Anna ne s'endormit pas tout de suite. Elle pensait à ce garçon qui l'avait empêchée de sauter et qui l'avait ensuite accueilli chez lui. Personne ne s'était jamais autant occupée d'elle depuis un ans et demi. Avant ça, elle n'arrivait pas à se souvenir. Nathaniel était vraiment très gentil. Elle s'endormit sur ces pensées, mais fit un cauchemar. Elle se réveilla en sursaut. Elle ne se rappelais que d'avoir entendue des coups de feu et des cris de douleurs et de terreur. Ne pouvant plus rester seule une seconde de plus, elle se leva et se dirigea en tremblant jusqu'à la chambre de Nathaniel. Arrivée devant la porte fermée, elle baissa doucement la poignée et poussa la porte. Elle passa d'abord la tête. Le jeune homme avait la respiration lente. Il dormait. Elle entra alors complètement et alla s'allonger contre le dos nu du garçon. Celui-ci ne bougeât pas. Anna passa un bras autour de la taille de Nathaniel et finit par s'endormir tout contre lui, rassurée par sa présence.
****
Nathaniel se réveilla en premier. Il trouva la jeune fille blottie contre lui. Il sentait son souffle régulier dans son dos. Il ressentait déjà une certaine affection pour elle. Le jeune homme se retourna sans la réveiller ; lui dégagea une mèche de cheveux et lui caressa doucement la joue. À ce contact, Anna ouvrit les yeux. Elle se dégagea juste assez pour le regarder. Gênée, elle alla de nouveau se blottir précipitamment contre lui. Amusé, il la serra quelques secondes contre lui puis la décala légèrement pour la regarder. Nathaniel lui sourit et elle lui répondit timidement. Le jeune homme sentait à la fois un grand besoin de la protégée comme un frère est sensé le faire avec sa petite sœur ; et à la fois une attirance pour elle. Dans le regard d'Anna, il vit qu'elle ressentait aussi la même chose pour lui. Il lui fit un bisou affectueux sur le front.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Lui demanda-t-il doucement.
- Je... J'avais peur ?
C'était la première fois qu'elle lui répondait directement. Nathaniel était surpris qu'elle soit venue jusque dans son lit.
¤Je l'ai recueillie après l'avoir empêché de sauter et je lui ai dit de venir me voir si elle avait un problème ; mais elle aurait pu me réveille. Elle n’a peut-être pas osé¤ pensa-t-il.
Les yeux baissés, Anna ne vit pas la larme couler sur la joue de Nathaniel. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas pleuré. Pas depuis la mort de sa sœur il y deux ans. Elle devait avoir le même âge que la jeune fille qu'il tenait dans ses bras en ce moment. Il la lâcha et s'assied dos à Anna qui se redressa elle aussi. Elle posa une main dans son dos, d'abord hésitante mais Nathaniel ne bougea pas. Il se souvenait très bien de ce jour où il avait perdu sa sœur. Comment aurait-il pu l’oublier ? Son père et sa mère ne s'entendaient plus depuis le jour où sa jumelle a été internée ; et deux jours après la mort d'Anna, il était parti avec sa mère en Allemagne, chez sa famille maternelle, pour recommencer une nouvelle vie et y enterrer le corps de sa sœur. Il n'avait plus beaucoup de contact avec son père et cela ne le dérangeait pas beaucoup. Il ferma les yeux, poussa un soupire et dit à Anna en tournant la tête pour la regarder :
- Tu as faim ?
- oui. Répondit-Elle faiblement.
Il se leva, enfila un pantalon et t-shirt puis se rendit dans la cuisine, suivis d'Anna. Une fois à table pour petit-déjeuner Nathaniel dit subitement, les yeux dans le vague :
-Tu sais, tu me fais vraiment penser à ma sœur. Elle avait 18 ans quand elle est morte.
- Moi aussi j'ai 18 ans.
Un bruit de porte se fit soudain entendre et une femme entra dans la cuisine. Jade se leva et alla l'enlacer. Elle lui rendit son étreinte, fatiguée.
- Tout vas bien maman ?
