Perché sur le flanc de la colline Gunard observait le château en faisant glisser du sable entre ses doigts. Chaque jour et ça depuis la bataille Gunard veillait sur Hava et pansait ses blessures en espérant qu'un jour ses douleurs intérieurs s'effacent. Un sentiment de culpabilité pesait sur lui comme un poids impossible à ôter. Il était le seul responsable et voulait se punir d'avoir failli à sa promesse de la protéger.
- Gunard ? L'appela Ivar en venant s'agenouiller à sa hauteur.
- Tu venus voir si j'allais bien ? Eluda Gunard en laissant le sable qu'il avait dans sa main glisser lentement entre ses doigts.
- Je suis venu voir si mon ami allait bien au vu des circonstances qu'il traverse en ce moment.
- Je m'inquiète pour Hava, elle a l'air préoccuper mais j'ignore pourquoi.
- Elle tente de se rétablir, laisse-lui du temps Gunard, conseilla Ivar en fixant l'horizon.
Gunard aurait voulu penser qu'il avait raison mais le regard de sa belle était si inquiétant qu'il suffoquait de ne pas lire en elle.
- J'ai tellement peur de la perdre, confessa-t-il en fermant brièvement les yeux ; J'ai peur qu'elle m'ait menti en m'assurant ne pas avoir peur de moi.
- Nessa était terrifiée et parfois il lui arrive encore de sursauter mais cela ne signifie pas qu'elle ne m'aime pas au contraire.
- J'aimerais en être aussi sûr que toi.
Ivar soupira en détournant son regard sur le château.
- J'avais peur de moi-même avant de rencontrer Nessa, j'ai perdu énormément de temps avec elle à cause de ça, reprit Ivar d'une voix presque éteinte en évoquant ce souvenir douloureux.
Il marqua une pause et se leva cheveux balayés par le vent provenant des mers.
- Ne fais pas la même erreur que moi Gunard, tu pourrais le regretter.
Gunard baissa la tête un instant puis la releva en le regardant partir. Ivar avait sans doute raison. La peur le tenaillait si fort qu'il avait parfois du mal à respirer.
Hava était différente et pour savoir pourquoi il fallait qu'il trouve ses réponses auprès d'elle et non sur cette colline.
Hava se leva sur son lit en se tenant la tête. Plus les jours passaient plus elle se sentait presque guérie. À présent elle pouvait se lever et faire quelques pas dans la chambre sans être soutenue par le bras.
Gunard quant à lui veillait sur elle jour et nuit. Tout semblait redevenir comme avant...mais une chose lui manquait ;
Elle ignorait si elle avait perdu son bébé.
Une douleur lancinante lui vrilla la tête tandis qu'elle portait sa main sur son ventre.
Un parfum familier lui monta au nez, une main ferme se glissa sur sa taille pour la tenir tout contre lui.
Gunard...
- Hava, tu devrais te rallonger, murmura l'homme en plantant un baiser sur sa tempe.
Hava sourit intérieurement et nicha sa tête contre son torse.
- Tu sens l'écume...
Elle le sentit sourire contre ses cheveux.
- J'étais sur la colline, il y a beaucoup de vent, lui répondit-il en la soulevant dans ses bras pour la porter jusqu'au lit.
- J'espère que tu n'as pas attrapé du mal, déclare Hava avec un petit sourire malicieux ; Je ne peux pas te soigner pour le moment.
Il lui sourit en retour et posa sa bouche sur son front avant de s'installer tout près d'elle.
Hava sentit dans son regard que quelque chose le tracassait.
- Hava, commença-t-il en caressant l'intérieur de sa main ; Est-ce qu'il y a une chose que j'ignore et que je devrais savoir ?
Son cœur se mit à s'accélérer, elle se surprit trop tard à fuir son regard.
Contre toute attente il la prit dans ses bras pour l'attirer doucement dans ses bras.
- Parle-moi Hava, n'est pas peur...
Des larmes commencèrent à ruisseler sur ses joues. Sa main ferme se posa sur sa joue pour qu'elle rejette sa tête sur son avant-bras.
Son regard était suppliant.
La crainte de lui avoir caché la vérité et qu'il se mette en colère l'empêcha de respirer.
- Promets-moi que tu ne te mettras pas en colère, lui demanda-t-elle d'une voix presque suppliante.
- Hava regarde-moi, ordonna-t-il d'une voix douce ; Jamais je me mettrais en colère contre toi tu entends ?
Elle hocha faiblement de la tête alors que sa voix mourut en un sanglot incontrôlable.
- Lorsque tu m'as demandé de retourner au château pour me changer j'ai...
Hava fuyait son regard mais très vite et dans un soupir haché il reposa sa tête contre l'oreiller et prit son visage en coupe.
- Tu as quoi ma chérie dis-moi mon amour ?
