☽ Chapitre 10 ( Partie 2. )
Calyptia...
Je rouvris brusquement les yeux avant de me rendre compte que j'étais toujours dans la salle de bain, mais plus dans la baignoire. Il n'y avait même plus la moindre goutte d'eau dans celle-ci. Aussi... l'ambiance était étrange. La salle de bain semblait bien plus glauque que d'habitude et en regardant de plus près, je me rendis compte que les murs semblaient... décrépits. Je me rapprochai de la façade se trouvant sur la gauche et la pulpe de mes doigts frôla celle-ci. À ce moment-là, je vis le mur se dégrader un peu plus, comme si de la moisissure se répandait à grande vitesse. Je reculai précipitamment, alors que j'observai la pièce littéralement pourrir au tour de moi. En voulant éviter de me faire toucher par un morceau de plafond qui s'était écrouler, je heurtai une petite étagère qui se renversa sur le sol. En relevant les yeux, je tombai sur mon propre reflet, je n'étais pas nue, mais recouverte d'une matière à l'allure particulièrement fluide – comme un tissus flottant au gré du vent – qui se chargeait de couvrir une grande partie de mon corps, même si ma peau était encore visible à certains endroits.
Mon crucifix était toujours à sa place sur ma poitrine, mais lévitait aussi paisiblement avec cette chose qui recouvrai mon corps. Mon regard dévia en direction de la porte, cette dernière n'était pas encore touchée par la pourriture. Je me précipitai pour quitter la pièce avant de m'y retrouver coincée. Je claquais cette dernière derrière moi, alors que je respirai bruyamment, je n'avais couru seulement que quelques instants, mais j'étais épuisée. Ce n'était pas normal, pas normal du tout. Les deux mains posées à plat sur le panneau de bois, je repris mon souffle avant de me redresser pour regarder au tour de moi. J'étais dans l'appartement, mais aucune trace de Mortem, ni de Miki ou même d'Amanda. Et comme dans la salle de bain, c'était étrange, beaucoup trop silencieux. Je soufflai et là, je me rendis compte que de la vapeur s'échappait de ma bouche, comme si la température était glaciale. Je fis un pas dans le séjour et je fus comme frappée par la froideur, mes genoux se mirent à trembler et mes poils s'hérissèrent tous. Je refermais mes bras sur moi en espérant garder ma chaleur.
J'avais déjà vécu quelque chose comme ça, mais... c'était différent de la dernière fois. À l'abbaye j'étais immatérielle, mais pas cette fois. Je ne traversais pas les murs et je ressentais les différences de température. Ça augmenta l'angoisse qui me tordait déjà les boyaux, il fallait que je sorte de là, que quelqu'un me réveille. Je me souvins alors que la dernière fois Mortem m'avait vue, il devait pouvoir me sortir de là. Si j'avais cru qu'un jour j'aurais envie de sentir sa présence près de moi, je n'y aurais pas cru. Je progressais lentement dans la pièce, jusqu'à arriver à la baie vitrée qui semblait avoir été brisée au vu du rideau qui flottait mollement à cause du courant d'air glacé qui s'infiltrait impunément dans la pièce. Ecartant le bout de tissus, je gagnai le balcon pour observer ce qui se passait. Bristol ne pouvait pas être si silencieux même si il pleuvait des cordes. Même le bruit de la pluie était inexistant. Et je compris rapidement pourquoi.
— Oh Seigneur...
La ville qui se dressait devant moi était bien Bristol, mais une Bristol ravagée par une ère glacière. Tout semblait mort, les bâtiments étaient en partie détruit et tout le paysage était froid. Je levai les yeux vers le ciel, il était rempli de nuage si sombre que la seule chose qui permettait de deviner qu'ils étaient présents, c'était les éclairs qui les illuminaient. Mais plus loin, je vis une lueur orangée, comme si un immense feu brûlait et éclairait la froideur de sa lumière vive et chaleureuse.
C'est là-bas que je dois aller.
Une bourrasque me frappa de plein fouet, elle était si froide que j'avais la sensation que ma peau brûlaient, je me réfugiai rapidement à l'intérieur. Il ne faisait pas plus chaud, mais je n'était au moins pas malmenée par le vent. Je piétinais, aussi rapidement que mes pieds gelés me le permirent, en direction de la porte pour sortir de l'appartement. Mais j'eu la mauvaise surprise de découvrir que le couloir était en ruine et les trous présent dans le sol me déconseillait très clairement d'essayer de traverser. Je refermais alors la porte en me mettant à la recherche d'un autre chemin pour sortir de l'appartement. Il devait bien y avoir quelqu'un d'autre que moi ici, au moins des revenants.
