Chapitre 23
Je marche dans le sable avec ma paire de baskets dans une main et celle du blond dans l'autre. Angel n'est plus qu'un petit point à l'horizon. Quand on est arrivé, il s'est déchaussé tout de suite et s'est mis à courir comme un dératé en ligne droite. Il m'a pris par surprise et m'a mis du sable partout cet enculé. Moi, je marche tranquillement parce que, comme la plupart des gens de la ville, je suis crevé après 18h et c'est même pour ça que seules les vagues nous tiennent compagnie. Les bruits naturels apaisent le stress accumulé de la journée. Je n'avais pas pu revenir ici en hiver et ça m'avait beaucoup manqué.
Le petit point se rapproche rapidement, signe qu'il s'est enfin décidé à me rejoindre. Je dois reconnaître qu'il court très vite, on dirait presque qu'il vole. Il ralentit finalement une fois à mon niveau. Il se laisse tomber en arrière et reprend difficilement son souffle, allongé dans le sable en regardant le ciel. Il a un grand sourire scotché au visage.
- On dirait un chien qui va à la plage pour la première fois, je me moque.
- T'as bon à "chien" près, connard.
- T'es jamais allé à la plage avant ?!
- Puisque je te le dis ! Hhh...
Bah ça pour une surprise... Je m'assois à ses côtés et regarde la mer. Il retire son pull et le roule avant de le mettre sous sa tête. Il porte (surprise) un de ses T-shirts blancs.
- T'as pas chaud ?
- Si.
- Bah, mets des trucs à manches courtes.
- Nan.
- Pourquoi ?
- J'ai mes raisons. Écoute, en partie grâce à toi, je passe une super journée alors me les casse pas avec tes questions.
Je ne renchéris pas et m'allonge à mon tour. J'ai la désagréable impression qu'il me cache quelque chose et que cette chose n'est pas anodine mais je n'en montre rien. Il est heureux d'être ici, alors autant le laisser profiter. Il se niche contre moi et nous restons comme ça à contempler le ciel, jusqu'à ce que le jour décline. Mais nous parlons aussi. Il m'explique que dans son ancienne ville, il n'y avait pas la mer et que, depuis qu'il est ici, il n'a jamais eu l'occasion d'y aller. Il me remercie même alors que je n'ai vraiment rien fait si ce n'est lui indiquer la direction.
- Bah, c'est pas grand chose.
- Accepte mes remerciements au lieu de jouer le modeste.
- OK, Angel, j'accepte tes remerciements.
Même si il n'a plus de surnom, je n'emploie pas son nom si souvent que ça et il esquisse un sourire gêné. Je me penche vers lui et scelle nos lèvres pour la je-ne-sais-pas-combientième fois depuis que l'on a commencé. Mais ça ne va pas plus loin. Ce soir, il n'y a pas de désir, simplement du plaisir.
Après une heure encore, j'appelle ma mère qui est au courant de ma petite escapade. Il fait un peu sombre pour rentrer à pieds, surtout que j'habite plus loin d'ici que le blond. On commence à marcher en direction du petit sentier pour rejoindre le parking sur lequel la petite voiture de ma mère va bientôt se garer. Je passe mon bras par dessus ses épaules en cours de route et il passe le sien derrière ma taille. Je dois dire que rien au monde ne vaut ces petits moments de calme et de paix comme ça. On rejoint le petit chemin et on se lâche en apercevant ma mère debout à côté d'une voiture. Elle nous remarque à son tour et nous fait des signes auxquels je réponds vaguement, embrassé. Sous le regard moqueur du blond évidemment.
Nous arrivons aux côtés de la femme qui commence immédiatement à faire son speech de présentation.
- Bonjour ! Je m'appelle Céline et je suis la maman d'Ethan ! Tu es un de ses amis ?
Il se tourne vers moi et répond en me regardant droit dans les yeux :
- Oui, Madame, je suis un "ami".
Il accentue fortement le dernier mot avec un sourire que l'on pourrait qualifier de machiavélique.
- Gamin, si je t'ai filé mon nom, c'est pour que tu l'utilise. Bref ! Tu veux que je te ramène ?
- C'est pas la p-
- Il fait sombre, monte ! Ethan, tu laisses pas ton ami seul à l'arrière et tu montes avec lui.
- Très bien, merci beaucoup. Viens Ethan, je suis sûr qu'on va passer super dix minutes de trajet...
Connard. Il grimpe dans la voiture et je le suis. Ma mère s'installe à l'avant. Elle demande au blond son adresse pour la rentrer dans le GPS, adresse qu'il lui donne.
- Oh, mais je suis débile, je t'ai même pas demandé ton nom ! Comment tu t'appelles jeune homme ?
- Angel.
- Oooh, quel magnifique prénom !
- Merci.
- J'ai choisi d'appeler mon fils Ethan parce que la marque de la trousse de toilette que l'on m'a offert pour sa naissance était de la marque Ethan Chloe. Du coup, s'il avait eu une sœur, je l'aurais appelée Chloé. Ou s'il avait été une fille, parce que...
Angel est plié contre la fenêtre, sa main devant la bouche pour ne pas exploser de rire.
- ...sauf que ce crétin a mangé un morceau de la trousse de toilette ! Je crois que ça a été ta première fois à l'hôpital, d'ailleurs Ethan. Ils ont voulu te faire vomir le tissu, sauf que t'as juste fait sortir la fermeture éclair par-
- Maman, s'il te plaît, tu pourrais pas vanter mes mérites ?
Ce crétin de blond tremble de partout et a les larmes aux yeux. Ma mère le voit dans le rétro et freine avant de se tourner vers nous.
- Ça va Angel ? Tu veux aller vomir ?! Parce que j'ai une douzaine de sacs en papier comme Ethan n'est pas fichu de garder son repas dans son ventre à chaque trajet long-
Il n'en faut pas plus pour que le jeune homme à côté de moi éclate de rire. Ma mère ne comprend pas, et je suis bientôt pris du même rire contagieux parce qu'on est putain de ridicule.
- Bon, bah pas de sac, je suppose, dit-elle en refermant la boîte à gants.
Angel et moi ne pouvons pas nous arrêter de rire pendant les cinq minutes qui suivent sous le regard consterné de ma mère, du style "saleté d'ados qui savent faire autre chose que foutre la honte à leur gosse ou écouter en boucle toutes les chansons de Johnny". Je montre au passage ma maison au jeune homme qui est toujours en train de rire.
Lorsque nous arrivons devant l'impasse dans laquelle il vit, il est encore en train d'essuyer ses quelques larmes de rire. Il sort et je le suis pour l'accompagner jusque chez lui. Je suis curieux de voir le lieu où il vit. On marche une centaine de mètres et il s'arrête devant un portillon avant de l'ouvrir et de me pousser à l'intérieur de la propriété. Il s'avère qu'il habite dans une maisonnette aux murs blancs et au toit rouge. Le jardin n'est pas très entretenu, mais ça donne un certain charme au lieu avec le lierre qui grimpe les murs. J'observe autour de moi avant qu'Angel ne me ramène sur Terre en tapant des mains devant mes yeux.
- Bon, bah à plus, hein !
- Ouais.
Il se met sur la pointe des pieds et passe ses bras autour de mon cou pour m'embrasser une dernière fois avant de rentrer chez lui. Je quitte la propriété et redescend la rue en regardant le ciel avec un sourire.
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