Partie 13
Je suis surprise lorsque je me réveille, je me croyais morte. J'entrouvre les yeux et à travers un voile opaque, je distingue des ombres, des hommes qui approchent. Ils parlent une langue que je ne reconnais pas, ils me soulèvent et la douleur me renvoie dans l'inconscience.
Lorsque je revient à moi un seconde fois, je peux voir que les hommes nous tirent sur la neige, laissant un trainée de sang sur notre passage. Mais ce n'est pas moi qui saigne. Lorsque j'aperçois l'état de mon mari, je manque de tourner encore de l'œil. Il s'est sacrifié pour me sauver, mais le traitement du docteur Zola a été efficace : Bucky a survécut avec un bras en charpie et de multiples fractures. Le soldat qui me tracte voit mes yeux entrouverts, et me donne un coup de poing qui me renvoie immédiatement au pays des songes.
Lorsque je me réveille pour de bon, mes blessures sont guéries, et je me sens plutôt bien. Je détaille alors mon environnement : une cellule toute petite avec le strict minimum, lit et WC, ornée de barreaux épais comme mon bras. Une porte permet d'entrer dans la pièce, mais le modèle de serrure m'empêche de la faire flancher. Même pour moi, c'est un travail trop long et compliqué qui demande du matériel inaccessible à ma petite personne.
N'ayant rien d'autre à faire, je décide de dormir. C'est alors que je perçoit un bruit. Infime d'abord, il monte en puissance et devient assourdissant. Je met un petit moment avant de reconnaître la voix de Bucky. Ce bruit est un réalité un hurlement de douleur pure. Mon cœur se serre et je me demande ce qu'ils lui font subir pour qu'il hurle de la sorte. Le pire pour moi c'est l'impossibilité de le voir, le toucher, le réconforter et le consoler. Je sens qu'il souffre et je ne peux rien faire. Je peux seulement le soutenir par la pensée, lui donner du courage.
Mais rien n'y fait, les cris son toujours aussi hauts et me font toujours aussi mal.
Plusieurs jours après ma remise, un homme en blouse blanche vient me voir. Il ouvre la porte et fait signe à plusieurs gardes. Ces derniers entrent dans ma cellule et s'approchent de moi. Je veux me défendre, me battre, sortir d'ici pour retrouver mon mari. Mais je n'en ai pas l'occasion : les soldats m'empoignent avec une telle force que je ne peux plus bouger. Les insultant de tous les noms que je connaissais, je me défends du mieux que je peux. Nous arrivons devant une porte blindée et un garde compose le code, puis fait une seri d'actions que je ne comprend pas. La porte s'ouvre et nous entrons dans une pièce circulaire, hermétique, aux murs blancs. Au centre trône un piédestal en pierre blanche sur lequel repose une pierre blanche aux reflets nacrés. La pierre faisait la taille de deux poings collés et semblait pulser d'une aura étrange.
Les soldats me forcèrent à approcher et à toucher la pierre. Ne pouvant résister face à leur force, mes doigts effleurent la sphère immaculée.
D'abord, rien, je pensais que ce n'étais qu'une blague ayant pour but de me faire peur.
Puis, un murmure. Ce murmure emplit toute ma tête, bloquant mes pensées, m'empêchant de faire quoi que ce soit. Et ce petit son se transforme en un bruit, pour atteindre une puissance hors du commun. Même les cris de Bucky semblaient de faibles gémissements face à ce bruit. Je ne me sentais même pas crier à l'unisson, mais je sentis clairement que l'on m'arrachait à la pierre et le choc fut tellement brutal, la rupture du son dans mon esprit tellement inattendue, que je sombrais dans l'inconscience.
(Beaucoup de tombage dans les pommes je trouve !)
Ce petit manège dura plusieurs semaines, durant lesquelles je touchais la pierre en redoutant le murmure, qui ne manquait pas de me faire tomber dans les pommes à chaque fois. Ajoutez à celà les hurlements de Bucky qui se fait torturer à côté, et vous avez mon quotidien. Très perturbant.
Enfin. Mes convalescences me permettent au moins de me reposer et d'oublier, l'histoire de quelques heures, les horreurs qui m'entourent.
Mais un jour, j'en ai eu assez. J'ai voulu mettre fin à cette existence dérangée. J'ai décidé de laisser le murmure me posséder.
Une fois dans la salle circulaire, je m'approche de la pierre et, déterminée, je tends le bras vers celle ci. Respirant un bon coup, j'effleure la surface lisse. Cette fois, lorsque le murmure revient, je ne laisse pas prendre le dessus et je parle:
"Écoute moi. Je ne veux rien de toi, je n'attends rien. Tout ce que je veux, c'est m'en aller de cet endroit pour reprendre ma vie. Ne me fait pas devenir folle, je ne te veux rien."
Je m'adresse au murmure comme à une personne douée de conscience, et je fais bien. Le murmure s'est tu et une voix viens prendre la parole:
"Tu n'attends vraiment rien de moi ?
- Non. Je ne sais même pas qui ou ce que tu es.
- Je vois dans tes souvenirs que tu dis vrai... Je vais t'aider."
Et un éclair monumental illumine la pièce, m'éblouissant au passage. Et dés lors, la voix n'a pas quitté mon esprit.
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