Après avoir fait les autres pièces de l'appartement, je trouvais finalement une échappatoire dans la cuisine. Un trou béant déchirait le mur sud de la pièce, et un lourd morceau de béton formait un passage jusqu'à l'autre immeuble. Bien que je devais avouer que j'hésitais vivement à emprunter ce chemin. Je n'étais pas une fille spécialement aventureuse, me glisser dans un escalier sombre qui menait à un sous-sol glauque pour libérer un vampire sanguinaire, ça, je pouvais faire. Mais passer d'un immeuble à l'autre en marchant sur un bout de mur écroulé... ça me paraissait bien plus compliqué. Pourtant, je n'avais pas non plus envie de tenter ma chance dans ce couloir délabré. Je rassemblais mon courage pour poser le premier pas sur mon chemin de fortune, puis un autre et encore un autre, ainsi de suite. J'allais si lentement qu'il me fallut certainement une dizaine de minutes pour rejoindre l'autre côté. Mon coeur rata un battement quand j'entendis le bout de structure qui m'avait servi à traverser s'écrouler pour aller bruyamment s'écraser plusieurs mètres plus bas.
Quelques secondes de plus et je serais tombée avec ces débris. Je ne savais pas si j'avais de la chance ou si la vie m'envoyait un message pour me dire de plus jamais faire quelque chose comme ça. Je fis une inspection visuelle rapide des lieux, là aussi je semblais être parfaitement seule, c'était réellement angoissant, il n'y avait vraiment pas âme qui vive – littéralement – en ces lieux. Ouvrant la porte de cet appartement abîmé, j'eue le bonheur de voir que le couloir était en état, j'allais donc pouvoir le traverser et descendre. Prudemment, je m'avançais jusqu'à l'escalier que je descendis avec autant de vigilance. Un bruit comme un... claquement de dents raisonna derrière moi, me faisant immédiatement relever la tête pour regarder derrière moi, mais il n'y avait rien du tout. Cependant, j'avais appris que les '' rien du tout '' du monde de l'ombres n'en étaient jamais vraiment. Préférant ne pas rester là, je pressais le pas pour sortir de là le plus rapidement possible. J'arrivais dans le couloir de l'étage inférieur et me précipitai à grandes enjambées en direction du prochain escalier.
Le bruit se fit de nouveau entendre à plusieurs reprise derrière moi, mais à chaque fois que je regardais, je ne voyais rien. J'oyais également comme des petits bruits de course dans mon dos. La peur l'emportant, je me mis à courir à vive allure pour sortir de là le plus rapidement. Je fis fi de la douleur dans mes pieds bien trop froid, je voulais seulement éviter que ce qui me poursuivait parvienne à mettre la main sur moi. Heureusement, je me retrouvais dans le hall dès la sortie de l'escalier et la porte vitrée était en miette, je n'eue même pas besoin de l'ouvrir. Sauf que ça aurait été beaucoup trop facile. Je poussai un cri en sentant des choses tranchantes s'enfoncer dans mes pieds nus. Les morceaux de verres étaient resté juste derrière et j'avais marché en plein dedans. Je parvins, avec toute la peine du monde, à m'écarter de là pour pouvoir m'asseoir loin des débris tranchants. Ramenant mon pied droit vers moi, j'observais les dégâts, je ne m'étais pas loupée. Du bout des doigts, j'extirpais le verre de la plante de mes pieds, me tirant des petits sons de souffrances. Heureusement, dans mon malheur, les morceaux étaient assez gros pour qu'ils n'en restent pas des petits dans mes chairs.
Je fis la même avec mon pied gauche, quand j'en eu terminé avec ça, j'avais les yeux rempli de larmes. Autant de douleur que de désespoir. J'en avais assez de tout ça, je ne voulais pas de ces dons, je ne voulais pas de ces mondes remplit de créatures terrifiantes. Je voulais que quelqu'un vienne me sauver, même si c'était Mortem. Mais je ne pouvais pas rester là à m'apitoyer sur mon sort et pourtant j'aurais aimé. Mollement, je me remis sur mes jambes pour reprendre ma route, mais pieds me faisait souffrir le martyr et je semais, tel le Petit Poucet et ses caillou, un chemin de sang derrière moi. Je m'orientai grâce à la lumière orangée que produisait le brasier dans le ciel, même si nous étions à Bristol, j'avais l'impression d'être complètement perdue. Pourtant j'étais certaine d'avoir déjà traverser cette rue quand nous sortions. Je piétinais douloureusement en plein milieu de la voie, les voiture de chaque côté n'étaient plus que des épaves recouvertes par le givre. Le silence fut soudainement déchirer par un cri de terreur pure.
