Semaine 13
26 mars, Arthur est totalement pour le chaton, et Jeanne est beaucoup trop contente pour que je sois rassuré.
— Comment tu voudras l'appeler ? demande-t-elle.
— Ça me paraît évident : Léon, dis-je.
— Pour Tolstoï ? lance Arthur en avisant le livre que je lis.
— Non, pour Trotski.
27 mars, les chatons s'appellent respectivement Algernon, Cosette, Zara, Toustra et Léon. Léon est celui avec la tâche blanche sur le front et sur le cou, comme un jabot. Jannick m'a montré une photo.
Grâce à Célia, j'ai mon certificat médical ! Parce que mes muscles se sont tétanisés, alors que je n'avais rien fait pour cela. Elle craint que la puce ne se dérègle, étant donné qu'elle arrive bientôt à expiration, donc elle voudrait éviter qu'il ne m'arrive crise d'épilepsie et coma « pour des prunes », comme elle le dit.
C'est assez drôle. Je suis condamné à mort, mais tout le monde veut retarder mon décès.
Je suis donc sur les chaises des dispensés, entre Faya, qui est paraplégique, et Enzo, qui s'est cassé le poignet.
— Et deux heures à rien faire, dis-je. Si j'avais su, j'aurais pris mes devoirs pour les faire.
— Bof, je suis tout le temps là, et j'ai jamais eu le droit de bosser, soupire Faya. Te plains pas.
Enzo part pour remplir le rôle de parade pour le saut de cheval.
— Sinon, Jannick t'a parlé des chatons ?
— Ouais, bien sûr ! J'adopte Algernon.
C'était évident, je m'en doutais dès que j'ai lu ce nom se rapportant à cette souris. Seules deux personnes connaissent ce livre dans ma classe, ce qui est un sacrilège. Il s'agit de Louna, qui est allergique aux chats, et de Faya.
— J'adopte Léon, moi.
— Pour Trotski ? sourit-elle.
— Comment as-tu deviné ?
— Parce que mes supers pouvoirs de Professeur Xavier me permettent de lire dans tes pensées, rit-elle. Plus sérieusement, Jannick me l'a dit.
28 mars, Florian est heureux. Il nous a réveillé à 4 heures du matin, car sa femme, Silke, venait d'accoucher.
Jeanne et Arthur ont pris un coup de vieux.
Le bébé s'appelle Clotilde. Pauvre fillette.
29 mars, Blandine est venue me trouver.
— Je m'entends bien avec toi. Je veux qu'on soit amis malgré tout.
C'est complètement surréaliste. Elle est complètement surréaliste. Avec ses cheveux blonds, ses yeux bleus, son odeur de chien mouillé, sa voix tremblante et ses ongles abîmés.
Elle m'a pris dans ses bras. Et j'ai perdu mes lunettes.
30 mars, je me retrouve à collaborer avec Léo. C'est assez... problématique. Laissez-moi planter le décor :
Notre lycée a un système d'alerte attentat. Il y a deux exercices par an pour y réagir. Ces deux exercices consistent à fuir de l'établissement le plus vite possible sans croiser les professeurs et les surveillants jouant le rôle de terroristes.
L'alarme a résonné, et je me suis retrouvé, avec Léo, enfermé dans le CDI.
— J'entends du bruit, lance-t-il son oreille collée à la porte.
— Ok, passons par la salle multimédia.
Je passe entre les ordinateurs, Léo à ma suite. Nous sommes à la traîne ; la « Guilde des Cédéiens », un groupe de rolistes qui avait fait du CDI leur repaire, avait pris la poudre d'escampette bien avant nous.
Il pousse la porte pour accéder au couloir.
— La voie est libre, dis-je. Suis-moi.
Passer par l'entrée principale est très risquée. Nous montons au deuxième étage, jusqu'au laboratoire de Physique-Chimie. Il n'y a plus qu'à redescendre par l'autre côté.
Nous ne croisons personne... Jusqu'au niveau de la salle d'Histoire.
Monsieur Hatier et Elsa nous ont attaqués.
— Perdu, les garçons, sifflote-t-il en nous invitant à le suivre. Vous auriez dû être plus prudents.
Elsa n'en pense pas moins.
— Allez, c'est bientôt fini t'façon, lance-t-elle. Dans cinq minutes, les cours reprendront.
— Génial, ironise Léo.
31 mars, Florian repart demain.
1er avril, Florian est parti.
J'en ai marre de la vie. Je me suicide.
Jannick, c'est moi le dépressif pessimiste de notre relation de couple amical. Tu es sensé être le niais optimiste.
Ah, mais ça marche jamais les poissons d'avril avec toi DD:
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top