- J'ai eu des saignement.
Bien-sûr Gunard était un viking mais il était avant toute chose un homme.
- C'est peut-être une fausse couche et je...
- Quoi ? Souffla-t-il les traits crispés ; Tu veux dire que tu étais en train de perdre notre enfant pendant que...
- Nessa dit que c'est peut-être normal, le coupa-t-elle en posant ses mains sur les siennes ; Elle dit que beaucoup de femmes peuvent parfois perdre du sang et qu'il est trop tôt pour se prononcer.
Peine perdue...la rage mélangée de colère submergeait son visage à mesure qu'il se perdait dans ses pensées.
- Comment peut-il être encore en vie alors que tu...
- Gunard tu m'avais promis, murmura-t-elle les larmes aux yeux.
Il pencha son visage au-dessus du sien et captura ses lèvres furtivement alors qu'elle voyait qu'il se battait contre ses propres larmes.
- Tout ira bien, murmura-t-il en relâchant ses joues pour poser ses mains sur son ventre plat ; Nous devons rester fort et pour cela je ne peux guère continuer ainsi...
- Que veux-tu dire par-là ? S'enquit-elle en se redressant alors que son regard acéré était tordu de douleur.
- Je vais demander à Ivar de nous marier avant la tombée de la nuit, décréta-t-il en lui prenant la main pour la ramener à ses lèvres sans la regarder.
Abasourdie par sa réaction Hava déglutit avec difficulté et secoua furtivement de la tête.
- Penses-tu que le mariage va régler la situation ?
- Bien-sûr que non, répondit-il sur l'instant le visage grave ; Le mariage ne résoudra pas la perte de notre enfant si tel est le cas mais je ne peux plus agir ainsi.
Il marqua une pause pour venir glisser ses mains dans son dos afin de la ramener vers lui.
- Mon amour pour toi est si fort que je veux pouvoir l'exposer au monde entier, reprit-il en posant un baiser sur son nez ; Je t'ai négligée Hava, je t'ai maltraité par ma façon de vouloir faire taire notre amour par le mensonge.
Trop bouleversée pour répondre Hava se mit à pleurer silencieusement devant son merveilleux discours.
- Je veux que tu deviennes ma femme Hava pour le meilleur et pour le pire !
- Oh Gunard ! S'exclama Hava en éclatant en sanglot...des sanglots de joie ; Et le bébé ?
- Si notre enfant est mort alors nous affronteront cette douloureuse épreuve ensemble.
- Tu rêves d'avoir un fils depuis tant....
Gunard posa son index sur sa bouche et réalisa seulement à cet instant à quel point Hava lui était indispensable. Son souffle se perdait si loin d'elle...et son regard d'Or posé sur le sien...par la foudre de Thor, personne ne l'avait regardé comme ça depuis ce jour d'automne dans les faibles lueurs des torches...
Cette jeune femme collée contre sa cape...lui dévoilant son plus beau regard.
- Et si notre bébé est difforme ?
- Alors nous l'aimerons ! Autant que tu m'as aimé malgré le sang qui coule encore sur mes mains.
- C'est tout ce que je souhaitais entendre !s'écria Hava en pleurant à chaude larmes.
Délicatement il la prit dans ses bras et l'embrassa avec fougue et tendresse mêlées. Son cœur se mit à palpiter lorsqu'il abaissa son visage jusqu'à son ventre.
- Si notre enfant a survécu à toutes ses épreuves alors il sera notre petit miracle.
Hava glissa ses doigts sur ses cheveux noirs tout en fermant les yeux.
- Tu aurais dû me le dire mon amour, tu aurais dû m'en parler pour que je puisse te soutenir, reprit-il en se redressant pour venir coller son front au sien.
- J'avais si peur, j'étais si terrifiée à l'idée d'avoir perdu cet enfant que tu désires tant, parvint-elle à dire en essuyant ses yeux.
Il soupira silencieusement le regard ancré dans le sien.
- N'ai pas peur tout ira bien à présent, car je suis là...
Gunard l'embrassa de nouveau puis se leva du lit pour prendre les choses en main.
- Ne bouge pas je reviens, ordonna-t-il en quittant la chambre d'un pas précipité.
Il traversa le long couloir pour rejoindre Ivar dans ses quartiers. Il ne pris pas la peine de frapper et ouvrit la porte à la volée. Ivar releva brusquement la tête alors qu'il tenait son enfant dans les bras.
Cette image le brisa de l'intérieur car lui aussi voulait devenir père et profiter de cette joie qu'il pouvait lire sur le visage de son ami.
- Je veux que tu scelles notre destin Ivar.
- Très bien mon ami, accepta Ivar en lui souriant ; Demain matin je...
- Non Ivar, maintenant, coupa-t-il en refermant la porte.
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