ai donc réussi ma mission ? Je n'ai pas raté ton premier réveil alors, dit-il fièrement.
Nous ne pouvons nous retenir de rire. Comme c'est bon de commencer la journée de la sorte !
— Par contre, ma puce, si tu ne veux pas que l'on soit en retard, il faudrait te dépêcher.
— Je prends une douche rapide et j'arrive, dis-je tout en filant déjà vers ma salle de bains.
Je retrouve mes parents en train de déjeuner et m'assieds face à eux pour les accompagner. Puis j'embrasse ma mère avant de partir avec mon père en ville. Nous arrivons rapidement devant la banque et je le suis à l'intérieur. Le banquier nous attend, il serre la main de mon père puis m'accueille avec le sourire :
— Bonjour Mademoiselle de Saint-Péone, ravi de faire votre connaissance. Je suis Monsieur Laval, je vais m'occuper personnellement de votre compte.
— Bonjour Monsieur Laval, enchantée.
Nous le suivons, jusqu'à son immense bureau. Nous prenons place face à lui et il commence à m'expliquer le fonctionnement de mon compte, la somme que mon père a créditée dessus, ainsi que la somme qui me sera versée sur mon compte tous les mois. Je n'ose rien dire devant mon père, je suis sous le choc et ne veux pas le mettre mal à l'aise face à toutes les questions qui me passent par la tête.
Le banquier me fait signer de nombreux papiers, sur lesquels, je dois apposer mes initiales et enfin signer la dernière page. Puis il me remet ma carte gold, en me disant que le plafond de cette carte est illimité. Je me tourne vers mon père, complètement perdue. Il me prend la main, me la tapote en me faisant signe de ne pas m'inquiéter.
Nous sortons du bureau alors que je suis encore abasourdie par ce qu'il vient de se passer. Je tends machinalement la main pour dire au revoir à Monsieur Laval et suis mon père comme un automate, jusqu'à la voiture où Alexandre nous attend. Il ouvre la portière et je rentre m'asseoir, suivie (ou sans e) de mon père.
— Tu peux m'expliquer tout ça, dis-je à mon père, complètement perdue.
— Je comprends que tu sois sous le choc et j'aurais dû t'en informer avant d'arriver à la banque. Mais pendant le trajet, nous avons discuté de ton anniversaire et de ce que tu vas faire aujourd'hui et je n'y ai plus pensé. Je suis désolé ma puce, je ne veux pas t'embarrasser ou te mettre mal à l'aise et encore moins t'effrayer.
— Je n'arrive pas à comprendre qu'il y ait autant d'argent sur mon compte et puis cette carte gold, c'est ça ? lui dis-je, en la lui montrant.
— Oui, c'est ça, tu peux acheter ce que tu veux avec, te faire plaisir et tu n'auras jamais de plafond dessus. Car j'ai confiance en toi, et je sais que malgré tout, tu seras raisonnable et que tu ne vas pas nous mettre sur la paille en achetant tout et n'importe quoi !
— Mais je ne suis pas habituée à tout cela et ça me fait peur, soufflé-je en tremblant.
— Je comprends tout à fait et d'un côté, c'est rassurant de te voir réagir de la sorte. Sache que même si je suis maladroit, je veux juste rattraper le temps perdu, me racheter de tout ce que tu n'as pas eu à cause de Gaia mais aussi par ma faute, par manque de vigilance. Je n'essaye pas du tout d'acheter ton pardon ma fille, je veux juste que tu ne manques plus de rien et surtout pas d'affection ou de ma présence.
Alors oublies les sommes que t'a énoncées le banquier et dis-toi juste, que maintenant, tu peux faire ce que tu veux, t'acheter ce que tu veux, aller au restaurant, boire un café en terrasse ou aller faire du shopping avec tes amies sans te poser de questions. Et si tu veux et si ça peut te rassurer, on fera le point toutes les semaines. Le temps que tu prennes tes marques, ça te va ma puce ?
— Oui, je veux bien et merci papa de faire tout ça pour moi. Mais sache que je ne t'en veux pas. Effectivement, ce n'est pas de cet argent dont j'ai besoin, mais bien de ton amour et de ton attention.
Il me fait un bisou sur le front et me dit :
— Alors rassure-toi là-dessus, il n'est plus question que je me passe de toi à présent.