- Oui, ne t'inquiète pas ; j'ai juste besoin de me reposer un peu.
Elle alla prendre un verre d'eau et quand elle commença à sortir de la pièce, elle s'aperçut de la présence d'Anna. Elle interrogea son fils du regard mais ne dit rien. Nathaniel lui sourit doucement. Elle sortit enfin pour aller se coucher.
- Désolé, ma mère travaille beaucoup depuis que ma sœur est partie ; Elle prend à peine le temps de dormir.
Anna lui sourit doucement et pris sa tasse dans les mains. Ayant finis, Nathaniel en profita pour regarder la cheville de la jeune fille. Elle avait encore enflé.
- Je vais t'emmener chez le médecin, il arrivera mieux que moi à te soigner.
Anna était assise sur la table d'auscultation, laissant le docteur Shulls examiner son pied. Nathaniel était adossé à un coin du bureau, préférant rester debout.
- Comment s'est-elle faite cela ? Demanda Shulls.
- En tombant d'un muret. Je l'ai rattrapé avant qu'elle ne chute totalement.
- Muuu... d'accord je vois. Elle n'a pas l'air d'être totalement en forme. Souligne-t-il. Ça a pu favoriser un peu plus sa foulure.
La porte s'ouvrit soudain sur un officier de police sous les regards surpris des trois personnes déjà présentes dans la pièce.
- Excusez-Moi, mais j'ai l'ordre d'emmener cette jeune fille.
Nathaniel se redressa et alla se poster à côté du docteur et d'Anna.
- Pourquoi ? Demanda-t-il.
- On nous a signalé qu'elle a un léger problème mental.
- Qui vous a dit ça ?
Je ne puis vous le dire jeune homme.
Anna pris le bras gauche de Nathaniel et le serra contre elle. Il se dégagea pour passer son bras autour d'elle et la serrer avec protection. Pendant leur jeu du regard, le docteur Shulls en profita pour finir de soigner la jeune fille.
- Contrairement à ce que vous croyez monsieur Anderson, je ne suis pas responsable de la mort de votre sœur. Laissez-moi cette jeune fille.
Le regard vert clair de Nathaniel s'embrasa, sa mâchoire et ses muscles se contractèrent.
- Je ne vous laisserais pas lui donner le même traitement qu'à ma sœur.
- Je ne veux pas m'énerver, alors faites ce que je vous dis. Je n'ai pas de temps à perdre.
- Je n'ai pas su protéger ma sœur jusqu'au bout, mais je sais que je ne m'arrêterais pas pour elle. Dit-il en regardant Anna avec un regard plus doux.
Anna s'était levée et se tenait dans les bras du jeune homme, apeurée. Celui-ci la tenait toujours fermement. Le docteur, ne préférant pas se mêler de cette affaire, rangea les affaires qu'il avait sortis. L'officier s'approcha des deux jeunes gens. Anna s'accrocha un peu plus au garçon dont la colère ne s'était pas atténuée.
- Ne m'obligez pas à utiliser la force Monsieur Anderson.
- Alors vous pouvez passer votre chemin.
- Emmenez-la ! Ordonna l'officier à ses hommes restés dans le couloir.
Deux hommes entrèrent. L'un pris le bras gauche de Nathaniel, l'autre s'empara d'Anna. Celle-ci commença à se débattre.
- Nathaniel ! Dit-t-elle affolée de devoir lâcher celui qui veillait sur elle avec une grande attention depuis quelques jours.
Le jeune homme réussit à la reprendre par la taille au niveau de la porte et l'embrassa sur la joue. Anna n'essaya pas de le repousser.
- Je viendrais, je te le promets. Lui dit-il.
L'officier les dégagea de force et ils n'eurent le temps que d'échanger un regard.
- Nous nous reverrons bientôt ! Affirma le policier avant de sortir à son tour.
Nathaniel resta un moment devant la porte, bouillant de colère. Le docteur Shulls posa une main sur son épaule avec compassion et fermeté.
- Je vous aiderais cette fois-ci ; je vous le promets.
Le jeune homme le regarda avec tristesse, lui faisant un signe de tête pour le remercier.
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