8ème mois

En peu de temps, j'avais réussi à prendre mes marques dans l'appartement d'Eric. Ce dernier insistai sur le fait que désormais c'était le notre, mais temps que je ne payerai pas ma part, je ne m'y sentirai pas totalement chez moi. Ainsi, je faisais le plus de choses possible afin de rendre la vie de mon cher et tendre plus facile. Je faisais le ménage, les courses, établissais les menus de la semaine, cuisinais, m'occupais du linge...Une vraie femme au foyer. Cela ne me dérangeait pas, bien au contraire. J'avais bien l'intention de me trouver un emploi. Je ne me voyais pas continuer ainsi toute ma vie. Mais dans la mesure où je pouvais accoucher d'un instant à l'autre, et que j'aurai le petit à m'occuper dans à peine un mois, il était préférable de me laisser le temps de prendre mes marques.

Eric était parti travailler tôt et j'étais restée au lit une bonne partie de la matinée. Je me sentais complètement lessivée avant même d'avoir posé le pied par terre. Mes nuits étaient agitées. Je n'arrivais pas à me positionner confortablement, mon ventre me tirait, mon dos se bloquait, et j'avais soit trop chaud, soit trop froid. Ainsi, j'avais à peine réagis quand Eric m'avait embrassé avant de partir et, profitant de l'immense place qu'il avait libéré, je m'étais rendormie en travers du lit, enroulée dans la chaleur des draps.

Ce fut l'insistance de la sonnette qui me tira du lit. D'un pas chancelant, je me traînai jusqu'à la porte que j'ouvris sur une Alice impatiente et toute pimpante. De mon côté, j'avais les cheveux en batailles, des cernes de trois kilomètres de longs, un filet de bave séché sur le menton, la marque de l'oreiller sur ma joue droite, la voix d'un camionneur du dimanche drogué à la nicotine et l'haleine d'un chacal qui venait de se nettoyer allègrement le derrière. So Glamour...

-Wahou! Fut la seule chose qu'elle sut dire en me voyant.

Je l'invitai à entrer tout en me dirigeant vers la cuisine d'un pas traînant.

-Café? Demandai-je à moitié ensuquée, sans prendre la peine de faire une phrase complète.

Elle me répondit par l'affirmatif avant de s'extasier devant la décoration de l'appartement, valorisant le bon goût d'Eric en matière d'esthétisme. C'était la première fois qu'elle venait à l'appartement depuis mon emménagement, et la voir ici me faisait drôle. Avant, elle arrivait en coup de vent, entrait sans s'annoncer, rangeait mon bazar comme si c'était le sien et se servait elle-même dans mon réfrigérateur. La voir ainsi timide, osant à peine s'asseoir me fit sourire. Je ne me rappelais pas la dernière fois que je l'avais vue ainsi. Déjà en primaire, quand mes parents avaient eu le malheur de lui dire de faire comme chez elle, la petite fille avait de suite pris ses aises, n'hésitant pas à dévaliser notre réserve de cola et de bonbons, retournant ma caisse de barbies à la recherche du plus beau Ken que je possédais, me laissant ainsi le loisir de choisir entre les autres...qui évidemment ne me plaisait pas plus qu'à elle.

On discuta une partie de la matinée. J'étais contente de la voir si épanouie. Elle s'était bien remise de sa rupture et m'expliqua que, même si il lui arrivait encore de se sentir seule, nostalgique, elle avait l'impression de revivre.

-Ma belle tu m'excuses cinq minutes? Il serait peut-être temps que je m'habille.

Profitant d'un moment de vide dans notre discussion, je disparu dans la chambre et enfilai un pantalon gris de grossesse, le remontant bien en-dessous des seins, et un sweet à capuche noir appartenant à Eric. J'adorais lui piquer ses fringues. D'ailleurs, le jeune homme appréciait grandement le spectacle quand je ne portai que l'un de ses teeshirt m'arrivant à mi-cuisse. Je souris en imaginant sa tête ce soir quand il s'apercevra que je ne porterai que ça, tout en admirant mon ventre dans la glace. J'étais fière de moi, n'ayant pris qu'une douzaine de kilos, je n'aurai pas besoin de faire un régime drastique afin de retrouver ma silhouette après l'accouchement. Alors que j'attachai mes cheveux, une vive douleur au ventre me plia en deux. Instinctivement, je plaçai mes bras autour de ma taille, m'accroupissant sur le sol. La douleur se propagea jusque dans mes reins, me donnant l'impression de douleurs de règles puissance 100.

-Alice! Hurlai-je tout en tentant de reprendre mon souffle, les larmes aux yeux.

*

Je sortis de la clinique, tentant de rassurer au mieux la jeune femme qui était, mon sens, pas loin de la syncope.