Et il me prend dans ses bras en m'embrassant le front.
— Allez maintenant, reprend-il, va rejoindre tes amies et fais-toi plaisir, comme toutes les jeunes filles le font à ton âge !
— Merci papa, merci pour tout.
Je l'embrasse sur la joue, puis je sors pour rejoindre les grandes halles.
Je les vois, assises sur le banc en train de discuter, elles se tournent vers moi et se lèvent ensemble pour me rejoindre.
— Hey Orphélia, me salue Elena en me faisant la bise.
— Coucou ma belle, dit Cerise en faisant de même.
— Salut, les filles, alors prêtes pour vivre une journée shopping avec la nouvelle Orphélia ?
— Et comment, ma belle !
— On commence par quoi ? me demande Elena.
— On pourrait commencer par boire quelque chose pour en discuter ?
Elles acquiescent et nous prenons le chemin du café le plus proche. Après s'être installées à la terrasse pour profiter du beau soleil, et avoir passé commande, Cerise prend la parole :
— Alors, c'est quoi le programme ?
— En premier, j'aimerais acheter un téléphone, ensuite on pourrait faire les boutiques. Je vais avoir besoin de vos conseils pour m'acheter des tenues de mon âge et aussi une robe pour ma soirée d'anniversaire.
— Eh bien, on ne va pas chômer, rétorque Elena.
Cerise regarde tout de suite sur son téléphone et lance une recherche pour trouver une boutique vendant des portables et me montre, comment elle a fait en me disant :
— Ne t'inquiète pas, avec Elena, on va te faire des cours en accéléré de comment se servir de son portable.
Et bientôt, nous partons bras dessus, bras dessous en rigolant vers la boutique.
Après avoir choisi mon portable et mon forfait en illimité comme me l'ont conseillé les filles, nous nous sommes installés sur un banc, pour qu'elles me montrent et m'expliquent en gros le fonctionnement légèrement différent de celui de ma mère.
Elles se sont occupées de m'ajouter les applications indispensables d'après elles et m'ont envoyé depuis leur téléphone une multitude de musiques. Et bien sûr, elles m'ont ajouté les numéros de Tristan, Dimi et Thomas, en me disant :
— Tu sais, ils sont tous impatients d'avoir ton nouveau numéro, ma belle !
— Oui, ben, j'attendrai ce soir pour leur envoyer un message, sinon ils ne vont pas arrêter de nous déranger et là, c'est une journée entre filles ! m'écrié-je trop contente.
— J'en connais un qui ne va pas apprécier, me dit Elena.
— Ah oui et qui ?
— Ben qui veux-tu que ce soit ? Dimi bien sûr ! Il me harcèle de SMS depuis hier, pour que tu l'appelles dès que tu auras ton téléphone.
— Ok, alors je vais l'appeler...
— Attends un peu ma belle, c'est une pointe de déception que je sens là ?
— Non, non. Pourquoi ? m'empressé-je de dire en coquelicotant.
— C'est ça, à d'autres, me répond-elle en me faisant un clin d'œil.
— Orphélia ! Tu pensais à qui ? renchérit Elena.
— Nous sommes tes amies, tu sais que tu peux tout nous dire, voyons.
— Je pensais plutôt à Tristan, dis-je en baissant les yeux.
À cet instant, les questions fusent :
— Tu as craqué sur Tristan, ma belle ?
— Depuis quand tu penses à Tristan ?
— Il t'a fait des avances ?
Je range mon téléphone dans mon sac et croise les bras sur ma poitrine en attendant qu'elles finissent de me questionner.
— Ben alors réponds-nous, Orphélia, réplique Elena.
— Ça y est, vous avez fini ? dis-je, excédée.
— Oui, désolée, on t'écoute ma belle !
— Alors, d'une, je ne craque pas sur Tristan, de deux, je ne pense pas à lui et de trois, non, il ne m'a pas fait d'avances, contentes ?
— Et tu crois que l'on va gober ça ?
— Va bien falloir, car que je ne dirai rien d'autre ! Alors, on se la fait cette virée shopping ?
— Tu ne vas pas t'en tirer aussi facilement, Orphélia. On saura te faire parler, comptes sur nous ! disent-elles en se marrant.
— En attendant, si on allait manger ? proposé-je.
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