— C'est quoi ce bordel ?! couinai-je en resserrant ma prise sur moi-même.
Je n'avais pas besoin de ce genre de chose, vraiment pas. Je tournais la tête dans tout les sens pour voir si quelque chose avait prévu de me tomber dessus. Aucun monstre en vue. Ce cri venait de l'angle de la rue, pile là où je devais – j'imaginais – passer pour rejoindre le brasier. Avec beaucoup de prudence, je me rapprochai du coin du mur pour guigner et essayer de voir ce qu'il se passait. Il y avait un homme, étendu sur le sol, il respirait fort, libérant à chaque fois des nuages de vapeur chaude. J'étais si soulagée de voir quelqu'un que j'en oubliais la prudence pour me précipiter à son secoure.
— Monsieur ! l'interpellai-je. Est-ce que vous allez bien ?!
Je voulu poser mes mains sur ses épaules, mais elles enfoncèrent plus loin que ce qu'elles n'auraient dû. Ce n'était pas un être vivant, c'était une âme. Âme qui releva la tête vers moi avant d'écarquiller les yeux et se jeter sur moi. Si j'étais moyennement en mesure de toucher ce fantôme, lui pouvait s'agripper à moi sans la moindre difficulté.
— Aidez-nous, me supplia-t-il, je vous en prie ! Ne nous laissez pas ici !
— Nous ? répétai-je, dubitative.
Enfin jusqu'à ce qu'une symphonie de cris d'agonie ne remplace le silence pesant qui régnait dans ce monde glacé. Il devait y avoir des milliers de gens qui hurlaient tous en même temps. C'était insupportable, j'avais envie de me boucher les oreilles, mais la prise de l'esprit sur les bras m'empêchait de mouvoir cette partie de mon corps. Des supplications se mêlèrent bientôt aux hurlements des morts, rendant le tout de plus en plus insoutenable.
— Taisez-vous...
Evidemment je n'obtins pas le silence que je désirais tant, j'eue, au contraire, l'impression que les décibels montèrent encore d'un cran.
— La ferme !! hurlai-je alors que je me mis à me débattre pour échapper à la prise de l'âme. Taisez-vous !! Je ne veux plus vous entendre !!
Et le silence fut, mais pas à cause de mes cris. Un nouveau claquement de dents attira mon attention. Mes yeux se posèrent sur la ruelle sombre qui se trouvait derrière le fantôme et je vis apparaître une main osseuse et crasseuse, suivie d'un bras tout aussi répugnant. Puis des dizaines d'autre, je cessai de respirer quand elles s'emparèrent de l'âme désespérée qui m'avait demandé de l'aider pour l'attirer brutalement dans la ruelle. Un nouveau cri, glaçant, fit écho dans le silence qui était retombé. Des bruit visqueux vinrent ensuite, comme si on déchirait de la chair et que le sang se répandait partout au tour. Je me retrouvais tétanisée, incapable de faire le moindre mouvement, j'avais même la sensation d'étouffer parce que je ne savais plus comment respirer. Un claquement de dents semblable à ceux que j'avais entendu un peu plus tôt raisonna dans la ruelle. Les mains monstrueuses refirent leur apparition, se dirigeant droit sur moi. Cette fois, je hurlai à plein poumon, mais alors que j'allais être saisie, une lumière aveuglante illumina tout ce qui se trouvait dans la zone. Je dus me couvrir les yeux, je ne pus donc pas voir de quoi cela venait.
Je me redressai vivement, mettant de l'eau partout sur le carrelage et sur les murs les plus proches. Je me retrouvais dans la salle de bain, il y avait de nouveau de l'eau dans la baignoire, aucune trace de pourriture où que ce soit, le bruit de la pluie frappant les vitre se mêlait à celui de ma respiration saccadée. Je remarquais aussi que ma peau semblait fumé, si j'avais au début penser à de la vapeur d'eau... l'odeur du souffre me confirma le contraire. Je fus prise d'une horrible nausée qui me força à me pencher par dessus la baignoire pour vomir. Je ne savais pas ce qui s'était passé, ce n'était pas une simple petit balade hors de mon enveloppe charnelle. Cependant, il y avait une chose dont j'étais absolument certaine, je n'avais pas envie de revivre quelque chose comme ça. Plus jamais.
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