-Le gynécologue a dit que ce n'était rien. Lui répétais-je pour la dixième fois depuis que nous avions quitté la salle de consultation, en vain.

-Oui mais..mais...il a aussi dit qu'à ce stade tu pouvais accoucher d'une minute à l'autre. Que tu devais te reposer. Tu es sure que tu ne peux pas rester en observation? Me demanda-t-elle en me faisant ses yeux de chien battu.

-Et m'enchaîner à un monito jusqu'au jour J? Ironisai-je. Alice, détends toi! Mon col est encore fermé, les contractions sont irrégulières. C'est tout à fait normal en fin de grossesse. Ton filleul ne va pas arriver maintenant.

-Oui bah, je vais venir te voir tous les jours et interdiction de sortir de chez toi. Et attention, je demanderai un rapport de tes activités à Eric chaque soir, donc si tu t'avises de me mentir, tu auras affaire à moi!

-Bien maman.... Répondis-je en roulant des yeux.

Je me stoppai net. Sur le parking, accoudé à sa voiture, Eric attendait. Je lançai à Alice un regard qui en disait long. Je ne voulais pas le déranger si ce n'était rien de grave. Je savais à quel point il était délicat pour lui de s'absenter en ce moment. Avec son équipe, ils travaillaient sur un gros projet, et chaque heure manquée exigeait de redoubler d'efforts par la suite. Il était déjà épuisé en rentrant le soir, et en rajouter ainsi me mettait mal à l'aise.

-Tu l'as prévenu? Alice, franchement...

-J'étais inquiète! Allez file, ne fais pas attendre ton prince charmant.

-Tu es irrécupérable.

-Oui oui moi aussi je t'aime grognasse. Allez, file et va te coucher en rentrant. Je t'appelle dans la soirée pour savoir comment tu te sens.

Après un gros câlin, je me retournai afin de rejoindre le jeune homme.

-Tu n'étais pas obligé de venir mon ange. Lui dis-je tout en l'embrassant.

-Ne dis pas de bêtises. Qu'est-ce qui s'est passé? Qu'on dit les médecins? Me demanda-t-il en m'ouvrant la portière de sa voiture.

-J'ai eu de grosses douleurs qui se sont avérées être des contractions, mais le travail n'a pas commencé. Apparemment ça arrive souvent en fin de grossesse. Le col se prépare et...Enfin bon tout va bien c'est l'essentiel. Ils m'ont simplement dit de me reposer un maximum et de ne pas hésiter à revenir si j'avais un doute quand à la nature de mes douleurs.

-Je suis soulagé, soupira-t-il tout en s'installant côté conducteur, quand Alice m'a appelé, j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose de grave.

-Non ne t'inquiètes pas, elle en fait toujours des tonnes. Je suis en fin de grossesse, alors forcément beaucoup de changements s'opèrent et..ouille...

-Ça va? Il s'était rapproché.

-Hey les poules va falloir se calmer un peu. Oui ça va. Il a simplement bouger. Tiens, donne ta main!

Il acquiesça et je mis sa main sur mon ventre. Je guettai ses réactions face aux mouvements de notre fils. Je le vis froncer des sourcils avant d'esquisser un sourire. Je sentais le petit bouger n'avais donc aucun mal à imaginer ce que pouvait ressentir Eric à ce moment-là.

-Wahou c'est...wahou. Décidément, je ne m'y fais toujours pas. C'est...magique.

Ses yeux brillaient et à le voir ainsi, une vague d'amour me submergea. Je me rendais compte une fois de plus de la chance que j'avais de l'avoir à mes côtés. Je ne savais vraiment pas comment j'aurai fait si il n'était pas apparu dans ma vie ce jour-là, ou si je n'avais pas pris le risque de me lancer. J'avais pris de bonnes décisions, ce bébé, Eric... Au bout de quelques minutes nous prîmes la route en direction de la maison.

Dans la voiture, on discuta de tout et de rien. Il allait falloir commencer à faire la chambre du petit. On s'y prenait tard, mais je comptais le garder près de notre lit durant les trois premiers mois. On avait donc le temps de lui fabriquer son petit nid douillet. Le plus urgent concernait surtout ma valise pour la maternité. Ainsi, en arrivant à la maison, on passa notre soirée sur des sites commerciaux à acheter serviettes hygiéniques, chemises de nuit d'allaitement, couches, bodies, pyjamas, poussette, lit nacelle pour la voiture et tout le nécessaire afin d'accueillir notre petit bonhomme dans de bonnes conditions. Il nous manquait encore pas mal de choses évidemment, mais le nécessaire prioritaire sera livrer après demain.

Il était déjà tard quand on décolla notre nez de l'ordinateur. Eric prit alors la route et revint une trentaine de minutes plus tard avec nos menus mcdonald. On mangea rapidement devant la télé avant d'aller se coucher, enlacés l'un contre l'autre.

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